La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

Modérateurs: MASSON Bruno, FONTANEL Patrick, MANÉ John-Alexandre

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 29 Jan 2013, 10:40

indécision à la gauche française

    Pendant cette offensive, les 5th et 3rd Divisions ont été engagées par Sarrut, renforcé des unités les moins abimées de Thomières (1er de ligne), Maucune (82e et 86e de ligne) et Brennier (17e léger et 65e de ligne), dans une affaire indécise, chaque camp attendant le résultat au centre pour s'engager à fond ; Sarrut a été repoussé et démoralisé, mais non battu ; son retour offensif ne pouvant se faire que dans le cadre d'un succès au centre qui l'aurait galvanisé.

    Le comportement de cette division est néanmoins sujet à caution, car en dépit de combats dits «acharnés», et en l'absence de compte-rendus détaillés elle n'a d'après le Martinien que 8 officiers tués ou blessés alors que toute les autres en ont entre 31 (Foy, majoritairement subies le lendemain à Garcia Hernandez, et qui ne sont pas séparées) et 70 (Bonnet) recensés ; même la cavalerie est plus que 2 fois plus touchée, avec 18 chez Boyer et 25 chez Curto.
MASSON Bruno
 

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Messagepar MASSON Bruno sur 29 Jan 2013, 10:44

Défaut de commandement Anglais dans l'exploitation

    La situation des Français à ce moment est des plus critique, il ne leur reste que deux divisions en bon état, Ferey au centre et Foy à droite, séparées et menacées d'être anéanties par des ennemis supérieurs en nombre ; Foy par la Light et la 1st division soutenues par von Bock et les 2 escadrons laissés là de la brigade Arentschild, Ferey par la 6th et la 7th , soutenues par de España et Bradford, plus les restes de la 4th et de Pack rallié, avec la brigade G. Anson pour exploiter.

    Heureusement, l'arrière de la position française est boisé, et propice à une action d'arrière-garde ; de plus, l'ordre d'attaque de la 1st Division, s'il y en a eu un, semble s'être égaré, et cette grosse unité de plus de 6.000 hommes d'élite ne va servir qu'à faire le lien entre le centre et la gauche anglaises, sans presser Foy qui n'aura affaire qu'à la division légère. Disputant chaque mètre de terrain, et dépassé en permanence par la cavalerie sur son flanc droit, ce général arrive à décrocher progressivement sans laisser trop de monde, et se libère à la nuit de la pression anglaise qui cesse faute d'ordres. Sa division est la seule encore en état de combattre, et donc fera l'arrière-garde le lendemain avec les conséquences catastrophiques qui seront détaillées plus tard.
MASSON Bruno
 

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Messagepar MASSON Bruno sur 29 Jan 2013, 10:50

Ferey sauve l'armée du Portugal...

    Ferey, lui, lorsqu'il reçoit l'ordre de Clausel (blessé au pied à son tour) de faire l'arrière garde et de retenir les assauts anglais le temps que la nuit arrive, choisit de défendre la lisière des bois, et positionne ses bataillons en ligne sur 3 rangs, avec un bataillon en carré à chaque extrémité, sur une légère hauteur au centre de l'ancien dispositif français, avec sa batterie divisionnaire au milieu.

    Face à lui, la 6th division de Clinton, étourdie de sa victoire sur Bonnet, s'approche sans prendre le temps de se reformer, et un autre duel de feu se déclenche, mais contrairement aux fois précédentes, entre deux ennemis disposés en ligne de part et d'autre, et donc d'autant plus meurtrier. Le 1/32nd de la brigade Hinde perd ainsi 1/4 de son effectif initial, et quand aux 1/11th et 1/61st de la brigade Hulse, ils perdent à ce moment tous les deux les 2/3 de leurs soldats.

    La fusillade continue ainsi durant plusieurs minutes dans la pénombre grandissante, puis Ferey, après avoir tenu une heure, recule jusqu'au bois, toujours flanqué de ses carrés. Il se trouve alors pris en enfilade par une batterie anglaise (peut-être celle de la 3rd) et se fait tuer par un boulet. Les deux brigades Anglaises de la 6th étant trop désorganisées et trop réduites pour continuer l'avance, c'est la brigade portugaise de la division (Conde de Rezende) qui passe devant, soutenue à gauche par la brigade Ellis de la 4th et sur la droite par la 5th Division reformée.

