par MANÉ Diégo sur 11 Jan 2009, 01:07
Les Caçadores portugais 1809-1814, par Diégo Mané (10/01/09)
(suite à questions relatives sur le forum de Planète Napoléon)
Les propos d’Olivier, qui semblent inspirés par Haythornthwaite*, s’ils ont immédiatement réjoui Patrick, me paraîssent un peu optimistes concernant la dotation en rifles des Caçadores en général, et de ceux des 1er et 3e bataillons en particulier.
* En effet, cet auteur juge équivalents aux 60th et 95th britanniques, non seulement les 1er et 3e bataillons de Caçadores mais, selon ses ouvrages cités plus bas, les 6 premiers bataillons ou carrément les 12 bataillons.
Ces deux bataillons ont, en effet, été affectés à la "Light Division", laquelle, eu égard à son parcours comme à sa composition, était une unité d'élite. Combattre en son sein, et donc aussi plus souvent, à très probablement "bonifié" ces deux bataillons portugais par rapport aux autres.
Ils ont toutefois très mal débuté, et encore après avoir été renvoyés trois fois par Craufurd comme étant impropres au service. A leur baptême du feu sur la rivière Coa le 24 Juillet 1810, le “1st Caçadores failed in their duty”, (OBE) tandis que le 3rd Caçadores aurait mal compris un ordre et décroché.
Maintenant, dans ceux-là comme dans les autres, la compagnie d'Atiradores, qui était la compagnie d'élite*, ne sera équipée de rifles que vers fin 1810. Les autres compagnies n'avaient pas des rifles mais des mousquets, comme les légers britanniques, mais contrairement à eux n'étaient pas considérées comme de l'élite... et n’en étaient pas, tout au moins les premières années.
* Comprendre par-là le regroupé des “best shoots”, autrement dit les meilleurs tireurs et donc pas nécessairement les soldats les plus forts.
Quant' à l'armement, en décembre 1808 il n'y a que 1.200 mousquets pour 2.400 hommes, qui seront finalement tous armés courant 1809... mais de mousquets “Indian Pattern” (pas de rifles du tout).
Il faudra attendre le printemps 1810 pour voir arriver d'Angleterre 2.000 carabines Baker (“rifles”). Il n'y en aura pas d'autres. La seule “ressource” possible viendra de la dissolution de la "Loyal Lusitanian Légion", donnant 120 carabines de plus, soit un maximum absolu de 2.120 unités, et encore si l’on considére zéro "casse" et zéro pertes... Disons donc 2.100 carabines.
Or, au printemps 1811 six nouveaux bataillons sont levés. Il faut les armer.
Les 12 compagnies d'Atiradores, si on ne les compte qu'à 100 hommes, demandent 1.200 carabines. Comme il n’en reste alors que 900 pour doter les 4.800 chasseurs, la majorité conservera donc son mousquet.
Ce qui donc est certain, c'est qu'aucun bataillon de Caçadores ne s'est vu doter en totalité de carabines. Si les 2e, 3e et 5e bataillons ont reçu 200 carabines en tout, pour les 1er, 4e et 6e bataillons ce seraient 200 carabines de plus qui leur auraient été affectées*, outre donc celles des Atiradores...
* La tournure de phrase est ambigüe. C’est donc 200 ou 300 en tout, selon.
Quoiqu’il en soit, je résume, il y avait 6 puis, après 1811, 12 bataillons de Caçadores dans l’armée. Les 6 premiers, formés en Novembre 1808, seront meilleurs que les 6 derniers, formés en 1811 seulement, et dont la moitié proviendra des irréguliers de la “Loyal Lusitanian Légion”.
Des six premiers, les 1er et 3e ont été affectés en permanence à la “Light Division” et à terme sont devenus meilleurs que les quatre autres mais, il ne faut pas rêver, ils ne sont JAMAIS devenus anglais pour autant, car c’est impossible... Essayez voir ! Aux 1er, 4e et 6e bataillons il peut y avoir eu deux compagnies de Caçadores ayant reçu des rifles en plus des Atiradores, tandis qu’aux 2e, 3e et 5e il n’y en a eu qu’une.
Cela pourrait conduire à la répartition suivante des carabines disponibles :
300 carabines aux 1er, 4e et 6e bataillons, soit trois compagnies “riflées”.
200 carabines aux 2e, 3e et 5e bataillons, soit deux compagnies “riflées”.
100 carabines aux 7e à 12e bataillons, soit la seule compagnie d’Atiradores.
Toutefois, l’arme ne suffisant pas à faire l’homme, le fait de disposer d’une carabine ne transforme pas un Caçador en Atirador, mais seulement en un Caçador qui tire plus loin, moins vite, mais aussi moins bien qu’un Atirador.
Je vois déjà d'ici la joie de certains. Là où nous avions deux lignes dans les Caractéristiques Nationales, il paraît justifié à la lumière de ce qui précède d'en envisager huit... mais là, dans des CN “générales”, ce serait sans moi !
Dans ce cadre-là je vous conseille donc vivement de redescendre sur terre et de vous contenter de ce qui y est proposé comme étant le plus “raisonnable” et cependant “déjà très bien” comme a dit un intervenant. Pour un remake ponctuel il sera toujours possible de prendre en compte les particularismes.
Pour les caractéristiques données, elles m’ont semblé appropriées lors de leur rédaction mais, nétant pas un spécialiste de ces troupes, je ne suis pas hermétique aux remarques motivées. Voici mes raisons :
Pourquoi un FT2 aux Atiradores et un FT 1 aux Caçadores ? Parce-que les Atiradores étaient pratiquement toujours en tirailleurs et les Caçadores le plus souvent en Ordre Serré (ou “Open Order”), et donc moins habitués.
On pourrait aussi arguer du fait que le FT 2 n’a pas dù être immédiat...
Pourquoi le CAC 2 des Atiradores ? Parce-que, à leur création rien ne les distinguait des autres soldats. Pas de raison de les différencier à ce titre.
Si l’on changeait quelque chose là ce serait pour passer tout le monde à 1, sauf peut-être les Granadores, anciens soldats, eux, et les plus forts.
Diégo Mané
“Le but, c’est le chemin”, même au Portugal.
P.S. Pour Patrick encore :
Oui, les bataillons de Linéa avaient des drapeaux (magnifiques), par contre les Caçadores n’en avaient pas.
Oui, je peux te procurer deux figurines de Linéa pour compléter les tiennes.
Petite bibliographie “portugaise” :
Etudes complètes dédiées, comme les Osprey, où sujets plus généraux mais contenant des éléments relatifs aux Portugais.
“Military Dress of the Peninsular War”, par Windrow, Shepperton, 1974.
“The Portuguese Army of the Napoleonic Wars”,
(Osprey Men-at-Arms de la première édition) O. von Pivka, London, 1977.
“Uniforms of the Peninsular War 1807-1814”, Haythornthwaite, Poole, 1978.
“Wellington’s Army”, par Rogers Obe, Shepperton, 1979.
“Napoleonic Armies” par Ray Johnson, London, 1984.
“Wellington’s Military Machine”, Haythornthwaite, Tunbridge Wells, 1989.
“Bloody Albuera”, par Ian Fletcher, Marlborough, 2000.
“The Portuguese Army of the Napoleonic Wars”, I, II et III, René Chartrand,
(Osprey Men-at-Arms n° 343, 346, 358), Oxford, 2000 et 2001.