par MASSON Bruno sur 07 Jan 2012, 07:38
Denis,
Je crois surtout que tu te poses la mauvaise question....
Le fait de combattre sur 2 rangs, ou 3 voire 1 comme la Garde à Essling, n'est en aucun cas la panacée, c'est juste une décision organisationnelle.
L'inutilité du feu du 3e rang, Napoléon le sait en 1798 aux Pyramides, il le sait en 1805 à Austerlitz, il le sait toujours en 1807 à Eylau, il ne l'a pas oublié en 1812 à la Bérézina.... Juste il s'en f....
Sauf qu'on est là en Octobre 1813, juste avant Leipzig, que l'armée "française" est à ce moment (pour utiliser une métaphore vestimentaire) en "string-ficelle", et qu'en face, les Coalisés ont encore le caleçon. Donc on tire sur le tissus pour faire croire qu'on est encore beau et fort, au risque de tout déchirer !
Sauf que Bernard, le conscrit de Mai 1813, lui, il sait qu'à Francfort, ils étaient encore 30 dans sa section, et qu'aujourd'hui il reste le Sous-lieutenant, le Sergent, Charlot et lui, et que c'est pareil pour tout le bataillon. Maintenant, on lui dit,
-"Désormais, comme ceux du 3e rang ne servent à rien (espérons qu'il n'y était pas, sinon sympa pour lui), on ne fera que 2 rangs".
-"Ouais, on y croit à fond...."
-" Ta g.... Bernard ! c'est les ordres du Petit Tondu !"
-"D'ac Sergent, pas de Blème"
En 1815, ce problème criant d'effectifs n'est plus le même, de plus, la refonte de l'armée royale a été suffisamment traumatisante pour ne pas doublonner avec une telle révolution. On cherche à faire croire aux troupes qu'ils sont les nouveaux soldats de l'An II, mais sans renouveler les problèmes des bataillons de "Bleus"
De plus, la supériorité tactique des Anglais ne vient pas de leurs 2 rangs efficaces, mais de 2 paramètres totalement séparés :
-La résilience quasi-infinie du soldat de base; même à 80% de pertes, il continuera à "Prime, Load&Fire" tant qu'on lui en donnera l'ordre et tant qu'il y aura de l'ennemi en face, puis à avancer dès qu'il n'y en aura plus (Cf Hougton à Albuera). Cà n'est pas modélisé dans la règle, parce-que ce n'est pas modélisable (ou alors on dit que tout ce qui est en face de l'infanterie anglaise est mort, poussez-vous et passez ailleurs !).
-La bêtise générique (et contagieuse ?) de tous les commandants français confrontés à des Anglais, qui persistent à attaquer des positions non reconnues, non entamées, comme si tout devait s'écrouler à leur approche, en n'attendant surtout pas les soutiens de leurs collègues, de peur de partager les lauriers de la victoire qu'ils s'interdisent par là-même.