La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

Modérateurs: MASSON Bruno, FONTANEL Patrick, MANÉ John-Alexandre

Re: La campagne Anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 13 Avr 2014, 04:27

    Abandon des troisième et quatrième batteries, deuxième mine, troisième assaut et capture de la première enceinte

    Une deuxième mine est commencée dès le 1er octobre, un peu au sud de la première, et la nuit précédente une batterie de trois pièces est commencée en avant de la première parallèle, à moins de vingt mètres du mur d'enceinte. La plateforme est installée pendant la nuit, et la batterie est terminée à 9 h du matin sous un feu nourri. On y installe alors les trois pièces qui sont la seule partie efficace du train anglais, ce qui déclenche une pluie de boulets français qui détruit la batterie et démonte deux des trois pièces de 18. L'une d'elle perd un tourillon, et l'autre, après avoir été touchée dix fois, voit sa gueule fendue par le onzième projectile. Le dernier canon en état est alors retiré et l'ouvrage abandonné. Le soir, une autre batterie, un peu en retrait et partiellement masquée au feu de la place est commencée, et finie au matin, mais dès l'aube, toutes les pièces capable de toucher l'ouvrage tirent et lui font tant de mal que la batterie doit être abandonnée elle aussi.

    Il paraît impossible de tirer en brèche de cette position, donc au soir du 2 le général anglais ordonne de ramener le canon intact et celui avec la gueule fendue (monté sur un nouvel affût) dans leur batterie initiale.

    Malheureusement la pluie tombe à torrents durant toute la nuit, et les hommes désignés pour la manutention s'absentent au fur et à mesure, si bien qu'au matin ne restent que les guards et les artilleurs, et les pièces ne sont toujours pas en place. On les cache donc derrière le fortin pour les soustraire au feu français, et un Wellington plutôt furieux fait désigner les absentéistes pour un surcroit de travail, et leurs officiers pour un rapport. La journée est donc perdue à part pour le creusement de la mine, qui se passe plutôt bien. (Avec le même problème de ventilation que la première).

    La nuit du 3 au 4 octobre, les deux 18 £ et trois obusiers sont mis en place dans la batterie, et ouvrent le feu au point du jour, visant la partie du mur endommagée par la première mine. L'effet est tel qu'à 4 heures de l'après-midi, après le tir de 350 boulets, une brèche de 18 mètres est annoncée praticable par le génie.

    Wellington organise aussitôt un troisième assaut, non plus avec des éléments tirés de diverses unités, mais avec un bataillon complet, le 2/24th, soutenu par des éléments divers. A 5 h, la deuxième mine est mise à feu, et crée une nouvelle brèche d'une trentaine de mètres, tuant de nombreux Français, et simultanément le 2/24th se lance à l'assaut des deux brèches, les capturant sans trop de mal, et s'installant avec ses supports dans la première enceinte. Les pertes de cette journée sont de 224 hommes, mais curieusement uniquement 68 dans le 2/24th, ce qui tend à prouver que c'est le feu de la deuxième ligne sur les troupes installées dans la première après l'assaut qui a été à l'origine des morts. Les pertes françaises sont annoncées par Dubreton comme étant de 27 tués et 47 blessés.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 23 Avr 2014, 07:14

    Siège des 2e et 3e lignes, sorties françaises et problèmes d'intendance anglaise

    Dans la nuit du 4 au 5, les Anglais retranchent leurs positions dans la première enceinte et préparent la progression de leur sappe en direction du 2e mur, non maçonné et sans fossé.
    Au matin, la batterie de brèche vise la deuxième ligne de défense, et la deuxième batterie de San Miguel avec les obusiers restant vise la jonction ouest de la deuxième et de la troisième enceintes, et les ouvrages commencent à souffrir du feu. Mais à 5 heures de l'après-midi, le général Dubreton envoie une sortie de 300 hommes contre l'approche en cours et les logements de la première brèche, retournant les gabions dans les tranchées, emportant plus de 200 pics et pelles, et faisant 142 victimes au prix de 17 tués et 21 blessés. Cette surprise pleinement réussie ne vaut réellement que par la perte en outils, dont le manque (malgré un dépôt français trouvé à Burgos même), qui était important, devient critique.

