L'artillerie à cheval prussienne

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 31 Déc 2020, 18:03

Bonjour,

Je voudrais vous présenter cette arme, créée par Frédéric II, et l'esprit qui l'anima jusqu'en 1816. A cette date aboutira une double réforme menée par le Prince Auguste de Prusse, frère du Roi, et général d'artillerie depuis 1813, qui changera complètement l'artillerie prussienne.

Mon but n’est pas de présenter ici les actions mais plutôt l’organisation, la structuration et les évolutions de l’artillerie à cheval.

La création

Pourquoi cette création ?

Contrairement à ce que l'on pense, l'artillerie à cheval n'est pas née en Prusse, mais n'est qu'une réponse à celle de la Russie elle-même une réaction à celle de la Suède.

La création de cette arme est le fruit d’une longue réflexion entamée par le roi de Prusse et ses conseillers militaires, dont le generallieutenant von Dieskau (inspecteur des poudres et de l’artillerie, poste qui comprend aussi les munitions), car Frédéric II a pu constater lors des bataille de Mollwitz (1741) et Chotutitz (1742), l’impact de l’artillerie. Il a aussi constaté l’importance de la manœuvrabilité de celle-ci alors qu'à l'époque les canons sont lourds, peu manoeuvrables et conduits par des civils sous contrat, d'où certains choix, notamment en Prusse, pour des petites pièces. Il est important de noter que la plupart de l’artillerie est de 3£ et dotée aux bataillons d’infanterie. Par exemple, à la bataille de Mollwitz, sur les 60 pièces d’artillerie prussienne présentes, 40 sont de 3£. Les 20 autres sont des 12£ "Drümmer" et des obusiers de 24£.

L’effet dévastateur de l’artillerie fera que le Roi aura même l’envie en 1742 de n’avoir que des pièces de 3£ comme artillerie de campagne, et il faudra toute la force de persuasion de l’inspecteur de l’artillerie pour que ce projet n’aboutisse pas.

Lors de la deuxième guerre de Silésie (1744-1746), la cavalerie prussienne décide de la victoire grâce sa puissance de choc, mais surtout grâce à l’aide de l’artillerie, comme à la bataille de Hohenfriedberg (1745). Le roi Frédéric étant présent, l’idée d’attacher de l'artillerie à la cavalerie naît, mais elle ne trouve pas d’aboutissement avant le retour de la guerre en 1756. Cependant, les changements radicaux en Autriche et en Russie, grâce aux réformes du Prince Wenzel Liechtenstein et du comte Schuwalov, font que la Prusse est obligée de se lancer dans une course aux armements qui coûte très cher à l’Etat.

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Avec la troisième guerre de Silésie, plus connue sous le nom de guerre de Sept Ans (1756-1763), l’artillerie prussienne devient inférieure à ses opposantes mais elle arrive à trouver sa place grâce à sa mobilité, même avec des canons extrêmement lourds, canons de 12£ « Drümmer » ou mortiers de 24£, notamment à Rossbach (1757) et Leuthen (1757). Ayant besoin d’être mobile et surtout de permettre à sa cavalerie de disposer d’un appui-feu qui pour le Roi ne peut venir que de l’artillerie, il met en place par le décret du 21 avril 1759 une unité expérimentale avec un train entièrement militarisé, une première dans l'armée, avec 10 canons de 6 ou de 3£ dont le but était de soutenir l'action rapide de la cavalerie (le décret indique cependant qu’elle sera constituée de 6 pièces de 6 livres). Elle sera entièrement perdue à la bataille de Kunersdorf, le 12 août 1759.

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(ici l'image montre le pillage d'une victime par les Cosaques, mais le train est d'artillerie).

Elle est aussitôt recréée à l'identique, mais est reperdue à celle de Maxen, le 21 novembre de la même année. Reconstituée très vite, elle va montrer son efficacité dans les batailles de l’année 1760 et surtout à Burkendorf (21 juillet 1762) où l’artillerie à cheval donne la victoire à la cavalerie prussienne.

En 1762, il y a une brigade de 16 pièces de 6£ avec le Roi et une brigade de 5 pièces de 6£ et 1 obusier de 7£ avec l’armée du Prince Henri. Les deux brigades sont dissoutes à la conclusion de la paix.
La raison du choix de ce calibre est d’abord la légèreté des pièces. Le roi de Prusse insistera sur la qualité des munitions et de la poudre utilisées. Il en remerciera particulièrement les frères von Holzmann qui sont ce que l'on pourrait appeler des co-inspecteurs des poudres et des munitions.

Comme l'objectif est de donner un vrai soutien feu à la cavalerie, tous les artilleurs et le train sont des cavaliers et surtout des militaires. En effet, à l'époque l'artillerie coûte cher, manœuvre très mal car le train est la plupart du temps civil, et surtout est très lourde pour une efficacité souvent réduite à moyenne ou longue portée. C’est pour cela qu’à la moindre catastrophe on perd donc beaucoup de canons. C’est comme cela que les Prussiens découvrent les réformes des canons russes et autrichiens. Depuis l’origine, 1713, l’artillerie prussienne n’est qu’une arme de soutien et à pied. Former des artilleurs et surtout des officiers est difficile en raison de l’exigence technique, surtout en mathématiques, de l’arme. La plupart des hommes ne sont donc pas des personnes ayant l’habitude de monter à cheval. Or, le but de l’artillerie à cheval est de suivre la cavalerie. La formation équestre devient donc une priorité aux yeux du souverain prussien tant pour les artilleurs que pour le train. La Prusse sera d’ailleurs l’un des premiers états à militariser tous ses trains d’artillerie et d’équipage.

La course aux armements entre l'Autriche et la Prusse qui se poursuivra après la Guerre de Sept Ans va ruiner l'état prussien, même si des efforts qualitatifs très importants sur la mobilité et l'allègement des pièces seront faits. Une école d’artillerie est prévue afin d’améliorer la formation initiale des artilleurs à tous les niveaux. Seulement, avec la fin des conflits importants et le besoin d’économies, le projet est abandonné.

En 1772, l’artillerie à cheval est constituée de 6 canons de 3£, 16 canons de 6£, et 85 chevaux. Elle est organisée en deux brigades qui doivent servir de cadres pour les temps de guerre. Un projet d’Artillerie-Commando dont le but est de constituer une artillerie à cheval en temps de paix en format réduit constitué uniquement de cadres mais disposant de tout le matériel et des chevaux pour la remonter rapidement en temps de guerre. Cependant, les tensions interétatiques font que l’artillerie n’est pas réduite et en 1778, il y a six brigades de sept tubes (6 canons de 6£ et un obusier de 7£. Chacune dispose de 110 chevaux, 3 officiers, 1 sous-officier, 6 canonniers et 20 artilleurs.

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Le rôle de l’artillerie à cheval est maintenant très défini :
- En soutien de l’avant-garde
- En soutien de la cavalerie.

L’absence d’obusiers dans l’artillerie à cheval, puis son introduction, venait de la conception tactique des obusiers. Pour les chefs prussiens, le but de ce type d’arme est de contrer un ennemi situé à un niveau de terrain différent (plus haut ou plus bas). Au départ, le but de l’artillerie à cheval est de préparer l’attaque directe de la cavalerie et donc de tirer à faible distance de l’ennemi. Après les différentes reconstitutions, l’expérience fait introduire l’obusier pour préparer de plus loin une attaque.
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 04 Jan 2021, 10:38

Deuxième partie

Après Frédéric II et jusqu’en 1803

A la mort de Frédéric II, c'est son neveu Frédéric-Guillaume II qui lui succède en 1786. Les deux personnages sont très différents. Le premier est très méticuleux et travailleur. Le second est plus social et très courtisan et surtout pas du tout militaire. Il est cependant très politicien. Concernant l'artillerie à cheval, sa première action est de la détacher de l'artillerie à pied dans un "Reitende Artillerie Corps" composé de trois batteries de 9 pièces. Il y a au total : 1 Major, 3 lieutenants, 15 caporaux, 21 bombardiers, 1 chirurgien, 144 canonniers, 1 adjoint au train, 21 chevaux d’officiers et 465 chevaux de troupe et de trait.

