Modérateur: MANÉ John-Alexandre
Juvisy, le 10 Avril 1814 au soir
A sa Majesté Impériale et Royale Franz Ier, Empereur d'Autriche et Roi de Hongrie, sa Majesté Royale Friedrich III, Roi de Prusse, sa Majesté Impériale Alexandre Ier, Tsar de toutes les Russies,
La guerre contre l'Empereur des Français Napoléon Ier est terminée, et l'Armée de Bohème, bien secondée par l'Armée de Silésie a eu l'honneur d'en tirer les derniers coups de canons.
Conformément aux renseignements apportés par nos cosaques depuis une semaine, l'Armée Française, rejointe le 7 par l'ancien corps d'Armée du Maréchal Marmont, a attaqué le 8 Avril au matin, entre les bords de Seine et Chilly, avec le VIe corps sous le général Bertrand en échelon arrière sur sa gauche, les cavaliers du Général Béliard et le corps d'infanterie du général Gérard au centre et la jeune garde sous le Maréchal Mortier le long de la Seine .
De mon côté, ma gauche était assurée par le IVe corps du Feldmarschal Prince de Wurtemberg, avec en première ligne les Wurtembourgeois et en seconde les Grenadiers et les Cuirassiers et en 3e les Bavarois du Ve corps du Feldmarschal von Wrede, au centre le IIIe corps Autrichien du Feldzeugmeister von Giulay soutenu par le corps Autrichien du General der Kavalerie von Frimont, et à droite les Russes du VIe corps du generallieutenant Rayevsky soutenu par les grenadiers Russes du Generallieutenant Lambert.
J'attendais dan la journée l’arrivée de l'Armée de Silésie sur le flanc de l'ennemi, et mon attente ne fut en aucune manière déçue.
L'ennemi marchait contre nous avec une très nombreuse artillerie, dont il fit un usage inconsidéré durant le premier jour de la bataille, ce qui lui fut sans doute fatal pour la décision du second.
Sur la gauche, les Wurtembourgeois se trouvèrent confrontés à plus de 80 bouches à feu (il y avait une batterie à cheval de trop sur la table, en fait!), dont une belle charge de cavalerie ralenti partiellement la mise en œuvre, mais ne put rien enlever. Les batteries wurtembourgeoises, a moins de 1 contre 2, firent pourtant bonne contenance un temps, avant de devoir se replier sous le nombre. L'infanterie et la cavalerie de cette nation, faisant le dos rond sous la mitraille, soutinrent elles aussi le combat durant plusieurs heures, produisant de belles charges et repousant partout l'ennemi, jusqu'à ce que le nombre et les pertes les obligent à se replier, ce qu'ils firent en ordre, sans que l'ennemi n'ose rien tenter pour contrer ce mouvement. Le village de Juvisy où se trouve mon QG ce soir, et le bois attenant, furent tenus par un régiment de légère et un de landwehr pendant 2 heures sous le feu de 40 canons avant de devoir les abandonner sur une charge de l'ensemble du corps de jeune garde du Maréchal Mortier, dont les pointes trop avancées furent repoussées par 2 fois avec pertes par les troupes du général Franquemont. La perte de Juvisy, et celle du hameau de Champagne un peu plus tard sous les coups de boutoir du général Gérard et l'appui là encore de plus de 40 pièces, força donc les Wurtembourgeois à se replier en ordre, et la monte en ligne des troupes du Général Nostitz.
La vue des bonnets à poils et des cuirasses noires sembla alors méduser l'ennemi, qui ne tenta plus rien sur ce front, à part une charge désespérée au soir du 8 qui fut raccompagnée avec pertes par les cuirassiers.
La jeune garde, blottie dans Juvisy et son bois, n'osa plus s'avancer au devant de nos grenadiers malgré une supériorité de 4 contre 1 en infanterie et 3 contre 1 en artillerie, permettant même à un bataillon de venir les insulter impunément en rejetant un régiment de dragons de l'autre côté du ruisseau qui longe le bois, ce à longue portée de fusil des jeunes gardes réfugiés dans le bois. Du côté des Cuirassiers, une parti de l'infanterie de Gérard avança toute la journée en carrés dans la plaine avant que la cavalerie du général St Germain n'ose lancer une faible charge qui n'eut aucun succès. Nos cuirassiers, confrontés pendant une bonne partie de la journée à plus de 60 pièces de canon auxquelles leur propre artillerie avait bien du mal à se mesurer, enregistrèrent des pertes notables sans que cela ne les ébranle en rien.