    La confrontation coûte alors à la brigade portugaise son chef et 20% de son effectif en 15 minutes, avant qu'elle ne décroche, pour laisser la place aux deux brigades anglaises à nouveau disponibles. A ce moment, débordée par la 5th division, la ligne française commence à s'effondrer par la gauche, d'abord le 70e, puis le 47e, enfin le 26e de ligne, laissant tenir le front au seul 31e léger, qui décroche de la lisière en y détachant ses voltigeurs, puis, aucune poursuite n'étant visible, se replie tranquillement vers Alba de Tormes, en ralliant tous les égarés qu'il trouve.
MASSON Bruno
 

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Messagepar MASSON Bruno sur 29 Jan 2013, 10:52

...Grâce à l'aide de Wellington et de Cotton

    La poursuite anglaise, ordonnée alors à la 6th division qui est épuisée, se limite à une avance de quelques centaines de mètres dans la forêt avant de s'arrêter d'elle-même. La raison de cet ordre irrationnel (pourquoi ne pas envoyer la 7th ou la 1st division qui sont fraîches) ne s'explique pas, à moins que Wellington, voyant que les Français se jettent en direction du pont d'Alba de Tormes qu'il croit gardé par les Espagnols, n'ait pas voulu perdre des traînards pour rien dans une poursuite à travers bois dans la nuit.
    Parallèlement, la cavalerie, au moment de la résistance de Ferey, a reçu l'ordre de Cotton de se replier sur sa position de départ, et donc ne fera même pas mine de poursuivre.

    Pourtant, suite à la bataille, tous les témoins français indiquent que l'Armée du Portugal s'était transformée à la faveur de l'obscurité en un troupeau sans but, errant dans la vague direction d'Alba de Tormes, mais prompte à changer d'avis à la moindre rumeur ; ceci dit de la bouche même d'un officier du 31e léger qui, ayant fait l'arrière garde jusqu'à la nuit, savait qu'aucune poursuite n'était lancée.

    Il y avait pourtant matière à presque doubler les pertes françaises de la bataille, et donc à définitivement éradiquer l'Armée du Portugal, car la majorité des soldats étant débandés et sans armes, et le pont d'Alba de Tormes étant étroit, une poursuite réelle avec les deux brigades de cavalerie intactes et un fort soutien d'infanterie fraîche aurait pu amener une reddition en masse. Mais les autres victoires de Wellington où une poursuite aurait pu avoir lieu (Vittoria, Waterloo) montrent que ces actions de nuit ne sont pas dans la mentalité du général anglais.
MASSON Bruno
 

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Messagepar MASSON Bruno sur 29 Jan 2013, 11:05

2) Des Arapiles à la frontière Portugaise

    a) Bilan de la bataille

    Du côté français, il n'existe aucun retour fiable des pertes de la bataille même, malgré les demandes répétées de Napoléon. Un rapport partiel incluant les pertes de Castrillo et Garcia Hernandez donne 12.435 tués, blessés ou absents, mais est visiblement incomplet car il indique 162 officiers tués ou pris, 2 aigles et 12 canons manquants, or le Martinien et les retours nominaux des prisonniers des Anglais donnent 60 morts et 137 blessés chez les officiers, et les Anglais ont recensé 20 canons (7 de 12£, 3 de 8£, 9 de 4£, 1 de 3£) entre leurs mains, dont 12 des batteries de Thomières et Bonnet. Le chiffre de 14.000 à 15.000 pertes sans compter les trainards qui ont rejoint par la suite est donné par Oman comme plausible.

    Du côté des généraux, le commandant en chef est blessé sérieusement, Ferey tué et Thomières mort dans les rangs anglais très peu de temps après sa capture, Clausel légèrement blessé et Bonnet gravement, dans les brigadiers, Desgraviers (division Thomières) est mort et Menne (division Foy) gravement blessé ; les Aigles des 22e et 101e de ligne (qui en perdra une autre à Waterloo, non ?) et 6 fanions sont capturés, les prisonniers (blessés ou non) sont au nombre de 137 officiers et 7.000 soldats. Le 118e de ligne prétend avoir capturé un drapeau, sans doute dans son attaque du flanc de Cole, donc soit le 7e Caçadores (qui est une unité légère, donc normalement n'a pas de couleurs au combat), soit le 23e ou 11e linea à qui il n'en manque pas, donc Quid ? Perdu ensuite dans la déroute devant Clinton ?
MASSON Bruno
 

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 29 Jan 2013, 11:05


    Du côté anglais, Wellington chiffre ses pertes à 3.129 Anglais et 2.038 Portugais (ramenées par la suite par Beresford, retour nominal en main à 1.637), plus 2 tués et 3 blessés chez de España (sans doute un boulet «pas perdu pour tout le monde»).