L’année suivante trois compagnies (qui est maintenant la dénomination des brigades) sont créées, notamment en raison de l’action aux Pays-Bas pour écraser les Patriotes qui se sont révoltés contre le Stadthouter Guillaume d’Orange. Il y a donc 9 compagnies. L’effectif par compagnie change aussi : 5 officiers, 1 chef-artificier, 3 artificiers, 10 caporaux, 22 bombardiers et 160 artilleurs (dont 10 de réserve) et 1 chirurgien. Chaque brigade dispose de 3 véhicules par canon (un de train, un de munitions et un de ravitaillement) et une forge de réparation pour l’ensemble des canons et trains. Chaque canon est tiré par six chevaux alors que les autres véhicules n’en n’ont que quatre. Chaque canon dispose de 176 munitions (60 boulets, 20 cartouches de mitraille, 48 obus et 20 obus à mitraille et 12 munitions incendiaires). Cependant, en décembre 1789, l’organisation de l’artillerie prussienne indique qu’il existe trois régiments d’artillerie avec chacun deux batteries à cheval et 33 batteries à pied. Un quatrième est créé le 7 décembre mais avec pour but de fournir des hommes à une artillerie de la garde en construction. Mais ce n’est qu’en mars 1792 qu’apparaît réellement un 9. Artillerie Bataillon (Reitende Artillerie) qui est une unité indépendante et confiée au colonel von Hüser.

L’artillerie durant toute cette époque perd en considération politiquement. La cause est double : la réaction nobiliaire qui refuse la technicité de l’arme, et un abandon de l’intérêt du souverain. Les résultats sont la baisse du niveau social des personnes recrutées, un manque flagrant d’officiers et de sous-officiers spécialistes et de moyens financiers. Ces derniers affectent particulièrement le coût du train (achat des matériels, achat des chevaux) et l’habillement des soldats et serviteurs des officiers (il y a un, voire deux, serviteurs par officier). Beaucoup de cadres d’ailleurs viendront de l’étranger. La plupart seront des Hanovriens ou des Hessois, qui ont des écoles d'artillerie renommées mais pas suffisamment de places pour les officiers qui en sortent. L’exemple pour les Prussiens sont les arrivées du lieutenant-colonel von Scharnhorst en 1801 et en 1786 du lieutenant von Gneisenau (saxon d’origine mais servant dans l’armée de Hesse-Kassel).

Une autre difficulté touche l’utilisation de l’armée et sa tactique : une sorte de « congélation », pour faire court, des esprits militaires, et à la mathématisation poussée à l’extrême de la réflexion militaire qui va aboutir à la Katastrophe de 1806. Cela a pour conséquences directes des investissements moindres dans l’armée et son matériel. Pour l’artillerie, on démobilise et on réduit le nombre de chevaux, notamment entre 1788 et 1791. On ne dispose alors que de trois compagnies d’artillerie à cheval, même si l’ennemi principal reste l’Autriche. Cela change en juillet 1790, avec la convention de Reichenbach (en Silésie) qui met fin aux tensions prusso-impériales et permet de libérer les forces prussiennes de Silésie pour les tourner vers ce qui à l’époque semble être une menace : la France révolutionnaire.

D’autre part, la tactique d’utilisation subit aussi ce « blocage ». La notion de « grandes batteries », c’est-à-dire plus de deux batteries tirant sur le même objectif, est oubliée par les généraux mais pas par les officiers subalternes et la théorie. Pour l’artillerie à cheval, la théorie est toujours le soutien des troupes à cheval et des troupes d’avant-garde, mais la faiblesse des effectifs et le besoin d’économies feront que l’application restera de plus en plus limitée au niveau divisionnaire (la subdivision la plus élevée de l’armée prussienne avant l’armée).

Avec le déclenchement de la guerre contre la France révolutionnaire, on va remobiliser les batteries à cheval. Seulement, les problèmes d’accès aux chevaux feront que seules trois seront engagées contre les Français et deux qui seront à pied contre les Polonais.

Il est important de noter qu’une étude prussienne de janvier 1791, détermine que 277 membres de l’artillerie à cheval ont au plus 10 ans de service, alors que 11 ont plus de 30 années de service.
Contre les Français : seules les batteries n°3, 4 et 6 avec chacune 8 pièces de 6£ et 1 obusier de 7£, quatre véhicules de boulets et cartouches, un véhicule pour obusier et un véhicule de ravitaillement seront utilisées. Chaque canon dispose d’un avant-train avec une dotation de munitions de 60 boulets et 20 cartouches de mitraille. Dans les véhicules de renforts se trouve le double de munitions. Dans la voiture pour l’obusier on a 14 obus et 6 obus de mitrailles et avec un véhicule supplétif ayant 49 obus, 14 obus de mitrailles et 7 munitions diverses. La raison de cette faible utilisation est le manque de moyens financiers pour permettre d’utiliser toutes les unités disponibles.

Lors de la bataille de Valmy, les batteries à cheval engagées (la n°3 et la moitié de la n°4) ont tiré 1180 coups, alors que les trois batteries à pied n'en ont tiré que 1390. Sans perdre une pièce, les batteries à cheval ont perdu 14 blessés mais 35 chevaux. A la fin de la campagne, soit le 27 décembre, le grand problème est la maladie (fièvres et autres qui touchent les hommes, mais seul un cheval sur 206 est malade).
Les batteries sont utilisées particulièrement en section ou en demi-batterie, en particulier pendant l’hiver 1792-93, lorsque les activités d’avant-postes sont la règle. C’est aussi un moyen pour le royaume de diminuer les frais de guerre.
Après la paix de Bâle, les batteries sont démobilisées sauf deux qui forment un bataillon d’artillerie à cheval sous la houlette du Postamer Commando qui forme une sorte d’inspectorat sous le commandement du lieutenant-général von Merkatz.

Deux sont à nouveau constituées en 1798. Ces compagnies sont uniquement composées de Prussiens et ont : 1 capitaine, 1 stabs-kapitain ou lieutenant (Premier-lieutenant), 3 sous-lieutenants(Second-lieutenant), 1 chef-artificier, 3 artificiers, 10 caporaux, 1 chirurgien, 1 trompette, et 160 artilleurs. Le plus grave problème de ces batteries est l’instruction car les moyens manquent et souvent les batteries ne comptent que 30 artilleurs. Les autres sont libérés pour des tâches civiles. Chaque batterie dispose de 8 canons de 6£ et 2 obusiers de 7£ avec 171 chevaux.

Cependant tirant des leçons de la campagne, des Exercices-Kompagnies sont créées (une pour l’artillerie à cheval basée à Berlin et une pour l’artillerie à pied basée à Breslau) dont le but est l’entraînement des troupes en temps de paix. Elles se composent de 20 servants et de 25 chevaux. A partir de 1796, les batteries sont organisées en trois sections (Zuge), avec un obusier sur chaque flanc. Chaque canon est séparé d’un autre de 12 à 20 pas. Les mouvements se font par section selon les besoins (cela ne fait que réguler une pratique courante lors de la guerre contre les Français.