Au entre, le Général von Guilay, puis le général Frimont étaient confrontés à bien plus forte partie, avec la presque intégralité de l'infanterie de Gérard, la totalité de la cavalerie du général Béliard, et vers la fin du 8 la réserve d'artillerie de la Garde Impériale, soit plus de 15 000 sabres et baïonnettes appuyés d'abord par 100 puis 160 canons.
Lors de la première charge de cavalerie, le général Crenneville reçu d'un dragon ennemi un coup de sabre à la tête qui fait désespérer de sa survie, et ses chevau-légers, à un 1 contre 3, plièrent sous le nombre, mais se replièrent le long du bois de Morangis, garni par les grenz de l'avant-garde, que les cavaliers évitaient fort prudemment. La brigade Weiss fut la seconde à souffrir sous le feu de l'artillerie ennemie, mais repoussa néanmoins au moins trois charges avant qu'elle succombe sous le nombre et doive se retirer ; la brigade Fresnel pendant ce temps faisait front sous la mitraille et ne se replia qu'après avoir contre-attaqué l'ennemi qui croyait en avoir bon compte, et laissant sur place l'intégralité de son artillerie démontée par les boulets, passa en réserve, repoussée mais ni ébranlée ni battue.
Je fis alors monter en ligne le général Frimont, gardant le général Wrede en réserve centrale pour un éventuel coup de butoir sur un point faible de la ligne ennemie, et appelant les grenadiers du général Lambert pour tenir le bois de Morangis que les quelques grenz de l'avant-garde ne pouvait disputer à l'ennemi s'il décidait de l'attaquer, ce qui ne pouvait tarder vu la gêne qu'il représentait pour l'ennemi, surtout du fait que la batterie du général Crenneville, disposée d'écharpe derrière la corne du bois, saluait de ses boulets toutes les charges de cavalerie que l'ennemi lançait contre nous.
Je reçu en ce même moment une nouvelle bienvenue de la part du général Lambert, ses cosaques avaient pris contact avec les avant-gardes du corps Prussien du général York, dont l'arrivée sur notre extrême droite ne pouvait tarder, suivit du IIe corps et d’une partie du IIIe corps Prussien. Les 3 corps Russes restant à l'Armée de Silésie, ayant plus de chemin à parcurir, n'était attendus qu'au soir et devait se diriger sur Ballainvillier et Morsan pour tomber sur les arrières de l'ennemi et l’encercler à la nuit.
Les grenadiers russes s'installaient à peine dans le bois, et le général Frimont commençait à peine à ressentir le poids de l'artillerie, quand l'ennemi décida d'engager sa réserve suprême, la vieille garde Française monta en ligne, les chasseurs contre les grenadiers dans le bois, l'artillerie en grande majorité contre Frimont, les grenadiers et la cavalerie faisant le lien avec le corps de Bertrand contre qui les Prussiens s'engageaient.
Le gros Français continuait à presser notre centre, foudroyant nos braves soldats sans réussir à percer, me forçant à engager une brigade des Bavarois entre Contin et Champagne, ne gardant en réserve que la deuxième brigade, sa cavalerie, et l'infanterie Wurtembourgeoise et autrichienne des IIIe et IVe corps ; les braves conscrits Bavarois, imitant leurs aînés Austro-Hongrois un peu auparavant, chargèrent l'ennemi qui croyait déjà avoir gagné et repoussa sa ligne sur plus de 200 mètres, obligeant 40 pièces d'artillerie à fuir pour ne pas être prises. Les pertes néanmoins montaient vite chez le général Frimont, que je galvanisais du mieux que je pouvais, sachant que la décision arriverait de notre droite.
