J’ai voici peu, avant la mel de mon essai "
1815. L'artillerie française à Waterloo v5", eu la chance d’être lu et contacté par un lecteur belge de mon article commentant, sur le site de Stephen Beckett, le «Journal du 1er corps» d’Erlon en 1815, et intéressé par ce que j’y disais sur l’artillerie.
https://www.mapleflowerhouse.com/commen ... rps-diary/Suivirent d’intéressants échanges, toujours en cours, dont je vous fais et ferai profiter avec son accord.
Il s’agit de Mr Thierry Tailler, Lieutenant-Colonel d’infanterie en retraite, mais aussi et surtout «Guide 1815» sur le champ de bataille de Waterloo, qu’il connaît donc bien, et où accessoirement (quoique !), il habite.
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Voici notre premier échange :
Questions TT et réponses DM.
TT: Depuis quelque temps, une polémique traîne ... concernant la composition et l'emplacement exacts de la grande batterie...DM : Les polémiques sur Waterloo sont légions (pluriel voulu) et durent depuis 2,05 siècles. Je suis donc fier d'en avoir résolu quelques-unes.
Celle sur "la Grande batterie de 80 pièces" en faisait partie. J'ai ajouté une hypothèse aux nombreuses existantes, mais qui semble les réconcilier toutes.
Concernant vos questions, j'y réponds sous vos lignes.
TT : Dernièrement, je suis arrivé sur votre forum ou vous parlez des travaux de S.M. Beckett (Operations of the Armée du Nord: 1815) et particulièrement du journal du Ier Corps du général d'Erlon. L'extrait que vous commentez rapporte deux emplacements pour la grande batterie (crête de la Belle Alliance et ensuite crête 130), avec entre les deux une destruction partielle des canons par la charge de la cavalerie lourde anglaise.
De plus, je lis avec intérêt votre OB du 6e RAP qui précise pour la 11e Bie du 6 RAP "1ère puis 2ème grande batterie" ...
DM : Je suis entrain de finaliser pour Planète Napoléon l'article promis de longue date sur "L'artillerie française à Waterloo"*, ainsi que l'OB de toute l'artillerie française à cette bataille, dont a été tiré, à l'occasion d'un échange sur le 6e RAP, le petit extrait que vous évoquez juste ci-dessus.
* Terminé et mel sa v5 sur Planète Napoléon postérieurement à cet échange.
Thierry Tailler avait entre-temps reçu sa v4 en communication.
.../... l'avancée relative est à mon avis si considérable qu'il serait dommage de la condamner à la même confidentialité que mes autres travaux, méconnus de la majorité des amateurs de la période dès lors qu'ils ne sont pas "gratuits sur internet".
Or "la connaissance ne vaut que si elle est partagée".
J'envisage donc de le joindre (ce fut fait) en annexe de l'article web qui sera bientôt mel, ...
Outre "nourrir" le site (une de mes obligations de webmestre), cela permet parfois à d'autres intervenants d'apporter des réponses que nous n'aurions pas trouvées sans cela.
.../... un post "1815. L'artillerie française à Waterloo" est programmé sur le forum pour accompagner l'article éponyme sur le site.
TT : - Pouvez vous préciser la composition de la 1ère grande batterie et confirmer son emplacement ?DM : Oui. Elle se trouvait dans le principe sur la crête à hauteur de la Belle Alliance... Donc trop loin de la position anglo-alliée pour être pleinement efficace.
TT : - Pouvez vous préciser la composition de la 2ème grande batterie et confirmer son emplacement ?DM : Oui pour la composition.
Pour l'emplacement c'est plus compliqué. Il existait alors un grand "trou" entre les deux Cies de Waudré et la Cie de 12 £ du Ier corps (dont je ne sais pas si elle fut repliée car alors seule où si malgré cela elle resta sur la crête 130). Il fut "rempli" par les deux Cies de Milhaud, les deux d'ARC Garde amenées par Duchand, puis trois Cies de 12 £ "de la Garde" (dont en fait les deux auxiliaires de la ligne).