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Une autre réforme touche les batteries en octobre 1800 : elles sont réduites à 8 tubes et 185 chevaux, même si cela reste encore théorique suite aux problèmes financiers de l'état prussien. Il y a une compagnie à Varsovie, deux à Königsberg et une à Berlin.
Un autre élément apparaît mais est rapidement « oublié » en raison du coût financier que cela induirait : grâce aux informations venant des officiers hanovriens, les responsables prussiens sont mis au courant des évolutions technologiques britanniques notamment sur l’affût du canon. Il est envisagé un moment de l’adopter mais comme les priorités sont surtout de réduire le déficit du budget prussien, ce projet coûteux est abandonné.

En 1802, la Prusse occupe temporairement le Hanovre. Une seule batterie à cheval, von Scholten, y participe, en particulier à cause du manque de chevaux. C’est à l’issue de cette campagne laborieuse pour l’artillerie que sont prises plusieurs décisions qui vont s’étaler sur les deux années suivantes :
-En 1802 (mis en place seulement en 1803), le corps d’artillerie à cheval devient le régiment d’artillerie à cheval avec l’apparition d’un uniforme propre à cette arme, très proche de celui des dragons, mais avec le bleu de l’artillerie et les parements noirs.

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-Le 20 août 1804, l’artillerie à cheval est portée à dix compagnies, dont trois de réserve, de 6 canons de 6 livres et 2 obusiers de 7 livres chacune. Le nombre d’hommes par batterie est de 2 sous-officiers et 10 hommes par tube, un officier par section et en surplus un chirurgien et un officier par batterie soit 102 hommes par compagnie . A cela, on doit rajouter 10 serviteurs pour les officiers par batterie (qui ont chacun un chariot pour les affaires des officiers)*. En sus, un dépôt de 14 sous-officiers et 140 hommes est constitué pour le régiment d'artillerie à cheval.

* Note : il n'y a que 9 officiers par batterie, alors pourquoi 10 serviteurs et 10 chariots, je ne peux expliquer cela d'après les données en ma possession car le chirurgien n'a pas le statut d'officier. Par contre, l'existence d'un "chef" officier "propriétaire" de la batterie peut être le justificatif à ce 10e serviteur, mais il n'y a pas de "chef" à toute les batteries, historiquement il n'en apparaîtra que trois.

En 1805, la France cède le Hanovre occupé à la Prusse pour acheter sa non-participation à la Troisième Coalition, mais le franchissement sans autorisation de sa frontière est ressenti comme une insulte.
Dernière édition par REMY Nicolas-Denis le 27 Jan 2021, 09:51, édité 1 fois au total.
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 05 Jan 2021, 09:27

Troisième partie

La Katastrophe de 1806 et ses suites

La campagne de 1806 et 1807

En novembre 1805, suite au passage de troupes françaises à travers les possessions prussiennes d’Anspach, la tension monte brutalement entre la Prusse et la France. Cela aboutit à une mobilisation des forces prussiennes entre janvier et surtout août 1806 et à la création de trois nouvelles compagnies d’artillerie à cheval. Elles sont regroupées administrativement dans un régiment d’artillerie à cheval à dix compagnies (mais qui sont numérotées dans l’ordre de création de toutes les compagnies d’artillerie):

No.de compagnie, chef (peut être différent du commandant pour un grade supérieur à capitaine), dépôt et nouveau numéro :

34, Oberst von Hüser, Berlin__________ 5

2, Oberst von Eckenbrecher (aussi commandant), puis stabs capitain von Graumann (commandant seul), Berlin,_ ______________________2

40, Oberst von Neander, Berlin,________8

44, Oberst-lieutenant Decker, Varsovie, 9

1, Major von Brockhausen, Königsberg, 1

37, Capitain von Scholten , Berlin,_____7

45, Capitain von Plümicke, Königsberg, 10

35, Capitain von Merkatz, Berlin,______ 6

32, Capitain von Hahn, Breslau,________4

9, Capitain von Holtzendorff, Berlin,___ 3

Même si les membres mobilisés sont compétents, d’après les normes prussiennes, les trois-quarts des soldats et officiers ont moins de dix années d’entraînement, y-compris dans la réserve, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas vu de combats, et le reste à moins de vingt ans de services. Un seul à connu la guerre de Sept ans, l’Oberst von Hüser, et une dizaine d’hommes ont connu les combats de la campagne de Hollande ou contre les Français. Sur le total, le régiment compte 102 vrais étrangers, la plupart officiers, 232 recrues, et 993 enfants de troupe ! Outre ces troupes trois autres batteries sont constituées mais ne participent que tardivement à la campagne (Weitzmann (13) (Königsberg, Wihemni (Hanovre) (11), Von Schimidt (dépôt de Plümicke) (12)),

Après l’occupation du Hanovre, la batterie à pied n°12 du Lieutenant von Heidenreich est transformée en batterie à cheval et prend le numéro 14.
Cependant, malgré la mise sur le pied de guerre des batteries, le matériel est jugé de mauvaise qualité et surtout les chevaux, particulièrement en Silésie, à peine valables pour le service. Le capitaine von Hahn chef de la batterie à cheval n°32, juge les chevaux trop petits ou trop maigres mais doit les intégrer pour rendre son équipage mobile. Cela impose des délais dans la concentration des troupes, par exemple pour les batteries 1, 44 et 45 : il leur faut un mois pour rejoindre Berlin depuis leurs bases alors qu’en temps normal, il leur faudrait la moitié de temps. Au début des hostilités, l’artillerie à cheval compte 112 tubes, soit le quart de l’artillerie prussienne, mais seuls 96 ont participé à la campagne.

D’autre part intervient une autre réforme administrative, mais qui ne sera effective que pendant la campagne : les batteries à cheval sont numérotées séparément dans leur propre ordre numérique.

Le mois d’octobre 1806 avec ses quatre batailles (Schleiz, Saalfeld, Jena-Auerstedt, Halle) et les poursuites françaises fut une terrible catastrophe militaire, psychologique et humaine pour l’artillerie à cheval : lors de la reconstitution, le 24 octobre, des restes de l’armée pour la fuite vers la Prusse orientale, il ne restait que deux batteries intactes, von Scholten et von Hahn (cette dernière se rendra à Lübeck aux Français) et des canons dispersés ne permettant pas de constituer une autre batterie, même si beaucoup d’hommes arrivent à échapper soit à la mort soit à la capture. Les décomptes donnaient alors 49 canons perdus qu'elle que soit la cause (« mauvaise utilisation », capture lors de la retraite, destruction sous le feu ennemi, casse lors de la retraite…).

En novembre et décembre 1806, trois batteries à cheval sont reconstituées (von Schimidt (plus tard von Graumann), von Rentzell et von Künemann). Elles s’ajoutent à la batterie Weitzmann constituée à Königsberg lors de la mobilisation et une demi-batterie (Sowinsky) issue du dépôt de Varsovie. Elles sont toutes à huit tubes (quatre pour la demi-batterie) mais leurs matériels et leurs chevaux sont, cette fois, dans les standards attendus. Les combats de l’hiver sont rudes pour les artilleurs à cheval mais, jusqu’à Eylau, ils ne perdent finalement aucun canon et sont le plus souvent employés en demi-batterie afin de combler les manques de puissances de feu des troupes.

Lors du siège de Dantzig, la batterie à cheval von Merkatz réduite à 7 tubes (6 canons et 1 obusier) de type suédois participe aux combats au sein du corps francs von Krokow (Elle se compose de 2 officiers, 6 sous-officiers, 8 bombardiers, 1 trompertte, 1 chirurgien, 77 canonniers, 2 artisans, 27 serviteurs, 96 chevaux de train et 56 chevaux de monte. Elle dispose de 3 voitures de munitions, 1 voiture pour les obus, 1 voiture pour le ravitaillement des chevaux, 1 voiture pour le ravitaillement des hommes, 1 voiture de services, 1 voiture de réparation. Elle est dotée de 528 boulets, 220 cartouches de mitraille (dont 60 de 12 livres), 63 obus, 63 cartouches pour obusiers, 53 munitions diverses (incendiaires et éclairantes)) ainsi que la batterie à cheval de 6 tubes (4x6 livres et 2x3 livres) du lieutenant Giersberg.

