Ensuite ce sera essentiellement l’Espagne, que je développe ci-après :
1808/05/02 : Insurrection de Madrid, 1 officier ßlessé.
1808/10/31 : Combat de Durango (Zornoza), 2 officiers atteints (1† et 1ß) à la Brigade Puthod détachée sous Lefebvre. L’impatience du Maréchal sauvera les Espagnols de l’encerclement.
1808/11/05 : Combat de Valmaseda, 1 officier ßlessé. La Division Villatte, « oubliée » par Victor dans une position aventurée, parvient malgré tout à échapper aux Espagnols de Blake.
1808/11/10 : Bataille d’
Espinosa, 15 officiers atteints (2† et 13ß dont le Colonel Combelle) sur les 127 pertes subies par les 1.808 hommes en trois bataillons du 94e.. Mal engagée par Victor qui ne voulait pas partager la victoire avec Lefebvre, le premier faillit garder pour lui seul la défaite en devenir que le GB Maison prit l’initiative de transformer en succès.
1808/12/3-4 : Prise de Madrid, 4 officiers ßlessés.
1809/01/13 : Bataille d’
Uclès, pas d’officier du 94e atteint. La manœuvre audacieuse de la Brigade Puthod qui prit de flanc les Espagnols de Venegas offrit la victoire à son Maréchal.
1809/03/28 : Bataille de
Medellin. Les 1.400 hommes en trois bataillons du 94e, à la Brigade Cassagne, s’en sortent bien grâce aux cavaliers de Lasalle et La Tour-Maubourg qui sauvent littéralement l’infanterie de la situation funeste où l’avait mise Victor face à de La Cuesta.
1809/03/17 : Passage du Tage, 1 officier ßlessé.
1809/05/17 : Colonne mobile, 1 officier ßlessé.
1809/07/28 : Bataille de
Talavera, 5 officiers ßlessés sur les 145 pertes subies par les 1.670 hommes en trois bataillons du 94e, Brigade Lefol. Ne voulant pas attendre Soult qui aurait commandé sur lui, Victor poussa le roi Joseph à attaquer, disant que « si on n’est pas capable de prendre cette colline il faut cesser de faire la guerre ». Victor ne prit pas la colline et hélas ne renonça pas à faire la guerre. Les Français furent vertement repoussés par les Anglais de Wellesley (le futur Wellington), qui battirent sagement en retraite pour ne pas attendre Soult.
1810/03/16 : Combat de Nanaguessa, 1 officier ßlessé.
1810/09/30 : Combat d’Ubrique, 1 officier ßlessé.
1810/10/01 : En reconnaissance, 1 officier †ué.
1811/03/03 : Bataille de
Chiclana (Barrosa), 8 officiers atteints (1† et 7ß) au I/94e, 550 h.
Mal engagée par Victor (on est tenté d’ajouter comme d’habitude) la bataille finit en déroute devant les Anglais de Graham. Le 8e de Ligne y perdit la toute première Aigle impériale.
Victor fit un rapport de victoire qui n’abusa pas Soult dont je donne le commentaire assassin :
« Cet homme ne sera jamais qu’un tambour*, il ne fait du bruit que quand on le bat ! ».
*Victor avait débuté sa carrière comme tambour au régiment d’artillerie de Grenoble en 1781.
1811/03/09 : Combat de Medina-Sidonia, 1 officier ßlessé.
1811/04/05 : Escorte d’un convoi de blessés à Baylen, 1 officier ßlessé.
1811/05/05 : Bataille de
Fuentes de Oñoro, 2 officiers atteints (1† et 1ß). Il s’agit ici du IXe Corps de Drouet (d’Erlon), composé de quatrièmes bataillons. Celui du 94e est fort de 608 h, à la 2e Demi-Brigade de Ligne, avec les IV/95e (579 h) et IV/96e (481 h), 2e Division Conroux de Pépinville. Masséna commandait en chef les Français, qui furent repoussés par les Anglo-Portugais de Wellesley, devenu Viscount Wellington.
1811/09/19 : Défense du fort d’Alcala, 2 officiers atteints (1† et 1ß).
1811/12/31 : Siège de Tarifa, 2 officiers ßlessés, dont le Colonel Combelle.
