"Leipzig 92 à Coëtquidan"

Espace dédié à la règle de kriegspiel "Les Trois Couleurs".

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"Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Oct 2013, 20:34

"Leipzig 92 à Coëtquidan", organisée par Jean-Christophe Raguet dans les murs de la prestigieuse école militaire française est à ma connaissance la plus grande manifestation de kriegspiel napoléonien qui ait été mise en oeuvre en France. Plus de 80 m2 de tables de jeu, plus de 100 joueurs, plus de 9.000 figurines, et beaucoup d'autres "plus" encore. C'est en effet aussi, du même coup, la plus grande bataille jamais rejouée sur la règle "Les Trois Couleurs", et cerise sur le gâteau, la plus belle victoire de ma pourtant longue carrière de joueur qui en compta bien d'autres, comme plus récemment, dans le rôle du même Napoléon, celle d'"Essling 2009 à Lyon", organisée de main de maître par John-Alexandre Mané, mon fils aîné (bon sang ne saurait mentir)...

Mais revenons au sujet de ce post, "Leipzig 92 à Coëtquidan", que j'ouvre aujourd'hui, en octobre 2013, 200 ans après les événements qui ont débouché sur cet affrontement colossal, parce-que l'évocation de "mon" Leipzig est littéralement ce que les Anglo-Saxons appellent "an alternative history", puisque "vingt ans après" (en fait 21, mais cela sonnait moins bien !) cette grand-messe du jeu que fut cette réunion de joueurs de tout l'hexagone, résonnent toujours ses échos mythiques à chaque rencontre entre les "anciens combattants" qui, ignorant ou ayant oublié leurs "vrais" noms, se saluent après dix ou quinze ans sans s'être revus, de celui qu'ils portaient au combat : " Sébastiani ! ... La Tour Maubourg !" ... avant de tomber ravis dans les bras l'un de l'autre !

Un grand moment, de très grands moments que ceux-là.

J'avais à l'époque étudié soigneusement le terrain (le plan communiqué par Jean-Christophe Raguet), et rédigé minutieusement mes ordres à destination de mes 40 généraux joueurs, d'autant plus que je ne les connaissais pas tous, et savais en outre que beaucoup, modernes "conscrits de 1813", allaient pratiquer "Les Trois Couleurs" pour la première fois. Comme à mon habitude j'avais présenté ces ordres en style d'époque, si bien qu'en les lisant vous pourrez penser que c'est l'Empereur lui-même qui en fut l'auteur, et qu'il vous suffira de vous munir d'une carte du champ de bataille pour entrer de plein pied dans "mon" "Leipzig, an alternative history".

J'ai pensé que cela pouvait être plaisant pour ceux qui y étaient, et reconnaîtront au passage l'ordre particulier les concernant, tout en découvrant ceux adressés à leurs camarades. Cela pourra aussi revêtir une vertu pédagogique en montrant aux moins initiés la manière de rédiger des ordres à l'époque, et les précautions prises par le chef, parfois en vain, pour se faire comprendre de la sorte.

Si l'exercice à l'heur de plaire je vous communiquerai ensuite mes ordres en cours de bataille (qui dura trois jours pleins rappelons-le). Ils sont moins "fignolés", moins circonstanciés, à l'instar des vrais, parfois griffonnés sous le feu dans l'urgence, sur un tambour ou un pommeau de selle... d'une écriture moins claire... qui, vous le verrez, sera à l'occasion mal interprétée par le destinataire !

J'ai aussi en réserve bien d'autres choses sur "ma" bataille, dont un "Bulletin de la Grande Armée" la décrivant par le menu d'un bout à l'autre, toujours en style d'époque. Bref, ce Leipzig là est bien plus agréable aux coeurs français que l'autre mais, et je l'ai démontré dans des articles historiques, cette fiction aurait parfaitement pu être la réalité, certes pas dans tous ses détails ludiques, mais en tous cas, fut-ce peu ou prou, dans son résultat final, soit la victoire, la plus grande victoire, de Napoléon.

