par REMY Nicolas-Denis sur 18 Juin 2021, 14:08
L'artillerie Prussienne de 1750 à 1817 partie III :
Après 1808
L’artillerie et la tactique de l’artillerie pendant la période des « guerres de Libération »
Entre le traité de Tilsitt et la victoire de la Belle-Alliance (le nom de Waterloo pour les Prussiens), rien ne change fondamentalement dans l’artillerie prussienne même si une commission de révision (Prüfung-Commission) est en place avec un nombre important de personnes compétentes en matière d’artillerie : le prince August von Preussen (il a beaucoup appris en France), von Merkatz (il se retire rapidement suite à des problèmes de santé), Scharnhorst, von Neander. Sous ces personnes, il y a von Holtzendorff, Braun, Schmidt et Oppen. Pour le côté administratif et le conseil, il y a Pontanus, Schöler et Steinwehr . Cette commission va élaborer le règlement de 1812 mais qui n’est que le rassemblement de décisions mises en place dès 1808. Pour comprendre l’esprit de celui-ci il faut insister sur le fait que l’état prussien se trouvait en quasi faillite. Il avait perdu 50% de sa surface, un quart de sa population et était sous occupation (ce qui entraînait des frais).
Organisation
Avant même l’application du traité de paix, les Prussiens réorganisent leur artillerie : les régiments sont remplacés par des brigades régionales pour l’artillerie de campagne. Celle-ci qui manque de chevaux s’appuie sur les unités de forteresse. Cette dernière a absorbé l’artillerie de siège du point de vue administratif. De même l’artillerie navale est dissoute. Faute de moyens, on mélange les types (lourde, à pied, à cheval) dans l’artillerie de campagne. L’artillerie de garnison se voit confier les pièces lourdes (24£, 36£, obusiers et mortiers).
La raison de ces restrictions vient du bilan de la campagne de 1806-1807 : il est très lourd pour l’artillerie :
• Ses officiers-commandants (le prince August et le général Karl von Holtzendorff) subirent les capitulations de l’armée (l’un à Prenzlow, l’autre à Dantzig)
• La perte d’une grande partie du parc d’artillerie :
-57 pièces à cheval sur les 112 initiales sont aux mains des Français.
-Toute l’artillerie de forteresse, sauf celle des forteresses de Basse-Silésie, de Graudenz et de Kolberg , est perdue. Cela représente la perte de 15 forteresses sur les 19 tenues par les Prussiens avant la guerre. 10 seront rendues par les Français au traité de paix.
-L’artillerie à pied de campagne est à part 24 pièces prise en totalité.
-L’artillerie de bataillon est en totalité perdue.
Quant à la construction des pièces, on reste dans les mêmes modèles car réformer la fonderie des pièces n’est pas une priorité, faute de moyens financiers, même si les leaders de la Réforme de l’armée sont soit issus d’écoles d’artillerie ou fils d’artilleurs. Ils sont conscients, comme l’inspecteur général de l’artillerie, le prince August von Preussen, de l’infériorité de cette arme par rapport à toutes celles des puissances voisines mais ils estiment nécessaire la reformation du parc comme prioritaire. D’abord les Prussiens sont tentés de copier le système Gribeauval dans son intégralité (avec les pièces de 8£) mais le coût financier de la transformation dépasse de très loin les possibilités prussiennes. Ils se limiteront à transposer en le modifiant les systèmes de visée et d’attache. Ils vont donc insister sur la manœuvre et vont dans une grande mesure réussir ce pari. La prise d’un grand nombre de pièces pendant les campagnes de 1813-1815 ne fera que confirmer ce décalage.
La structuration de l’artillerie se fait en deux catégories : artillerie de campagne (Feldartillerie) et artillerie de forteresse (Festungsartillerie).