1812/09/12 : Disparu à Grenade, 1 officier (présumé assassiné = †ué).
1813/05/26 : Combat près de Salamanca, 1 officier ßlessé.
1813/05/27 : Combat de Villa Real, 1 officier ßlessé.
1813/06/21 : Bataille de
Vittoria, 3 officiers ßlessés sur les 49 pertes subies par les 1.751 hommes en 2 bataillons du 94e, Brigade Lefol avec le 95e, 3e Division Villatte, de l’Armée du Midi du GD Gazan, sous le commandement supérieur du roi Joseph « conseillé » par Jourdan.
La bataille était radicalement perdue avant de commencer tant les dispositions de défense étaient défectueuses pour ne pas dire criminelles. Par suite facile victoire de Lord Wellington.
1813/07/07 : Combat d’Urdache, 5 officiers atteints (1†ués et 4 ßlessés).
1813/07/24 : Vallée de Bastan, 1 officier ßlessé.
1813/07/31 : Combat près de Pampelune, 3 officiers ßlessés.
1813/08/02 : Combat près de Bera, 1 officier ßlessé.
Sous-total en Espagne : 64 officiers atteints (9 †ués et 55 ßlessés).
La suite, bien qu’en France, reste collatérale à la Guerre d’Espagne :
1813/12/13 : Bataille de
Bayonne, 22 officiers atteints au 94e (3† et 19 ß dt le Cel Gougeon).
Elle coûta 5.921 pertes dont 271 officiers aux Français, 5.047 dont 282 aux Anglo-Portugais.
1813/12/19 : Combat devant Bayonne, 1 officier †ué.
1813/12/20 : Devant Bayonne, 1 officier mortellement ßlessé.
1814/01/01 : À la place forte de Bayonne, commandée par le GD Thouvenot, le 94e alignait 1.127 hommes en deux bataillons, 2e Brigade GB Maucomble, avec le 5e Léger et le 95e de Ligne, à la 3e Division du GD Abbé. Les Anglais étaient sous les ordres du LG Sir John Hope.
1814/03/01 : À Bayonne, le 94e est à la 2e Brigade Colonel Gougeon (du 94e), 3.214 h, gauche du front d’Espagne : I/1er de Ligne, Delhor, 807 h. I/II/94e de Ligne, CdB Beynet et Couderc, 1.166 h. I/95e, Dariban, 792 h. IV/118e de Ligne Bernard 532 h.
1814/04/14 : Sortie de Bayonne, 17 officiers atteints au 94e (6 †ués et 11 ßlessés).
Elle coûta 912 pertes dont 58 officiers aux Français, 893 dont 50 aux Anglo-Portugais.
Sous-total Bayonne : 42 officiers atteints au 94e (11 †ués et 31 ßlessés). En tout avec le blocus les combats pour la ville ont coûté relativement cher : 6.172 Anglais atteints ou pris dont 355 officiers, pour 7.175 Français atteints ou pris dont 341 officiers…
Mais Bayonne ne tomba pas, faisant fièrement honneur à sa devise : « Nunquam polluta ».
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Retour en Allemagne, qui concerne d’autres bataillons que ceux engagés en Espagne :
1809/05/22 : Bataille d’
Essling, 8 officiers atteints (1† et 7ß dont le Major Coquereau), sur les 420 hommes en 4 compagnies du IV/94e, Brigade Albert, Division Tharreau, Avant-Garde sous le GD Oudinot, au IIe Corps d’Armée du maréchal Lannes qui sera blessé mortellement.
1809/07/06 : Bataille de
Wagram, 4 officiers atteints (1† et 3ß) sur les 537 hommes en 4 compagnies du IV/94e, Brigade Albert (qui sera ßlessé), Division Tharreau, 2e CA Oudinot.
1813/01/21 : au commencement du blocus de
Dantzig le IV/95e aligne 517 hommes, à la 7e Demi-Brigade avec le 8e de Ligne (579 h) et le 14e de Ligne (615 h), 2e Brigade GB Husson qui sera ßlessé le 10 octobre, 30e Division GD Heudelet, Xe corps d’armée du GD Rapp.