Diégo Mané (alias Napo-Lyon pour la circonstance)
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar BOUVARD Cyril sur 09 Oct 2013, 16:46

Cher Diégo, j’étrenne donc mon retour sur le forum par ce petit message :

Comment obtient on ce fameux bulletin de la Grande Armée ? J'ai pourtant bien cherché mais n'ai rien trouvé...

Merci d'avance.
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar BERAT Christophe sur 09 Oct 2013, 16:48

EXTRA !!

Que de bons souvenirs pour les anciens et de regrets pour les nouveaux (en espérant qu'ils aient eux aussi leur Leipzig 92).

Et pour paraphraser le grand homme :

"soldat, tu pourras dire j'étais à LEIPZIG 92 et l'on te répondra voilà un brave"

PS : Je pense que nos amis ayant joué Alliés et en particulier notre ami Thierry trouveront à ce souvenir un petit goût amer (poussière de boulet :grin: ) mais je ne doute pas qu'ils ont aussi la nostalgie d'une si belle manifestation.
BERAT Christophe
 

Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar HYVRON Jean-Pierre sur 09 Oct 2013, 17:43

Y manquerait-y pas un lien, des fois :idea: :?:
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar MANÉ Diégo sur 09 Oct 2013, 20:08

Non, il ne manque pas de lien. Le "Bulletin", en fait son insertion au "Moniteur de l'Empire" par l'Impératrice Marie-Louise, n'est pas encore en ligne.

Je vous ai expliqué plus haut que je vous le mettrai après les ordres de Napo-Lyon avant la bataille puis pendant la bataille. Le tout en plusieurs "livraisons"* car il y a du volume. Pensez donc, il s'agissait pour les ordres de mettre en mouvement 200.000 hommes, tout de même... et pour le Bulletin de relater le plus grand affrontement de l'Histoire depuis l'antiquité, rien que çà...

* La première ce week-end car là je ne suis pas à la maison et je n'ai pas ces docs sous la main.

Alors que les Alliés l'aient moins bien vécu que les Français, cela ne fait pas de doute. Il n'y a qu'à voir l'effet de la vraie sur les Français de l'époque... et même d'aujourd'hui, rien qu'à imaginer le sourire des British, les véritables vainqueurs par mercenaires interposés...

Revenant à "nos amis Alliés" j'ai aussi dans mes cartons les comptes-rendus de ceux qui étaient alors membres du KRAC (au moins Kerdal/Kleist et Borreill/Galitzin), et cela vaut franchement la peine d'être lu. Je n'ai hélas rien de la part des autres participants "ennemis", mais, si certains me lisent aujourd'hui je les engage à participer avec nous à ce retour sur images de cet événement majeur du jeu qui pour l'instant reste inégalé, et le restera probablement encore très longtemps.

Et si les "ennemis" ne veulent pas témoigner, ce ne sera jamais que l'illustration d'un de mes proverbes favoris : "ce sont les vainqueurs qui écrivent l'Histoire", qui n'en est que plus belle !

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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar BEYER Olivier sur 10 Oct 2013, 08:30

Von Kätzler a de bons souvenirs qu'ils racontera en détail :wink:
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar GANTILLON J-François sur 10 Oct 2013, 16:41

Leipzig 92 - à Coëtquidan ! :P :P

Poniatowski reçoit son bâton de Maréchal, en pleine bataille...!

Le film, au 3e jour de la bataille :
- à 12h00, décret prononcé par l'Empereur (envoyé par l'Etat-Major Impérial, au 8e Corps),

- à 12h30, annonce de la nouvelle, par le Maréchal Poniatowski - devant le front des Troupes du 8e Corps Polonais !

- à 13h00, le 8e Corps aidé par la 2e Division du 2e Corps de Cavalerie de Sébastiani et une division d'Infanterie allemande venue en renforts - contre-attaque sur la Réserve de Grenadiers et la Réserve d'Artillerie autrichiennes - dans les alentours du village de Dölitz (au sud de Leipzig) !