Avec la reprise des opérations en février, la plupart du temps les batteries à cheval, en demi-batteries, sont de toutes les actions, du Frische Haff à Eylau, puis Guttstadt, et si les pertes en matériel sont faibles, celles en hommes et en chevaux sont importantes :

Batterie Graumann (No. 7) : tués : 6 Canonniers ;
Malades : 1 sous-officier, 2 Bombardiers, 1 Clairons, 3 serviteurs ;
Tué par balles : 1 serviteur, 8 Chevaux ; blessés : 1 Canonnier, 5 Serviteurs ; déserteurs: 2 Bombardiers, 2 Canonniers, 1 Serviteur.

Batterie Mechow (No. 8 ) : morts : 1 Canonnier, 18 Chevaux ; malades : 1 Officier, 4 Bombardiers, 19 Canonniers, 18 Serviteurs, 5 Chevaux ; tués par balles : 1 Officier, 1 Canonnier, 16 Chevaux ; blessés : 1 Bombardier, 2 Canonniers ; démis : (?) 10 Serviteurs, 25 Chevaux.

Batterie Klapperbein (No. 10) : morts : 3 Chevaux, Malades : 3 Bombardiers, 12 Canonniers, 3 Serviteurs, 6 Chevaux ; prisonniers : 4 Canonniers, 13 Chevaux.

Batterie v. Rentzell (No. 13) : morts : 20 Chevaux ; Malades : 6 Bombardiers, 1 Clairons, 15 Canonniers, 1 Artisans, 1 Serviteur, 18 Chevaux ; tués par balles : 15 Chevaux ; blessés : 2 Chevaux ; déserteurs : 1 Artisans, 12 Serviteurs ; prisonniers : 1 canonnier, 3 Serviteurs ; démobilisés : 2 Serviteurs, 3 Chevaux (?). -

Les Batteries avaient une réserve en hommes et en chevaux qui apparaissent dans le Rapport du 20. Juin 1807 :

Batterie No. 7 : 2 Officiers, 7 Sous-officiers, 9 Bombardiers, 1 Chirurgien, 1 Clairon, 84 Canonniers, 1 soldat du train, 4 artisans, 44 Serviteurs, 191 Chevaux.

Batterie No. 8 : 2 Officiers, 7 Sous-officiers, 12 Bombardiers, 1 Chirurgien, 1 Clairon, 84 Canonniers, 4 Artisans,48 Serviteurs und 108 Chevaux.

Batterie No. 10 : 2 Officiers, 7 Sous-officiers, 11 Bombardiers, 1 Chirurgien, 1 Clairon, 83 Canonniers, 1 soldat du train, 4 Artisans, 47 Serviteurs, 194 Chevaux.

Batterie No. 13 : 2 Officiers, 4 Sous-officiers, 11 Bombardiers, 1 Chirurgien, 1 Clairon, 86 Canonniers, 1 soldat du Train,3 Artisans, 35 Serviteurs, 200 Chevaux.

Note : l’importance des serviteurs ne doit pas tromper, il s’agit de volontaires utilisés pour le service dans la batterie. Il leur permet de posséder un statut militaire.
Ce statut militaire en Prusse était très prestigieux et permettait de disposer de certaines protections et avantages économiques, surtout après le service. En outre, il permettait de protéger les volontaires en cas de capture).

A côté de ces batteries officielles, naissent en Poméranie et en Silésie des batteries de corps francs, souvent à cheval. Celle du corps de Schill en Poméranie est sous le commandement du lieutenant Schüler, celle de Breslau en Silésie sous le commandement du Premier lieutenant von Fiebig, celle de Neisse en Silésie sous le commandement du lieutenant von Schneider (puis von Rozynski). Elles sont dotées de pièces de réserve (de 3£ en fer, voire de 1£) issues des canons de bataillons d’infanterie et des trains de parcs ou de dépôts d’artillerie. Les effectifs ne dépassent pas quatre pièces effectives.

La batterie de Breslau, en décembre 1806, est prévue pour devenir une batterie complète mais l’incompétence des volontaires et le manque de matériel adéquat pour une batterie à cheval, font que l’on créa une batterie à pied à côté avec 8 pièces de différents calibres et types (du 12£, des obusiers et du 6£) et le projet est repoussé. Cependant ces trois unités seront toutes portées à huit pièces à la fin de la campagne (en juin 1807), même si l’armement restera très disparate et fait de bric et de broc (en Silésie, par exemple, la batterie "von Rozynski" dispose de canons de 1£ prussiens montés sur des affûts français, et par ailleurs de 3£ d'infanterie et de 6£ livres).

A la fin de la campagne, l’impact de ses batteries régulières ou de corps francs, tant sur le moral des troupes que sur le plan militaire, est reconnu par le Haut-Commandement prussien, si bien que les chefs de batteries, y compris celles de corps-françs, sont tous promus au grade supérieur. Il en est de même pour la distribution de distinctions aux chefs de batteries et aux artilleurs.
Dernière édition par REMY Nicolas-Denis le 07 Jan 2021, 11:36, édité 1 fois au total.
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar BRULOIS Jacques sur 05 Jan 2021, 11:07

Salut Nicolas-Denis.
Merci pour ces renseignements intéressants.
Si tes suites vont jusqu'en 1812 je serais heureux de connaître les "chefs" des batteries du Corps Prussien avec Napoléon I°.
Bonne journée et à plus tard.
Jacques.
À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).



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Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 05 Jan 2021, 19:33

Bonjour Jacques,

J'ai fait une recherche complémentaire suite à ta demande sur les chefs de batteries du corps auxiliaire prussien :

Le chef de l'artillerie prussienne est le Major von Schimdt (il est aussi le chef de l'artillerie à pied).

Artillerie à pied de 6 (tous les officiers nommés sont des capitaines)

No.l ( Heut) 1ere de Prusse-Orientale

No. 2 (Wegner). 2e de Prusse-Orientale

No. 3 (Ziegler, ) . 3e de Prusse-Orientale

No. 6 (Ludwig) (souvent numérotée n°4), 2e de Brandeburg

Artillerie de 12

No.3 ( capitain Schlemmer). N'est engagée que comme une demi-batterie de I2 No. 3 avec à sa tête le lieutenant von Roszynsky.

Pour les artilleries à cheval de 6 (toutes sont issues de la brigade de Prusse-Orientale)

Le chef d'artillerie à cheval est le Major von Ferbig II

Batterie n°1 Stabs-capitain v. Zinken

Batterie n°2 Capitain v. Rentzell

Batterie n°3 Major Graumann, second-Lieutenant Fischer, v. Oppen, Borowsky, Papendick, Lindenberg (Adjutant), v. Lettow, Erhardt,tag, Gehr, Klugmann.

Je mets les lieutenants pour informations, car les batteries à cheval seront surtout utilisées en demi-batteries en raison du terrain très coupé où se battront les Prussiens. Tout ces officiers commanderont une demi-batterie à un moment ou à un autre de la campagne.
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar BRULOIS Jacques sur 05 Jan 2021, 19:48

Re-Salut Nicolas-Denis.
Merci pour ces renseignements complémentaires qui vont sans doute me permettre de renommer quelques-uns de mes Officiers au 1/300° (6 mm des pieds à la tête).
Bonne soirée et à plus tard.
Jacques.
À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).



