par MANÉ Diégo sur 20 Aoû 2020, 19:25
Bonjour Yves,
Concernant votre recherche, je vous confirme d’abord la bonté de votre analyse préalable concernant le parcours du Chevau-Légers n° 4 «Vincent» de l’Armée autrichienne du Sud.
Voici l’OB de la Division LEDERER au 15 mars 1814.
1ère Division : FML LEDERER, 3.416 h, 6 pièces
Brigade GM Scheither, 3.416 h
Jägers n° 5 (M), survivants du 11/03, 4 compagnies, 393 h
Grenz IR n° 7 "Brooder", Oberst Von Weinzierl, 1 bataillon, 620 h
Chevau-Légers n° 4 "Vincent", Oberst Gallois, 6 escadrons, 821 h
Hussards n° 1 "Kaiser Franz" (Hongrie) , 2 escadrons de Vélites, 300 h
Dragons n° 4 "Würzburg", Oberst Zarczynski, 4 escadrons, 486 h
Hussards de la Légion Austro-Allemande, Oberst Peuz, 6 escadrons, 756 h
Batterie de Cavalerie (type würst), 6 pièces
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Après l’évitable défaite de Limonest le 20 mars 1814, Augereau abandonne Lyon et se replie sur Valence. Tout ce qu’il y a de satisfait de ce résultat absolument inespéré, le prince de Hessen-Homburg se contente ensuite de venir border l’Isère (prise de Romans début avril) tout en portant sa gauche vers le Dauphiné et Grenoble où, loin de l’influence néfaste d’Augereau, ses lieutenants résistaient.
Il se passe donc peu de choses dans le secteur qui vous intéresse, et ce peu de choses se trouve résumé dans l’ouvrage suivant :
Weil, Commandant M.-H.,
«La cavalerie des armées alliées pendants la campagne de 1814», T4, Paris, 1896.
Dont voici les passages présentant un intérêt pour votre recherche.
Page 433 : "Résumé des mesures prises (par les Autrichiens) contre le soulèvement national et des dernières opérations des partisans et des paysans armés."
Bien que cela ne concerne pas directement ce qui a pu se passer à Assieu, cela souligne le «climat» qui a pu y jouer un rôle.
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Page 436 : les Autrichiens s’emparent de Romans (2-3 avril).
Page 438 : Le gros des troupes du 1er corps (autrichien) de Bianchi est mis en cantonnement entre Tain et Saint-Vallier.
«La division Lederer fut seule chargée de garder Romans et de fournir des postes de surveillance depuis le confluent de l’Isère et du Rhône jusqu’aux environs du village de La Rivière, près du point où la route de Valence à Genève aboutit à la rive droite de l’Isère.»
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Page 444 : Arrivé le 5 avril à Rives le prince de Hessen-Homburg, décidé à prononcer son mouvement contre Grenoble avec le corps de Wimpfen, donne le 8 avril ordre à Bianchi de se rapprocher de lui en remontant la rive droite de l’Isère.
Page 446 : Mais, informé le 9 avril des événements de Paris, le prince arrête ses colonnes et les ramène sur leurs anciennes positions.
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Suivit une sorte de statu-quo, au moins dans le secteur qui vous intéresse.
C’était donc l’armistice. La guerre était (peut-être) finie...
Mais pas pour tout le monde, certains militaires ayant continué à se battre (surtout dans le Dauphiné), mais aussi et surtout pour les populations, partisans et paysans armés, qui ne furent probablement par plus informés que cela.
C’est peut-être dans ce contexte que certains ont pu saisir l’occasion de nuire encore un peu à l’ennemi qui se croyait préservé par l’armistice. Peut-être ?
Je ne connais pas les détails de la péripétie qui coûta la vie au soldat autrichien, ni pourquoi on parle de «meurtre» en temps de guerre (l’armistice n’est pas encore la paix).
Je suis en revanche étonné que l’individu ait apparemment été tué alors qu’il se trouvait seul, ce qui, en principe, est rare pour des soldats en campagne. Je suppose aussi que le cheval, les armes et équipements n’ont pas été retrouvés.
Peut-être un messager se croyant en sécurité ? Mais alors il faudrait blâmer son chef de l’avoir envoyé seul dans une zone apparemment pas «sécurisée» alors que très récemment encore les Autrichiens avaient eu à «mâter» à coups de fusils les populations rétives de l’Ain, de la Loire et du Dauphiné. Qu’il y ait eu ne serait-ce qu’un «rétif» armé dans la forêt d’Assieu est bien possible... et suffisant.
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Enfin «première colonelle» étant du féminin ne s’attache pas à l’escadron, mais à la compagnie, ou à la «division» de deux escadrons qui était l’unité tactique de la cavalerie autrichienne.
Il pourrait alors s’agir de la 1ère compagnie de la «division colonelle» (commandée au combat par le colonel du régiment) contracté en «1ère colonelle». Un escadron comptait 2 compagnies. Betzka était donc dans la meilleure compagnie de son régiment, la première du premier escadron de la 1ère division, qui comptait les meilleurs soldats. C'était donc assurément "un brave".
La 2e division était en principe commandée par le lieutenant-colonel, la troisième par le 1er (le plus ancien) des Majors (commandants = chefs d’escadron).
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Voila ce que je peux vous dire en l’état. Ayant avec votre accord mis la question en ligne sur Planète Napoléon, elle trouvera peut-être parmi notre lectorat attentif un écho susceptible d’enrichir les éléments de réponse, ce qui s’est souvent produit.
Cordialement,
Diégo Mané
"Veritas Vincit"