La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar FRANÇOIS T. sur 10 Déc 2020, 10:51

Merci beaucoup, toujours autant de précisions et d'érudition! :grin: :grin:

Il est clair qu'entre les représentations picturales et la réalité du terrain il y a un grand écart:-))
FRANÇOIS T.
 
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MELCHIOR Thierry sur 10 Déc 2020, 20:39

J'aime bien quand tu me « titilles », Diégo ! :mrgreen: :wink:
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar CHAZOTTES Eric sur 13 Déc 2020, 19:59

Bonjour Thierry, : )

Désolé pour le retard dans cette réponse mais je suis en pic d' activité annuel. concernant les discussions sur le nouveau NSF, voici les liens directs pour les 3 fils de discussion. le focus est plus ou moins sur la partie grandes manoeuvres, qui sans doute, ne présentera pas grand intérêt au vu des éléments partagés ici sur PN. Il faudrait joindre John Franklin qui a semble t'il amassé beaucoup de témoignages Français dont de nombreux inédits (200 ?), certains en relation avec cette attaque. Mais son livre sur les témoignages Français n' a peut être pas été publié. voir ici (archive) https://web.archive.org/web/20111217075426/http://www.1815.ltd.uk/site/correspondence/british/samuel_boulter.php

I-Was D’Erlon’s attack in line formation?

https://www.thenapoleonicwars.net/forum/general-discussions/was-d-erlon-s-attack-in-line-formation

II-Drouet d'Erlon still going strong

https://www.thenapoleonicwars.net/forum/general-discussions/drouet-d-erlon-still-going-strong

III-Colonnes Françaises

https://www.thenapoleonicwars.net/forum/general-discussions/french-columns

bien cordialement,
Eric
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MANÉ Diégo sur 14 Déc 2020, 23:03

J'ai pu l'an passé, grâce à Stephen Beckett, avoir connaissance du Journal du 1er corps en 1815.

D'abord à travers la retranscription qui en fut donnée dans son ouvrage "Operations of the Armée du Nord;1815", ensuite et surtout grâce au scan du document original qu'il m'a communiqué.

J'ai ainsi pu en faire la relecture appliquée que méritait un si important et si méconnu document historique.

Plusieurs découvertes majeures en sont sorties, mettant fin à des polémiques bi-séculaires, et expliquant enfin bien plus logiquement un certain nombre de choses incompréhensibles jusque-là.

C'est pourquoi je me suis prêté à les commenter afin que désormais nul -du moins parmi ceux qui me lisent- ne les ignore ou les discute encore à l'avenir.

Stephen Beckett m'avait alors fait l'honneur de mel compilation et commentaires sur son site :

https://www.mapleflowerhouse.com/commen ... rps-diary/

Je viens d'améliorer ce travail en précisant certains de mes commentaires, mais aussi en les illustrant, apportant une réelle plus-value à l'article initial qui n'avait pas été déposé ici et qui est donc une nouveauté sur Planète Napoléon !

http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... rCorps.pdf

L'Histoire est un champ fertile pour qui aime le cultiver (je ne sais pas qui a dit cela, à moins que je vienne de l'inventer), et il est gratifiant d'y trouver encore des choses, surtout aussi énormes, passées inaperçues de tous les grands auteurs ou commentateurs pendant plus de deux siècles.

Quel superbe Eurêka que celui-là !

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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MANÉ Diégo sur 05 Jan 2021, 16:20

Je relaie un message de Rodolphe Lefebvre-Le Briquer

Une partie des liens qu'il donne ont déjà été donnés plus haut par Éric Chazottes, mais d'autres non.
--------------

.../...

Je pense aussi que tu connais le lien ci-dessous
https://www.thenapoleonicwars.net/forum ... -formation

Andrew Field intervient très souvent dans ce forum !!!!!
IL Y A AUSSI La formation et la marche du 1er corps à Waterloo avec une démonstration numérique par Jakub.

Il y a aussi ce lien dans le même forum :
https://www.thenapoleonicwars.net/forum ... ing-strong

Corporal Canler > his brigade was formed en colonne serrée par bataillon.

Captain Duthilt > en colonne d’attaque par bataillon.

Durutte > all divisions were formed en colonnes par bataillon. Adjudant Gastinieau > his division was formed “tous les bataillons déployés, rangés à 5 pas les uns des autres.”

Rullière > each division of the corps formed one column: the 1st battalion was deployed and the seven others were placed serrés en masse sur le premier seulement à 5 pas de distance d’un guide à l’autre.

Schmitz >his division (the 2nd) being en colonnes par bataillon.

Noguès > his brigade was formed in bataillons échelonnés.

You also have Schérer instructions (1795) sounds familiar with D' Erlon ??!! with his description on how to mount an attack ...
---------------

1795, Barthélémy Louis Joseph Schérer, général en chef de l'Armée d'Italie, publia une instruction pour son armée (in COLIN).

"La plupart des troupes d'Italie n'ayant jamais combattu en plaine, et n'ayant jamais été dans le cas de soutenir une charge de cavalerie, il convient au génie de la nation et à la bravoure des troupes de leur prescrire une manière d'attaquer qui favorise leur courage et leur impétuosité, qui les débarrasse des difficultés d'une marche en avant en observant un alignement très difficile à conserver quand le front est très étendu, et qui leur ôte toute crainte d'être renversées par une charge de cavalerie.