    Le 5, un convoi de mulets porteurs de 40 barils de 90 livres de poudre, envoyé par Sir Home Popham depuis Santander, arrive comme une divine surprise, Wellington n'ayant que demandé au Commodore dans une lettre du 26 si c'était possible. Cette arrivée permet de continuer le feu qui sans cela aurait du s'arrêter peu après. Wellington refusera jusqu'au 3 Octobre l'idée d'obtenir les pièces de marine qui lui auraient permis de finir son siège, et les deux 24 livres envoyées par le même Commodore le 9 s'arrêteront le 18 à moins de 50 kilomètres de Burgos.
    Dans le même temps, Pakenham depuis Madrid se fait fort d'envoyer une douzaine de pièces lourdes depuis le Retiro jusqu'à Burgos, mais son beau-frère refusera cette possibilité, alors qu'en même temps une bonne partie des stocks de Madrid seront évacués vers la frontière Portugaise par Carlos de España. Il est logique de penser que les bêtes de somme utilisées sur cette route auraient aussi bien pu se diriger vers le Nord-Ouest plutôt qu'à l'Ouest…

    Le 6 et le 7, la sappe ne progresse que peu, car le feu des assiégeant ne parvient qu'à gêner un peu celui des assiégés, et le travail en tête de sappe est extrêmement dangereux. Les obusiers de 24 sont tellement inefficaces que deux d'entre eux sont retirés de la 2e batterie de San Miguel pour être remplacés par des pièces de campagne françaises capturées dans le fortin, et qui seront plus efficaces malgré leur faible calibre. La batterie Napoléon se concentre sur les deux 18 £ restant en batterie, et le 7, réussi à casser un tourillon sur la pièce endommagée, ne laissant qu'un canon utilisable aux Anglais. Les artilleurs réussiront à fabriquer des affûts temporaires permettant l'utilisation des deux pièces avec un seul tourillon, pourvu que la charge de poudre (et donc la puissance de feu) soit fortement réduite.

    Le 8, Dubreton fait une deuxième sortie trois heures après minuit, avec 400 hommes, qui tombent à l'improviste sur les Portugais de Pack au travail dans les tranchées, les rejettent sur les soutiens de la brigade KGL, nivellent la tranchée et emportent les outils qu'ils peuvent. Il faut l'intervention de la réserve sous le commandement du Major Cocks (le héro de San Miguel, qui y perd la vie) pour les forcer à retourner dans la forteresse. Les assiégeants perdent 184 hommes dont 133 de la KGL (dont 18 prisonniers emmenés dans le château) contre 11 tués et 22 blessés chez les Français.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 27 Avr 2014, 08:35

    Derniers essais compulsifs du siège

    Le 8 est aussi la date de fin des opérations actives de siège, car l'artillerie (depuis peu à court de projectiles, et qui utilise les boulets de 16 français) se trouve presque à court de poudre ! En même temps, le climat se met à la pluie, et l'eau rend le creusement de tranchées dans la terre argileuse quasi impossible, les tranchées existantes sont des mares de boue aux flancs impraticables tellement ils sont glissants, l'artillerie française a maintenant pris entièrement l'ascendant sur son homologue anglaise, qui ne fait feu qu'une heure environ par jour avant d'être réduite au silence par le feu ou par le manque de poudre.

    On tente alors plusieurs jours de tirer des boulets rouges sur l'église Santa Maria où les Français ont leur dépôt de nourriture sans résultat du fait de la puie, puis on tente une mine sous une église attenante à l'enceinte dans un coin non encore attaqué de l'enceinte. La cible de l'artillerie en général reste le coin de jonction entre la deuxième et la troisième enceinte, où le faible bombardement semble avoir un bon résultat. Mais rien n'est fait pour exploiter la ruine temporaire de la fortification, car le feu français, possible en ce point, est pensé suffisant pour arrêter toute colonne d'attaque, et donc les assiégés reconstruisent chaque jour les dommages avec des sac de sable.

