J'ouvre ce post pour y consigner des épisodes de la retraite de Russie qui, eu égard au chaos dominant, présenteront plus un aspect anecdotique qu' une relation construite d'opérations militaires au demeurant elles-mêmes décousues. Non, il s'agira souvent d'actes remarquables passés inaperçus.
Je commence par un passage d'une lecture actuelle ("Etudes d'histoire" d'Arthur Chuquet, 5e série, Paris, 1912) qui commente les "Souvenirs des guerres de l'Empire, réflexions, pensées, maximes, anecdotes, lettres diverses, testament philosophique" par le colonel de cavalerie Rigau, Paris, 1846.
L'action se passe "entre Moscou et Vereya" : "Un jour, Rigau qui cheminait à pied au milieu d'une foule d'hommes harassés et presque désarmés, aperçut un officier très petit et très brun, marchant à côté de trois pièces de canon et fumant ce bout de pipe que les soldats appelaient déjà un brûle-gueule. L'homme, qui semblait un lieutenant d'artillerie, portait une capote bleue munie d'un collet qui tombait sur les coudes et il avait un chapeau bordé d'un étroit ruban tout uni.
Paraît à l'horizon un hourra de Cosaques. L'officier voit Rigau, le nomme son camarade, l'invite à rallier le plus de gens possible afin de masquer les pièces qu'il place aussitôt dans la direction de l'ennemi, non sans laisser un jour pour ajuster. Les Cosaques arrivent à portée de fusil. L'officier vise, fait feu, un boulet frappe en plein milieu des Russes qui se sauvent en toute hâte. La colonne poursuit sa marche, et Rigau, félicitant l'officier de tirer si bien, apprend que c'est le général Allix qui n'avait pas cessé de fumer son bout de pipe."
Un renvoi nous apprend en outre que, d'après le rapport de Bodenhausen, cité dans les "Mémoires du roi Jérôme", "Le 15 novembre à Krasnoïé, Allix, n'ayant plus que quatre bouches à feu et pas assez de canonniers, servit lui-même cette artillerie avec les officiers encore debout."
Moi qui aime bien les généraux d'artillerie en général et Allix en particulier, j'ignorais cette anecdote qui m'a plu. J'ai voulu vous en faire profiter. Par ailleurs ceux qui souhaitent réaliser le général Allix pour leur armée Westphalienne (j'en connais au moins un), sauront qu'il était vêtu sobrement (pour un général) et qu'il convient de le représenter "très petit et très brun", ce que j'ignorais aussi totalement.
Diégo Mané
                                 |