L’artillerie de campagne
Elle se structure en trois brigades provisoires (Prusse, Brandebourg, Silésie) avec en théorie 3 batteries à cheval, 11 batteries à pied et 1 batterie d’artisans disposant chacune de huit pièces (6 canons et 2 obusiers). En temps de guerre, les batteries montrent des différences même dans le règlement et ce n’est qu’après 1815 que le chiffre théorique du règlement sera appliqué :
• 147 hommes pour les batteries à cheval alors qu’en 1813 on comptait un effectif théorique de 172 hommes (1 capitaine, 1 lieutenant, 3 sous-lieutenants, 1 chirurgien, 13 sous-officiers, 2 trompettes, 20 bombardiers, 112 artilleurs, 4 artisans et 15 soldats du train). La batterie dispose de 109 chevaux de monte, 92 chevaux de trait plus 5 chevaux pour les chirurgiens et artisans et 2 chevaux de charge). La réduction se fera essentiellement sur les artilleurs et les bombardiers. La batterie est suivie par 4 véhicules de munitions pour les canons et 2 pour les obusiers (si la batterie n’a pas d’obusiers, ce sont 2 véhicules pour les canons à la place).En première réserve, chaque canon dispose de 52 boulets, 20 boîtes à mitraille, alors que chaque obusier peut tirer 25 obus, 8 boîtes à mitraille, 2 obus incendiaires et 1 obus éclairant ; Chaque véhicule de canon dispose de 105 boulets, 30 boîtes à mitraille et pour chacun des 2 véhicules d’obusiers 56 obus, 12 boîtes à mitraille, 2 obus incendiaires et 2 obus éclairants). Chaque véhicule est tracté par 4 chevaux.
• 139 hommes pour les batteries à pied de 6£ et les batteries d’obusiers légers de 7£. En temps de paix, elles disposent chacune de 5 officiers, 14 sous-officiers, 20 bombardiers, 2 tambours, 2 chirurgiens et 96 canonniers. Ce qui restera Elles sont aidées par 11 artisans. Les effectifs de temps de guerre 224 hommes ne seront jamais atteints. Le nombre de chevaux est de 101 (88 pour le trait, 1 pour les chirurgiens et 2 pour les artisans et 10 chevaux pour les officiers). Chaque batterie doit disposer en première ligne de 45 boulets, 70 boîtes à mitraille, 25 obus et 5 obus éclairants ou incendiaires. Le ravitaillement est assuré par 6 véhicules de munitions pour les canons et 4 pour les obusiers (si la batterie n’a pas d’obusiers ce sont 4 véhicules de munitions pour canons qui les remplacent). Ils disposent du même nombre de munitions que l’artillerie à cheval. Un véhicule de réparation suit chaque batterie. Chaque véhicule est tracté par 4 chevaux.
• 197 hommes pour les batteries à pied de 12£ et les batteries d’obusiers lourds de 10£. A disposition directe, chaque canon dispose de 56 boulets et 20 cartouches. En premier renfort, chaque obusier dispose de 25 obus et 5 obus éclairants ou incendiaires. Des 4 véhicules de soutien pour chaque bouche à feu, chacun dispose soit de 52 boulets et de 20 boites de mitrailles, soit de 32 obus, 6 boites à mitrailles, 2 obus incendiaires et 2 obus éclairants. Il semble qu’avec les nombreuses prises de véhicules français, notamment à Dantzig (77 fourgons d’artillerie sont pris), l’artillerie lourde dispose de plus de véhicules de munitions pour passer à 6 par canons. En plus, Chaque batterie possède aussi d’un véhicule de réparation. Alors que les bouches à feu sont tractées par 6 chevaux, les autres véhicules ne sont tractés que par 4.
Cependant, ce projet est irréalisable avant 1813 pour deux raisons principales :
- le manque de chevaux (il faut en moyenne 112 chevaux par batterie, alors que chaque brigade ne dispose que de 60 chevaux de trait) et surtout le manque de spécialistes. Accessoirement, la limitation par le traité de Tilsitt à 6000 hommes de l’artillerie reste théorique car en 1809 la Prusse n’a pas les moyens d’atteindre ce niveau. Elle n’aura en mars 1813, que 9 batteries à cheval, 9 batteries à pied légères (6£ et 3£) et 3 batteries lourdes de 12£, sans disposer de batteries d’obusiers, et n’aura à peine que de quoi former les colonnes de parcs et de munitions adéquates. --La Prusse, sans moyens financiers, avait mis au point entre 1809 et 1813 une méthode pour entraîner le maximum de personnes en utilisant au mieux ses nombreuses unités de réserve, les Stammcompanien, qui servaient à l’entraînement des Krümpern. Chaque soldat est entraîné pendant une année, puis est mis en réserve cantonale, où il doit maintenir ses capacités en travaillant régulièrement ou tout le temps comme artisan. Il est alors remplacé par une recrue.
Ces compagnies sont placées dans des forteresses. Même les batteries de la Garde, qui seront constituées à partir des personnels instruits et récompensés pour leur comportement et pour leurs actions pendant la campagne de 1806-1807 suivent ce processus.