    Enfin le 18, comme un dernier espoir, la 3e mine est terminée, et un dernier assaut est programmé, par le 9e Caçadores contre la partie minée, par 300 guards contre la brèche de la 2e enceinte située en face de la 1re brèche, et par 300 KGL contre la jonction endommagée. Encore une fois les effectifs semblent un peu dérisoires, encore plus si on considère les ordres donnés aux troupes, qui sont censées se déplacer par groupes de 50, ne s'avançant que lorsque le précédent est arrivé.

    Les résultats sont logiques, les KGL prennent d'assaut la brèche de la 2e enceinte, nettoient une grande partie du rempart, puis tentent une attaque de la 3e pour échapper à son feu plongeant, sans échelles, c'est un échec, et après avoir stationné un moment dans la brèche et perdu 85 hommes, ils retournent dans leur tranchée. Les guards, eux, ont un assaut plus difficile encore car ils 'agit d'une escalade pure et simple contre un rempart endommagé plusieurs jours avant. Ils y parviennent, mais une fois sur le mur, se trouvent dans un feu croisé entre les troupes de la 3e enceinte et d'autres positionnées entre les 2 murs. Après être restés un quart d'heure dans cette position, et perdu 82 hommes, ils se replient.
    Quand aux caçadores, la mine est très efficace, leur permettant de prendre pied dans les ruines du bâtiment miné, les Français font alors exploser une contre-mine qui écrase une dizaine de Caçadores, mais l'assaut en reste là, car la première enceinte est intacte et infranchissable.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 05 Mai 2014, 16:57

    Abandon du siège

    Le 18 est aussi le jour où les avant-gardes de l'Armée du Portugal sont entrées en contact avec celles de l'Armée Anglo-Alliée (5th et 7th Division). La 6th Division a pratiquement abandonné Burgos aux Portugais de Pack pour aller les soutenir, et le 19 c'est le tour des brigades de Guards et de KGL de la 1st, ne laissant que la brigade de ligne pour tenir les tranchées face au fort.

    Le 18 une forte avant-garde française surprend un poste des Brünswick-Öels à Santa Olalla de Bureba (E5) et le capture en grande partie. La position surplombant la ville de Monasterio de Rodilla, le général anglais rassemble ses troupes en position défensive après la ville. Le 19, Souham rassemble ses forces autour de Monasterio, et se prépare à attaquer le 20, quand une missive très retardée du Roi lui apprend que l'ensemble des troupes de Valence fait mouvement vers Madrid et les arrières du groupement de Burgos, et donc qu'il ne doit en aucun cas se risquer à une bataille, mais avancer avec prudence et se préparer à pourrir la retraite des troupes qui sont en face de lui.
    Il décide donc de se limiter à une forte reconnaissance, et envoie les divisions de Maucune et Chauvel (anciennement Bonnet) avec une brigade de cavalerie vers la position de la 7th Division. Cette reconnaissance est poussée trop en avant, et manque se faire annihiler par un mouvement convergeant de la cavalerie et des 1st et 5th Divisions, ne se sauvant que par un énorme "chacun pour soi" lancé juste avant le déclenchement de l'attaque. Les pertes sont insignifiantes, seule une batterie de RHA a eu le temps d'envoyer quelques boulets sur les Français avant qu'ils ne s'enfuient.

    Le 20, Wellington apprend que non seulement Souham est présent avec l'intégralité de l'Armée du Portugal, mais que Caffarelli est présent aussi, avec la majeure partie de l'Armée du Nord. Ordre est donné de remballer le matériel de siège, de retirer les canons des batteries à part une ou deux pièces françaises capturées et laissées pour tirer un boulet occasionnel.