Je supposerai qu'une divison composée de 4 demi-brigades de ligne et une légère soit chargée d'attaquer de front une partie de la ligne ennemie; voici l'ordre d'attaque que je lui prescrirais: les 3 bataillons d'infanterie légère se porteraient en avant, formés sur deux rangs, les files éloignées l'une de l'autre à deux ou trois pas de distance [1,3 ou 1,9 m], de manière à ce que ces trois bataillons
couvrent le front des 12 bataillons de la division et masquent ses mouvements. Au moment de l'attaque, les 12 bataillons se ploieraient en colonne par bataillon, [...] la colonne étant composée de 4 divisions [ainsi chaque division d'un front de 2 pelotons] [...] à 3 pas [1,9 m] de distance. [...]

Lorsque le signal de l'attaque sera donné, les 3 bataillons d'infanterie légère, éloignés de 150 pas [97,5 m] du front des colonnes, marcheront vivement en avant en faisant un feu soutenu. Les 12 colonnes les suivront au pas de manœuvre [c'est le même comme le pas accéléré ou le pas redoublé, tous de 100 pas par minute], et lorsque l'infanterie légère sera arrivée à 50 pas [32,5 m] du front de l'ennemi, elle s'arrêtera; si l'ennemi tient ferme, elle redoublera son feu; les colonnes serrées en masse par divisions, la première croisant la baïonnette, les trois autres les armes hautes doubleront le pas en conservant leur ordre de profondeur, passeront à travers l'infanterie légère, qui viendra se placer par pelotons dans les intervalles, et se précipiteront à la baïonnette sur la ligne ennemie.
"

Ce forum donne des liens très intéressants sur la formation de deux régiments à Waterloo et de leurs mésaventures ce 18 juin :

Historique du 25e régiment de ligne
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... rk=21459;2

Historique du 25e régiment de ligne
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... rk=21459;2

Mille amitiés, Rodolphe.
------------------

Edit DM : Juste ci-dessus nous avons deux fois le même lien concernant le 25e. Quel est l'autre ?
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MELCHIOR Thierry sur 05 Jan 2021, 18:02

Bonsoir,

Je me permets d'ajouter le lien vers la première partie de l'article de John E. Koontz qui contient deux schémas non présents dans le PDF donné sur « The Napoleonic Wars ». 8)

Merci Diégo pour ces discussions passionnantes ! :)

Post-scriptum : on en parlait déjà sur TMP en juillet 2011 !
Dernière édition par MELCHIOR Thierry le 05 Jan 2021, 18:11, édité 1 fois au total.
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MELCHIOR Thierry sur 05 Jan 2021, 18:10

Le témoignage du chef de bataillon Rullière (95e régiment de ligne, division Durutte) est cité dans cet article !
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar CHAZOTTES Eric sur 07 Jan 2021, 12:41

Salut Thierry,

tout d' abord une bonne année a tous, avec mes meilleurs voeux a tous les membres du forum ! : )

Que penses-tu du coup du témoignage de Canler (cité 14 fois dans l' article de Pierre de Wit) et de celui de Duthilt ?
(version abrégée au éléments essentiels, autant que possible, en gras les points qui me semblent interressants)

""Vers midi, nous allâmes prendre position sur le plateau de la Sainte-Alliance, où avait été établie une batterie de 80 canons, puis on nous fit descendre dans le ravin (...) Après une demi-heure d'attente, le maréchal Ney donna l'ordre d'attaquer et d'emporter d'assaut la batterie anglaise; (...) on nous forma en colonne serrée par bataillon; je remarquai que l'adjudant-major Hubaut, chargé de former les divisions, (...) Enfin, les colonnes étant formées, le général Drouet d'Erlon se mit au milieu de son corps d'armée, (..) l'arme au bras (...) les colonnes s'ébranlèrent et se dirigèrent vers les canons anglais (..) Alors les batteries ennemies (..) furent braquées sur nos colonnes qu'elles décimèrent par la mitraille. La troisième décharge réduisit le front de notre bataillon au front de compagnie (..) Après une course de vingt minutes, nous arrivâmes près de l'ouvrage en terre où se trouvaient (..) les canons anglais, et nous commençâmes a le gravir. l'arme au bras, nous montâmes ainsi jusqu'aux canons (..) "

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65349937/f11.image

---

Témoignage de Duthilt (p.302-303),

La 2e brigade, logée dans un bas fond, s’étant formée en colonne d’attaque par bataillon, se mit en marches au pas de charge, pécédée par des tirailleurs, et poussant des cris de joie; mais cette precipitation et cet enthousiasme lui devinrent funestes, enc e que le soldat qui avait encore une longue marche à faire pour atteindre l’ennemi, fut bientôt fatigue par la dificulté qu’il eut à manoeuvrer sur des terres grasses et détrempées, dans lesquelles il rompait les brides de ses guêtres et perdait même ses souliers alourdis par la quantité de terre qui s’y attachait et adhérait aux semelles et au sol, et parce que les commandemens ne pouvaient plus être entendus, couverts comme ils l’étaient par ces milliers de cris répétés, et par le bruit des caisses; il y eut bientôt un peu de confusion dans les rangs, surtout lorsque la tête de la colonne fut parvenue à la potrée du portée du feu de l’ennemi, sans s’être apercue qu’elle avait entre elle et lui un ravin tellement profond qu’il était infranchissable [sic].