- à 13h30, la Réserve de Grenadiers autrichienne recule et soixante-douze pièces d'artillerie sont prises à l'ennemi (canons de 12 Livres) !... Partout, la victoire est totale !...
Nos braves Polonais ont encore fait des prodiges !!! :o :o

Quels souvenirs, que cette belle bataille ! 8) 8)


Pour la petite histoire - j'avais l'honneur de commander le 8e Corps Polonais, à Leipzig - durant ces trois jours épiques de batailles !

Jeff, Maréchal d'Empire, Comte de Dölitz, :wink: :wink:
Maréchal d'Empire, Comte de Dölitz
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar FONTANEL Patrick sur 12 Oct 2013, 17:37

Eh oui crévindieu... que de bons souvenirs !

Un trajet épique se terminant au milieu de la nuit,
la charge de cavalerie lourde (François) dans le couloir des chambrées, soutenue par la réserve de cavalerie légère (moi) face à d'obscurs alliés qui ne savaient pas à qui ils avaient affaire,
Une mini bataille à côté de la maxi : Lindenau ou comment garder la porte de sortie ouverte en la mettant dans la gueule de ceux qui auraient voulu couper notre retraite...
Un titre de gloire au propre et au figuré pour moi,
Quelle nostalgie, 21 ans déjà :?
On va passer pour des antiquités... :mrgreen:
La force d'une armée, comme la quantité de mouvement en mécanique, s'évalue par la masse multipliée par la vitesse.
[Napoléon Bonaparte]
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar MANÉ Diégo sur 12 Oct 2013, 21:12

Roulements de tambours... Rantanplan, tirelirelan, rantanplan...

Je commence bientôt, mais avant voici la seule et unique photo que j'aie trouvé, sur internet en plus, de la manifestation, et je fais appel à tous ceux qui pourraient en avoir d'autres car franchement cela remplirait un vide aussi grand que l'événement.

Image

Le capitaine en tenue est Jean-Christophe Raguet, l'organisateur et notre hôte. Son voisin de gauche est Valéry Kitoskis de Boutsélis, qui tenait le rôle de Schwarzenberg. Le barbu au premier plan est Diégo Mané (moi-même), le Napoléon de service.

Au second plan mains dans les poches l'ami Ernst. A côté de lui bras croisés Thierry Melchior. Le jeune homme de profil, dans le prolongement de la tête du capitaine sur la photo est mon fils aîné John-Alexandre (âgé d'alors 14 ans) dont c'était la première reconstitution. A côté de lui Thierry Kerdal. Je ne suis pas sûr des autres, qu'ils m'en excusent.

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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar MANÉ Diégo sur 13 Oct 2013, 14:55

J'ai changé d'avis, pensant que le Bulletin intéressera davantage de public que mes ordres, sommes toutes assez techniques, lesquels viendront donc ensuite comme des "pièces justificatives" du bulletin.

J'ai aussi commencé à ressortir mes "archives" de l'événement et trouvé des compte-rendus de participants dont je vous ferai ensuite profiter. En vrac j'ai sous le coude les rapports de Drouot, Margaron, Friederichs côté français, et Kleist, Galitzin et Katzler côté allié. Je dois en avoir d'autres ailleurs, au moins des billets griffonnés dans le feu de l'action, car je me souviens d'autres (bons) mots.

Je répète que tout participant, quel que soit son camp et son ressenti peut intervenir ici, ou me communiquer des éléments s'il ne souhaite pas le faire directement. Plus de vingt ans après notre bataille, le fracas des armes s'étant estompé, peut-être est-il venu le temps d'en écrire l'histoire !

J'essaie ci-dessous de vous communiquer un plan de Leipzig (tiré de l'atlas de Thiers) afin de vous permettre de suivre les mouvements relatés dans le Bulletin de la Grande Armée.

Image

Si cela n'était pas satisfaisant, je peux envoyer par mail perso le scan, très satisfaisant, lui, que j'ai réalisé, charge aux intéressés de me le demander par le même canal (perso).

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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar MANÉ Diégo sur 13 Oct 2013, 22:26

BULLETIN DE LA GRANDE ARMEE

(Extrait du Moniteur du samedi 30 0ctobre 1813.)