    L'unité la plus touchée est sans conteste la 6th, avec 1.500 pertes, dont la majorité contre Ferey, la 4th vient ensuite avec près de 1.000 morts, et les 3rd et 5th divisions, qui ont fait le gros du travail, s'en tirent avec un peu plus de 500 hommes en moins chacune. La cavalerie, considérant l'énorme travail accompli par Le Marchand, d'Urban et Arentschild, sort presque intacte avec 173 pertes, les 1st, 7th et Light divisions ont des pertes tournant autour de la cinquantaine d'hommes hors de combat, tous dans les compagnies légères qui furent les seules engagées. L'artillerie, malgré la constante suprématie française, ne retourne que 4 morts et 10 blessés, preuve que cette suprématie n'a été que morale.

    Dans les généraux, Le Marchand donc est mort, Beresford blessé, Cotton bêtement blessé après les combats par une sentinelle portugaise à laquelle il a omis de se faire reconnaitre en revenant des avant-postes vers le campement, Leith et Cole sont touchés, chez les brigadiers, Collins, commandant la brigade Portugaise de la 7th division et le Conde de Rezende dans la 6th sont blessés.
MASSON Bruno
 

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Messagepar MASSON Bruno sur 12 Fév 2013, 16:15

    b) La poursuite de l'armée battue, 23 juillet – 6 Août 1812

    Garcia Hernandez

    Au matin du 23, les premières reconnaissances indiquent que l'intégralité de l'Armée du Portugal a franchi le Tormes au pont d'Alba; seuls restent quelques groupes d'égarés et de blessés trop atteints pour suivre ou s'étant perdus, et qui sont rassemblés par les patrouilles de G. Anson. Une arrière-garde de la Division Foy se trouve encore du mauvais côté de la rivière, mais repasse sur l'autre rive après quelques coups de feu. Clausel a demandé au divisionnaire français de tenir jusqu'à 9 heures, mais celui-ci, craignant de se faire couper par des troupes venant de La Encinada, attend juste que les fuyards aient pris une bonne avance puis décroche lui aussi.

    De l'autre côté de la rivière, il est visible que trois des quatre routes partant de la localité ont été utilisées par les Français, car sur toutes sauf la route du Sud sont visibles les épaves de cette fuite; armes brisées, chariots renversés, chevaux morts, blessés n'ayant pu se trainer plus loin, etc... Wellington fait donc envoyer des patrouilles sur ces routes, mais dirige le gros des poursuivants sur la route directe de Peñaranda, passant près du village de Garcia Hernandez. Contrairement à son habitude, et peut-être poussé par le remord d'avoir permis à ses adversaires de s'échapper trop facilement la veille au soir, il reste avec l'avant-garde, constituée du gros de la brigade de cavalerie de G. Anson, suivie de loin par la 1st et la light divisions, et que les dragons de von Bock ayant fait le tour par La Encinada (comme le craignait Foy) doivent rejoindre. Les unités ayant combattu se voient accorder un jour de repos près du champ de bataille.

    A à peu près dix kilomètres de Alba, les patrouilles de Anson reprennent contact avec les troupes de Foy, disposées dans et autour du village de Garcia Hernandez, derrière le ruisseau Caballero, qui se jette un peu plus loin dans la rivière Almar. A côté de l'infanterie, une brigade de cavalerie de Curto est visible, ainsi qu'une batterie (sans doute celle de Foy), et tout autour du village, maraudent un grand nombre de soldats débandés.

