Un petit résumé de la relation de Fortescue ("A History of the British Army" Vol X)
La situation
Le corps de Sir Thomas Graham envoyé dans les Flandres est constitué de troupes de dépôt, dont le but initial est la tenue de forteresses "qui seront vite libérées par les insurgés néerlandais" suivant les affirmations des membres de la Maison d'Orange auprès du Gouvernement anglais.
Or celui-ci va vite se rendre compte sur place que si le ressentiment anti-Français est généralisé, si les foyers d'insurrections se multiplient, il n'y a aucune coordination ni plan d'ensemble, ni personne capable de prendre la tête du mouvement. Une grande partie des armes apportées par les navires anglais va donc attendre les refontes successives de l'Armée des Pays-Bas suite la paix de 1814 pour sortir des arsenaux des ports.
La forteresse
De forme ovoïde, datant de 1688 et construite par Cohorn, elle comprend seize bastions, trois portes principales, celle de Breda à l'est, celle d'Anvers au sud et celle de Steenbergen au nord, ainsi que trente six autres points de sortie, dont quatre assez larges pour laisser passer des charrettes à travers les casemates et les fossés.
Les fronts Sud et Est, face à la France, étaient les mieux défendus, entre autres par un grand camp fortifié possédant quatre redoutes devant quatre saillants. Le front Ouest (ou front de l'Eau), était entièrement en terre, et l'inclinaison du rempart était si faible que de la cavalerie pouvait le passer au galop et en ligne. La véritable défense de ce côté était un fossé intérieur large, contenant six pieds d'eau, et un large marais à l'extérieur, parcouru de rigoles et qui recouvert d'eau à marée haute, ne pouvait supporter des tranchées. Le front Nord était aussi entièrement en terre, avec des fossés remplis d'eau mais sans demi-lunes. La défense de ce côté était assurée par un immense camp retranché, appellé les lignes de Streenbergen qui, avec d'autres ouvrages, rassemblait le quadrilatère inégal formé par Steengergen, Bergen-op-Zoom, Klundert et Willemstadt en une gigantesque position fortifiée
Les points forts:
Une enceinte bien bastionnée, encerclée de polders fournissant un glacis admirable (de lapin), et interdisant toute approche régulière par sape (il suffit à l'assiégé de laisser passer le flot à marée haute pour placer tous les travaux de l'assiégeant sous un mètre d'eau saumâtre). La forteresse est bien approvisionnée, sa garnison est constituée de troupes françaises et le commandant et ses officiers sont décidés. L'hiver rigoureux à l'extérieur est un plus appréciable.
Les points faibles:
Une garnison de faible qualité et insuffisante pour garnir toute l'enceinte (2700 hommes), un assaillant ayant des contacts à l'intérieur de la place et communiquant pratiquement librement avec eux.
Une forteresse construite pour résister à une attaque française, donc venant du sud ou de l'est, mais avec de graves défauts pour une garnison pouvant être attaquée de tous côtés. Les lignes de Streenbergen demandaient en effet une véritable armée pour être défendues, et il n'y avait pas de telle armée à disposition. De plus, Streenbergen et Willemstadt sont à ce moment-là aux mains des Coalisés.
La porte de l'Eau, sur le port, était superbement placée pour l'arrivée de renforts par mer, et par là même une invitation à tenter une surprise dans cette zone. Les Français pendant l'hiver vont donc tout faire pour empêcher la prise de la glace dans les fossés, à la hache voire à la scie.