S. M. l'Impératrice-Reine et Régente a reçu les nouvelles suivantes sur la situation de l'armée les 16, 17 et 18 Octobre :

Le 15, le Prince de Schwarzenberg, commandant l'armée ennemie, annonça à l'ordre du jour, que le lendemain 16 il y aurait une bataille générale et décisive.

Effectivement, les armées alliées avaient formé le projet d'encercler la Grande-Armée à Leipzig et de l'y détruire. Blücher et le Prince de Suède arrivaient du Nord, mais le dernier ne pouvait être en ligne avant le 18.

Schwarzenberg, que Collorédo devait renforcer le 17, s'avançait du Sud et de l'Ouest. Bennigsen était attendu le 18 de l'Est. En tout 360.000 hommes.

L'Empereur qui avait prévu et même provoqué ces mouvements ne disposait que de 200.000 hommes, mais il s'agissait de Français. Il résolut de devancer l'ennemi et de le frapper à la tête avant qu'il ne soit réuni.

JOURNÉE DU 16 OCTOBRE

Le Prince de la Moskowa qui commandait au Nord reçut l'ordre de replier au Sud de la Partha les Corps du Duc de Raguse et du Comte Bertrand ainsi que la cavalerie du Duc de Padoue, tandis que le Comte Souham était dirigé de Mockau sur Holzhausen pour participer à la manoeuvre de l'Empereur au Sud.

Le brave général Margaron tenait Lindenau avec ses conscrits et deux divisions de cavalerie légère du Duc de Padoue. Non seulement il tint sa position à un contre cinq mais encore harcela sans répit l'ennemi qui tentait de passer l'Elster plus au Sud pour venir menacer Dölitz et Markleeberg.

Tranquillisé sur le Nord et l'Ouest, l'Est n'étant pas encore menacé, l'Empereur prit ses dispositions au Sud contre l'Armée de Bohême.

Une attaque générale fut prévue pour huit heures du matin, quand bien même le brouillard ne soit pas levé, cette circonstance devant permettre par ailleurs d'éviter en partie le feu de la nombreuse artillerie alliée.

Le Prince Poniatowski reçut l'ordre d'enlever le village de Cröstewitz et surtout le pont qui traverse la Pleisse à cet endroit et par lequel pouvaient déboucher d'importantes forces ennemies concentrées de ce côté.

Le Duc de Bellune devait s'avancer de Wachau en direction de Göhren, sa droite ayant pour objectif Cröbern et sa gauche Gülden-Gossa qu'une division du Comte Lauriston devait l'aider à prendre.

Ce dernier général devait, avec le reste de son corps, tenir Liebertwolkwitz et s'emparer du bois de Gross-Pössnau, se liant ainsi au Duc de Castiglione qui, parti d'Holzhausen, devait s'emparer de la Redoute Suédoise et de Seyffertshayn.

Ce dernier mouvement avait pour but de faciliter l'entrée en ligne du Duc de Tarente qui devait arriver de Taucha vers midi avec le XIe CA et la cavalerie du Comte Sébastiani.

A l'exception des divisions de cavalerie lourde conservées en réserve à Dösen et Liebertwolkwitz à disposition de l'Empereur ou du Roi de Naples, les IVe et Ve CC sous Kellermann et le Ier CC de Latour-Maubourg appuyaient les diverses fractions de cette manoeuvre.

Pensant la Grande-Armée et l'Empereur au Nord de la Partha et sur le point d'accabler Blücher, et croyant n'avoir en présence qu'une arrière-garde, l'ennemi avait également décidé une attaque générale qu'il commença en même temps que la nôtre. Le choc fut donc immédiat et général.

Une brigade prussienne pénétrait dans Cröstewitz par le Sud tandis que les Polonais y entraient par le Nord qu'ils conservèrent par leur courage.
Le reste du Corps de Kleist s'engagea contre Victor dont les conscrits ployèrent sous le choc et s'arrêtèrent à mi-chemin de leurs objectifs.

Leur gauche et la division du Comte Lauriston envoyée contre Gülden-Gossa était menacée par l'avance depuis Störmthal des corps de Gortchakov et du Prince de Wurtemberg qu'appuyait la cavalerie de Pahlen.