    A la vue de la colonne de cavalerie anglaise (l'infanterie étant encore très loin), les deux premiers régiments français recommencent leur mouvement rétrograde, suivis de la cohue des fuyards, tandis que les deux autres se disposent sur le flanc et en contrebas des chasseurs, en contre-pente de la position des cavaliers français, l'artillerie attelant et s'éloignant avec la colonne. Il est à noter qu'une certaine fébrilité, voire une certaine confusion, ont du régner dans la division Foy à ce moment, car au lieu d'une brigade constituée sous son commandement direct, c'est la moitié de chaque brigade, sous le commandant de la 2e qui est resté (le 6e légers appartenant à la 1ère, Corbineau).
MASSON Bruno
 

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 19 Fév 2013, 10:04

    Von der Decken et le 76e de ligne

    Wellington ne pouvant voir que la cavalerie lui étant opposée, et les colonnes françaises en retraite sur leurs arrières, décide alors de chasser cet écran pour pouvoir attaquer l'infanterie se trouvant derrière, Il ordonne alors à Anson de charger avec ce qui est disponible de sa brigade, soit deux escadrons du 11th et deux autres du 16th, les autres étant dispersés à la garde des prisonniers ou partis en découverte sur d'autres axes, les premiers escadrons de von Bock (1st Heavy dragoon KGL), tout juste arrivés et en train de se former en ligne, devant les tourner sur leur droite.

    Les cavaliers français, après leurs déboires de la veille, ne sont visiblement pas prêts à se battre, et se replient avec précipitation sur leur droite vers la route de Peñaranda sans attendre le contact; le 1er escadron du 1er KGL soutenant le mouvement de Anson a alors la surprise de subir un feu de flanc qui le désorganise, provenant d'un bataillon en carré juste découvert (76e). Von Bock, chevauchant avec ce premier escadron et le colonel du régiment, et complètement myope, ne sera pour rien dans ce qu'il va se passer.

    La formation d'infanterie française se présente à ce moment sous la forme d'un losange, les deux carrés du 76e de ligne positionnés sur les sommets avant et gauche, et les deux du 6e léger sur les sommets droit et arrière, en colonne serrée face à l'arrière semble-t-il, Le 1er KGL attaquant en échelon à droite sur le 1er escadron, le premier choc se produit entre le 3e escadron et le 1er bataillon du 76e. Le capitaine von der Decken, commandant cet escadron, voyant ce carré à peu de distance de ses hommes déjà lancés et en pleine accélération, fait prendre la charge et se lance sur les Français.

    La première volée, délivrée à 100 pas, vide plusieurs selles et blesse mortellement le capitaine au genou (!) (qui reste en selle et ne tombe mort que très près des baïonnettes françaises), accompagné de son escadron nullement ralenti. La deuxième, délivrée à 20 pas, est plus efficace encore, mais d'après des témoins oculaires, un cheval blessé à mort se cabre devant les baïonnettes avant de s'écrouler sur les fantassins et d'en mettre une dizaine au tapis. Les cavaliers voisins en profitent alors pour pénétrer dans le carré, qui se rend en masse après un bref combat.

    Sur les prisonniers envoyés en Angleterre, seul deux officiers sont blessés, et seule une poignée d'hommes a réussi à se sauver, sans doute en rejoignant le deuxième carré du 76e, dont il n'est fait mention nulle part lors de cette attaque et qui est sûrement bien content de se trouver excentré...
MASSON Bruno
 

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 22 Fév 2013, 10:57

    le calvaire du 6e léger

    Le colonel du 6e Léger, voyant le carnage sur ses arrières, et ses bataillons n'ayant pas formé le carré comme le 76e, fait alors forcer le pas dans le but de gagner la hauteur où la cavalerie aura plus de mal à le suivre ; l'escadron qui leur est opposé est le 2e du 1er KGL, dirigé par le capitaine von Reizenstein, qui se jette alors sur le bataillon de queue, celui-ci tourne alors ses 2 compagnies arrières et délivre un feu efficace, mais là encore les dragons sabrent ceux qui se battent et capturent une bonne partie du reste, les autres rejoignant le bataillon de tête qui forme le carré sur la crête, soutenus par environ un escadron de chasseurs reformés après leur fuite devant Anson.

    En face d'eux, le 3e escadron du 2e KGL (sous les ordres du capitaine Baron Marschalk) et la troop de gauche du 2e escadron (emportée par le lieutenant Fumetty, alors que la troop de droite reste avec le 1er escadron) qui malgré la charge en montée sur plus de 600 mètres, prennent de la vitesse. Ce voyant, les chasseurs déroutent à nouveau, et le carré s'effondre, la majorité se rendant, les autres s'enfuyant dans le vallon, tentant de rejoindre le reste de la division (39e et 69e de ligne) formée en carrés de régiment sur la crête suivante, avec Foy et Corbineau visibles au milieu des carrés.