Dans la pratique, avant 1812, seules les batteries à cheval auront un entraînement satisfaisant avec des exercices avec chevaux. La levée des limitations en 1812 va permettre à la Prusse de préparer un véritable ré-entraînement général plus ou moins officiel. L’ambassadeur de France à Berlin fera remarquer à de nombreuses reprises les anomalies par rapport aux traités mais ses retours resteront sans effet.
L’artillerie de forteresse
Elle a fortement souffert des capitulations rapides de nombreuses places prussiennes durant la campagne de 1806 et 1807, alors que certaines n’avaient pas eu une seule perte à enregistrer. Cela va rester très longtemps un cauchemar pour les chefs de l’artillerie prussienne dont les deux principaux, qui se croyaient à l’abri dans les forteresses. Pendant cette période, cette artillerie ne sera qu’un moyen de formation pour l’artillerie de campagne ou les unités de trains et des équipages de réparation.
Enfin, pour comprendre aussi l’analyse tactique qui va suivre, il faut saisir qu’entre 1810 et 1815, on passe de 21 batteries de campagne (alors que les objectifs en prévoyaient 45) et 6 batteries de forteresse et de siège , avec 4154 officiers et soldats [ Rappel : le Traité de paix avec la France limitait à 6000 artilleurs la force prussienne], à 76 batteries et leurs services et 45 batteries fixes avec 24809 hommes, soit 968 bouches à feu, dont seulement au maximum un dixième sont des vétérans d’autres armées incorporés plus ou moins volontairement (les plus motivés étaient les Westphaliens, les moins étaient les Bergeois et Saxons). L’expansion est donc considérable ! Elle se fait grâce au système des « Krumpern » (en mars 1813, l’artillerie dispose de 4320 hommes instruits en réserve pour l’artillerie et organisés au sein de « batteries provisoires ») mais surtout à la formation sur le tas d’un grand nombre de volontaires et d’étrangers « récupérés », en particulier des Westphaliens.
On a donc une artillerie armée de matériels hétéroclites (en mars 1813, une compagnie utilise des 12£ de prises, 5 batteries, dont une à cheval, utilisent des 6£ d’origine britannique), et d’uniformes qui ne le sont pas moins. Ils vont de l’uniforme réglementaire au gris des réservistes en passant par les uniformes bleus britanniques « prussianisés ». Toute la gamme des uniformes des belligérants, sauf celui des Autrichiens, est représentée. Ce n’est qu’en 1815-1816 que cela prendra fin. Par contre, malgré tout, la fonderie et la poudre seront toujours de qualité correcte et surtout d’une qualité constante sur toute la période.
Le gros handicap de l’artillerie prussienne reste surtout ses équipages : les officiers sont de bons manœuvriers mais ne ils ne sont pas des ingénieurs. A la différence des autres écoles d’artillerie , l’académie prussienne n’instruit que peu sur les mathématiques. D’autre part, les chevaux ne se sont pas facile à trouver et très chers, on réduit donc les traits à 2 pour les 3£, 4 pour les 6£ et les obusiers et 6 pour les 12£. Pour les véhicules de ravitaillement, on passe à 4 par fourgon, malgré le fait qu’ils soient beaucoup plus gros car copiés du système Gribeauval.
L’annexe 2 montre un tableau des batteries prussiennes constituées entre 1812 et 1815 avec leur matériel de base. En 1813, il y a des exceptions dans l’organisation, mais plus après novembre 1813, sauf pour les batteries du corps franc von Lützow.
Je voudrais ici rappeler un fait : sous la pression française, le roi de Prusse émet, après de grandes résistances, un édit d’émancipation des Juifs de Prusse en 1812. Dès la fin de la domination française, c’est-à-dire dès mars 1813, cette politique est remise en cause. Cela a pour conséquence d’empêcher nombre de volontaires de religion juive, malgré une forte motivation nationaliste, de s’engager comme volontaires ou bien d’être recrutés. Par exemple, en Prusse-Orientale, plus de 600 prussiens se présentent entre mars et août 1813. Ils ne sont autorisés à ne rejoindre que l’artillerie. En plus, ils ne verront jamais le front en raison de leur religion en dépit du fait que leurs connaissances en mathématiques sont au-dessus de tout ce que possède l’armée l’artillerie prussienne. Beaucoup resteront mais d’autres partiront dès que des possibilités s’ouvriront en particulier vers les USA.