    Le 21, l'ordre de retraite est donné, tout ce qui n'est pas transportable doit être brûlé. On nivelle le fortin San Miguel, et les pièces de 18 livres, après avoir fait quelques kilomètres sur la route de Valladolid, sont détruites car la route est abîmée par la pluie, les bœufs sont fatigués et l'utilité de canons aussi endommagés est faible. Le train est alors réduit aux 5 obusiers qui font la retraite. Les destructions continuent la liste des échecs de ce siège, car la garnison trouvera dans les débris plus de 12 barils de poudre non explosés.

    La nuit du 21 au 22, les troupes de couverture traversent le pont de Burgos, les roues des chariots emmitouflées de paille pour ne pas faire de bruit, car le château a des canons pointés sur cette zone, et pourrait faire feu à l'aveugle sur le convoi. Le défilé se passe bien jusqu'à ce qu'un élément de guérilleros laisse ses chevaux prendre le mors et traverser la rivière au galop. L'éveil est ainsi donné au château, et la fin de la colonne est redirigée vers un gué juste à l'extérieur de la ville pour éliminer tout risque. Les troupes françaises entrent dans la ville en milieu de matinée et le siège est officiellement levé à cette date.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 15 Mai 2014, 05:23

    f) le retour offensif du Roi

    L'automne au sud

    Pendant le temps du siège, la situation au sud a changé.
    Le 9 octobre, Wellington apprend de Hill que la jonction tant redoutée de l'Armée du Sud et de l'Armée du Centre s'est effectuée, mais conclut un peu rapidement que ces deux armées ne peuvent pas agir en force dans l'immédiat du fait de la présence des armées de Murcie, d'Andalousie et des troupes anglo-alliées d'Alicante. Si ce n'est pas le cas, la retraite est possible et peu dangereuse. Les autorités espagnoles de Madrid doivent activer l'évacuation du matériel du Retiro et préparer la destruction de ce qui n'est pas transportable.

    Dans une lettre envoyée à Madrid le surlendemain, il suppose que les pluies qui ont tant gêné les travaux du siège de Burgos auront fait monter les rivières à leur niveau d'automne, rendant leur passage périlleux et facilitant la défense; il finit en annonçant sa venue prochaine "dès que le temps se calmera un peu". Le même jour, il écrit à Popham de pousser les opérations dans le nord pour empêcher Caffarelli d'aider l'Armée du Portugal; malheureusement, ces opérations ont atteint leurs limites, et, après avoir laissé 20 000 hommes pour réduire les dernières poches de résistance, le commandant de l'Armée du Nord dispose de 9500 fantassins et 1600 cavaliers aptes à renforcer Souham (sans compter la brigade de cavalerie phagocytée par l'Armée du Portugal juste après Salamanca). Les Français ont donc dans le nord pratiquement 50 000 hommes auxquels Wellington ne peut opposer que 24 000 Anglo-Portugais et 10 000 Espagnols...

    Dans le but de multiplier les difficultés des Français dans le sud, Wellington va alors faire pour la première fois appel à ses récents subordonnés espagnols, et plus particulièrement à l'armée d'Andalousie de Ballesteros.

    Il écrit alors à ce général d'avancer depuis Granada à travers la Sierra Morena pour se positionner à Alcaraz dans la Mancha avec les 12 000 hommes qu'il devait avoir sous ses ordres en comptant les troupes de Cadiz qui devraient l'avoir rejoint. Une fois renforcé encore des levées de l'Armée de Murcia et des irréguliers de la zone, cela ferait 20 000 hommes placés sur le flanc de la route de progression de l'armée du Roi; ce dernier serait alors obligé de détacher un fort corps de troupes pour masquer sa progression ou repousser la menace; et donc Hill devrait être suffisamment nombreux pour défendre le passage du Tage en crue.

    L'Armée de Murcie doit resserrer ses postes autour de l'Armée de Valence pour alarmer Suchet et faciliter l'action des troupes en provenance de Sicile et des Baléares.