MASSON Bruno
 

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 22 Fév 2013, 11:32

    fin des combats et commentaires

    Enivrés par leur victoire, les dragons désorganisés et fortement diminués chargent le bataillon le plus proche, le 69e qui les stoppe par un feu ordonné et bien dirigé qui tue le Capitaine von Uslar, et les force au repli vers leur brigade.

    Cette charge était la première action menée par la brigade von Bock, qui était arrivée à peine six mois auparavant à Lisbonne, et n'avait jusque là vu que quelques escarmouches ; il est symptômatique de la grande qualité de leur encadrement que, privés dès le départ de leur brigadier, chaque chef d'escadron ait pris sur lui de charger la première unité en face en maintenant la formation de leur sous-unité jusqu'au dernier moment, même en chargeant des troupes en carré, formation généralement associée avec une impunité face à la cavalerie.

    Foy lui-même dans ses mémoires parle de "la charge la plus audacieuse de la guerre d'Espagne" (T1 p 290), même s'il aurait sans doute préféré que ce soit un autre qui se la "mange" :mrgreen:

    Les pertes néanmoins sont sévères, le 1er régiment perd 2 officiers et 28 hommes tués, 2 officiers (dont von der Decken mortellement touché) et 37 hommes blessés, le 2e régiment 1 officier (von Uslar) et 21 hommes tués, 1 officier et 29 hommes blessés, plus six disparus, soit prisonniers lors de la dernière charge ratée contre le 69e, soit des cavaliers mortellement touchés que leurs chevaux ont portés au loin et dont les corps n'ont jamais été trouvés. Les deux régiments seront après le combat réduits de 3 à 2 escadrons par unité.

    Du côté français, un bataillon du 76e a été presque annihilé, avec 1 officier tué, 5 blessés et 16 capturés sur 27 présents, le 6e léger a 8 officiers blessés, son colonel et 6 autres officiers prisonniers, et 500 hommes blessés et/ou pris.

    suite à cette action d'éclat sous les yeux du général en chef (et compensant totalement la bourde que ce dernier avait faite d'envoyer de la cavalerie charger à travers un terrain très coupé un ennemi partiellement masqué), et aussi bien sûr l'excellence du service rendu par la KGL partout, le Prince régent va transformer les commissions de tous les officiers de la KGL (qui sont temporaires) en commissions permanentes, donc revendables, par un order in council du 1er août.

    On peut ajouter qu'on voit ici les prémices de ce qui fera les problèmes d'avant-postes de la fin de campagne (Mahaldahonda et Venta del Pozo), à savoir un écran de cavalerie poussé bien au-delà des supports d'infanterie possibles; et aussi la mauvaise habitude que prennent les Anglais de voir la cavalerie Française fuir dès qu'elle est chargée. Ca ne sera pas le cas avec la cavalerie des 2 autres armées, qui n'ont pas encore appris à craindre les cavaliers anglais...
MASSON Bruno
 

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 22 Fév 2013, 11:35

    Après la fin de la dernière charge du 2e KGL, Foy met ses deux régiments survivants en retraite, toujours en carré, suivis et observés par Anson reformé, la première unité d'infanterie Anglaise étant encore à peine distinguable au loin, et aucune artillerie n'étant disponible pour espérer rompre la formation Française. Huit kilomètres plus loin sur la route, Foy a la joie de découvrir l'attendant sabre en main la brigade de cavalerie de l'Armée du Nord (Chauvel, 1er Hussards et 31e Chasseurs), ceux-ci font alors l'arrière-garde, et Foy amène son infanterie épuisée jusqu'à Peñaranda,

    Cette action victorieuse semble avoir épuisé l'audace de Wellington, car à partir du 24 la poussée de l'Armée Anglaise va se limiter à observer la retraite Française. Ce jour donc l'avant-garde (G Anson et la troop de Bull/Ross) pénètre Peñaranda, et apprend que les Français sont partis avant l'aube ; les arrière-gardes sont découvertes à Aldea Seca à quelques kilomètres, qu'elles abandonnent dès l'arrivée du premier escadron anglais accompagné de 2 pièces, et sont hors de vue avant que la 2e section d'artillerie soit mise en batterie.

