Modérateur: MANÉ John-Alexandre
Tout d’abord, il me semble que le terme d’«attrition » n’est pas approprié. Dans Wikipedia on trouve cette définition, perte de clientèle, de substance ou d’autres éléments non forcément matériels.
On retrouve souvent cette confusion, le mot perte est utilisé pour évaluer le nombre d’hommes perdu lors d’une bataille... Les historiens, au lieu de reprendre ce terme, auraient du par la suite faire une différence entre le nombre de morts, de blessés et de prisonniers... il me semble qu’il y a une différence entre un mort qui est une vraie perte et un homme laissé en garnison qui s’il n’est pas à l’armée dans une bataille rangée est cependant aussi utile à l’armée par le contrôle des arrières et des approvisionnements qu’il permet.
Ensuite il y a souvent avec la campagne de Russie un amalgame... c’est à dire que pour des raisons administratives des unités, allemandes en ce qui concerne le premier corps que vous avez utilisé comme base de votre réflexion, sont rattachés à des brigades ou des divisions alors qu’elles n’agissent pas avec elle... Pour que les calculs soient justes il faudrait retirer ces unités des divisions et comparer exclusivement les mêmes unités.
Quand on fait des calculs comme vous l’avez fait on prend en général le premier corps,
Quand on regarde les mouvements qui ont été effectués sur le théâtre de Courlande, on se rend compte que les Prussiens pour occuper une ville laissent une ou deux compagnies d’infanterie, que des postes de 3 ou 4 cavaliers sont laissés pour permettre l’arrivée des courriers. Il y a donc énormément de petits postes répartis sur tout le territoire.
Napoléon ordonna qu’à tous les relais de poste soient établis des blockhaus contenant 100 hommes d’infanterie, 15 cavaliers, 2 canons, un magasin, un hôpital et des chevaux de poste. Rien que sur la ligne de communication de Vilnius à Smolensk, cela représente des milliers d’hommes détachés.
Si on analyse les pertes d’un corps d’armée il faudrait savoir combien de soldats ont été laissés en garnison et où... Que Napoléon arrive devant Smolensk avec 150.000 hommes ne semble donc pas si étonnant.
Pour comparer avec votre travail j’ai fait un tableau équivalent, des effectifs du 4ème corps d’armée à différentes époques.
Vous pouvez voir que les troupes de la garde italienne baissent beaucoup moins que celles de la division Pino, la 15ème division, pourtant ils sont italiens.
Si la division Pino baisse plus que les autres c’est peut-être du au fait que c’était la dernière division celle qui fermait la marche du corps d’armée,
on peut observer la même chose dans le 3ème corps d’armée.
Napoléon faisait en sorte qu’il y ait un « tour de service » entre les divisions, par exemple la division Compans du premier corps a attaquée la redoute de Schewardino parce que c’était son « tour », le surlendemain elle sera moins engagée à la bataille de la Moskowa.
Puis la jeune garde après la bataille prendra pour soulager les autres divisions le service de l’avant-garde.
En ce qui concerne la cavalerie de la garde, je n’ai pas d’éléments mais en se penchant sur le problème il doit y avoir des raisons car la cavalerie de la garde n’a pas eu de grand engagements.
Je ne suis pas de votre avis sur la baisse élevée dans les contingents étrangers, moins bien composés et surtout moins bien commandés,
Mais le mot « famine » est à mon avis exagéré.
Et pour finir, je ne suis pas d’accord avec votre remarque, « le prévoir est à mon avis illusoire, le plus grand calculateur militaire de tous les temps, l’empereur Napoléon 1er, ayant échoué à plusieurs reprises, et notamment en Russie ».
Car si il y a une campagne où Napoléon a vraiment travaillé aux moindres détails c’est bien la campagne de Russie,
on a critiqué le ravitaillement, les faits prouvent qu’il n’a pas été négligé, les tonnes de nourriture convoyées par bateaux, et par routes sont énormes.
Si des dépôts sont tombés aux mains des Russes parce qu’ils ont été mal défendus autour de Smolensk et à Minsk, c’est du à des erreurs des commandants locaux. Napoléon ne pouvait pas prévoir des erreurs à répétitions faites au début novembre. On peut rétablir les choses après une ou deux erreurs mais pas quand elles arrivent toutes à différents endroits au même moment. La perte de Minsk, parce que les Autrichiens ont découvert cette ville, la perte des troupes de Kossecki, la perte de Borissov, le recul du maréchal Victor, le désastre du passage du Vop, la perte de la brigade Augereau de la division Baraguey d’Hilliers, la perte des dépôts de vivre autour de Smolensk. Sans compter qu’à Minsk il y avait des vivres pour 100.000 hommes pendant 6 mois. Ca fait beaucoup d’erreurs à récupérer et même quand on s’appelle Napoléon, cette tâche n’est pas aisée.
Le prévoir n’est pas illusoire car si dans des revers comme Napoléon en a connus en Russie, sans préparations le résultat aurait été la capitulation sans condition. Cette préparation a permis de limiter les dégâts.
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