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Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 07 Jan 2021, 11:59

Quatrième partie

La réorganisation de 1807 à 1815

L’armistice signé le 28 juin 1807 scelle la défaite prussienne. Il ouvre une période difficile pour l’égo prussien mais surtout de changements dans l’armée. Pour l’artillerie, il n’y aura que des réformes sans changements radicaux car si l’arme a une place reconnue, d’autant que les principaux leaders de la Réforme de l’artillerie sont des artilleurs ( Scharnhorst et von Gneisenau sont passés par des écoles d’artillerie), elle reste le parent pauvre de l’armée prussienne.

La première étape est la démobilisation des troupes et surtout celui des serviteurs, au sens original du terme, qui sont jugés inutiles et ne seront jamais reconstitués. À cela s’ajoute le renvoi de beaucoup d’étrangers (tous ceux qui ne veulent pas prendre la nationalité prussienne).

En juillet 1808, le prince Auguste de Prusse, le seul membre de la famille royale intéressé par les armes techniques, est confirmé comme général et inspecteur de l’artillerie. C’est sous son inspiration et sa direction que l’artillerie va amorcer un radical changement, même si en pratique c’est le colonel von Pontamus qui dirige la réforme (ce colonel est un ancien de l’arme et il est depuis 1794 dans l’entourage du Roi).

D’autre part, l’artillerie est, dans un premier temps, réorganisée en batteries provisoires entre 1807 et 1809. En août 1809, par un AKO, l’organisation de l’artillerie à cheval est la suivante :

1) L'artillerie montée se compose de 9 compagnies, dont 3 appartiennent à chaque brigade d'artillerie.

2) Chaque brigade a un brigadier spécial.

3) Les trois compagnies de chaque brigade ont comme officiers un stabs-capitain (en tant que commandant), 2 capitaines, 1 capitaine d'état-major, 2 premier lieutenants, 10 second lieutenants (incluant des adjudants).

4) L’état d’une compagnie comprend : 1 chef-artificier, 1 adjudant, 3 artificiers, 9 sous-officiers (y compris l'enseigne porte-épée et le quartier-maître), 20 bombardiers, 1 chirurgien, 2 trompettes, 1 maréchal-ferrant, 112 Canonniers.

5) En cas de guerre, l’effectif d’une batterie est porté à : 5 officiers, 13 sous-officiers, 20 bombardiers,1 chirurgien, 2 musiciens (clairons), 112 canonniers, 4 artisans, 8 soldats de train, 1 maître de chevaux );

Armes et Véhicules: 6 canons, 2 obusiers, 4 chariots à cartouches, 2 chariots à grenades et 2 chariots de réparations;

Chevaux: 92 chevaux de trait, 109 chevaux d'équitation, 2 chevaux de bât et 5 remplaçants . Il y a aussi en sus 6 ordonnances et 12 chevaux d'officiers. (NDLR Les anciens serviteurs sont devenus artilleurs).

6) Chaque compagnie dispose d'une batterie d'exercice (Exercier-Batterie) de 8 canons avec 52 chevaux de trait et 80 chevaux de selle, qui sera utilisée pour parer à une menace proche. (NDLR : ce fait indique que la Prusse s’attendait à une attaque britannique et dans une moindre mesure autrichienne sur son sol).

7) L'ajout du matériel pour les besoins de la batterie de guerre est sous la responsabilité du chef de batterie. Celui-ci doit être présent en temps de paix.

Il apparaît donc que le régiment d’artillerie à cheval est dissous et que l’artillerie à cheval n’est plus qu’une branche de l’artillerie qui s’organise en trois brigades ( Prusse, Brandebourg, Silésie) :

- Brigade d’artillerie de Prusse : chef (il n’y a plus de distinction entre chef et commandeur) : Oberst von Oppen.

1ère compagnie : Capitain von Lange

2e compagnie : Capitain von Schimidt I

3e compagnie : Capitain von Graumann

Sur les 604 membres de ces batteries, 408 ont moins d’un an de service et 151 n’ont pas vu le feu. À la veille, de la campagne de Russie, les trois compagnies comptent 508 hommes, dont 299 ont moins d’un an de service et seulement 112 ont connu la campagne de 1806-1807.
On peut aussi constater l'effectif bien plus important de cette cette brigade par rapport aux autres, fait dont je n'ai pas l'explication.

- Brigade d’artillerie du Brandebourg : chef : Oberst Decker

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1. 1ère compagnie (Reitende-Garde-Compagnie) : capitaine von Rentzell
Cette compagnie formera les unités de la garde. L'artillerie de cette dernière est créée dès le 7 décembre 1808 pour tester le nouveau règlement et de nouvelles manières d’utiliser l’artillerie. Elle disposera donc rapidement de matériel neuf, surtout pour les véhicules, et de personnels expérimentés (pour entrer dans la garde, il faut avoir reçu une distinction pendant la campagne). Son chef sera l' oberst Decker.

- 2e compagnie : Major von Scholten
Les deux premières compagnies ont au moment de leur création compté 386 hommes dont 374 ont fait la campagne de 1806-1807.

- 3e compagnie : Capitain von Merkatz
La troisième compagnie est issue de l’artillerie de Poméranie et en particulier des forces qui ont résisté à Kolberg. Cette compagnie aura beaucoup de mal à se constituer car elle sera bloquée dans sa ville de constitution jusqu’en 1809 faute d’hommes et de matériels. Beaucoup de ses membres initiaux n’étant pas Prussiens déserteront vers la Saxe.

En juin 1812, il y a 444 membres dans les trois compagnies dont 225 ont fait la campagne de 1806-1807. D’autres part, les trois compagnies comptent 138 Krümpern. Les prémices de la guerre avec la Russie, dont la Prusse participera au côté des Français, fera que beaucoup de jeunes officiers et sous-officiers prussiens (un sur trois ) demanderont l’autorisation au Roi d’être retirés des listes pour s’engager dans l’artillerie russe. Ils seront tous réaffectés aux batteries de la légion russo-allemande.

- Brigade d’artillerie de Silésie : chef : Major von Schöler
La brigade n’est organisée qu’en février 1809.

- 1ere compagnie : Stab-capitain von Ferbig

- 2e compagnie : Capitain Lehman

- 3e compagnie Stabs-Capitain v. Rozynski (vacant novembre 1810)

Les trois compagnies disposent de 440 hommes en septembre 1809, dont 298 ont moins d’un an de service et seuls 123 ont connu la campagne de 1806-1807. Cependant, leur vrai problème est le manque de chevaux. Il faudra attendre le milieu de 1810 pour que l’effectif minimum soit atteint, mais souvent avec des chevaux peu adaptés aux besoins. L’année 1811 sera, malgré une belle parade en mars devant le Roi, une vraie galère pour la brigade silésienne et en particulier les troupes à cheval.

En mars 1812, les trois batteries comptent 453 membres dont 380 ont au plus un an de service et 62 ont connu la campagne de 1806-1807, et 178 Krümpern. Elles disposent cependant du matériel et du nombre de chevaux adéquats, d’autant qu’un AKO (Allerhöchste Cabinets-Ordre) du 22 mars 1812 les établit pour les batteries d’artillerie à cheval : 5 officiers, 12 sous-officiers, 20 bombardiers, 2 trompettes et 92 canonniers, plus 2 sous-officiers et 20 canonniers pour compenser les malades.

Il est très important de noter qu’à chaque batterie est attachée une batterie d’artisans (Handwerks Companien), composée pour l’artillerie à cheval de 132 hommes. Ces unités servent à la réparation du matériel. Elles sont aussi des unités de détournements des limitations du traité de Berlin qui limitait le nombre de militaires car beaucoup de ces artisans sont en fait des artilleurs de réserve.