    Aucune action offensive n'est tentée, même si la majorité des fantassins sont décris comme « sans armes ni direction » ; et en effet, l'armée Française est dans un état lamentable, Clausel déclarant le lendemain ne pouvoir aligner plus de 20 000 hommes sur les 48 000 avant Salamanque, donc si on accepte le chiffre de 14 000 pertes pour la bataille, cela donne 12 000 traînards et débandés qui auraient été perdus lors d'une poursuite énergique. La vitesse des Français en retraite étonne Wellington qui écrit de Flores de Avila que l'armée adverse, partie le matin à 2h, sera à Valladolid le lendemain, et qu'il est illusoire de les poursuivre du fait de la fatigue de l'Armée

    Il semble que la vraie raison de ce manque d'ardeur ait été le résultat de l'anticipation du combat avec Soult, Suchet voir le roi Joseph, que la défaite de Marmont ne pouvait que rassembler contre lui pour le rejeter sur le Portugal. Cette décision, frappée au coin du « Safe Game » qui sera toujours son moyen d'action, sauve ainsi l'Armée du Portugal, qui sera en mesure en Octobre de le forcer à quitter Burgos. Elle ne prend pas en compte non plus deux facteurs, le problème des communications (qu'il connaît), et l'obstination de Soult à essayer de garder sa « vice-royauté » d'Andalousie en dépit des réalités (qu'il ne peut comprendre)
MASSON Bruno
 

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 09 Mar 2013, 07:40

    La première tentative du Roi

    A Flores de Avila le 25, Wellington apprend que le Roi Joseph a quitté Madrid par la passe de Guadarrama quatre jours auparavant et tente de joindre Marmont par Villa Castin, n'ayant pas appris la nouvelle de la bataille du 22, et sans aucune nouvelles de Marmont depuis le 30 juin. Il se trouve que deux renforts inespérés venant de l'armée de Suchet l'ont rejoint pendant la 3e semaine de juillet, à savoir la division Italienne de Palombini qui chassait Mina et El Empecinado du côté de Catalayud et Tudela, et obéit de façon inhabituelle (au grand déplaisir de ce dernier) à son ordre de se rapprocher de Madrid, et lui annonce son arrivée le 21 à dans la capitale avec 6 bataillons et un régiment de Dragons ; de même la garnison de Cuenca, recevant l'ordre envoyé à tous les postes de l'armée du Centre d'abandonner leurs positions pour se joindre au Roi, obéit, et sans doute peu désireuse de traverser les montagnes pour rejoindre Valence, arrive à Madrid avec un gros millier d'hommes (2 bataillons du 16e de ligne et un escadron de chasseurs), mais surtout les 3 millions de réaux du trésor provincial, le lendemain du départ du roi, augmentant la garnison et arrangeant bien les finances.

    Partant le 22 au matin pour laisser une nuit de repos à Palombini, le roi traverse la passe de Guadarrama et se trouve à El Espinar le 23, avec sa cavalerie à Villacastin, au croisement entre les routes vers Avila et Tordesillas. C'est là qu'il apprend par la « rumeur publique » que Marmont a repassé le Douro le 17, et qu'il est ou a été en engagé avec Wellington près de Salamanque. Joseph et Jourdan décident alors d'abandonner la route de Valladolid et de rejoindre Marmont sur le Tormes. La cavalerie atteint Villanueva de Gomez le 24 à la nuit et l'infanterie Blascosancho, les ordres du lendemain étant de continuer en direction de Peñaranda. Mais pendant la nuit, des rumeurs (encore elles !) de la bataille de Salamanca et de son résultat arrivent, suivies au petit matin de deux missives apportées par des Juramentados, la première de Marmont blessé, faisant une longue description de la bataille et rejetant la faute sur Maucune, annonçant qu'il a perdu 5.000 hommes (!), l'ennemi infiniment plus (!!), et que l'armée se replie pour prendre position derrière l'Eresma (au nord d'Olmedo) ou le Douro, et une de Clausel, bien plus réaliste, disant qu'il ne peut résister à Wellington un seul instant pour quelques jours encore, qu'il n'a pas 20.000 hommes à mettre en ligne, et qu'il doit retraiter vers Valladolid et ses dépôts le plus vite possible, puis qu'il se repliera vers l'Armée du Nord et Burgos. Il fait bien comprendre au Roi que même si l'armée du centre le rejoint, ils seront dans l'incapacité de résister aux Anglo-Alliés, et lui conseille de faire appel à Soult et Suchet. La seule chance qu'il voit pour l'Armée du Portugal de se maintenir sur le Douro est que Wellington se dirige sur Madrid.