La colonne fut forcée de faire un à la gauche pour longer ce ravin jusqu’au terre plein, distant de quelques cent mètres de là; mais le commandement n’ayant pas été bien entendu dans toute la colonne, des bataillons firent un à la gauche tandis que d’autres firent un à droite ce qui amena une confusion qui fit perdre du temps.

Pendant ce péle méle, l’ennemi fit usage de toue ses moyens: un feu terrible fit explosion sur la colonne; les balles, les boulets, la mitraille tuèrent en un instant le tiers des hommes de cette brgade; la cavalerie se porta rapidement au passage que nous voulions atteindre, et par un à gauche elle arriva inopinément sur la colonne, pénétra dans ses intervalles, sabra tout ce que les balles, la mitraille, les boulets avaient épargné. La brigade se mit en retraite, débandée, percée de toutes parts par cette cavaleries, et la terre fut jonchée de morts et de blesses.



---
un court panégyrique des témoignages facilement disponibles : si vous en avez d'autres, cela permettrait de ponderer tout cela (John Franklin avait collecté beaucoup plus de témoignages coté français (++), mais n' a semble t'il pas eu l' opportunité de les publier .. voir son site sur archive.org)

Corporal Canler > colonne serrée par bataillon.
Captain Duthilt > en colonne d’attaque par bataillon.
Durutte > all divisions were formed en colonnes par bataillon.
Adjudant Gastinieau > his division was formed “tous les bataillons déployés, rangés à 5 pas les uns des autres.”
Rullière > each division of the corps formed one column: the 1st battalion was deployed and the seven others were placed serrés en masse sur le premier seulement à 5 pas de distance d’un guide à l’autre.
Schmitz >his division (the 2nd) being en colonnes par bataillon.
Noguès > his brigade was formed in bataillons échelonnés.

tout cela pose la question de ce que constitue le fait d' être "déployé" et qui peut être *éventuellement* différent du fait d' être "en ligne" sur 3 rangs..

bien cordialement, Eric : )
CHAZOTTES Eric
 
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MELCHIOR Thierry sur 07 Jan 2021, 16:54

Bonjour et bonne année Éric 8)

Pour le témoignage de Canler je pense que les petits détails du combat sont justes… mais le reste est sûrement repris des Mémoires déjà parus à l'époque où il écrit les siens !
En effet, comment un jeune de 18 ans qui n'a jamais combattu en Espagne peut-il affirmer qu'il a eu affaire aux dragons de la Reine ?
Comment peut-il avoir vu et entendu le général Drouet d'Erlon ?
Pourquoi annonce-t-il que son régiment se trouve sous le feu d'une grande batterie anglaise (sic) qui tire, entre autres, à mitraille* alors qu'il doit encore marcher une demi-heure pour arriver sur les positions britanniques ?
* Sachant que l'artillerie anglaise tirait à mitraille à partir de 350 yards (320 mètres).
Sans parler du « front de son bataillon réduit au front de compagnie » qui me paraît une affirmation juste destinée à montrer son courage quand on sait qu'un homme dans le rang ne voit pas au-delà de son peloton (compagnie) !
———

J'ai déjà remarqué que les officiers eux-mêmes ne connaissaient/n'employaient pas le même intitulé pour désigner une formation surtout celle comprenant plusieurs bataillons/régiments !

C'est pourquoi j'admire ta persévérance à vouloir identifier précisément les différents types de colonne !

Pour moi la messe est dite — et par Diégo qui plus est, à Waterloo les bataillons du 1er Corps étaient déployés en ligne et se suivaient de près (à 5 pas apparemment) en formant des colonnes — si on peut dire parce que ces formations n'étaient pas très profondes !
———

Quand je lis « colonne d'attaque » dans les récits cela correspond très rarement à la vraie colonne d'attaque imaginée par de Guibert (les pelotons d'aile à l'arrière).
En fait, le terme « colonne d'attaque » signifie simplement que le bataillon/le régiment/la brigade/ etc. est formé(e) pour attaquer, voire qu'il/elle est désigné(e) pour attaquer l'ennemi (même si les unités sont en ordre mixte voire en ligne) !

J'estime qu'il faut beaucoup d'empathie et de connaissances du français de l'époque pour se mettre dans la peau de nos glorieux ancêtres. Bon, bien sûr, personne n'est obligé de partager mon opinion (basée sur cinquante ans de lecture) mais c'est la mienne et je n'en changerai pas ! 8)

Bien à toi,
Thierry :)
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MELCHIOR Thierry sur 07 Jan 2021, 18:18

Aparté
Une petite note sur l'expression « Serrez les rangs », lue dans les Mémoires de Canler, à l'attention de nos lecteurs néophytes. 8)
Cette expression veut bien dire ce qu'elle signifie : un rang doit rattraper celui qui est devant lui pour respecter la distance réglementaire entre les rangs. En effet, enjamber/éviter les blessés, les morts, les débris, voire avancer dans la boue, ralentissait les soldats et les deuxièmes/troisièmes rangs se faisaient distancer par le premier rang (on évite mieux ce que l'on voit à l'avance).
À distance réglementaire :
1er rang : — — — — — —
2e rang  : — — — — — —
3e rang  : — — — — — —

Pas à distance réglementaire :
1er rang : — — — — — —

2e rang  : — — — — — —

3e rang  : — — — — — —
Il faut serrer les rangs !