A cela, il faut ajouter des unités provisoires pour toutes les unités d’artillerie qui servent de soutien et préparent la mobilisation générale, même si 17 sur les 45 unités ne seront jamais mobilisées. Elles serviront surtout à fournir les unités de blocus des places fortes et de renforts pour les unités de première ligne. Elles sont formées avec des Krümpern mais elles n’ont que du matériel soit pris à l’ennemi soit réformé.

En 1808, comme pour toute l’armée, l’uniforme change et suit l’évolution de la mode. L’artillerie à cheval suit la coupe des dragons, avec toujours la différence de la couleur (un bleu plus foncé et des couleurs distinctives noires). La garde ne rajoute qu'un double "litzen" (double couture dorée aux cols et aux poignets).

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Cette importance du renouvellement des membres vient des restrictions imposées par le traité de paix avec la France, qui limite la puissance numérique de l’armée. Cette limite sera contournée par le système de Krümpern qui permettra dès 1812 (un accord avec la France permet de grossir les rangs de l’armée) de multiplier les soldats et en particulier ici les artilleurs. Cependant, il n’y a pas d’école d’artillerie au sens propre du terme si bien que l’artillerie prussienne ne sera pas capable de soutenir la comparaison avec les autres artilleries, sauf pour la manœuvre des pièces.

Le règlement de 1812, sa date de parution, est l’aboutissement des réformes engagées dès 1807. Il valide l’organisation de l’artillerie et en particulier pour l’artillerie à cheval, son placement (50 pas entre chaque batterie si ensemble, 20 pas entre canons et caissons, 40 entre canons et réserve, 10 entre canons). Il valide aussi le fait que les compagnies sont toutes à 8 pièces de 6£. Il organise le rôle des batteries : soutenir les autres armes et éventuellement faire de la contre-batterie. Cependant, le vrai manque est l’absence d’école d’artillerie, même s’il y a des écoles militaires, qui fait que l’éducation se fait sur le tas et la seule vraie compétence de l’artillerie prussienne est la manœuvre des pièces. Il valide aussi le recrutement, uniquement basé sur des citoyens prussiens.

Clausewitz jugera mal le système prussien mais celui-ci remportera quelques victoires comme à Dennewitz, où l’un des deux généraux prussiens de l’arme, le général von Holtzendorf (l’autre étant le prince Auguste) réussira à concentrer 46 pièces prussiennes et russes contre les 44 saxonnes. Cependant à Ligny, les artilleurs prussiens se seront pas à la hauteur de la tâche.

La reprise de la guerre arrête la réorganisation mais permet d’appliquer les premières phases des réformes militaires. Elles seront complétées seulement avec le retour de la paix en 1814 et en 1815
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 11 Jan 2021, 09:59

Cinquième partie

Les campagnes de 1812 et 1813-1814

Les tensions franco-russes aboutissent en février 1812 à un état de guerre entre les deux pays et la Prusse doit fournir à Napoléon un contingent avec en contrepartie une élévation de ses capacités militaires. Pour l’artillerie, malgré le bénéfice en expérience, la crise vient en plein processus de réorganisation.

Les trois batteries à cheval de la brigade de Prusse sous le commandement du Major von Ferbig II sont intégrées au corps auxiliaire qui est engagé en Courlande.

Batterie No. 1: Stabs-Capitain Zinker

Batterie No. 2: Capitain v. Rentzell

Batterie No. 3: Major Graumann

Dans le même temps, les unités de la Garde ne sont plus comptabilisées dans la ligne même si elles sont encore administrativement rattachées à la brigade. Cette campagne fut, malgré seulement une dizaine de pertes en hommes dues aux combats, très difficile en raison du froid intense (25°C négatif) lors de la retraite de décembre. Le contingent enregistra peu de désertions en raison de nombreuses autorisations du roi de Prusse à des artilleurs prussiens de s'engager dans l'armée russe. La quasi-totalité de ces soldats (autorisés ou déserteurs) se retrouveront dans la légion russo-allemande.

Elle apporta en contrepartie des éléments de comparaisons face à ses alliés du moment, Français ou Polonaises, et ses ennemis, Russes. Le principal retour fait dès le début de la campagne au général von Grawert porte sur les tubes qui sont jugés moins efficaces que leurs voisins, mais certains sont admiratifs des progrès de la manœuvre.

Un élément important apparaît administrativement : la numérotation générale des unités d’artillerie. On a donc une numérotation de la Garde, puis de 1 à 11 des batteries à cheval en février 1813 (une douzième est montée mais est de Landwehr et sert à l’instruction pendant toute l'année. Elle ne sera engagée qu'en 1814). Le nombre de batteries à cheval, comme le reste de l’armée va grossir pour atteindre 20 batteries de ligne et 2 de garde en 1815.

No. 1 (Capitain v. Zinken). 1ere de Prusse.

No.2 (Stabs-Capitain Borowsky). 2e de Prusse.

No. 3 (Stabs-Capitain Fischer). 3e de Prusse.

No. 4 ( Lt Willman, 1815 Lt Protzen Von Schramm). Garde-Compagnie en 1808.

No. 5 (Stabs-Capitain v. Witten, Lt von Niedorf). 2e de Brandenbourg.

No. 6 (Premier-Lieutenant Jenichen). 3e de Brandebourg.

No. 7 (Capitain Richter). 1er de Silésie.

No. 8 (Capitain Kohnemann, Reich). 2e de Silésie

No. 9 (Capitain von Tuchsen, Captain von Wilhemni). 3e de Silésie.

No. 10 (Stabs-Capitain Schaffer).
Formée en 1813 à partir de la 9e Compagnie provisoire de la brigade de Silésie.

No. 11 (Stabs-Capitain Borchard).
Formée en 1813 à partir de la 5e Compagnie provisoire de la brigade de Brandebourg.

No. 12 (Stabs-Capitain Pfeil).
Formée en 1813 à partir de la 8e Compagnie provisoire de la brigade de Silésie.
Est formée par des troupes de Landwehr dont le but est l’instruction du personnel.
Elle servira dans le corps de York en janvier et mars 1814.

Une No. 13 est levée en 1813 (entre janvier et juin) à partir de personnels des garnisons et sachant monter à cheval (Premier-Lieutenant Papendick, Lieutenant v. Clausewitz) .
Elle suivra le IV corps d’armée.

Une No. 14 (Premier-Lieutenant Fritze) est levée dans le cadre du corps franc von Lützow et est intégrée avec ce numéro dans l’organigramme prussien en juin 1814.
La raison de cette intégration est le fait qu’il y a eu autorisation royale pour organiser ce corps franc dès le printemps 1813.

La campagne de 1813-1814 est marquée par deux types d’organisations pour l’artillerie à cheval : l’une dans le cadre de l’armée et l’autre dans le cadre des corps francs.
La première tient compte des unités organisée et équipée selon le modèle standard même si les équipements et les uniformes sont différents.
La seconde compte des unités ad hoc faites autour de cadres volontaires, très motivés politiquement, notamment dans le cadre du Tugenbund , ou d’associations similaires pour ces actions, accompagnés de nombreux volontaires et de matériels trouvés ou pris, souvent de seconde main et de mauvaise qualité. Au fur et à mesure du temps, le matériel pris sera surtout westphalien.

L’impact de la campagne de 1813 est très important, car il marque un changement radical dans la conception du rôle de l’artillerie. Elle n’est plus vue simplement comme une arme de soutien, mais surtout les problèmes de commandement et confrontation apparaissent fortement : Gross-Beeren en est un exemple. D’autre part, pour l’artillerie à cheval, elle a su montrer l’importance de la rapidité de mouvement, même si le déploiement est plus long, à cause de la nécessaire protection des chevaux. Elle subit aussi la disparité des matériels de l’artillerie tant de ligne que des corps francs (ou assimilé comme la Légion russo-allemande), et accessoirement des uniformes. Cela donnera une vision très large des matériels existants. Pour les Prussiens, en juin 1814, la supériorité des tubes français et du châssis anglais sur les autres matériels est incontestable. Cela sera une des conclusions majeures tirées des deux campagnes du printemps et de l’automne 1813 et qui va orienter les choix pour la réorganisation de l’armée.

