"Les premiers combats du règne du Tsar Alexandre Ier prirent place en 1805 dans le Caucase, car le Shah de Perse avait juré la mort de tous les Russes de Georgie.
L’armée russe comptait sur place 8.000 hommes disséminés sur l’immensité du territoire du Caucase. Les Perses disposaient de 40.000 soldats et voulaient s’emparer de Tiflis (aujourd’hui capitale de la Georgie) mais, sur la rivière Askeran ils butèrent contre le petit mais valeureux détachement du colonel Karyagin, fort de seulement 493 hommes et deux canons.
La lutte près de cette rivière dura du 24 juin jusqu’au 7 juillet. Pendant quatorze jours ce minuscule détachement résista contre les Perses dont le nombre augmenta graduellement jusqu’à s’élever à 20.000 hommes. Les Russes furent encerclés mais parvinrent à se faire jour à travers le cercle des ennemis, faisant franchir un ravin aux canons qui passèrent sur le corps de soldats formant un pont humain, circonstance reproduite par le tableau.
L’idée de constituer ce pont vivant vint du soldat Gravil Sidorov qui y sacrifia sa vie. Après le franchissement du pont, il ne subsistait du détachement que 150 soldats, et durant quatre jours ils luttèrent près du cimetière tartare, souffrant de la chaleur et de la soif, et faisant des sorties. Durant une de ces sorties ils parvinrent à prendre le château de Shakh-Bulakh, et y résistèrent dix jours de plus jusqu’au 8 juillet."
"Malheureusement la page ne dit rien de plus (se lamente le premier traducteur), le plus probable étant qu’ils furent tous tués, mais ce qui est sûr c’est que leur héroïque résistance gagna un temps précieux pour permettre aux troupes dispersées des Russes de se regrouper. La Russie ne pouvait envoyer de renforts dans cette partie de l’empire étant donné les campagnes en Europe contre Napoléon et les guerres contre les Turcs et les Suédois, tant et si bien que les Russes luttèrent durant neuf ans avec une infériorité numérique de l’ordre de 5 à 1, culminant par les victoires de Pyotr Kotlyarevsky à Aslanduz et Lenkoran, en 1812 et 1813. Par le traité de Gulistan, la Perse céda à la Russie la majeure partie des territoires contestés."
Intéressant, n'est-ce pas ? Et joli en plus, le tableau, non ? Moi j'ai aimé. La France a Camerone et l'Amérique Alamo, ne parlons pas de Rorke's Drift, pour qui déjà ? Mais je ne connaissais pas Shakh Bulakh qui, assurément, ferait un bon film pour la Russie !
De fait, si l'affaire se termine mal le 8 juillet après 10 jours de résistance dans le château, lequel fut pris à l'issue des 4 jours de lutte près du cimetière tartare, il faudrait comprendre que l'épisode du pont vivant sur l'Askeran se situe au tout début de ces combats, le 24 juin 1805, jour donc où ces héros auraient laissé 343 des leurs du mauvais côté du "pont".
Diégo Mané
"Le but c'est le chemin"... qui parfois passe par d'étranges ponts... d'infortune !
