La prise de Soissons en 1814

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La prise de Soissons en 1814

Messagepar FÉDOR Frédéric sur 13 Déc 2010, 09:31

Salut Thierry,

Il y eut deux sièges de Soissons en 1814. Le 1er où Rusca, le gouverneur de l'île d'Elbe vers 1803-1804 fut tué sur les murailles, et le second en mars, où Moreau qui le remplaça, vendit après conseil de guerre, la ville assiégée qui se défendait, aux russo-prussiens de Papa Blücher. Soissons, où j'ai habité durant douze ans, était le verrou de la rivière Aisne, entre le bastion naturel de la montagne couronnée de Laon, et la route directe et ancienne de Bruxelles à Paris, qui passe par Maubeuge -Laon - Soissons. Cet axe désordonné qui a comme place excentrée des petites cités comme Noyon, Rocroi ou Moncornet, est un axe principal d'invasion durant les guerres dites "modernes", depuis le XVIème siècle (Voir la guerre de Trente Ans) jusqu'à aujourd'hui (Voir la 2ème Guerre mondiale et les batailles du colonel de Gaulle). Soissons en et son verrou & les Allemands l'ont bien compris qui lors de la grande Guerre de 14-18, ont installé le Q.G. du konprinz près de Blérancourt non loin de là, qui lors de la seconde Guerre mondiale, ont installé le Q.G. Europe occidentale de Herr Hitler au nord de Soissons, à moins de 30 kilomètres... Cà fait froid dans le dos. Mais mille ans me serait nécessaire pour vous comter pourquoi cela fut vrai. Donc ce verrou dépasse l'histoire des Campagnes napoléoniennes, stricto sensu, et part de la vie de Clovis et de la bataille de Soissons, en 486, livrée contre Syagrius, qui permit la création de la Chrétienté moderne, jusqu'aux guerres de Crouy ou du chemin des Dames, dans les environs, lors de la Grande Guerre. Mais revenons à 1814.
Le siège de Soissons, le second, est alternatif de la prise de 60 000 prussiens contre la rivière Aisne, par Napoléon en personne, remontant avec Macdonald et Marmont sur leurs arrières et venant de les contacter à Saint Front près de la forêt de Retz. Blücher n'a d'autres alternatives en effet à s'enfuir dès lors que par le seul pont de Soissons après avoir pris la cité, ou de repasser par la route Reims-Laon, à 45 kilomètres plus à l'Est ! Il choisit quand même le pari de prendre Soissons, sans coup férir. En moins de 72 heures. Le 3 mars 1814, les russes et les prussiens, au nord de la rivière Aisne, comme au sud, poussent vers les remparts de la ville. 6 000 russes attaquent les faubourgs de Reims. Devant eux, de vieux canonniers de la vieille garde, quelques éclaireurs de la jeune garde, 3000 milices civils, et 700 polonais de la Vistule. Des héros. Ces derniers essuient depuis l'heure de 10 heures, des feux d'artillerie, et les russes prennent les faubourgs. Soudain les défenseurs tentent une sortie. Le long de la rivière la Crise. Ils repoussent, Vistule en tête, les 6 000 russes, jägers compris. Mais dans la nuit, le conseil de guerre enterrine le fait de capituler. Les polonais font respecter l'heure de la capitulation le lendemain, rue des Cordeliers, à Soissons, mais Blücher et ses allemands peuvent fuir le courroux de Napoléon qui arrive. Le gain de la campagne de France s'éloigne. Zu spät, comme on dit sur l'autre rive du Rhin. A lire "1814" de La Houssaye, en livre ancien ou de poche. On dit que ce fut le basculement de la campagne...

Professeur Frédéric Fédor.
FÉDOR Frédéric
 

Re: La prise de Soissons en 1814

Messagepar FÉDOR Frédéric sur 14 Déc 2010, 09:31

Soissons n'est pas connu lors des sièges de 1814, mais aussi à cause du fait que Napoléon, partant pour Philippeville & Waterloo, qu'il n'atteignit jamais, passa par Soissons en juin 1815. En 1814, il avait dormi avant la reprise de Reims, près de la cathédrale (une plaque murale marque l'endroit) ; en 1815, les débris de l'armée française en déroute y repassa de même (environ 25 000 survivants). Les blessés eurent hôpital de campagne, en autres à Charleroi, mais aussi à Rocroi, ce qui est moins connu. De même, son père, Charles, était mort au couvent des Cordeliers, dans ses caves alors que Napoléon allait recevoir sa communion ; et il ets à noter bizarrement qu'il y a aussi un ancien couvent des Cordeliers, à Soissons, devenu collège d'enseignement public, où j'ai officié.

