par MANÉ Diégo sur 17 Déc 2009, 00:12
Eric,
Tout d'abord j'ajoute deux précisions utiles sur des "pieds" mentionnés dans ce post.
Hanovre Pied 0,292100 m
Angleterre Pied 0,304794 m = 1/3 de yard = 12 pouces
Ensuite, d'accord sur ta remarque concernant les sources originelles les plus proches de la période... quand on peut, car moins de gens se seront copié dessus les uns-les autres et moins grand sera le risque d'erreurs de copie ou d'interprétation, justement.
J'ai expérimenté le processus récemment en refondant totalement mes OBs d'Essling et de Wagram à la lumière de rapports autrichiens d'origine, ce qui m'a permis de corriger des erreurs commises depuis... toujours (manifestement les précédents historiens n'étaient pas en même temps comptables) !
Il en va sûrement de même dans ton sujet puisque ce sont des auteurs contemporains ou proches de l'événement qui sont déjà en désaccord. Rien d'étonnant à ce que cela reste ambigu deux siècles plus tard.
Mais bon, voici ce que j'ai encore trouvé de relatif, hélas issu d'auteurs anglo-saxons "modernes" :
Un autre George, Jeffrey celui-là, a écrit “Tactics and Grand Tactics of the Napoleonic Wars” (1982), dans lequel il nous dit que par minute au pas ordinaire les troupes faisaient :
FRA : 53 yards, 2 feet, 6 inches, que je calcule “à la louche” comme faisant 49 m
ALL : 58 yards, 1 foot , que je calcule “à la louche” comme faisant 53 m
ANG : 62 yards, 1 foot, 6 inches, que je calcule “à la louche” comme faisant 57 m
Comme il est aussi dit que tout le monde fait 75 pas à la minute sauf les FRA 76 pas
cela donnerait des pas de manoeuvre respectifs de 0,64 m / 0,70 m / 0,76 m, assez
proches (sans doute les arrondis et le “à la louche”) des 0,66 m FRA et 0,75 m ANG
que j’ai en mémoire depuis mes travaux relatifs de 1982-87 pour “Les Trois Couleurs”.
Il nous dit aussi (page 33) que “...the normal lengths of paces for the various armies were virtually 2 feet (for the French, 2 feet 1/2 for the others.)”
Comme dans son ouvrage il considère respectivement les Français, les Anglais, “les autres”, et ces derniers étant les utilisateurs du “Pied du Rhin” (soit les Allemands) tout serait clair sans l’élément donné dans mon message précédent (provenant de Hollins) qui parle de “Pied de Wien” et nous dit que deux pieds = 1 pas, soit comme pour les Français...
... et le grain de sel de Scott Bowden dans “Armies on the Danube 1809” (page 21) parlant des Autrichiens : “On the march, the length of each pace was the length of the shoe plus 2 feet.”
Retour à Hollins qui, dans un tableau page 13 donne "Paces (paces per minute/metres per minute)" des valeurs des différents pas correspondant toutes à 0,74 m par pas. Il semble donc, puisque c'est dans le même ouvrage, que le pas de deux pieds était une mesure de distance, et que le pas de manoeuvre en était une autre qui se trouvait fréquemment avoir plus de deux pieds (en fait chez tout le monde sauf les Français), ce que Jeffrey simplifie en 2 feet 1/2 et que des "sadiques" de l'époque ont donné à 2,33 ou 2,50 ou 2,66 pieds, si j'en crois tes éléments, pour des raisons qui nous paraissent bien obscures aujourd'hui.
Donc si je soustrais les 0,63 m du Schritt de Wien aux 0,74 m du tableau susdit il resterait 0,11 m pour "the length of shoe", ce qui assurément ferait un bien petit "shoe", même pour l'époque...
Bowden ajoute encore, chose que j’ai déjà lue ailleurs, que (dans le règlement de 1807) le “Normal tempo was 90 to 95 steps per minute...”, soit tout de même 15 à 20 pas de plus que les 75 antérieurs, ce qui, avec les mêmes valeurs, amènerait les Autrichiens à être les plus rapides de tous, et de loin... même si dans l'intervalle les Français sont également passés de 75 à 90 pas dans les faits.
Mais Jeffrey souligne aussi ce que j’avais constaté moi-même, à savoir que théoriquement les plus lents d’après les règlements, les Français se sont avérés les plus rapides en pratique sur le terrain (et sûrement pour d'autres raisons que le nombre de cm de leur pas), prouvant à l’envi que lesdits règlements sont une chose, mais que la réalité du terrain en est parfois une autre, toute différente.
Bref, après tout ce méli-mélo je me demande si je t'ai aidé ou bien "embrouillé", mais en tous les cas l'intention était bonne, et j'ai l'espoir que nos échanges auront au moins intéressé le lectorat.
Diégo Mané