    Face à ces nouvelles catastrophiques (la missive de Marmont n'étant pas crue bien entendu), le seul choix raisonnable qui reste à l'armée du Centre, n'impliquant pas l'abandon des communications avec Madrid, reste la retraite, qui s'effectue si rapidement que le seul contact est la capture (ou la désertion) de 2 officiers et 25 chasseurs Juramentados par les hussards de Arentschild près de Arevalo, en fait l'action d'éclat de 4 Privates et 1 lance Corporal qui les surprend dans une auberge et les capture au culot, en détruisant leurs armes au fur et à mesure; une fois désarmés, la seule chose les protégeant de la vindicte populaire étant leur escorte, il est compréhensible qu'ils n'aient pas tenté de s'échapper.

    Le 26, le Roi est revenu à San Rafael, au pied de la passe de Guadarrama.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 28 Mai 2013, 05:23

    Clausel rejeté hors de Valladolid, les garnisons de l'Armée du Portugal bloquées

    Wellington, informé de la retraite en hâte du Roi, ayant en poche un message de Hill daté de 4 jours plus tôt indiquant que d'Erlon ne manifestait aucune velléité de mouvement vers le nord, plus un message intercepté de Soult prouvant qu'il n'a aucune intention de suivre les ordres maintes fois répétés de remonter vers Madrid, sait qu'il peut pour le moment l'ignorer, car il ne sera pas renforcé ; il reprend alors la suite de l'Armée du Portugal, qui est en pleine liquéfaction, laissant dans son sillage des villages brûlés, des blessés, égarés ou maraudeurs massacrés par les paysans et les guerrillas. Le 27, le quartier général anglais est à Arevalo, et le 28 à Olmedo, pendant que l'Armée du Portugal traverse le Douro à Tudela et Puente de Douro, laissant un écran de troupes légères de l'autre côté du fleuve, et fait son entrée à Valladolid. Clausel lance alors l'évacuation de tout ce qu'il peut de matériel et de blessés transportables sur tout ce qui peut rouler, par la grand'route de Palencia et Burgos, l'armée de Galice (du moins la partie non occupée au siège d' Astorga) reçoit l'ordre de menacer Valladolid par le nord, Silveira devant pour sa part recommencer le blocus de Zamora avec ses miliciens.

    Le 29, la 1st et la light Division, formant l'avant-garde de Wellington, repoussent l'écran de troupes légères laissé par le général français de l'autre côté du Douro, les Français se retirent et font sauter les ponts ; mais la cavalerie anglaise passe à gué à Boecillo, et les Français évacuent Valladolid par la route de Burgos, sauf la division Foy, qui suit la rive Nord du Douro en direction d' Aranda. Dans Valladolid sont abandonnés 17 canons, 800 blessés intransportables et un grand stock de matériel divers.

    A son arrivée à Valladolid, Wellington est reçu avec un enthousiasme marqué, même si la ville était signalée comme ayant la plus grande proportion d'Afrancesados du nord de l'Espagne. On lui offre un bal, des illuminations, des discours laudateurs, pendant que la cavalerie anglaise bat la campagne au nord et à l'est sans rencontrer le moindre ennemi. Le guérillero Marquinez entre à Palencia abandonnée et y capture 300 traînards français, l'Armée du Portugal s'est repliée derrière l'Arlanza, déployée entre Lerma, Torquemada et Santa Maria del Campo, prête à continuer vers Burgos si elle était suivie, ce qui ne semblait pas le cas, au grand étonnement de Clausel, qui en profite alors pour réorganiser son armée.

    Wellington, lui, ayant poussé l'Armée du Portugal suffisamment loin à son avis, décide alors de se retourner vers le Roi et Madrid. Aucune de ses divisions n'a passé le Douro, même si toutes sont désormais disponibles et que la light division a réparé le pont de Tudela, Il laisse Anson en avant-garde, cantonné dans divers villages devant Valladolid, et ordonne à Santocildes avec ses deux divisions galiciennes d'occuper la ville pour soutenir sa cavalerie.