Les bataillons sur trois rangs n'avaient pas besoin de « serrer les files » puisque les hommes du 3e rang remplaçaient les pertes des 1er et 2e rangs, leur front restait donc le même jusqu'à ce qu'ils aient un tiers de perte !
Par contre les bataillons sur deux rangs le devaient ! C'est pour ça que les Anglais disposaient leurs bataillons en quinconce et non l'un derrière l'autre.
Dans ses Mémoires Cavalié Mercer (un officier d'artillerie anglais présent à Waterloo) dit qu'à la fin de la bataille les bataillons anglais qui sont montés à la hauteur de sa batterie avaient perdu beaucoup de files et qu'ils se sont resserrés avant de descendre à la poursuite des Français. On peut se demander s'ils étaient vraiment exténués ou si leurs chefs voulaient laisser passer les projectiles français à travers les trous ?
Les files se serraient sur le centre du front (la plupart du temps).

Unités sur trois rangs : 10 bataillons disposés sur deux lignes
---------- _ ---------- _ ---------- _ ---------- _ ----------
---------- _ ---------- _ ---------- _ ---------- _ ----------
(veuillez ignorer les tirets bas)
Tant qu'ils ne tombent pas en dessous des ⅔ de leurs effectifs ils ne risquent rien car ils forment une ligne continue sans espace dans lequel une unité ennemie pourrait s'engouffrer !


Unités sur deux rangs : 10 bataillons anglais sur deux lignes
---------- _ ---------- _ ---------- _ ---------- _ ----------
______---------- _ ---------- _ ---------- _ ---------- _ ----------

Après des pertes :
------- ___ ------- ___ ------- ___ ------- ___ -------
_____ ------- ___ ------- ___ ------- ___ ------- ___ -------
(veuillez ignorer les tirets bas)
Les bataillons se sont serrés sur leur centre, les unités ennemies qui passent entre les bataillons de la première ligne tombent sous le feu des bataillons de la deuxième ligne.

À Waterloo, les bataillons anglais passeront sur quatre rangs avant de se former en carré face à la cavalerie française qui se fragmentera en traversant les deux lignes de carrés en quinconce avant de buter sur la cavalerie anglaise placée en troisième ligne. :?
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MANÉ Diégo sur 11 Jan 2021, 21:10

À la suite du dernier § du message précédent, parlant des carrés anglais,

je viens de supprimer les huit messages suivants.

Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !

et de les déposer sur un nouveau post spécialement dédié

Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !

viewtopic.php?f=1&t=2076&p=14586#p14586

Ils s'écartaient en effet de l'objet du présent post, et méritaient le leur propre.

Diégo Mané
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MANÉ Diégo sur 15 Jan 2021, 17:57

Je relaie un message que Rodolphe Lefebvre-Le Briquer m'a adressé le 04/01/2021.
----------

Journal de campagne du 1er Corps, du 12 au 18 juin 1815

Belle analyse !!!!!!

Quelques points à relever :

Tu cites : le 2e Corps devait se former sur la grande route afin de l’attaquer sur son centre aussitôt que les troupes du 1er Corps seraient parvenues à enlever la position de sa droite.

Je pense que d’Erlon veut signifier ici la droite de Reille (de sa droite) et donc la gauche de l’ennemi ; sur son centre signifiant que Reille devait attaquer le centre de l’ennemi. Mais la formulation de d’Erlon laisse perplexe.
Si je comprends bien cet ordre, en le comparant avec celui de 11 heures, Reille devait venir soutenir d’Erlon qu’une fois que les troupes de d’Erlon parviendront à enlever la position qui lui est opposée… On a souvent reproché Reille de n’avoir pas marché immédiatement à hauteur de d’Erlon : on peut bien comprendre qu’il ne l’ait pas fait puisque d’Erlon n’a pu enlever la position de l’ennemi !
En attendant, Reille est donc censé attendre le résultat de l’attaque de d’Erlon pour lancer sa propre attaque sur la droite de l’ennemi (Hougoumont n’étant qu’un prélude obligé car destiné à servir de pivot à Reille).

En tout cas, l’assaut de d’Erlon est l’attaque principale (avec le soutien massif de l’artillerie et au plus près avec un bond en avant) tandis que Reille doit assurer l’attaque secondaire pour venir le soutenir dès le succès attendu de d’Erlon … Ni dès de 11 heures, ni dans l’ordre (même remodifié) d’assaut de d’Erlon, il n’est fait mention du soutien de Lobau (destiné déjà à une autre mission ?).