Le 24 février 1812, le très important accord franco-prussien met un corps auxiliaire au service de la France en vue de la campagne en Russie. Cette alliance de circonstance est très négociée, pour les Prussiens, pour alléger les poids des charges d’occupations et accessoirement tester les nouveaux règlements militaires. Le corps auxiliaire aura 7,5 batteries. Le major von Fiebig I commande l’artillerie et l’artillerie à pied, le major von Fiebig II l’artillerie à cheval :
-4 batteries de 6£ à pied (1ere, 2e et 3e de Prusse, 4e de Brandebourg)
-3 batteries de 6£ à cheval (1ere, 2e et 3e de Prusse)
-Une demi-batterie de 12£ (1ere de Silésie)
- 4 colonnes de parcs toutes issues de la brigade de Prusse. 3,5 sont en préparation
Les chevaux doivent être aussi mis à disposition, alors que les Français avaient procédé entre 1810 et 1812 au prélèvement d’environ 71000 chevaux en Prusse asséchant complètement le potentiel militaire du gouvernement.
Une annexe à l’accord permet à la Prusse de constituer des réserves officielles pour compenser d’éventuelles pertes en hommes et en matériel. La préoccupation chevaline n’existe pas, mais dans les faits sera une des premières actions prussiennes.
Avec le désastre de Russie et le retournement d’alliance, la Prusse mobilise tout ce qu’elle a et reçoit de nombreuses aides extérieures surtout de la part des Britanniques (matériel, uniformes, argent).
En mars , la Prusse met en ligne 21 batteries mobiles malgré un manque criant de matériel et de chevaux. Voici en mars 1813, l’artillerie à disposition de l’armée prussienne :
a)Ier Corps (Blücher) (26000 hommes environ) : chef de l’artillerie Major Braun (Adjoints : Majors Lehmann et Liebe) commandant 11 batteries et 4 colonnes de parc (7 à 10)
- Batterie à cheval de la Garde (Reitende Batterie (Garde)) Nr 4 : Kapitain Willmann
- Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 7 : Kapitain Richter
- Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 8 : Kapitain Kühnemann
- Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 9 : Kapitain von Tuchsen
- Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 10 : Lieutenant Schäffer
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie (Garde)) Nr 4 : Kapitain Lehmann
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 7 : Kapitain Holtzheimer
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 8 : Kapitain Schöne
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 9 : Kapitain von Grevenitz
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 11 : Kapitain von Mandelshöhe
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 13 : Kapitain von Held
- ½ batterie de 12£ à pied (12£ Fuss-Batterie) Nr 3 : Lieutenant von Schlemmer
b) IIe corps (York) : Chef de l’artillerie Major von Schmidt (adjoints : Majors von Fiebig I et II et von Rentzell) commandant 9 batteries et 5 colonnes de parc (1 à 5) :
- Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 1 : Kapitain von Zinken
- Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 2 : Lieutenant Hensel, puis Borowsky
- Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 3 : Lieutenant Fischer
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 1 : Kapitain Huèt
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 2 : Lieutenant Lange
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 3 : Kapitain Ziegler
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 6 : Kapitain Ludwig (attachée au corps de Bülow en mars)
- Batterie à pied de 3£ (3£ Fuss-Batterie) : Lieutenant von Hertig
- ½ batterie de 12£ à pied (12£ Fuss-Batterie) Nr 3 : Kapitain von Rozynski
- ½ Batterie d’obusiers de 10£ (10£ Haubitze-Batterie) : Kapitain Baumgarten
c) Corps de Réserve (von Bülow) : chef de l’artillerie : Major von Holtzendorff (adjoint : Major von Roehl) commandant 4 batteries et une colonne de munitions (Nr 6)
- Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 6 : Kapitain von Steinwehr
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 5 : Kapitain von Glasenapp
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 16 : Kapitain von Bredow
- Batterie à pied de 12£ (12£ Fuss-Batterie) Nr 1 : Lieutenant Witte
Dépendant du corps mais agissant de façon autonome : la brigade de Poméranie (von Borstell) disposant de 2 batteries :
½ Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 5 : Lieutenant Schüler (l’autre moitié sous le commandement du Lieutenant von Neindorff est placée sous les ordres du général von Dörnberg)
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 10 : Lieutenant Hensel II, puis Magenhöser
d) Corps Comte Tauentzien (en formation en Brandebourg et Poméranie)
(chef de l’artillerie : Major von Neander)
- Batterie à cheval (Reitende Batterie) Nr 11 : Lieutenant Borchard
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 17 : Lieutenant Gleim
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 18 : Lieutenant Sannow
e) Groupement en rassemblement en Silésie : General Schuler von Senden (chef de l’artillerie Brigadier Major von Blumenstein, Kapitain Lehmann II) (colonne de parc Nr 10)
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 12 : Lieutenant Bülly
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 14 : Kapitain von Bychelberg
- Batterie à pied de 6£ (6£ Fuss-Batterie) Nr 15 : Lieutenant von Anders
- Batterie à pied de 7£ (7£ Haubitze-Batterie) Nr 1 : Lieutenant Boitus
En juin 1813, la force de l’artillerie passe à 34,5 batteries disposant de 276 pièces et en août la Prusse aligne en campagne 45 batteries toutes à 8 pièces (12 à cheval, 6 de 12£, 26 de 6£ et 1 d’obusiers de 7£) soit 360 pièces. Il est à noter que l’organisation n’est pas celle théoriquement souhaitée, 6 canons et 2 obusiers par batterie, car ces derniers manquent, mais toutes les batteries ont huit pièces.
