«Operations of the Armée du Nord: 1815, Volume I The Registries»
(Exploitation par Diégo Mané, Saint-Laurent-de-Mûre, le 24/03/2019)
Ce volume comprend plusieurs registres, tous intéressants, comme énoncé dans la présentation sur Planète Napoléon.
D’intérêt plus particulier pour l’historien militaire, sont mentionnés plusieurs mouvements de troupes, et notamment des détachements de renforts en route, dont l’analyse peut amener à modifier à la hausse les «présents sous les armes» aux différents combats.
Par ailleurs sont évoqués plusieurs «roques» entre unités, également à vérifier en cas de doute. Un à particulièrement retenu mon attention car il a fait l’objet d’un message sur Planète Napoléon afin de clore une polémique relative récurrente, c’est le «roque» entre le 2e légère et le 3e de ligne.
Voici le lien avec la discussion (de 2011) évoquée ci-dessus :
viewtopic.php?f=1&t=841&p=4420&hilit=1815.+Affectations+2e+léger+3e+de+ligne#p442
Et voici l'élément nouveau qui confirme et complète la position que j’ai tenue, et apporte une information additionnelle que je commenterai après l’extrait cité.
Page I/282 : Soult à Reille, Paris le 8 juin 1815
«On le prévient que d’après son observation, Sa Majesté à approuvé que le 2e de légère quitte la 6e Division pour passer à la 5e ; que le 3e de ligne passerait en change à la 6e et qu’enfin le 11e de légère resterait à la 7e Division au lieu d’aller à la 5e.»Donc, outre la confirmation du «bon» roque, nous apprenons qu’il intervint après une intention initiale de l’Empereur d’échanger le 11e légère de la 7e Division (Girard) avec le 3e de Ligne de la 5e Division (Bachelu), mais que sur une observation de Reille (commandant le IIe Corps), approuvée par Napoléon, ce fut donc le 2e de légère de la 6e Division (Jérôme) qui fut échangé avec le 3e de Ligne, laissant la 7e Division inchangée.
Rien ne permet d’expliquer le choix initial autrement que par la volonté de déplacer le 3e de ligne*, puisque ce régiment est le seul présent dans les deux choix successifs. En effet, l’hypothèse de l’égalisation partielle des effectifs ne tient pas car en l’occurrence première cela aurait encore aggravé la faiblesse relative de la 5e Division, que le deuxième choix a permis de remonter quelque peu, comme le montrent les chiffres ci-dessous au 10 juin :
Division/Effectif initial/Hypothèse/Choix final
5e Bachelu /4103/3915/5301
6e Jérôme /7819/7819/6621
7e Girard /4498/4686/4498
Les raisons politiques, éminemment possibles dans le cas du 2e légère, comme je l’ai avancé, sont peut-être la cause du déplacement du 3e de ligne. Quoi qu’il en soit, la lecture de très nombreuses pièces données dans l’ouvrage «Opérations de l’Armée du Nord ; 1815» permet de constater le «mauvais esprit» (royaliste) de certains officiers, ce qui peut se traduire par le renvoi ou la mutation de certains, et le déplacement d’unités.
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Ajout du 17/04/2019
Postérieurement au commentaire ci-dessus, produit après la lecture du Volume I, celle des autres volumes apporta son lot d’éclaircissements.
Le 3e de ligne n’est nullement en cause, comme je l’avais d’abord cru.
L’intention première est bien de l’Empereur, pour une raison inattendue et que j’ai dans le passé considérée comme «pas logique», soit la volonté d’avoir dans chaque division un régiment d’infanterie légère. Pas logique car depuis la création effective des voltigeurs fin 1805 d’une part, la réforme de 1808 d’autre part, enfin les désastres de Russie et aussi d’Espagne, la «différence» d’utilisation entre ligne et légère avait totalement disparu.
Par ailleurs la plupart des divisions de quatre régiments ne comprenaient pas de régiment de légère, et toutes ne pouvaient en avoir (il y avait alors 90 régiments de ligne pour 15 de légère)... et en revanche certaines en avaient deux, comme la 6e DI donc, mais pas seulement elle... Alors pourquoi limiter ce «roque» à elle seule... Sauf à n’avoir saisi ce prétexte que pour masquer une autre raison, la vraie (?), parmi les autres évoquées.
Reille ajoute une information comme quoi bien que «brigadés» ensemble les 1er et 2e de légère avaient eu des «différends» susceptibles de nuire à leur bonne utilisation conjointe.
Mais il ne s’agit que d’une information donnée «après-coup», une fois la décision prise.
Diégo Mané