
et celle des tables sur lesquelles nous avons joué

Voici un petit résumé de la bataille jouée, à partir des notes que j'ai prises sur la feuille de suivi des tours de jeu. J'espère que chaque général (qu'il soit en chef ou local) le complètera de ses propres remarques (quelles étaient ses intentions, comment il les a mises en œuvre...)
- A Saltanovka, Paskiewitch rend compte dès le premier tour que la tâche qui lui est assigné sera irréalisable
De fait, percer avec 6 bataillons contre 10 retranchés dans un village, sans pouvoir déployer son artillerie, relève du challenge impossible : même fixer toutes les troupes ennemies (qui est son ordre) n'est pas possible
Au second tour, Dessaix rend compte à Davout du peu d'activité russe et Davout donne l'ordre de faire revenir 5 des bataillons français renforcer la position sur le plateau au nord de Fatova. Ils ne partent qu'au tour 4, le temps d'en recevoir l'ordre (il y a près de 3 km entre les positions de Saltanovka et Fatova). Ils entendent au passage des bruits de déploiement d'infanterie russe (en fait quelques cosaques infiltrés essayant de faire peur)
Devant le peu d'action russe, Dessaix engage un bataillon au troisième tour vers les forêts tenues par les russes. Il est chargé par deux bataillons de mousquetaires qui le mettent en repli (SAF dans le bois, DES en bas du plateau, les russes ne sont pas dans des conditions d'attaque optimales)
Devant cette contre attaque, Paskiewitch envoit quand même un message appelant des renforts à son secours.
Au septième tour, Dessaix commence néanmoins à envisager de décrocher car sa route de repli au nord de Fatova est sous la menace des hussards russes. Davout fait le même raisonnement et l'ordre arrive au tour suivant et est exécuté immédiatement, les dispositions pour le décrochage ayant été prises. C'est exactement à ce moment là que le message de panique de Paskiewitch sera lu par Rayevski !! - A Fatova, Rayevski a 72 canons, 16 bataillons et 8 escadrons de hussards pour forcer le passage sur le moulin. Face à ce mur, les Français se contentent d'échanger de l'espace contre du temps, ne laissant que quelques voltigeurs dans le moulin et les forêts avoisinantes.
Les défenseurs du moulin stoppent au feu le premier bataillon de jäger venu tâter les défenses mais abandonnent la position dans la foulée.
Les russes traversent la digue au sixième tour, en même temps que la brigade de Legay venue de Saltanovka prend position sur le plateau en face et toute la plaine au delà du moulin grouille de hussards russes au tour suivant.
Ce n'est qu'au tour 10 que le pont sur la digue est réparé et que les batteries russes peuvent enfin passer, mais la plupart n'ont alors plus de munitions. Ce n'est qu'en fin d'après midi que la connexion rétablie vers le parc d'artillerie à Novosielki via Saltonovka aurait permis à l'artillerie russe d'être de nouveau réellement active.
Les pertes dans ce secteur furent essentiellement dues à des tirs de bombardement des pièces russes sur les positions françaises sur le plateau en face et aux quelques tirs d'opportunité contre les défenseurs du moulin quand ils exécutèrent leur fuite vers leurs amis. Dans la forêt au sud, 2 bataillons français seront capturés (leur voie de repli est occupée par les hussards et les cosaques) - C'est dans la grande forêt au nord de Fatova que va se dérouler le plus gros des actions de jeu. Une dizaine de bataillons de Compans y font face aux attaques combinées de Rayevski au sud (2 jägers et 8 mousquetaires) et Neverovski au nord (4 jägers et 8 mousquetaires). Déployés en tirailleurs, les français stoppent les assauts des jägers russes eux aussi déployés en tirailleurs sur le ruisseau (profitant que ceux ci n'y sont plus à couvert) mais doivent décrocher devant les colonnes de mousquetaires.
Au nord, les bataillons de mousquetaires de Neverovski, franchissent le ruisseau à l'extérieur de la forêt (les défenseurs de Seletz sont beaucoup trop loin pour interférer) et, au septième tour, mettent 2 bataillons et une batterie régimentaire en déroute.
Au tour 11, ils se joignent aux bataillons de Rayevski pour attaquer le saillant que forment les français sur le plateau. Les trois bataillons français attaqués contre chargent mais sont tous mis en repli, l'un d'eux mettant un de ses amis en désordre lors du décrochage.
Toutefois, avec l'arrivée des bataillons de Dessaix décrochant de Saltanovka, la position française devraient toutefois pouvoir organiser un repli défensif vers Seletz. Il manque des cosaques dans le secteur pour exploiter les succès russes, les hussards ne sont pas non plus présents car il leur aurait fallu traverser les trajectoires des boulets du bombardement russe pour être actifs dans le secteur. L'absence d'artillerie russe efficace (plus de munitions !) et l'arrivée des renforts de Duppelin et Pajol permettent à Davout d'être confiant dans ses possibilités d'extraire ses forces de la position sans trop de pertes - A Seletz, la Vistule est installée avec les batteries de 12£ de la réserve et est rapidement renforcée par les 4 escadrons de cuirassiers de la brigade De la Grange
En face, les dragons de Sievers et leur batterie à cheval s'installent mais aucun des deux camps ne prend réellement d'initiative offensive dans le secteur
Au sixième tour, il y a quelques contacts entre les dragons de Sievers et les cuirassiers français dans le secteur entre la mare et la forêt au nord de Seletz. Cette forêt, un instant occupée par les cosaques et un bataillon de grenadiers, est abandonnée et occupée par un bataillon de Vistule. Ces rares accrochages sont sans suite, chacun des adversaires semblant satisfait du statu quo (qui, à mon avis, profite bien plus aux Français qui conservent ainsi à faible coût leur voie de communication principale).