Autre élément, les batteries dites de Landwehr sont des unités qui n’ont pas au départ les moyens matériel (chevaux surtout) de suivre une campagne. On les destine alors aux blocus de nombreuses places et au fur et à mesure des prises, le matériel s’améliorera en tous points (chevaux, canons…). Le cas des batteries 25 et 26 de 6£ à pied en est un très bon exemple. D’abord constituées pour assiéger une place, Stettin et Küstrin respectivement avec des canons de la place de Kolberg (ou Colberg) et un uniforme bricolé (vestes grises, shakos en paille, peu ou pas de chaussures…), elles finiront la campagne avec du matériel français de prise et des uniformes anglais de très bonne facture.
À Leipzig, les Prussiens mettent en place 240 pièces qui tireront 14193 coups contre les 175000 tirs des Français (dixit Chambray). Cette consommation va épuiser les réserves prussiennes. Le chef de l’artillerie du 3e corps indiquera qu’il ne lui reste que 42 coups pour toute munition. Les autres corps dont le 1er indique des réserves épuisées. Dans cette bataille l’artillerie subira 14 officiers, 233 hommes et 485 chevaux de pertes, mais capturera 200 canons auxquels viendront s’ajouter les 54 qui seront déclarées prises à Kösel. Cela sans compter les vestes et shakos français récupérés et « prussianisés ». Au 1er janvier 1814, l’armée dispose de 55 batteries mobiles dont 1 équipée de 3£ et surtout de 14 colonnes de parcs et de munitions et 4 colonnes de laboratoires.
Cette mobilisation n’a pu se faire que grâce aux fameux Krümpern qui ont formé 17 compagnies provisoires (4 en Brandebourg, 6 en Prusse et 7 en Silésie), aidés par des troupes de forteresses rendues mobiles grâce à la récupération ou l’achat de chevaux.
Au début de la campagne de 1814, la répartition est la suivante :
1er corps (York) : 11 batteries dont 4 à cheval
2e corps (Kleist) : 14 batteries dont 4 à cheval
3e corps (Bülow) : 10 batteries dont 3 à cheval
4e corps (Tauentzien : 13 batteries dont 1 à cheval (la batterie n°13 qui est une transformation d’une batterie à pied).
En réserve avec la Garde : les deux batteries de Garde (1 à cheval et 1 de 6£ à pied).
Au corps de blocus de Glogau : 2 batteries de 6£ à pied.
Corps von Lützow : 1 batterie à cheval (tous les artilleurs sont maintenant montés) et une batterie à pied. Les deux batteries ont désormais du matériel britannique de 6£ et des obusiers prussiens.
Corps de réserve de Westphalie : 2 batteries à pied
Chaque corps d’armée et de réserve dispose maintenant de 4 colonnes de parc et d’une de laboratoires et d’un commandant d’artillerie, dont le grade est très variable.
Le 1er avril 1815 l’armée présente 72 batteries (voir annexe 2), plus 4 de la Garde. Il est projeté (mais pas toujours réussi) que chaque corps d’armée dispose d’une force d’artillerie de 12 batteries, dont 3 à cheval, 5 de 6£ à pied, 3 de 12£ et une d’obusiers légers. Seuls les 1er, 5e et 6e corps auront cette distribution. Le 7e (Garde) est une exception. Le plus faible, le 3e corps n’aura que 6 batteries et le 4e corps n’aura que 11 batteries (il lui manque celle d’obusiers).
D’autre part, chaque batterie dispose de 101 chevaux, dont 88 chevaux de trait. Chaque corps (sauf la Garde) dispose de ces 6 colonnes de parc, chacune avec 33 véhicules, de sa colonne de laboratoires avec 6 véhicules et de sa colonne d’artisans avec 7 véhicules. La Garde dispose d’une seule colonne de parc à 33 véhicules.