En revanche, le Duc de Castiglione parvint, par l'exécution ponctuelle des dispositions de l'Empereur, à s'emparer de ses objectifs littéralement sous le nez de forces triples des siennes qu'amenait le général autrichien Klenau.

La lutte était donc indécise lorsqu'arriva, avec une heure d'avance, la tête de colonne du Duc de Tarente menée par le brave général Charpentier. Comme prévu par l'Empereur, l'ennemi, engagé sur le front du Duc de Castiglione, se trouva en flagrant délit devant l'irruption de ces troupes fraîches s'engageant entre deux solides points d'appui.

Alors commença le calvaire du corps de Klenau car les cosaques de Platov ne purent rien faire pour préserver son flanc contre les cavaliers de Sébastiani.

En moins de deux heures, l'Autrichien perdait les deux tiers de ses 24.000 hommes, 18 drapeaux, 6 fanions et 24 pièces d'artillerie, le reste refluant en désordre sur le bois de l'Université tandis que nos troupes s'emparaient de Gross-Pössnau.

Dans l'intervalle de puissants renforts étaient parvenus aux Alliés. Vers 1 heure du soir, les réserves autrichiennes, pesant de tout leur poids sur le passage de Cröstewitz en expulsèrent la poignée de braves Polonais qui y tenaient encore.

La Garde russe était apparue entre Gülden-Gossa et Cröbern ayant en front plus de cent pièces qui commencèrent à foudroyer les conscrits de Victor.
Ces braves enfants, ne pouvant avancer et refusant de reculer se faisaient tuer sur place en criant "Vive l'Empereur".

Une brigade de Dragons de Kellermann, tenta bien de les dégager malgré ses ordres contraires mais elle fut couverte de mitraille et culbutée par les Chevaliers-Gardes. Entre Gülden-Gossa et Liebertwolkwitz c'est la Garde prussienne qui parut et paralysa les fantassins de Victor et Lauriston qui défendaient ce secteur.

L'ennemi ayant engagé ses réserves et l'action du Duc de Tarente commençant à porter ses fruits, l'Empereur jugea le moment opportun pour faire avancer l'artillerie de la Garde sous Drouot, puissamment flanquée des deux corps de Jeune Garde ayant en soutien les divisions de cavalerie lourde tenues jusque-là en réserve.

L'Empereur leur donna pour axe d'attaque l'espace qui relie, entre deux lignes de hauteurs, Liebertwolkwitz à Gülden-Gossa, l'artillerie occupant le fond et l'infanterie les hauteurs. Cette troupe d'élite fit une fois encore honneur à sa réputation par l'exactitude et le sang froid avec lesquels elle fit son devoir.

A 2 heures du soir les 9e et 11e Brigades prussiennes qui faisaient face à la batterie n'existaient plus s'étant faites hacher sur place avec un acharnement égal à celui déployé par nos conscrits devant Wachau.

Poursuivant son avance la batterie canonna Gülden-Gossa et mit à mal la Garde prussienne qui recula derrière le Wachtberg pour éviter la destruction.
Le Duc de Reggio allait lancer l'assaut de Gülden-Gossa lorsqu'une violente attaque de la Garde russe le fit reporter.

Ayant senti le péril mortel couru par son centre, l'ennemi lançait les régiments Séménovski et Préobrajenski sur le corps du Duc de Trévise qui flanquait la droite de la réserve d'artillerie.

Un moment ébranlée, la Jeune Garde put se ressaisir grace au secours d'une partie des pièces de Drouot que ce brave général fit promptement pivoter et se porter sur la hauteur. Les feux de flanc à petite portée, suivis de la contre-attaque de la Jeune Garde eurent raison des meilleurs soldats du Tsar.

Ils se replièrent poursuivis par nos boulets qui portaient dans le même temps le désordre dans la batterie qui avait fait tant de mal au Duc de Bellune.