En effet, sur ce point, les Prussiens faisaient peser tout leur poids sur les conscrits de Bertrand, qui commençaient à regretter de ne pas avoir suivi les sages conseils de leurs généraux, et reculaient sous le nombre. Les Prussiens prenaient 3 Postes pendant que les russes du général Lambert prenait St Eloy, chargeant avec succès la tant vantée cavalerie de la garde française e la repoussant partout avec pertes. Dans le bois de Morangis, les grenadiers Russes se faisaient tuer sur place plutôt que de reculer, mais petit à petit les chasseurs de la vieille garde prenaient l'ascendant, semble-t-il pour des raisons de poudres que je n'ai pas saisi.
Les 36 000 hommes manquant à l'Armée de Silésie arrivaient sur ces entrefaites, ainsi que la réserve d'artillerie de mon armée que j'avais fait quérir dès le début des combats, stabilisant temporairement le front au centre jusqu'à la tombée de la nuit.
Nous bivouaquions à demi-portée de canon de l'ennemi, avec de postes de garde doublés pour prévenir toute surprise, mais pensant que l'ennemi, n'ayant pas percé au centre et menacé de flanc et de revers par un ennemi frais et pouvant jeter la moitié de son effectif sur ses arrières ne pouvait que décamper pendant la nuit. Toute la nuit des déserteurs se présentèrent à nos postes, surtout en provenance du corps de Bertrand, mais aussi de la Jeune Garde et de Gérard, sans doute plus de 5000, qui ne firent que devancer ce qui attendait leurs camarades le lendemain.
Le matin voyait l'ennemi resté sur ses positions, ayant rapproché Bertrand de son centre pour raccourcir son front.
Ce deuxième jour de combat voyait la Jeune Garde enfin sortir de Juvisy, et l'ennemi tenter un effort suprême au centre et à l’aile droite, qui malmena les troupes de Nostitz et repoussa Frimont et Wrede sans pouvoir les rompre. Mais l'attaque de l'armée de Silésie sur Bertrand irrésistible, malgré la montée en ligne des grenadiers de la garde à pied. Plus de 150 canons les foudroyèrent et ces pauvres conscrits se rendirent en masse dès le premier assaut, laissant les grenadiers seuls et isolés, proie promise aux masses Prusso-Russes qui les entouraient. La cavalerie de l'Armée de Silésie, après avoir massacré la cavalerie de la garde, referma le piège en atteignant la Seine près de Grigny, manquant de peu de capturer l'Empereur des Français qui s'enfuit sur un cheval en abandonnant sa voiture, roue cassée, avec tous ses papiers, que je vous fait envoyer par courrier tout exprès.
Néanmoins, la souricière était fermée, et si un certain nombre d'unité de cavalerie réussirent à forcer le passage vers le Sud, nous avons capturés tout ceux qui n'ont pas préféré mourir les armes à la main ; nous sommes encore en train de compter les prisonniers, mais ils sont au moins 20 000, avec plus de 200 canons et des dizaines de drapeaux, Certains trophées nous ont échappé car les unités ont préféré les jeter à la seine avant de se rendre plutôt que de les donner.
Le résultat de cette bataille est que Napoléon n'a plus d'armée, s'il s'est échappé 10 000 hommes c'est un maximum, et ils sont dispersés pour au moins une semaine Je tiens à signaler à vos Majestés qu'un grand nombre d'officiers supérieurs, surtout dans la Garde, ont préféré se brûler la cervelle plutôt que de se rendre, et le général Gérard,qu'on a pris blessé à la jambe, m'a signalé que l'Empereur des Français avait eu sur lui deux pistolets apprêtés pour l'éventualité où il aurait eu à se rendre.
Je ne saurait exprimer à vos majesté l'admiration que les troupes mises sous mon commandement m'ont suscité lors de ces deux journées décisives, tous depuis le simple soldat ont fait leur devoir et au-delà, dans le but de redonner à l'Europe la paix qu'elle désire depuis si longtemps. Je n'ai pas encore reçu les comptes-rendus des chefs de corps, que je ne manquerai pas de vous faire parvenir aussitôt ; néanmoins l'annonce publique de cette grande victoire ne saurait qu'avoir un excellent effet sur les partisans de l'Ordre à Paris.
Je reste votre très humble et très dévoué serviteur,
Hoplà Yo!
Jean-Patrick Grouchmeuh, Prince de Schwartzenberg et autres lieux recouverts à marée basse.
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