par MANÉ Diégo sur 08 Juin 2010, 23:45
Certes, il faut se méfier de Marbot, comme de beaucoup d'autres (Séruzier me paraît le summum !), mais il faut aussi se garder de jeter le bébé avec l'eau du bain.
Partout où il n'y a pas de raison de mentir, pourquoi la lui supposer ?
Je n'entrerai pas en débat sur l'heure de la nuit en Pologne le 26 Décembre 1806 par temps de neige mêlée de pluie. Par contre je ne sais pas si l'heure française d'aujourd'hui est bien la même (heure d'hiver ou d'été décalées d'une ou deux heures sur le soleil, ce qui ne devait pas encore être le cas à l'époque, aucun technocrate ne s'étant encore penché sur les bienfaits supposés de la chose).
Pour les pertes de la cavalerie nous n'avons de chiffrées que celles des officiers, et d'appréciations des chefs que des termes vagues.
Murat, après que Lasalle et Marulaz aient été "culbutés", et que Milhaud et Klein aient chargé, dit : "c'est alors que nous avons beaucoup souffert de l'artillerie de l'ennemi". Et c'est aussi un Gascon prêt à enjoliver les choses, je le vois donc mal les noircir, mais il s'est contenté de ne pas les chiffrer.
De son côté Davout, que l'on n'a jamais pu taxer d'exagération, dit : "la cavalerie légère du 3e corps qui était avec la cavalerie de la réserve, a beaucoup souffert". Alors la même expression "beaucoup souffert" dans la bouche de ces deux chefs doit tout de même signifier quelque chose.
Le "beaucoup souffert" de Murat concerne toute la cavalerie présente, celle de Rapp exceptée. Les unités présentant un différentiel négatif entre les OBs de décembre et de janvier (et donc sans compter celles présentant une augmentation, alors qu’elles ont fatalement eu des pertes aussi) donnerait déjà 539 pertes potentielles (Lasalle 328, Milhaud 90, Marulaz 87, Klein 34). De fait ce seraient les dragons qui auraient le moins souffert...
Malgré leurs manteaux blanc... et donc l’assertion de Marbot selon laquelle “ces cavaliers éprouvèrent donc plus de pertes que les autres corps” est sans doute fausse, à moins qu’il ne parle que de ce moment précis, en fin de bataille, ce qui est bien possible puisqu’il ne pipe mot de” l’exploit” de Lasalle qu’il ne vit donc pas *... ce qui en tous les cas ne change rien pour nous.
* Le Lieutenant de Marbot était parti reconnaître l’ennemi à la tête de 25 Chasseurs à Cheval de l’escorte du Maréchal Augereau et, poursuivi par un escadron russe, rentrait en ligne par le front de la division Heudelet alors qu’il en était sorti par celui de la division Desjardin. Pris sous le feu de ses compatriotes qui se pensaient attaqués par l'ennemi il aurait eu plusieurs de ses chasseurs blessés.
Quoiqu’il en soit je n’ai cité la chose que pour souligner l’anecdote des manteaux blancs qui devaient, c’est certain, attirer les boulets d’autant plus facilement qu’ils se trouvaient pile en face des canonniers (les couvre-shakos blancs d'un régiment de Nassau à Waterloo obtinrent le même résultat, la "sollicitude" des artilleurs français, et il ne faisait même pas nuit !).
"J'ai ordonné au général Nansouty de charger la cavalerie ennemie..." dit Murat (Foucart page 481 en haut) dans son rapport, juste avant de mentionner les déboires des brigades légères dont la déroute empêcha l'engagement des cuirassiers. Pareillement, la division Klein n'engagera que sa première brigade, la seule où l'on puisse constater un différentiel négatif entre les OBs avant et après le 26.
Pour les Russes tombant sans pousser un cri pour ne pas trahir leur présence je dois dire que j'ai déjà lu la relation d'un fait similaire sous une autre plume que Marbot et dans une autre circonstance que Golymin... maintenant, y croire ou pas... L'atavisme slave se manifeste sous bien des formes dont la plupart sont difficiles à comprendre/admettre par les gens "normaux" que nous sommes, alors...
Mais nous nous égarons, en fait je nous égare, le sujet du post est "Golymin, les pertes françaises".
Il commence d'ailleurs à être bien cerné, tout ayant été dit ou presque, et sans éléments nouveaux nous devrons nous satisfaire de chiffres précis pour l'infanterie, ce qui est déjà bien, et d'estimations pour la cavalerie, à partir des pertes d'officiers et de l'expression répétée "beaucoup souffert".
"Peux-tu m'en dire plus" était la question initiale d'Eric. Ayant dit ce que je savais et plus (car j'en ai appris en cherchant les réponses), je relance : quelqu'un, parmi notre lectorat attentif, peut-il nous en dire plus ?
Diégo Mané