Une réaction sympathique aux articles produits sur le capitaine Nicolle vient de me parvenir.
Il s'agit de celle d'un descendant d'un voltigeur du capitaine, nommé Mathurin Cheval, soldat de l'an II et donc vétéran des guerres de la Révolution, et de l'Empire jusqu'à Essling y compris, où il fut blessé le 21 mai 1809 d'un coup de feu qui le rendit à la vie civile. Voici ses états de services :

Vous y noterez que notre voltigeur appartenait bien au 3e bataillon du 16e, celui du capitaine Nicolle.
Le document était accompagné d'une question à laquelle j'ai répondu du mieux qu'il m'a été possible.
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Question :
J'ai lu avec attention vos documents sur le 16ème RIL et notamment du capitaine NICOLLE.
Un de mes propres ancêtres directs (Mathurin Cheval) faisait partie de ce régiment et a été blessé à Essling.
Pour mémoire il a survécu et est mort vers 1850 dans son village natal (56).
Je recherche le biais par lequel un breton se retrouve dans un régiment originaire de l'Yonne.
B. P.
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Réponse :
Pourquoi le soldat Mathurin Cheval du 16e de Ligne, qui a 21 ans (né en 1773 en Bretagne, dans le Morbihan) commença à servir le 29 floréal an II de la République (18 mai 1794), le fit-il dans un régiment basé dans l’Yonne ?
Eh bien tout à trac je dirai que je ne sais pas. Quelques pistes, tout-de-même.
Les «soldats de l’an II» étaient encore en grande partie des volontaires, qui peuvent donc «choisir» l’unité dans laquelle ils s’enrôlent alors qu’ils n’y sont pas contraints.
Maturin Cheval ayant commencé à servir en 1794, c’est forcément après le premier amalgame, celui de 1793, et avant le second, réalisé en 1796.
Le document qui établit ses états de services est issu du 16e régiment de ligne, ci-devant 16e demi-brigade d’infanterie de ligne, formée à partir de la 110e demi-brigade de bataille (2e bataillon du 55e d’infanterie, 6e et 7e bataillons des volontaires de la Meurthe), et des 2e et 3e bataillons de la demi-brigade de l’Yonne... département d’où ne procèdent donc qu’une partie des soldats.
Mais cette réponse ne fait qu’élargir la question puisque outre l’Yonne s’ajoute la Meurthe, voire Sarrelouis (base du 55e, ex 56e, ci-devant Condé) !
Ce qui nous ramène à la question initiale. Pourquoi un jeune volontaire breton s’enrôla-t-il ailleurs que dans un bataillon de sa province, comme par exemple le 4e bataillon du Morbihan, levé le 19 floréal an II ?
Peut-être, mais ce n’est qu’une hypothèse tout à l’honneur de Mathurin Cheval, pour combattre à la frontière les ennemis étrangers, plutôt que d’être réduit à devoir tuer des Français, "ennemis de l'intérieur" (Vendée, Midi, etc...) certes, mais Français tout de même.
Diégo Mané