Salutations, professeur Frédéric Fédor. Cà c'est abracadabrantesque...
FÉDOR Frédéric
 

Re: La prise de Soissons en 1814

Messagepar FÉDOR Frédéric sur 17 Déc 2010, 09:27

Encore sur le second siège de Soissons, le 3 mars 1814. Lors du conseil de guerre, durant la nuit suivant la 1ère attaque russo-prussienne, le parti du colonel de la Vistule, le polonais Kosinski, perd la demande de poursuite de la défense de la ville, encore au moins pour une ou deux journées. Moreau apeuré est allé voir à la seule tour de la cathédrale, et s'imagine plus d'ennemis encore qu'il n'y en a. Le lendemain, la capitulation est effective à 16 heures. Mais la colonne russe entre dans l'enceinte, dès l'heure de 15 heures, et se dirige vers la rue des Cordeliers, où se situe le collège public d'état qui existe encore aujourd'hui. A l'époque, une ou deux classes d'élèves, tout au plus... La légion de la Vistule bloque la progresseion russe (colonne de 6000 hommes) et leur intiment l'ordre de reculer et de repasser une heure plus tard. Ce qui est fait... Ah mes braves polonais, aurait pu dire l'empereur. 16 heures passé ; les 60 000 hommes de Blücher s'écoule alors par le pont unique de la ville, entre Compiègne et la route d'Athies sous Laon à Reims. Seule voie de repli. Il est précipité. Les français ont déjà leurs avant-postes sur Septmont, à 7 kilomètres de là. Toute la nuit, les bataillons prussiens passent le fleuve l'Aisne. Blücher craint d'être pris vivant par les 40 000 soldats de Napoléon 1er, qui foncent vers la ville. Au passage de la Marne, l'empereur des français, faute d'équipage de pont, perd 12 à 18 heures ; ce qui lui est fatal au final pour enserrer dans la nasse des méandres de la rivière Aisne, autant d'adversaires effrayés. A noter durant cette mini campagne, le combat de cavalerie nocturne du côté d'Oulchy-le-château & de Neuilly-Saint-Front ; les hussards et les chevaux français dans cette poursuite effreinée, reste jusqu'à 72 heures, sans démonter ! Les paysans du coin attaquent les cosaques russes dans leurs sommeils et les ouvrent à coup de fourches. Tout cela est rapporté dans "1814" de Houssaye. La route directe Soissons-Laon fait 30 kilomètres. Elle monte sur un plateau, celui du Chemin des dames, mais à son extrémité ouest. Napoléon abandonnant la marche sur Soissons, espère passer au nord de Reims, par le côté Est de ce plateau et tourner les arrières de Blücher. Il apprend que Moreau, après avoir rendu à un parti de cavaliers la ville d'Auxerre, vient de rendre Soissons, malgré la vaillante résistance de ses habitants. L'empereur marche sur Fismes. Passe l'Aisne, et monte sur le plateau du chemin des Dames, où l'armée russo-prussienne de Blücher rejointe par une partie de l'armée de Bernadotte (autour de Laon), l'attend déjà. Ce sera la bataille de Craonne. Mais il est déjà trop tard. L'empereur Napoléon n'a que 40 000 hommes, les coalisés réunis, par la chute de Soissons, double méprise, et locale et stratégique, sont plus de 90 000... Malgré la victoire de Craonne, la fin se dessine. C'est le tournant de campagne de France.

Professeur Frédéric Fédor.
FÉDOR Frédéric
 

Re: La prise de Soissons en 1814

Messagepar FÉDOR Frédéric sur 06 Jan 2011, 10:03

Pour continuer l'Histoire de Soissons, voyons le siège de la chrétienté, avec entre 486 (bataille gagnée par Clovis, roi de Tournai et des francs saliens sur Syagrius, roi romain) et 496 (son baptême par Saint-Rémi à Reims) le fait que Soissons ait été capitale de la Gaule. Ce 1er roi chrétien établit des lois "saliques" pour lutter contre les moeurs des barbares. Des amendes, un code à ne pas transgresser. Ensuite vinrent les rois fainéants dont certains eurent comme capitale encore Soissons. Episodiquement. Car où est le roi, est la capitale ! Et cela jusq'aux temps de François 1er et Louis XIV. C'est pourquoi Versailles le devint si facilement. C'est pourquoi "les tours de France" des rois de France déplaçaient la capitale que ce soit sous François 1er ou le roi Henri IV. Ce n'est que la Révolution française et Napoléon qui imposa Paris comme capitale intangible, avec le numéro des rues & les concours du fonctionnariat.

Professeur Frédéric Fédor.
FÉDOR Frédéric
 


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