Au même moment, le Comte Sébastiani arrivait avec sa cavalerie au Sud du Wachtberg, le Général Charpentier expulsait Russes et Autrichiens pêle-mêle du bois de l'Université tandis que le Duc de Tarente atteignait Störmthal par le Sud que Latour-Maubourg gagnait par le Nord ayant percé le front russe.

Cernés de toutes parts, les corps de Gortchakov, Wurtemberg et Pahlen furent contraints de mettre bas les armes. Un sort similaire attendait la Garde russe et les débris mêlés de Klenau et Kleist.

En effet, en prévision du décrochage des conscrits du IIe CA, que l'Empereur jugeait inévitable, il avait fait appel à Friant et Curial qui s'étaient avancés entre Wachau et Dösen avec l'ordre de culbuter dans la Pleisse tout ennemi qui s'avancerait sur Markleeberg où Poniatowski soutenait un combat inégal contre tout le corps de Merveldt qui tentait de franchir le cours d'eau.

La simple vue de ce corps d'élite suffit à dissuader l'ennemi de son entreprise et l'apparition de Nansouty appelé entre Dösen et Markleeberg sonnait le glas de toute cette multitude qu'accablaient de flanc les tirs de Drouot depuis la hauteur tandis que Sébastiani leur coupait la retraite vers le Sud.

Un violent orage s'abattit alors sur le champ de bataille, séparant prématurément les combattants et sauvant les Alliés de la destruction.
Les résultats étaient cependant considérables.

Les corps de Wittgenstein étaient détruits ou pris en totalité, généraux compris. Le corps de Klenau avait perdu les deux-tiers de ses effectifs et celui de Kleist la moitié. Tous les autres corps engagés avaient subi des pertes importantes quoique moindres. En tout environ 50.000 hommes.

De notre côté seul le corps du Duc de Bellune avait vraiment souffert et notre perte totale ne doit pas avoir atteint les 10.000 hommes. La victoire ne faisait donc aucun doute et l'Empereur donna ses ordres pour terminer dès l'aube la manoeuvre que seuls les éléments avaient contrecarrée.

Les nouvelles parvinrent aussi du nord où le Maréchal Ney, exécutant ponctuellement les ordres de l'Empereur, se trouva en mesure de soutenir avec avantage les combats que lui imposèrent les corps de Blücher en tentant vainement de franchir la Partha.

Plusieurs échecs sanglants montèrent les pertes des Prusso-Russes à 2.000 hommes pour quelques dizaines des notres seulement. Le Général Margaron, de son côté mit hors de combat plus de 1.000 ennemis du corps de Giulay et lui prit 12 pièces de canon pour une perte de 400 hommes dans nos rangs.

... à suivre... la journée du 17 octobre...
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar SÉBASTIANI Damien sur 14 Oct 2013, 00:22

Bonsoir à tous,

Je tiens vivement à remercier Diégo pour son accueil chaleureux. Par un mystérieux hasard du calendrier j'ai découvert le site au moment même où Diégo publiait son post sur cette mythique rencontre de " Leipzig 92 ".

Etant un joueur de simulation de longue date (33 ans de pratique ayant débuté dans les années 80 sur l'Austerlitz de Défieux chez Jeux Descartes) je n'étais pas particulièrement un joueur expérimenté sur figurines mais j'avais une connaissance éprouvée des armes et des tactiques ayant précédemment à cette date de 1992 beaucoup pratiqué sur des jeux sur cartes au niveau tactique et opérationnel.

De tempérament plutôt manœuvrier et impulsif, c'est avec une joie non contenue que j'avais accueilli mon commandement et mon ordre de mission. ( En duo pour la conduite du corps du Comte Sébastiani de la Porta : 2e et 4e divisions de cavalerie légère et 2e division de cavalerie lourde).

Avant de publier mes impression et mes commentaires, 21 ans après les faits, je tiens à féliciter avec le recul le degré d'investissement et de rigueur des organisateurs. L'originalité de cette simulation qui outre son aspect grandiose dans tous les sens du terme, tenait à un degré immersif élevé des joueurs renforcé par le fait d'un certain cloisonnement qui nous empêchait de saisir avec exactitude ce qui se passait à notre proximité immédiate, et encore moins de comprendre la bataille dans son ensemble.