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NDLR : cette tenue est répertoriée dans l'histoire de l'artillerie prussienne, car cette batterie défilera devant le Roi avec cet uniforme. Cela fera éclater la colère de ce dernier et un changement d'uniforme sera appliqué "rapidement".

La campagne de 1815

Entre janvier et avril 1815, des nouvelles batteries sont organisées :

No. 15 (Capitain von Reindorff) : Composés d’éléments épars des garnisons.
Ils forment la 2e batterie à cheval de la Garde.

No. 16 (Capitain von Becker).
Formée en mars 1815 à partir de la 6£ Fuss-Batterie No. 27 (Mathias).

No. 17 (Capitain Schuler). Formée en mars 1815 à partir de la 6£ Fuss-Batterie No No. 32

No. 18 (Capitain von Hoyer, Premier-Leutnant Lottner). Formée en mars 1815 à partir de la 1ere Batterie à cheval de la Légion russo-allemande (von Kotteritz) levée à Revel en 1812.

No. 19 (Premier Leutnant Dellen).
Formée en mars 1815 à partir de la 2e batterie à cheval de la Légion russo-allemande levée à Königsberg en janvier 1813.

No. 20 (Stabs-Capitain Volmar). Formée à partir d’artilleurs saxons et de Berg.

Il faut attendre septembre 1815 pour que s’applique à l’artillerie de la Garde le retrait de numérotation dans la ligne décidé en 1813 et officialisé le 16 mars 1815. Cela impliquera un changement de l’ordre des batteries. Les batteries n°1 et 2 deviendront les n° 21 et 22. Cette différence d'application de la numérotation fait que dans de nombreux ouvrages, on voit apparaître ces numéros 21 et 22 durant la campagne de Belgique, or cette numérotation n'a pas lieu d'être.

Les campagnes de Belgique puis de France (cette dernière surtout contre des forteresses) sont sanglantes pour les Prussiens et en particulier pour les artilleurs. Ils sont confrontés à une supériorité matérielle et tactique, alors que seul le 1er corps d’artillerie dispose de sa dotation théorique en artillerie. Pourtant, pour les Prussiens les artilleurs seront les troupes les plus décorées pour bravoure dans la campagne.

Les batteries 13, 14, 16, 17 et 20 seront les batteries désignées en novembre 1815 pour le corps d’occupation de la France (elles y resteront jusqu’en 1818).
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar MANÉ Diégo sur 11 Jan 2021, 14:15

Je trouve à propos, à la suite de cet excellent essai sur l'artillerie à cheval prussienne, de déposer le lien suivant avec l'article déjà présent sur Planète Napoléon et relatif au matériel et tenues de l'artillerie prussienne en 1813 :

http://www.planete-napoleon.com/docs/1813PruMatArt.pdf

Au particulier de l'artillerie à cheval sont confirmées les tenues "à l'anglaise" de certaines batteries, et indiqués les matériels étrangers parfois en dotation.

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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 12 Jan 2021, 13:30

Sixième et dernière partie

Pour répondre à une question sur le matériel, soulevée par le très bon récapitulatif indiqué ci-dessus, les matériels des 13e et 20e batteries à cheval, sont donnés comme étant de prise (pour la 13e, dès son entrée en France), c'est à dire français ou assimilé à (Westphalien ou Saxon post 1811).*

Concernant la tenue de nombreuses batteries, les Prussiens ont fait avec ce qu'ils avaient dans un premier temps, mais ont très vite "prussianisé" leurs tenues, d'abord par sensibilité personnelle, puis par souci d'être "identifiables", et enfin par fierté nationale. En 1815, même les unités (d'artillerie) ayant des tenues étrangères, sauf la Légion russo-allemande (pour des raisons de négociations politiques), ont "prussianisé" leurs tenues, en particulier le shako. N'oublions pas qu'en mars 1815 la guerre avec l'Angleterre est prévue pour la fin du mois en raison des tensions concernant la Saxe que la Prusse veut annexer en totalité.

Les réformes de 1816

Elles sont à la fois les conséquences des guerres de Libération, de la volonté du prince August von Hohenzollern von Preussen et du bilan fait par l’état-major prussien de son artillerie par rapport aux artilleries des autres pays engagés, tant ennemis qu’alliés. La Prusse récupérera un grand nombre de pièces françaises et put constater le décalage qualitatif.

D’autre part, les réformes ne sont que l’aboutissement de la réflexion commencée en 1813 lors de la confirmation du frère du roi comme général d’artillerie. Elles respecteront le Règlement de 1812, qui sera valide jusqu’en 1845.

Ces réformes commencent par celle de l’organisation décrétée le 29 février 1816 :

1) L’artillerie prussienne est confiée à un Artillerie-General-Commando, sous la direction de SAR le général Prince August von Preussen, qui est responsable de la formation, de l’équipement et de l’instruction des troupes.

2) Chaque brigade se compose de 3 sous-brigades (Abteilung) avec chacune un chef attitré.

3) Chaque sous-brigade comporte 3 batteries à pied et une à cheval. Chaque brigade est indépendante l’une de l’autre. Il y a une batterie de 12£ et trois de 6£ dans chaque sous-brigade.

4) Une compagnie à cheval compte 1 capitaine en temps de paix, 1 premier lieutenant, 2 sous-lieutenants, 12 sous-officiers, 20 bombardiers, 2 trompettistes, 10 soldats, 50 canonniers, 1 chirurgien et 1 artisan. La compagnie reçoit 4 canons d'exercices (NDLR : ils servent à l’entraînement et n’ont plus le rôle de batteries d’alerte). Le train comprend 28 chevaux de trait et 44 chevaux de selle.

5) La batterie de guerre est constituée des personnels suivants : 1 chef de batterie, 1 premier lieutenant, 2 sous-lieutenants, 12 sous-officiers, 20 bombardiers, 2 trompettes, 112 canonniers, 1 chirurgien, 4 artisans, 9 soldats du train et 4 ordonnances pour les officiers.

6) La formation est prise en compte par la brigade sauf pour le service de l'artillerie à cheval. Les officiers qui ont la connaissance suffisante, quelle que soit leur arme origine, y compris les branches de forteresse et de siège, pour monter à cheval, peuvent y être intégrés. Le service comprend la connaissance des travaux liés aux fortifications de campagne, ou le tir à partir de remparts.

(NDLR : on peut constater que c’est à l’officier d’apprendre à monter à cheval pour pouvoir intégrer ces batteries. Pour les sous-officiers et hommes du rang, rien n’est prévu).

Les brigades sont donc les suivantes et dépendent chacune d'un corps d’armée :

La Garde-Brigade:
1. reitende Compagnie à partir de la reitenden Garde-Batterie No. 1,
2. reitende Compagnie à partir de la reitenden Garde-Batterie No. 1

La 1. (ostpreusssischen) Brigade:
1. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No. 21,
2. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No. 22,
3. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie

La 2. (pommerschen) Brigade:
1. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No. 6,
2. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No 5
3. reitende Compagnie formée des éléments en surplus des batteries 5 et 6

La 3.(brandenburgischer) Brigade
1. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No Batterie No. 12
2. reitende Compagnie formée à partie des reitenden Batterien No 18 et 12 et de la 9. Provisoire
3. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No. 18;

La 4. (westpreussischen) Brigade:
1. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No. 3,
2. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No 10,
3. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No 8;

La 5. (schlesischen) Brigade:
1. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No. 11,
2. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No 13,
3. reitende Compagnie à partir de la No 13 provisorischen Compagnie (brandenburgischer Brigade !);

La 6. (magdeburgischen) Brigade:
1. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No. 9,
2. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No 7,
3. reitende Compagnie à partir de la Haubitzbatterie No. 1( 7£);

La 7. (westphälischen) Brigade:
1. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No. 17,
2. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No 20,
3. reitende Compagnie à partir des reitenden Batterien No 17 et 20 Et de la Haubitzbatterie No3 (7£).

