Jean-Pierre,
La mauvaise lance cosaque que tu me tends comme une perche, je la saisis comme une occasion de redire que les Cosaques et autres miliciens ont parfaitement le droit "d'y aller", soit celui de charger un ennemi, fut-il de la Garde Impériale, qu'il soit formé ou non.
La seule obligation est ensuite de réussir son test (au moins AVAnce) pour obliger l'autre à répondre.
Si en revanche la réponse est positive, la charge cosaque "avorte" car, en effet, seuls les résultats RETraite et DERoute autorisent les Cosaques à venir contacter leur victime dès lors sans défense.
Pourquoi ? Parce-que dans tous les autres cas l'adversaire sera à même de se défendre et donc pourra infliger des pertes aux Cosaques, et peut-être même les battre. Ils ne sont pas là pour çà !
Si vous calculez le résultat d'un hypothétique contact entre des Cosaques et de l'infanterie sans formation où de flanc, vous constaterez que même vainqueurs les Cosaques enregistrent des pertes.
Ils évitent donc ce genre de confrontation, n'attaquant que du "gibier de Cosaques", soit des hommes peu capables de se défendre, quelles qu'en soient les raisons. Alors certes, dans les comptes rendus il sera plus seyant d'annoncer avoir rompu la résistance féroce d'un ennemi courageux et acharné, plutôt que d'avouer avoir assassiné des fuyards désarmés où à moitié morts de faim et/ou de froid.
Le plus souvent donc, l'intervention des Cosaques n'est pas la cause de la rupture du moral d'un adversaire, mais bien plutôt une de ses conséquences, et parfois la dernière pour leurs victimes.
Alors certes encore, il y a des exceptions, et vous savez quoi, les exceptions confirment les règles.
C'est pourquoi la règle "Les Trois Couleurs" indique que les Cosaques ne vont pas au contact d'unités capables de se défendre (c'est dangereux), car cela répond aux cas généralement constatés, et en plus vous fait gagner du temps, car la plupart du même temps vous constateriez l'avoir perdu.
Les cas spécifiques "généraux" relevés dans telle ou telle campagne peuvent parfaitement être pris en compte ponctuellement. J'admets en effet que si "la peur ne supprime pas le danger", elle en constitue parfois un des éléments, comme la peur inspirée par les Cosaques aux Dragons français en 1806-07* et aux Lanciers hollandais en 1812**, et dont les Cosaques, s'en étant rendus compte, ne manquèrent pas d'en devenir beaucoup plus audacieux qu'avec les autres unités de cavalerie ennemie.
Il en sera alors tenu compte par un malus moral aux uns et un bonus moral aux autres, qui viendra permettre des engagements impossibles autrement entre eux, mais toujours en application de la règle, lorsque "le gibier" sera en RETraite ou DERoute.
* Revoir à ce propos mon article sur les Mémoires de Sallmard qui explique bien le syndrôme.
http://planete-napoleon.com/docs/NDL15.Sallmard.pdfUne parade y fut trouvée en remplaçant les Dragons aux avant-postes par des Cuirassiers, dont l'aspect extérieur, une fois revêtus de leurs manteaux, était identique. Surprise assûrée !
** Une ruse similaire à celle ci-dessus fut essayée avec succès en 1812, les lanciers bleus échangèrent leurs manteaux blancs contre les manteaux bleus des lanciers rouges (vous avez suivi ?), si bien que les Cosaques prirent les Polonais pour des Hollandais, et ne s'en aperçurent qu'en les voyant venir à leur rencontre plutôt que de s'enfuir comme d'habitude.
Pour finir, au moins pour cette fois, je dois relever le côté spécieux des exemples de Napoléon manquant d'être pris au lendemain de Malojaroslawetz ou encore à Brienne. Dans les deux cas il s'agit d'une imprudence de l'Empereur, une de ces occasions pour un Cosaque de perdre la tête, non ?
Pour Lefebvre-Desnoëttes à Altenburg, il convient d'apprécier l'action dans son ensemble, et je dirai même plus de considérer le manque d'ensemble de son action. Celle du félon saxon Thielmann, d'ailleurs commandant à davantage de cavaliers réguliers Autrichiens et Prussiens que de Cosaques, relève plus de l'embuscade géante à tiroirs multiples que de la bataille rangée. Les victimes se comptèrent surtout parmi les pauvres fantassins badois, éparpillés sur le trajet des attaques de flanc ennemies et abandonnés à leur triste sort (devenir fantassins dans la Légion Russo-Allemande ?).
Diégo Mané