1815 : les Français sur deux rangs ?

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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1815 : les Français sur deux rangs ?

Messagepar MANÉ Diégo sur 06 Jan 2012, 18:42

Cette question à déjà été débattue sur ce forum, mais c'était avant le drame, bien entendu !

Comprenez avant le torpillage par un hacker turc le 5 septembre 2008, qui entraîna le naufrage de notre forum, et avec lui de quatre ans d'échanges pour certains très intéressants.

Grâce à l'ami Thierry Melchior qui justement sauvegarde aussitôt sur son disque dur tout ce qui l'est, intéressant, j'ai pu récupérer une partie de nos échanges et, après un boulot de remise en forme, vous en ai remis quelques-uns... avant d'oublier les autres.

La question de Denis faisant office de rappel, voici ce que nous avions échangé à l'époque :

1815 : les Français sur deux rangs ? (par Nicolas-Denis Remÿ).

Suite à une conversation sur une éventuelle reconstitution de Waterloo, on est arrivé sur le problème de la profondeur des unités : pour les Britanniques et leur dépendant direct (le Hanovre), il est quasi certain que ces troupes étaient sur deux rangs. Pour les Français, c'est très discuté.
D'après le capitaine Chapuis (Notice sur le 85e de ligne pendant la campagne de 1815, “La Sentinelle de L'armée”, Paris, février 1838,) “le colonel Masson fit former au 85e un carré sur deux rangs, sa faiblesse numérique s'étant opposée à ce qu'il fût sur trois".

Ce fait est cité par Bernard Coppens dans son “Waterloo les carnets de campagne n°4” qui montre une faiblesse numérique des bataillons français.

Pour tous : en 1815, l'ancien système de fin 1813 et 1814, d'être sur deux rangs a-t-il été conservé ' J’attends vos réponses.
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Re: 1815 : les Français sur deux rangs ?

Messagepar MANÉ Diégo sur 06 Jan 2012, 18:43

Ma réponse de l'époque à la question de Nicolas... et pour le coup à celle d'aujourd'hui de Denis :

1815 : les Français sur deux rangs ? (par Diégo Mané).

C'est une des questions auxquelles je n'ai pas trouvé de réponse qui ne s'assortisse aussitôt d'une nouvelle question. Nous en parlons souvent au KRAC. Autant faire bénéficier le lectorat de nos cogitations.

J'ai lu je ne sais plus où (je sais, ce n'est pas sérieux, mais peut-être que quelqu'un s'en souvient et nous le dira), sous la plume d'un divisionnaire de d'Erlon, que sa troupe, déployée comme on sait (huit bataillons en ligne l'un derrière l'autre), présentait donc 24 rangs de profondeur aux boulets. Si le renseignement est fiable il s'agirait de Marcognet, car Donzelot avait 9 bataillons et aurait donc présenté 27 rangs de profondeur, tandis que la division commandée par Quiot n'avait qu'une brigade de quatre bataillons concernée, et que celle de Durutte n'a pas participé directement à l'assaut.

Il fallait en conclure que les troupes étaient effectivement déployées sur trois rangs de profondeur, malgré le décret de Leipzig les ayant fait passer sur deux rangs juste avant la bataille. Mystification, certes, mais aussi prise en compte d'un sous-effectif chronique, raison qui avait conduit les Anglais de Wellington à la même mesure bien plus tôt.

La première Restauration avait fait table rase de cette mesure comme de bien d'autres, mais l'Empereur ayant remis en vigueur la plupart des siennes, à son retour de l'ile d'Elbe, la question pouvait se poser... D'autant que Nicolas nous à trouvé, dans "Les Carnets de la Campagne" n° 4 de Bernard Coppens, l'exemple du 85e de ligne, de la division Durutte, resté en arrière, en contradiction aux ordres reçus, pour flanquer une batterie laissée sans soutien... et bientôt attaquée par les fameux Scots Greys britanniques (relation du capitaine Chapuis, page 47).

Le colonel Masson "fit former au 85e un seul carré sur deux rangs, sa faiblesse numérique s'étant opposée à ce qu'il fut sur trois." Certes le 85e était en sous-effectif avéré puisque ses deux bataillons ne présentaient que 631 hommes, soit l'effectif "normal" d'un seul, étant rappelé que l'effectif règlementaire, rarement atteint sous l'Empire et jamais en 1815, était d'environ 840 hommes.

Il reste que si le narrateur précise la prise de cette formation sur deux rangs, c'est parce-qu'elle se distingue de la règlementaire sur trois rangs, qui doit être le lot "normal" des autres troupes. Il ne l'aurait donc pas précisé pour la sienne si c'était la norme... et cet élément vient conforter le contraire de ce qu'il semblait cautionner à première vue...

Deux rangs ou trois, quelle importance ' diront certains ! Considérable sur le plan tactique leur réponds-je. A l'instar de l'armée de Wellington, cela permet une "prise de terrain" et une puissance de feu plus conséquentes ainsi que des pertes relatives inférieures d'un tiers. Bref, une plus grande efficacité. C'est le secret de toutes les victoires anglaises en Espagne. Et en partie de celle de Waterloo... sauf à apporter la preuve que les Français étaient également déployés sur deux rangs en 1815 !

Si parmi nos lecteurs il s'en trouvait un disposant d'éléments relatifs probants, qu'il se manifeste, il répondrait à une question capitale et ferait la joie de bien des joueurs Français, bien embêtés par la prise en compte dans "Les Trois Couleurs" de ce paramètre, lequel obère en rapport leurs chances de victoire, déjà bien hasardeuses !
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