Tu cites : son attaque au lieu de s’exécuter sur la gauche de l’ennemi devait s’opérer sur son centre … que les divisions marcheraient dans l’ordre de colonne déjà indiqué,

Donc pas de changement dans l’ordre initial de formation de d’Erlon (donc Napoléon persiste) mais changement total pour désigner le 1er échelon d’assaut du 1er corps d’armée (et sa direction primitive est changée) : ce sera désormais sur le centre de l’ennemi avec la division Quiot ; la division Durutte (en léger retard dans son positionnement) n’ayant plus ce rôle de 1ère colonne d’assaut vers Smohain (on peut comprendre la surprise de Durutte et son souci de se garder vers Smohain qui le préoccupe d’autant plus que la division Jacquinot n’aurait pas reçu l’ordre de le soutenir en flanc (l’approche de forces prussiennes déjà signalées ? La division Subervie envoyée en flanc-garde de l’armée pour explorer le terrain sur sa droite et observer l’ennemi s’il se dirige sur Wavre ou vers la forêt de Soignes ? ).
Ney fait prévenir Reille de ce changement dont Levavasseur à charge de le prévenir et de lui expliquer si besoin…

D’Erlon parle du soutien (prévu d’emblée) de 80 canons !
Soit la grande batterie n’a pas eu le temps de se constituer entièrement comme prévu (comme Durutte n’eût apparemment que juste le temps le temps de se positionner complètement), soit elle devait se renforcer au fil de l’eau (mais on a dit aussi que les pièces de 12 de la Garde étaient en retard) : tout semble avoir été quelque peu précipité ! Tout comme l’avancée des batteries (celles au plus près du centre de l’ennemi) à la suite des colonnes d’infanterie de d’Erlon et surtout celles des réserves de 12 (pourtant les plus lourdes) pour aller s’établir dans un 2e positionnement (présumé intempestif de Chaudon profitant de l’avancée de l’infanterie de d’Erlon (à l’abri de ce mur de fantassins) pour venir s’établir sur un deuxième mamelon plus avancé (donc bien plus proche du centre de la ligne ennemie) !

Tu cites : A une heure et demie l’Empereur, qui se tenait près de la Belle Alliance, envoya l’ordre d’attaquer. Les 80 bouches à feu commencèrent à jouer. Les colonnes se mirent aussitôt en marche. Les troupes abordèrent la position ennemie sans aucune hésitation ; l’artillerie suivait le mouvement des colonnes.

Donc la grande batterie apparaît comme alors constituée en entier… Les colonnes de d’Erlon marchent pour l’assaut général …. Et de l’artillerie suit le mouvement en vue de s’établir sur le 2e plateau … Dessales indique que les réserves de 12 de la ligne se portèrent de la sorte en avant sans qu’il !ait ordonné mais Chaudon avait déjà cet ordre de Ruty qui, lui-même en personne, avait prévenu Dessales de cette intention absolue de l’empereur (et non de Ney) alors que Dessales aurait voulu différer un tel mouvement …. Tout semble encore très précipité !!!!

Tu cites : on échoua plusieurs fois dans cette attaque ; le général Aulard y fut tué ; enfin le Comte d’Erlon s’étant mis à la tête du 17e régiment de ligne, fit enfoncer la porte qui donne près la chaussée et la ferme fut occupée par nos troupes ; on chercha à s’établir sur la position qui se trouve au-dessus, mais les forces de l’ennemi étaient tellement considérables qu’on ne put y parvenir, cependant le 13e léger se maintint jusqu’au soir sur le revers de la pente rapide qui se trouve à la droite de cette ferme et seconda beaucoup les troupes qui l’occupaient et qui y furent attaquées plusieurs fois.

On a souvent déclaré que c’est le 13e léger qui s’était emparé de la Haye-Sainte ; ici c’est donc le 17e de ligne qui s’en empare et l’occupera durablement mais avec le 13e léger en soutien sur la pente située près de la ferme !

Le journal de d’Erlon explique (ou bien plutôt complète et éclaircit) bien des choses sur le champ de bataille de « Waterloo » … Il est aussi très remarquable qu’il passe quasi sous silence la déroute du 1er corps d’armée comme si l’échec du 1er corps d’armée était à minimiser au point que « Ces deux colonnes de cavalerie (ennemie) ayant échoué sur nos carrés se portèrent sur notre nombreuse artillerie et lui firent le plus grand mal » : tout comme serait minimisé (voire tu) l’échec de ses mouvements durant la journée du 16 juin !!!!!!!!!!!!!!!

Amitiés, Rodolphe.
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MANÉ Diégo sur 28 Jan 2021, 21:14

L’Aigle du 45e de ligne
(par Diégo Mané pour «Planète Napoléon», le 28/01/2021)

C’est comme souvent en cherchant autre chose dans ma collection de revues "Tradition" que j’ai trouvé dans son numéro 160 un article du génial et regretté Rigo. Intitulé «1815... La mort des Aigles», et traitant de celle du 45e régiment d’infanterie de ligne qui fut perdue à Waterloo, le texte, très intéressant et instructif, relate un détail assez méconnu pour que je pense utile de l’exposer ici, étant donné qu’il s’y trouve parfaitement à sa place.