1813/02/04 : Près de Dantzig, 1 officier †ué, le pauvre s’appelait Lamoureux !
1813/03/05 : Combat d’0hra près de Dantzig, 2 officiers ßlessés.
1813/08/27 : Bataille de
Dresde, 4 officiers atteints (1† et 3ß) sur les 708 hommes du III/94e de Ligne Major Jeannin, 21e Demi-Brigade Provisoire Major Villeneuve avec le II/59e (725 h) et le III/65e (824 h), Brigade Butrand, 43e Division GD Claparède, XIVe corps Mal Saint-Cyr.
1813/09/08 : Combat devant Dresde, 4 officiers atteints (1† et 3ß).
1813/10/11 : Défense de Dantzig, 1 officier ßlessé.
1813/10/20 : Affaire en Saxe, 1 officier ßlessé.
1813/11/02 : Défense de Dantzig, 1 officier ßlessé.
Sous-total Allemagne 1809-1813 : 26 officiers atteints (5 †ués et 21 ßlessés).
En 1815, lors des Cent jours, le 94e, qui avait été dissous par les Bourbons, est reconstitué et se trouve derechef à Bayonne qu’il connaît bien, au sein du Corps des Pyrénées Occidentales de Clausel, qui toutefois ne sera pas engagé avant le retour des Bourbons et la 2e dissolution.
Total général 1805-1814 : 160 officiers atteints (31 †ués et 129 ßlessés).
On peut noter pour ce qu’elle vaut la proportion de 4 ßlessés pour 1 †ué.
Et que les 2/3 des pertes relèvent de la Guerre d’Espagne et de sa suite dans le Midi, essentiellement autour de Bayonne qui concentre le quart de toutes les pertes subies.
Hélas en outre, celles d’avril 1814 ont été subies après l’abdication de l’Empereur !
J’ai été succinct, mais voici plus dissert avec l’Historique du 94e Régiment d’infanterie :
https://books.google.fr/books/about/Historique_du_94e_Régiment_d_infanterie.html?id=hdgaaBoutscC&redir_esc=y
Attention, parfois le lyrisme l’emporte sur l’Histoire, et l’à peu près sur l’exactitude. Donc, à chaque fois que vous constaterez une différence avec ce que j’ai moi-même résumé, privilégiez ma version à celle de cet historique, qui reste toutefois fort intéressant au rang des anecdotes !
L’historique (là avec un petit « h ») de Jacques Berry est certes plus modeste, mais reste très remarquable, et instructif. Je ne pensais pas qu’on puisse rester si longtemps sans la moindre promotion, peut-être était-il illettré ? Voici un « simple soldat » qui a survécu à douze ans de campagnes et autant de batailles ou combats, n’étant blessé qu’au dernier, certes là « pour le compte ». C’était un véritable vétéran chevronné dans toute l’acception du terme, qui aurait probablement fini par intégrer la Garde Impériale, ayant par ailleurs la taille requise pour les Chasseurs à Pied de la Garde, car à l’époque, avec un mètre soixante-dix, on était un « grand » !
Ouvrages consultés
BOWDEN (Scott), Napoléon and Austerlitz, Chicago, 1997.
DARMAING (A.), L’Ouest dans la tourmente, la guerre civile française…, Paris, 1979.
DESBRIÈRE (Édouard),
1793-1805 Projets et tentatives de débarquement aux îles britanniques, T1, Paris, 1900.
HOUSSAYE (Henri), Iéna et la campagne de 1806, Paris, 1912.
HUCHET (Patrick), 1795 - Quiberon ou le destin de la France, Rennes, 1995.
LETRUN (Ludovic), Les Drapeaux de la Révolution et de l’Empire, Paris, 2009.
MARTINIEN (Auguste), Officiers tués et blessés pendant les guerres de l’Empire (1805-1815).
PICARD (CdE Ernest), La campagne de 1800 en Allemagne, Paris, 1907.
PICARD (CdE Ernest), Hohenlinden, Paris, 1910.
SIX (G.), Généraux et amiraux de la Révolution et de l’Empire (1792-1814), Paris, 1934.
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À suivre bientôt, l'article "en dur" sur le site, avec force illustrations commentées...