Le gros de l'infanterie se trouvait ramené sur sa position de départ, la crête de la Belle Alliance. Il est à supposer qu'avec la leçon de tactique élémentaire juste reçue on ne risqua pas tout de suite de l'artillerie sans soutien avant qu'on ait pu en constituer un. Et donc j'imagine l'artillerie nouvelle déployée à ce niveau "un certain temps".
Après la chute de la Haie-Sainte les pièces restantes (celles n'étant pas tombées à court de munitions) se rapprocheront à nouveau, certaines trop près... des Rifles cette fois, pour une Cie d'ARC Garde qui fut décimée et dut décrocher.
TT : - Quand le déplacement de la 1ère position vers la 2ème aurait-il été effectué ?DM : En suivant le récit du général Dessales on voit que les trois Cies de 12 £ (des Ier, IIe et VIe corps) ont effectué leur déplacement sans son ordre à lui*, et donc après que l'infanterie des 1ère et 3e Divisions soient engagées contre la position ennemie, et avant que la cavalerie ennemie ne la repousse pêle-mêle sur l'artillerie de Réserve et disperse l'ensemble.
* Mais peut-être sur ordre supérieur d'un autre général d'artillerie -Ruty ?- qui en l'hypothèse ne s'en vanta pas ensuite... Et comme le Major Chaudon, chef desdites Cies, fut tué, il ne put pas dire si ce fut le cas où bien une initiative personnelle).
Ensuite, et malgré les tournures de phrases du général Dessales et leur ordonnancement "décousu" (probablement embarrassé, on le serait à moins) il semble bien qu'il avait aussi donné l'ordre à ses Cies d'ARP 6 de gagner la 2e position pour s'aligner sur les 12 £ avant la charge de la cavalerie anglaise, qui donc les surprit en mouvement et sans soutien, puisque toute l'infanterie du Ier corps était en avant, et en difficulté compte tenu de sa formation inadéquate à tous points de vue (que ce soit contre infanterie, cavalerie ou artillerie ennemies).
Il est heureux pour l'ARC qui formait la droite de la Grande batterie qu'elle n'ait pas encore exécuté ce mouvement ordonné, et qu'en outre elle se soit trouvée flanquée à droite par le 85e de ligne, sinon elle aurait été dispersée comme les autres. Rappelons que le CdE Waudré était venu prévenir Dessales "qu'à l'extrême gauche de l'ennemi des masses considérables de cavalerie se formaient". Peut-être prit-il sagement sur lui de désobéir... à bon escient, sauvant ainsi ses 12 pièces (comme quoi, deuxième exemple après le colonel Masson du 85e, l'initiative existait encore dans l'armée française, mais le plus souvent en-dessous du grade de général).
TT : - Quelles sont les Bies qui ont été mises hors de combat par la charge de la cavalerie anglaise et à quel endroit ?DM : Elles sont listées. Les Cies de 12 £ des IIe et VIe corps, furent perdues sur la "crête 130". Pour les autres l'emplacement de leur perte est davantage problématique à déterminer puisqu'il se situe, pour trois des quatre Cies d'ARP du Ier corps, quelque part entre les deux positions, là où elles se sont fait cueillir attelées, ou dételées "à l'envers" (abandonnées par leurs attelages), par la cavalerie anglaise. La quatrième Cie d'ARP du Ier corps, celle de Durutte, a subi le même sort, mais séparément, par la cavalerie légère anglaise (les "masses considérables" mentionnées par Waudré) qui malmena les deux régiments de la brigade Pégot menés par Durutte.
TT : ... Si vous le permettez, je reviendrai vers vous ultérieurement concernant l'attaque du Ier Corps, et plus particulièrement l'emplacement des divisions.DM : Avec plaisir à votre rythme (j'ai sur ce point fait de très gros progrès depuis l'échange ci-dessus).
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À suivre...