«Le château d’Edimbourg conserve dans ses vieux murs l’Aigle et l’étoffe du 45ème de ligne que les «Ecossais Gris» nous ont pris après avoir tué l’officier chargé de les garder... certes ce fait d’armes a parfaitement existé, mais en vérité l’histoire n’est pas tout à fait exacte.

.../...

Au centre de sa compagnie, le lieutenant Pierre Guillot décapuchonne son Aigle toute neuve... Les jambes du porte-Aigle s’enfoncent dans la terre molle, réveillant ainsi ses anciennes blessures... la victoire semble à notre portée quand surgissent les «Scots Greys»... La panique s’installe dans les rangs des Français... Pratiquement seul notre malheureux Guillot défend son emblème. Poursuivi par le sergent Ewart il tente de fuir, mais ses anciennes blessures l’empêchent de courir, sans doute a-t-il glissé et en tombant a-t-il lâché son Aigle qu’Ewart s’empresse de ramasser.
Qui saura jamais la vérité ? Jetant un voile pudique sur cette malheureuse histoire on a longtemps prétendu que le lieutenant Guillot avait été tué en défendant son emblème... En réalité notre
(porte-)Aigle n’a reçu aucune nouvelle blessure et dans le contrôle conservé à Vincennes, il a été licencié avec son régiment le 26 septembre 1815 et, comme aurait pu le dire monsieur de La Palice s’il était vivant à cette date c’est qu’il n’était pas mort ! ... et tant pis pour la légende.»

Je vous ai donné l’extrait du texte (presque) tel quel car il se suffit à lui-même. Il confirme bien la prise de l’Aigle du 45e par le sergent Ewart, mais semble indiquer qu’elle fut plus «facile» que ce qu’en a dit le sous-officier, qui prétendit avoir tué son porteur et deux autres soldats qui tentaient de lui disputer l’emblème. Or donc le lieutenant Guillot, porteur officiel de l’Aigle, bien que ne pouvant plus courir, est revenu indemne de la campagne.

Il a donc dû, quelles qu’en soient les raisons, lâcher la hampe. Peut-être le porteur occis par Ewart était l’un des huit caporaux-fourriers commis à la protection du drapeau et qui l’aura ramassé, version plus logique, car je ne vois pas Ewart mettre pied à terre dans la mêlée. Pas facile de se défendre avec son fusil dans une main et l’encombrant emblème dans l’autre, l’hypothétique caporal-fourrier n’aura pu que mourir en brave, et si deux de ses camarades furent aussi abattus par le colosse écossais, il en restait cinq qui ne tentèrent pas de le braver.

Quoi qu’il en soit, comme l’a écrit Rigo, «Qui saura jamais la vérité» ? Il est cependant pour moi probable que notre homme aura "fait le mort", comme beaucoup d'autres qui ainsi sont restés en vie. Mais la perte de l'Aigle et la "chute" de son porteur ont du être remarquées malgré le chaos ambiant et Guillot aura été dans un premier temps porté "mort au champ d'honneur", comme beaucoup d'autres aussi dont on aura après coup des "preuves de vie". J'ai pu récemment constater de très nombreuses occurrences du genre dans les listes communiquées par Jean-Marc Boisnard que je suis entrain de vous mel sur le régiment d'artillerie à cheval de la Garde.

viewtopic.php?f=1&t=2062

Enfin «à quelque chose malheur est bon» puisque ce malheur passé permet le bonheur présent de pouvoir contempler «en vrai» l’Aigle et l’étoffe du 45e de ligne puisque pris et conservés par des étrangers ils ont été sauvés des Français chargés de détruire les emblèmes de l'Empire sur ordre des Bourbons.

Diégo Mané
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Re: La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo

Messagepar MANÉ Diégo sur 28 Avr 2024, 09:59

1815-WATERLOO, l’attaque du Ier Corps, Questions de Rodolphe Lefebvre-Le Briquer, du 31/01/2024.
Réponses DM du 24/03/2024

Question :
Les divisions ont-elles pu marcher (partiellement ou plus globalement) en brigades accolées que plutôt avec une brigade de front suivie de l'autre brigade de la même division ?

Réponse :
Je comprends que les questions se rapportent à l’attaque du corps d’Erlon proprement dite et non aux mouvements antérieurs.

En l’hypothèse beaucoup sinon toutes les questions ont déjà trouvé leurs réponses sur Planète Napoléon ici :

viewtopic.php?f=1&t=2037

Et dans l’article illustré à l’aide de figurines, là :

http://www.planete-napoleon.com/docs/WaterlooFigs.pdf
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Question :
Par exemple pour la division de Marcognet : la brigade Noguès la brigade Grenier ou
la brigade Noguès la brigade Grenier

Réponse :
Donc si la question s’entend par « auraient-elles pu », la réponse est oui.

Mais si elle est « ont-elles pu » (effectivement), la réponse est non, car ce n’était pas l’ordre.
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Question :
Dans un cas ou l'autre, l'intervalle entre les divisions (telles que celles de Marcognet et Donzelot) permettaient-elles un déploiement en ligne d'un bataillon (venant de l'arrière ou par le flanc de la division ou brigade), peut-être suivi lui-même d'un autre bataillon, pour combler l'intervalle (selon les circonstances vis-à-vis de l'évolution de la ligne ennemie) entre les divisions ou brigades ?