    Les troupes d'Alicante, 16 000 hommes sous le commandement de Mackenzie puisque Maitland est malade, doivent attaquer le royaume de Valencia soit par terre soit par un assaut amphibie pour faire diversion sur l'armée de Suchet.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 18 Mai 2014, 07:14

    L'échec des diversions sur Valencia et la trahison du général Ballesteros

    La seconde diversion n'aura aucun effet, les troupes d'Alicante étant de qualité trop faible pour inquiéter Suchet bien retranché sur ses positions, et l'Armée de Murcie n'a pas récupéré de ses défaites du printemps, donc sa pression sur Valencia sera très faible. Quant' à la première, l'ordre va trouver l'Armée d'Andalousie bien loin d'être capable d'un mouvement offensif.

    Le Général Ballesteros, une fois arrivé à Granada le 23 septembre, s'y est installé avec visiblement peu d'envie de bouger, se comportant à peu près aussi mal qu'un général français, vivant de réquisitions et dressant des listes de "traitres à la patrie", à savoir tout ceux qui refusent de payer. Il commence à recevoir des troupes détachées de Cadix, mais aux ordres des Cortes, de s'avancer dans la Mancha pour tendre la main aux troupes occupant Madrid (comme le suggère Wellington), il répond par une fin de non-recevoir, ou même ne répond pas du tout, et commence à s'auto-persuader qu'il a libéré le sud de l'Espagne par ses seules prouesses militaires.

    La nomination du général anglais à la tête des armées espagnoles, reçue le 23 octobre, lui tombe dessus comme une bombe puisqu'il s'attendait plutôt à recevoir lui-même cet honneur. Il répond dans un manifeste envoyé aux Cortes que c'est une injure à l'âme du peuple espagnol et à son armée, et qu'il ne peut se résoudre à y obéir ; dans le même temps, et dans un élan de mégalomanie, il se prépare à tenter un coup d'état avec l'idée que ses troupes lui sont fidèles plus qu'au gouvernement.

    Les Cortes, dès la réception du manifeste, envoient un colonel qui a toute leur confiance pour donner l'ordre au commandant en second de l'Armée d'Andalousie (Virues) de mettre son chef aux arrêts de rigueur et d'assumer le commandement. L'état-major de cette armée prend alors les choses en main, décide d'une journée de manœuvre pour le 30, et le jour dit, fait entourer le domicile de Ballesteros par un bataillon de Gardes espagnoles, qui n'ayant pas fait partie des troupes initiales de la 4e armée, est sûr. Le général félon est arrêté dès son apparition, et les manifestations de sympathie se limitent à quelques civils ayant fait affaire avec lui. L'armée, après la lecture du décret des Cortes, reste totalement loyale au gouvernement et Ballesteros est envoyé en détention dans la forteresse de Ceuta.

    Malheureusement, nous somme alors le 30 octobre, et l'Armée d'Andalousie n'a servi à rien pendant ce mois crucial. Elle est mise au début novembre sous les ordres du duque del Parque, qui avance immédiatement en direction de Madrid, mais c'est trop tard, et Hill a déjà été forcé d'évacuer la capitale en direction de la vallée du Douro.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 26 Mai 2014, 06:32

    Néanmoins tout cela est encore un peu dans l'avenir, et les seules nouvelles du sud que reçoit Wellington avant la fin du siège sont contenues dans une lettre arrivée le 19 à Burgos, qui signale un renforcement des positions françaises en direction de la capitale, un retrait partiel des troupes de Suchet opposées à Maitland en direction de Valence et le commencement du siège du château de Chinchilla de Monte Aragon (A31 avant Albacete). Il semble alors que les trois armées françaises stationnées à Valencia s'engagent en direction de Madrid. Cette lettre signale aussi que le début d'automne dans le centre de l'Espagne a été très sec, et donc que les cours d'eau sont encore à leur niveau estival, compromettant leur caractère d'obstacle défendable par des troupes inférieures en nombre.