L'après midi du dimanche, peut être un peu pour jouer quand même, les grenadiers et cuirassiers de la réserve traversent enfin le ruisseau et 2 bataillons de Vistule viennent attaquer un bataillon de grenadier isolé sans flanc sûr (la batterie à cheval de l'autre côté du ruisseau réclame ses trajectoires de tir). Thierry étant parti chercher sa voiture, je commande l'action et décide de tenir au feu avec l'appui des canons derrière moi : 4 pièces peuvent tirer de part et d'autre sur chaque bataillon polonais. La trajectoire passant près des grenadiers, je lance un dé et roule "1", ce sont donc les grenadiers qui prennent les 2 pas de pertes infligés. Ils obtiennent quand même un FEU à P2 mais sont mis en déroute (transformée en retraite car élite). Sans cette désastreuse erreur de tir, les grenadiers étaient FEU à P1, réduisaient l'allure des Polonais à POR avec le tir des canons et, grâce à l'atavisme russe, avaient un trop bon moral pour que le contact ait lieu.
Juste au sud de Seletz, on a joué la rencontre entre les ulhans polonais de Pajol et les cuirassiers de la réserve et les dragons de Sievers. Les ulhans sont massacrés mais les bataillons de Duppelin qui arrivent auraient colmaté la brèche - Au nord, Valence (8 gros escadrons de cuirassiers, 4 de chasseurs à cheval et 2 batteries à cheval) voit arriver Meklenburg avec 8 bataillons de grenadiers, 8 escadrons de cuirassiers russes, 4 de ulhans et 2 batteries de 12 pièces. Valence traverse le ruisseau pour limiter les mouvements stratégiques russes mais, là aussi, les ordres russes sont de fixer les forces adverses. Les Russes se contentent donc de capturer la ferme et de garnir le plateau avec un savant patchwork de grenadiers en carré, batteries déployées et cuirassiers sur deux lignes (j'ai raté ici une occasion d'intervenir en tant qu'arbitre : l'intégrité des brigades était clairement non respectée et j'aurais du interdire ce dispositif tactique, acceptable pour une partie à un contre un à effectif réduit mais totalement incongru dans la grosse reconstitution que nous jouions).
Un escadron français trop aventureux se retrouve à DT des russes et subit un feu de grenadiers avant de prendre la fuite (d'où une photo bien dommageable à l'honneur de ces cuirassiers qui fut opportunément prise par le photographe officiel) mais ce fut pratiquement la seule action du secteur pendant les deux jours de jeu. Les deux joueurs avait chacun l'ordre de ne pas s'engager (stratégiquement, là encore le statu quo me semble à l'avantage des Français)
N.B. : en restant au delà de DT, les Russes n'empêchaient pas les Français de repartir en mouvement stratégique (la distance d'arrêt stoppe la progression vers l'ennemi mais ne saurait en aucun cas interdire un décrochage, c'est ce que j'ai fait jouer à Saltanovka quand Dessaix a exécuté son repli stratégique). Une brigade de cuirassiers aurait donc pu quitter la position et intervenir sur le plateau à Fatova où elle aurait sérieusement gêné les assauts russes. Le temps que Meklenburg reçoive l'ordre d'attaquer la brigade restante, les renforts de Pajol seraient arrivés.
Pour conclure : Les Russes s’étaient donnés comme objectif de prendre les ponts et les Français voulaient les défendre
Les Russes sont passés donc l’avantage est de leur côté mais, avec leurs effectifs engagés, ils avaient la possibilité de complètement encercler le corps de Davout et de le détruire et ils ont donc raté cette occasion en n’attaquant pas au nord (dommage, avec 80 figurines de cuirassiers russes contre 60 de cuirassiers français, il y aurait eu de quoi faire de belles actions)
Je serai probablement un arbitre un peu plus directif la prochaine fois.
Côté Français, je pense que la défense sur Seletz était trop en retrait et a permis un franchissement trop facile du ruisseau par Neverovski. Déployées plus près, les 2 batteries de 12£ auraient pu faire payer ce passage bien plus cher ou, au minimum, en stoppant les mouvements stratégiques plus tôt, auraient fait gagné un temps précieux par rapport à l'arrivée des renforts attendus.
Les 5 bataillons de réserve de Dessaix auraient aussi gagné à être déployés derrière Fatova. Plus près de Davout, ils auraient pu rejoindre facilement Saltanovka en cas de besoin tout en étant directement à pied d’œuvre pour soutenir Compans. Ce soutien aurait pu être indirect, par exemple, déployés dans la forêt au sud de Fatova, ils auraient gêné bien davantage le déploiement de l'artillerie russe massée sur le plateau dans le secteur, forçant Rayevski à transférer des forces de la forêt à son nord vers son sud.