La 8. (rheinischen) Brigade:
1. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No. 19,
2. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No 14,
3. reitende Compagnie à partir de la reitenden Batterie No 16.

Cette réforme mélange tous les officiers d’artillerie, car on juge la compétence de chef de batterie et non de celui du type de tubes. D’autre part, toutes les unités sont maintenant de type monté au minimum, y compris les artilleries de siège (mortiers et obusiers). Cela réduit considérablement les différences entre unités.

Les compagnies d’artillerie de siège et de forteresse sont considérées comme à part dans l’organisation mais pas dans l’instruction des troupes.
L’autre élément fait suite à la récupération d’un très grand nombre de canons français Gribeauval (les Prussiens considéraient le système an XI et le système de Gribeauval comme identique. Les pièces prises lors des campagnes et de l'occupation quelque soit le type seront standardisées pour répondre à leurs besoins) et à la systématisation de ce type de tube qui seront améliorés en 1845. Ils seront par suite conservés jusqu'à leur réforme en 1861, date de l'apparition du canon à chargement par la culasse.

Enfin, et c’est l’aboutissement des demandes du Prince Auguste de Prusse, il y a une école d’artillerie pour les officiers, puis une autre pour les canonniers et les sous-officiers, qui se mettront en place à Postdam et à Königsberg le 16 juin 1816. Les officiers seront alors ingénieurs après une formation de trois années. L’objectif est de changer l’utilisation de l’artillerie pour la transformer en une arme de spécialistes dont le but est la destruction des forces ennemies avec le meilleur matériel possible. Cela aboutira à des changements de conception de l’utilisation de l’arme et à un énorme développement de celle-ci.

Bibliographie

DAWSON, A. L et P. L., SUMMERFIELD, S., Napoleonic Artillery, The Croowood Press, Ramsbury, 2007.

JANY, C., Geschichte der Preussischen Armee, tome IV, réédition Osnabrück, 1967.

KILEY, Kevin F., Artillery of the Napoleonic Wars, 1792–1815, Pen & Sword Book, Barnsley, UK, 2004.

NAFZIGER, G. F., The Prussian Army during the Napoleonic Wars 1792-1815 vol III : Cavalry and Artillery, West Chester, 1997.

REMY, N. D., La Prusse après Tilsitt, site viewtopic.php?f=1&t=2077#p14604

STRODHA, von, Die Königiliche redite de Artillerie, Berlin, 1816.
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar MELCHIOR Thierry sur 12 Jan 2021, 13:47

Merci Nicolas-Denis pour cet énorme travail très instructif ! :)
Certaines phrases m'ont laissé sur ma faim de connaissances !
Comme :
Elle n’est plus vue simplement comme une arme de soutien, mais surtout les problèmes de commandement et confrontation apparaissent fortement : Gross-Beeren en est un exemple.
Que s'est-il passé à Gross-Beeren ?
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar BRULOIS Jacques sur 12 Jan 2021, 15:42

Salut Nicolas-Denis.
Merci pour ces nouveaux renseignements complémentaires très intéressants qui vont sans doute me permettre de renommer encore quelques-uns de mes Officiers au 1/300° (6 mm des pieds à la tête).
Salut Diégo et merci pour la piqûre de rappel que constitue cet intéressant PDF, d'ailleurs je ne me souvenais pas qu'il contenait des photographies de figurines, à quelle échelle ? S. T. P.
Salut Thierry et merci car Nicolas-Denis répondras certainement à ses questions et j'apprendrais encore de nouvelles et d'intéressantes choses. :wink:
Bonne soirée à tous et à plus tard.
Jacques.
À mon très grand ami Patrice († 58).
À ma petite belle-fille Gaëlle († 31).



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Décor "simpliste" sur lequel nous avions rejoué, à 9 joueurs, la Bataille d'Eylau en 1807.
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 13 Jan 2021, 13:24

Salut Thierry,
Salut Jacques,

Pourquoi les batailles de Gross-Beeren et ensuite Dennewitz ont marqué les Prussiens :

a) À Gross-Beeren, les chefs prussiens essaient de se montrer agressifs et rassemblent leur artillerie mais sans commandement en chef d'artillerie car le chef prussien, le général von Bülow ne fait pas confiance à l'artillerie : bref, c'est la désorganisation et les batteries prussiennes rassemblées se font éteindre par les artilleries saxonne et française. Le général von Borstell, lui, ne s'en souciera pas et déclenchera une attaque qui sera la cause de la bataille alors que tout le monde souhaitait attendre le lendemain.
Le colonel von Holtzendorf, (chef de l'artillerie prussienne, a la fonction de Brigadier. il a été en 1809, chef de l'artillerie à cheval de la garde ), y reçoit sa croix de fer 2e classe.

b) À Dennewitz le colonel von Holtzendorf aura du mal à convaincre son supérieur, le général von Bülow, de concentrer l'artillerie pour forcer la bataille et... finalement passera outre et fera converger 44 (certains disent 46) canons prussiens et russes pour forcer le passage. Pour cette action, il est nommé le lendemain generalmajor d'artillerie, c'est à dire général plein. Il restera chef de l'artillerie du corps de Bülow mais sera souvent, semble t-il, en opposition avec son supérieur hiérarchique sur l'utilisation de l'artillerie. Il est le chef de l'artillerie de l'armée de Blücher en 1815 et il est blessé à Ligny en la dirigeant. Il survivra et recevra pour son action les feuilles de chêne à son Ordre Pour le Mérite en octobre 1815. Il participera ensuite à la réforme de 1816.
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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar MANÉ Diégo sur 13 Jan 2021, 14:47

Pour Jacques,

Désolé mais je ne connais pas la marque des figurines illustrant mon article. Si quelqu'un la connaît qu'il n'hésite pas à le dire et nous donnerons ainsi les "crédits" à qui de droit.

J'ai trouvé ces illustrations sur le web et, les jugeant parfaitement à propos, les ai utilisées.

Je ne connaissais ni les artilleurs en tuniques anglaises et épaulettes françaises, ni ceux en tuniques blanches, qui avec les couvre shakos prussiens sont vraiment originaux. Si je n'avais pas déjà assez d'artillerie prussienne j'aurai probablement craqué pour les uns ou les autres, voire "les deux mon général" !

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Re: L'artillerie à cheval prussienne

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 17 Jan 2021, 00:09

Pour répondre à la question des origines des figurines d'artillerie :
Il s'agit de figurines plastiques du site
https://www.lafigurineplastique.com/bou ... rtillerie/

Attention, historiquement, les unités à uniformes blancs ont leur uniforme d'origine (saxon ou bergois) mais seulement pour les soldats et éventuellement les sous-officiers mais en aucun cas les officiers et les sous-officiers supérieurs.
Pour les uniformes britanniques, en général, ce sont des uniformes destinés à l'Espagne ou récupérer dans des stocks et qui sont prussianisés. Le fait qu'il y ait des tarletons est une expérience de très courte durée.
Pour les épaulettes, les artilleurs prussiens ne les portaient pas pour des raisons d'égo national. Les franges étaient très françaises et étaient mal vues.
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