MASSON Bruno
 

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 30 Mai 2013, 04:56

    Le roi repart vers Madrid

    Le général anglais a appris cette fin Juillet que le Roi s'est à nouveau avancé sur Ségovia sur la route de Valladolid, peut-être pour tenter de se lier avec Clausel. Il est nécessaire de savoir s'il veut se battre, ou s'il va reculer, il envoie alors le 29 la brigade portugaise de d'Urban en avant d'Olmedo, qui prend contact avec l'avant-garde de cavalerie française à Santa Maria de Nieva ; des déserteurs de la garde royale lui donnent alors un aperçu juste de la force présente à l'Armée du Centre

    Wellington renforce alors d'Urban le 30 avec la brigade de dragons de la KGL, un bataillon léger KGL de la brigade Halkett de la 7th Division et une batterie anglaise, et lui dit de pousser les avant-postes sur leurs soutiens. Les Français se replient alors lentement, et le général anglais renforce donc d'Urban par le reste de la 7th, et prépare les autres divisions à le rejoindre.

    Néanmoins, en approchant de Ségovia, d'Urban apprend que l'Armée du Centre est partie de la ville le matin même en direction de Madrid, laissant une forte arrière-garde sous le commandement du général Espert pour tenir la ville. Celle-ci possède un rempart médiéval qui la met à l'abri d'un coup de main d'une force sans artillerie lourde, donc le général de cavalerie demande à Wellington de faire réaliser une marche forcée à la 7th pour contourner la ville et capturer cette arrière-garde, ce à quoi le général anglais rétorque qu'il n'a aucune envie de fatiguer la troupe pour éventuellement capturer un détachement ennemi, et que l'arrivée de la 7th à Ségovia peut très bien se faire sans fatigue par la route.

    Le détachement du général Espert abandonne donc la ville pendant la nuit du 3 Août, et d'Urban y pénètre le matin suivant, suivi de peu par l'infanterie. La cavalerie est alors envoyée en avant, mais ne peut trouver trace de l'ennemi malgré des reconnaissances poussées au delà du col de la Guadarrama.
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Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 14 Juil 2013, 06:33

    Les Trois Jours de Cuellar

    A ce point de la campagne, une autre pause se dessine, car Wellington doit planifier la suite de sa campagne, puisqu'il a maintenant deux ennemis géographiquement séparés et incapables d'agir de concert. Clausel semble à ce moment hors-jeu et doit pouvoir être observé par un corps détaché de taille limitée, renforcé des Galiciens, et le Roi n'est pas très sanguin vis-à-vis d'une confrontation directe avec l'Armée Anglo-Alliée, comme l'indique sa retraite précipitée de Ségovia.

    Des trois autres Armées Françaises d'Espagne, celle du Nord est pleinement occupée et ne se débrouille pas très bien face aux insurgés et au harcèlement de la Navy, restent celle de Valence et celle du Sud. Pour les troupes de Suchet, le général Anglais a reçu le 30 près de Valladollid la bonne nouvelle que Bentinck, fortement poussé par le Cabinet Anglais, avait pour le moment abandonné ses plans ridicules de campagne Italienne, et avait dépêché une expédition sous Maitland vers la côte Orientale de l'Espagne via Majorque pour y prendre les Divisions Roche et Whittingham en vue d'exécuter la diversion prévue ; le rapport d'arrivée le 30 à Palma du général Maitland , n'ayant mis que 4 jours pour trouver le QG de Wellington, et demandant des instructions. L'Armée de Valence semblait pouvoir être occupée ailleurs, seule restait l'Armée de Soult.

    Ce général avait reçu des ordres de concentration répétés, qu'il avait refusé consciencieusement jusque là, mais dans l'esprit du général Anglais, la nouvelle de la défaite de Salamanca ne pouvait que balayer ses objections et l'amener à abandonner l'Andalousie pour se joindre au Roi, Nous verrons qu'il n'en sera rien.

    Dans le cadre de cette jonction probable, qui reconstituerai une armée Française d'environ 70 000 hommes alors que Wellington ne peut en aligner 50 000 du fait du détachement nécessaire vers le Nord, il devient important de détruire le seul grand arsenal restant au sud de Burgos, à savoir Madrid ; la prise de la capitale Espagnole représenterait de plus un gros « coup » politique, bouleverserait l'assise de la royauté Bonaparte en Espagne et encombrerait les routes en sortant, gênant la marche des armées Françaises cherchant à repousser les Anglo-Alliés.


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