Une chaîne de commandement digne de l'époque avec un état-major perché sur une estrade et des ordres sur bouts de papier parfois difficilement compréhensibles ou bien souvent décalés de la situation de terrain.

Bref "fog of war", chaîne de commandement réaliste et imparfaite, divisionnaire ou chef de corps la tête dans le guidon ... les ingrédients étaient sans commune mesure des plus réalistes.

Les sensations en termes émotionnels étaient inhabituelles ... foule considérable de joueurs, très bon encadrement des arbitres, beaucoup de sens collectif, et une franche sensation fraternelle et dans un doux bordel organisé ...

l'ambiance était électrique ....

De mémoire j'étais sous les ordres de Macdonald, flanquant sur sa gauche son 11e corps. Je ne connais plus la mission réelle de ce 16 octobre, mais je pense qu'elle était conditionnée à la façon dont le centre français allait se comporter face à la masse du centre austro-russe.

Positionné très en retrait (Sommerfeld ?) notre 2e corps est arrivé assez tardivement à hauteur de Macdonald malgré une course d'approche assez rapide ce qui m'a obligé a reposer les divisions.

Les combats réels ont commencé vers midi environ ... ( à suivre) :)
SÉBASTIANI Damien
 
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar MANÉ Diégo sur 14 Oct 2013, 15:44

Au commencement de la partie le 2e corps de cavalerie de Sébastiani était sur la route de Leipzig à Taucha, venant juste de franchir la Partha.

A ce moment le XIe corps de Macdonald était échelonné devant lui sur la même route où ils avaient bivouaqué.

C'est là qu'ils reçurent leurs ordres de mouvement pour participer à la manoeuvre de Napo-Lyon sur le front sud.

Diégo Mané
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar SÉBASTIANI Damien sur 14 Oct 2013, 21:57

Rapport de combat Sébastiani 16 octobre ...

A mon arrivée vers midi, le corps autrichien de Klenau est engagé entre Liebertwolkwitz et Seyffertshayn. ( ?) partiellement contre le centre gauche français, il cherche je crois à envelopper le centre, en s'orientant au NO. Mais en fait je ne saisis pas l'ensemble de ce mouvement étant complètement absorbé dans mon couloir de combat. J'ai une grande confiance dans Macdonald qui est un joueur expérimenté du KRAC, proche de Diégo.

A midi je flanque en retrait sur sa gauche (sud de Klein Possnau) le 11e corps qui bataille dejà par son avant-garde. L'impression est dantesque, le corps de Klenau est massif avec ses gros bataillons, néanmoins on ressent une certaine fébrilité dans les deux joueurs autrichiens. Entre le centre gauche et l'aile gauche française qui se dessine, il y a une sorte d'hésitation tant dans la direction que dans l'impulsion à donner à leurs mouvements... sans compter que celui-ci est lent.

J'ai encore en mémoire l'un des joueurs autrichiens me lançant un regard intrigué :grin: Pour parer au danger, le corps de Klenau couvre son action avec un rideau de cavalerie constitué de chevaux légers ou de hussards. Mais l’échauffourée tourne vite au vinaigre pour le gros de la cavalerie du 4e corps de Klenau ... peut être trop léger.

Il était 13h00, A ce stade les choses évoluèrent très vite. Macdonald pousse à présent avec l'intégralité de ses moyens, je me prépare en le serrant au maximum sur sa gauche. Ceci a une conséquence directe, les Autrichiens déjà affaiblis mais encore très nombreux ne savent plus très bien quelle tactique adopter. Il y a un mélange de carré et de ligne en cours, le changement de formation étant assez lent, la confusion associée aux pertes dûes à l'action de Macdonald commence à se faire sentir.

Bref la bergère est surprise au milieu du gué et le loup Sébastiani attend son heure qui ne tarde pas, et c'est la charge... les dés sont jetés, les combats sont fratricides, la sérénité de l'arbitre est mise à rude épreuve, et mon tempérament impulsif pousse les joueurs Autrichiens dans leurs derniers retranchements. J'harangue, je peste, j'exulte.