Réponse :
Oui, il y avait la place, et l’on peut trouver logique une telle évolution, mais il ne semble pas qu’elle ait été seulement envisagée dans le principe car en l’hypothèse la formation de départ en eut tenu compte et ce ne fut pas le cas.
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Question :
Le mouvement pourrait-il se faire et, si oui, à quelle vitesse ? Au pas de charge quelque peu accéléré ? Au pas de course ?

Réponse :
Tous les changements de formation s’effectuaient au pas accéléré. En l’occurrence cela se serait opéré (et a été tenté par les deux premiers échelons, mais trop tard) en procédant à un déplacement par files « par le flanc » (droit ou gauche) du bataillon concerné avant de se remettre en bataille face à l’ennemi une fois l’emplacement souhaité atteint.
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Question :
L'objectif de d'Erlon aurait-il pu être de présenter à l'ennemi une ligne continue (ou quasi continue) de mousqueterie bien supérieure par les feux à celle supposée de la ligne ennemie ?

Réponse :
Je ne pense pas que d’Erlon ait eu d’autre « objectif » que l’application aveugle de l’ordre impérial. Ce sont les généraux de terrain et même peut-être les chefs de bataillon concernés* qui, pressés par les circonstances qu’ils désapprouvaient tous, ont tenté de « sauver les meubles » en désobéissant à l’ordre formel ayant conduit à la formation mortifère utilisée.

*En effet, étant donné les formations employées, les généraux et même les colonels n’avaient aucune place où se poser fors l’arrière où ils ne servaient à rien. Eussent-ils été devant qu’ils auraient été immanquablement moissonnés en pure perte par les Rifles ou l’artillerie, avant même de l’être par le feu des bataillons formés comme le furent ceux de la Moyenne Garde.

Ceci dit, « présenter à l’ennemi une ligne… supérieure par les feux à celle supposée de la ligne ennemie », cette dernière étant britannique, était, à l’expérience passée, tout-à-fait illusoire.

C’est peut-être pour cette raison que Napoléon aurait pensé lui marcher dessus en piétinant ses propres morts, ce qui, là aussi à l’expérience passée, n’était rien moins qu’assuré…
Mais l’intervention de la cavalerie britannique, contre laquelle rien de rien n’avait été anticipé par quiconque, laissera la question sans réponse.
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Question :
(des compagnies placées en quinconce) !?

Réponse :
Je ne comprends pas le « concept ».
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Question :
Diégo, une autre question pour toi : serait-il possible que la ligne du 1er rang de mousqueterie puisse être traversée par la 2e, et ainsi de suite, pour prendre la place du 1er rang afin de permettre un feu de mousqueterie continu contre la ligne de feu si redoutable de la ligne anglaise ?

Réponse :
Non. Il était réglementairement pratiqué le « feu de deux rangs », cadre dans lequel le troisième rang était supposé passer ses fusils chargés aux hommes des deux premiers rangs, ce qui n’arrivait JAMAIS, chacun gardant jalousement son arme. En revanche, théoriquement, le troisième rang complétait les deux autres au fur et à mesure des pertes afin de conserver le même front.
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Question :
Mais Napoléon avait-t-il en tête un autre rôle plus brutal et plus massif pour sa cavalerie dans son plan général de bataille ?

Réponse :
Je ne peux évidemment me mettre dans la tête de Napoléon, mais « plus brutal et plus massif » que ce qui a conduit à la destruction inutile de toute la cavalerie je ne vois pas. Je pense que son engagement prématuré procède, lui aussi, de la tentative désespérée d’arracher la décision que ni l’artillerie ni l’infanterie n’étaient plus à même d’obtenir.
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Question :
Diégo, pourrait-tu éclairer ces points ?
Beaucoup de questions que Diégo me paraît pouvoir y répondre aisément !
Voici un plan copié d'un site que Diégo pourrait retravailler (l'erreur de positionnement de Marcognet et de Donzelot est manifeste mais elle est très répandue dans la plupart des ouvrages)

Réponse :
La réponse est contenue dans la question.
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Question :
J'arrête là ma longue digression ! Désolé Diégo : je m'emballe, je m'emballe ! D'autres questions, en rouge ci-dessous, me sont indispensables !!!!!!!

Diégo, je pense que tu sauras mieux que moi (en tant que wargamer) comprendre les pensées tactiques de Ney !!!!!!!!!!!!!!

Quelle serait schématiquement cette erreur ?

Réponse :
Je n’ai plus ton schéma sous les yeux, mais Ney n’est pas responsable de la formation vicieuse qui a conduit le corps d’Erlon au désastre puisqu’elle fut imposée par l’Empereur.

Ceci dit, si l’on rejoue l’action avec des formations d’attaque « normales », soit des colonnes par division, voire des ordres mixtes, si le désastre semble pouvoir être alors évité, le succès n’est pas pour autant garanti, toutes les batailles de la guerre d’Espagne en témoignent.
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Question pour Diégo :
La division Donzelot a pu former le carré et repoussé par ses feux la cavalerie ennemie (cependant désunie et désorganisée après leur charge contre Marcognet). Donc la formation en carré apparaît comme faisable (seulement dans ces conditions ?) ! Comment Donzelot a-t-il réussi à lâcher de tels feux d'une manière apparemment suffisante et efficace ?