    Le risque que le général anglais court en face des deux armées du Nord et du Portugal est donc doublé par un risque équivalent dans le sud. L'armée anglo-alliée pourrait se faire battre en détail, voire encercler en partie; il est plus que temps d'abandonner Burgos.

    Capture du château de Chinchilla:

    (photo très évocatrice sur google image https://www.google.fr/maps/@38.91857,-1.728786,3a,75y,79.35h,90t/data=!3m5!1e1!3m3!1sk_VdbCoFKDYAAAQJOOoGHg!2e0!3e11)

    Cette forteresse est de petite taille, entourée d'un mur médiéval modernisé, mais ne contient qu'une faible garnison de jeunes troupes, semble-t-il, sous le commandement d'un colonel Cearra, tel que savent en produire les armées espagnoles, apprécié de ses soldats et inflexible envers son devoir. La position est très forte, et inaccessible aux canons de l'époque du fait de l'escarpement, son ravitaillement lui permet de tenir six mois; néanmoins la garnison est trop faible pour causer la moindre gêne à une armée en marche. Par contre, elle est parfaitement capable de bloquer, voire capturer les convois de ravitaillement nécessaires à l'utilisation de la route d'Albacete et donc constitue une épine dans le flanc du mouvement français.

    le siège ou plutôt le blocus commence le 2 octobre, une demande de reddition est envoyée et refusée, puis les opérations actives sont immédiatement arrêtées du fait de l'ampleur de la tâche.

    Les choses en sont là quand le 9, lors d'un orage d'une violence démentielle, la foudre frappe la forteresse, tuant 15 soldats et en blessant beaucoup d'autres, et surtout commotionnant fortement le colonel. La foudre est en effet passée à travers le cadre métallique de son lit, soudant son sabre qui était appuyé sur un coté audit cadre, et lui occasionnant des brûlures mineures en plus de la concussion due à l'onde de choc.
    Prise d'une terreur superstitieuse et temporairement sans chef, la garnison se rend aux assiégeants ravis, libérant la route sud vers Madrid.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 03 Juin 2014, 12:23

    Ambiance orageuse et préparatifs du commandement français

    Début octobre à Valence, les discussions entre les différents chefs d'armée sont nombreuses et parfois houleuses. Suchet insiste pour que les deux armées "étrangères" quittent au plus tôt "ses" terres, où elles pillent le pays, vident ses magasins, et font vaciller le fragile édifice qui lui permet de contrôler la population; il demande néanmoins qu'on le renforce d'une division pour résister aux troupes qui suivent Soult et qu'il se dit trop faible pour tenir en respect. Il se fait fort par contre (et tiendra sa promesse) de ravitailler par convoi les deux armées lorsqu'elles auront quitté "son" territoire.
    On lui dit que ses éventuels renforts ne peuvent venir que de Catalogne, et que rien ne peut lui être donné des armées du Sud ou du Centre.

    Mais la vraie querelle est entre Soult et le Roi; ce dernier n'a en effet pas oublié la missive interceptée, et la désobéissance permanente du maréchal envers ses ordres répétés. Quant' au maréchal, il rend le Roi et ses ordres responsables de la perte de sa "vice-royauté" d'Andalousie.

    La mauvaise entente va se caractériser par une série de mesures plus ou moins arbitraires prises par le monarque envers l'armée de son rival. Tout d'abord, d'Erlon est déplacé au commandement de l'Armée du Centre, puis la division de Barrois et une brigade de cavalerie légère (Avy) sont déplacées vers ce même commandement, avec comme raison valable qu'il est trop faible pour opérer seul.
    Les récriminations véhémentes de Soult sont éteintes par l'observation froide de Joseph qui dit que si l'Armée du Centre ne peut pas se passer des renforts qui lui sont attribués, l'Armée du Sud peut, elle, parfaitement se passer d'un maréchal à sa tête, que sa démission sera acceptée immédiatement, et un sauf-conduit produit dans l'heure pour lui permettre de regagner la France "où il recevra son dû". L'Armée du Centre est ainsi renforcée à un peu plus de 20 000 hommes, et l'Armée du Sud garde un effectif de 40 000 hommes.