Soudain le mur autrichien se fissure... un bataillon, puis deux, puis tout un régiment, et c'est une division tout entière, c'est bientôt le corps de Klenau qui lâche prise progressivement. C'est l'énorme pression du 11e corps associée à mes charges qui provoque un séisme sur l'aile droite autrichienne.

Tandis que le Bois de l'Université voit recueillir les premiers bataillons autrichiens en fuite, je lâche bride à mes divisions qui s'infiltrent et dépassent le corps de Klenau. Il doit être 14h00, A ce stade le centre français bataille encore avec les multiples retours offensifs austro-russes dont certains généraux me regardent interloqués : "que se passe-t-il, quels sont ces cavaliers ? C'est impossible ?? ".

Je n'ai plus rien devant moi, suis-je insouciant ? Macdonald me regarde avec le sourire sans mot dire car je n'ai plus d'ordres. Je suis trop en avant et je vais me faire balayer par une contre charge, mais rien n'arrive. Mes cavaliers qui n'ont pas eu de grandes pertes sont à bride abattue filant plein sud.

Puis soudain vers 15h30 au SE de Gross Possnau ( ?), ce sont les Cosaques du comte Platov qui tentent de retenir cet élan mais rien n'y fait. A peine leur intervention a-t-elle ralenti ma course. Après une courte pause et de multiples embrassades avec Latour-Maubourg dont les cuirassiers ont percé le centre austro-russe, je vois intervenir l'arbitre général.

Mes unités ne pouvant se mouvoir dans le vide, il décide de rajouter une longue table sur l’arrière des Austro-Russes. Complètement isolé mais gagné par l'impétuosité, je décide mon " va-tout " en fonçant sur l'état-major austro-russe et oblique mes cavaliers vers le centre arrière ennemi mais au dernier moment une réserve de cavalerie russe m'empêche de poursuivre mon objectif.

A 17h00 l'arbitre général déclenche un orage (ludique), mettant fin aux combats afin de rendre un peu plus sereins les esprits échauffés par les durs combats de cette première journée.

Celle du 17 octobre n'aura pas la même physionomie ... :?
SÉBASTIANI Damien
 
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Re: "Leipzig 92 à Coëtquidan"

Messagepar SÉBASTIANI Damien sur 14 Oct 2013, 22:44

Regard sur la stratégie austro-russe du 16 octobre.

21 ans après, ma mémoire est intacte. En aucun cas je ne peux commenter rétroactivement la stratégie adverse en cette journée du 16 octobre, ni même avoir de vision objective tant sur leurs contraintes que sur leurs décisions. Je ne peux parler que d'impression et de sensation.

Mon impression globale est que le comportement ennemi du 16 octobre était peut être trop impliqué de l'avant, voire trop offensif alors que leur avantage allait croissant sur la durée des trois jours. La puissance austro-russe était impressionnante au centre et face au prince Poniatowski. C'est un choix, un choix qui se respecte.

Avec le recul, j'ai toujours été impressionné de la marge de manœuvre arrière dont disposait l'armée austro-russe comme si elle était concentrée très avant au vu de l'espace disponible dans son ensemble. Il est toujours facile d'analyser après-coup, mais la profondeur stratégique austro-russe était pour ma part insuffisante pour amortir un choc ou une déstabilisation du front (étant plus lente à manœuvrer et plus lente à intégrer les ordres).

Mais ce commentaire induisait alors et sans doute un combat d'attrition avec un combat en retrait pour le 16/10, obligeant le Français à étendre la dimension de son front nord/sud pour envisager un retour offensif seulement le 17/10.

Pour mon seul couloir de combat c.a.d. l'aile droite ennemie j'ai été toujours surpris que derrière le corps de Klenau il n'y avait aucune réserve stratégique. Sans doute les moyens manquaient ou que la stratégie n'était pas de menacer notre aile gauche.

Alors dans ce cas, pourquoi le corps de Klenau était-il si compact et pas moins étagé en profondeur ?

Ceci reste un mystère.
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