Réponse :
Aucun des échelons du corps d’Erlon n’a pu, par construction, former le carré, quand bien même certains mémorialistes britanniques aient ainsi désigné les colonnes du corps car il est bien plus glorieux d’enfoncer un carré qu’une colonne sans défense sur ses flancs. À décharge peut-être n’ont-t-ils tout simplement pas imaginé le « concept » !

Le troisième échelon, parce-qu’il était encore éloigné du chemin creux, a vu venir les cavaliers britanniques et a pu tenir à distance ceux qui lui venaient de front, ce qui est normal, mais n’a rien pu faire contre ceux venant de flanc, signe absolu qu’il n’était pas en carré (n’ayant aucun moyen de le former) mais seulement « pelotonné en masse »
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Question :
Le récit de Schmitz en donnerait l'explication simple et péremptoire :
(le fichier était joint en copie)

Diégo, que penses-tu de cette explication et peux-tu la schématiser par un croquis ?

Réponse :
Le récit de Schmitz est fantaisiste*. Il n’y avait aucun moyen de remplir l'intervalle des bataillons par des pelotons des ailes puisque l’intervalle des bataillons était de quatre pas de distance et que le front d’un peloton (compagnie) aurait demandé six fois plus, si tant est encore que quelqu’un en ait donné l’ordre alors que les chefs étaient derrière ou tués.
*Il n’est pas le seul, mais fait donc partie de ceux que je n’ai pas considérés fiables.
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Question pour Diégo :
Quelle serait cette configuration dans le mouvement pour Marcognet si d'Erlon avait accepté la demande de Marcognet ?

Réponse :
Je ne retrouve pas « la demande de Marcognet » dont tu parles, mais s’il s’agit de déroger à la formation en colonne par bataillons déployés, contre laquelle Durutte s’insurgea aussi, il fut répondu en substance qu’il était impossible de modifier un ordre de l’Empereur.
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Question : qu'entend-t-il par un ''à gauche'' et un '' à droite'' des bataillons pour sa brigade Bourgeois :

Réponse :
C’est le déplacement « par le flanc » par files. Quart-de-tour individuel des soldats de chacun des trois rangs du bataillon déployé, puis déplacement des trois files jusqu’à leur destination avant de se remettre sur trois rangs face à l’ennemi par le quart-de-tour individuel inverse.
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Citation de Duthilt :
La 2e brigade, logée dans un bas-fond, s'étant formée en colonne d'attaque par bataillon, se mit en marche au pas de charge, précédée par des tirailleurs,

il y eut bientôt un peu de confusion dans les rangs, surtout lorsque la tête de la colonne fut parvenue à la portée du feu de l'ennemi, sans s'être aperçue qu'elle avait entre elle et lui un ravin tellement profond qu'il était infranchissable (sic).

La colonne fut forcée de faire ''un à gauche'' pour longer ce ravin jusqu'au terre-plein, distant de quelque cent mètres de là ; mais le commandement n'ayant pas été bien entendu dans toute la colonne, des bataillons firent un à gauche tandis que d'autres firent un à droite ce qui amena une confusion qui fit perdre du temps.

Le terrain redevenu libre, la 1re brigade de la même division, commandée par le général Quiot, marcha en avant, prit le même chemin, fit la même faute et rencontra le même obstacle

Question relative à la citation ci-dessus :
Où se trouve exactement ce terre-plein dont parle Duthilt comme l'objectif à atteindre pour sa brigade (Bourgeois) ?

Réponse :
C’est, à supposer, au rentrant côté français du « croisement » de la route et du chemin creux.
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Question :
La 1ère brigade (Charlet/Quiot) n'aurait-elle pu dépasser la Haie-Sainte seulement (donc en retard par rapport à l'avance de Bourgeois) que peu après l'épisode catastrophique touchant Bourgeois (le ''terrain étant redevenu libre'') ?

Réponse :
Non car « c’était avant le drame, bien entendu ». Il y a d’abord échec de l’attaque de la Haye Sainte pendant qu’il y a échec de l’attaque du chemin creux, et poursuite par la cavalerie britannique. Ce n’est qu’après que le terrain est « redevenu libre ».
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Question :
Les deux régiments (54e et 55e) de cette brigade (Charlet/Quiot) se sont-ils séparés pour l'assaut de la Haie-Sainte en laissant une brèche sur la chaussée de Bruxelles et en flanc de Bourgeois ? Ces deux régiments ont-ils dépassé la Haie-Sainte pour attaquer aussi la sablonnière ?

Réponse :
Eh bien je me répète. Les deux régiments susdits ne participent pas à la première attaque du chemin creux. Ils ont effectivement, mais plus tard, après le drame susdit, dépassé la Haye Sainte qu’ils n’avaient pu prendre, et subi le même triste sort que l’autre brigade, sans même besoin cette fois de l’intervention de la cavalerie britannique.

On ne peut que se lamenter de voir d’aussi bons et braves soldats si mal commandés.
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MANÉ Diégo
 
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