    Il se fait jour très rapidement que la marche en avant doit être accomplie par deux routes différentes, non seulement pour permettre un ravitaillement plus simple, mais aussi pour tendre la main à Souham, à qui le Roi enjoint de s'éclairer vers Aranda de Duero, la passe de Somossierra et Guadalajara pour une jonction plus rapide.
    Malheureusement Souham ne recevra jamais cette missive, et au contraire s'étendra depuis Valladolid vers Tordesillas et Toro, à l'opposé de l'endroit où l'attend Joseph. L'Armée du Sud doit donc prendre la grand-route depuis Albacete vers San Clemente et Ocaña, et l'Armée du Centre passera par Cuenca à la rechercher de l’Armée du Portugal,
    Nonobstant cette jonction impossible, c'est la présence de cette forte colonne de force inconnue, arrivant par Cuenca et tournant les positions défensives possibles face à Soult qui décidera Hill de ne rien tenter pour défendre Madrid.

    Le Roi désire commencer son mouvement dès que possible, et prévoit la date du 9 octobre pour le début de l'offensive, mais quelques jours après leur entrevue, Soult indique qu'il lui faut plus de temps pour regrouper ses divisions, que celle de Conroux a pris la fièvre jaune en pillant la Murcie, et qu'elle est encore en quarantaine à l'arrière. Ces faits ne procèdent sans doute pas d'une volonté délibérée du maréchal de ralentir les choses, mais c'est ainsi que Joseph l'interprète, augmentant son ressentiment.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 27 Juin 2014, 13:44

    Entrée en campagne des Français du Sud

    Le roi part donc de Valencia le 17, arrive à Requena le 19 (E901) et atteint Cuenca le 23, Il y trouve Drouet qui en a expulsé le 20 les 3000 Murciens de Bassecourt, avec Barrois et Avy.

    Soult part de Albacete le 15, et après avoir envoyé Drouet sur Cuenca par San Clemente (A43-A3-N420), prend la route de Belmonte-Tarancon-Santa Cruz de la Zarza (CM3011-A3-A40) où il arrive le 25. Le seul contact ennemi est réalisé le dernier jour à droite avec les cavaliers Murciens de Freire devant Tarancon et à gauche avec les Anglais de Long devant Ocaña.

    Ces derniers se sont regroupés depuis le 18 de Consuegra, El Toboso, Almonacid et Belmonte, sans se laisser découvrir avant l'arrivée sur le Tage. Une escarmouche a lieu devant Ocaña entre les 9th, 13th light dragoons et le 10e Portugais d'une part et la Brigade Bonnemain de l'autre ; Erskine étant au commandes, il refuse de tenir la position ou d'engager ses réserves, au mécontentement général (et habituel) de ses subordonnés ; il faut dire qu'il a des ordres de ne pas se laisser engager dans un combat d'envergure. Le même jour, Freire abandonne Tarrancon aux chasseurs de Peyrremond.

    Hill est ainsi informé de façon conséquente du mouvement Français entre le 15 et le 24 octobre, date de l'arrivée de Soult face au Tage et début de son attaque; les communications avec son chef sont suffisamment bonnes pour qu'une missive ne mettre que deux jours pour aller de Madrid à Burgos ou le contraire. Cet état de fait va encore s'améliorer du fait des déplacements des deux armées et à Cabezon le 27 Wellington recevra un rapport envoyé par son subordonné le 26 au matin.

    A l' opposé, Souham, à Briviesca, reçoit le 17 un message envoyé de Valencia par le Roi le 1er, et qui a du prendre la route Tortosa-Saragossa-Tudela pour arriver.

MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 27 Juin 2014, 13:48

    Positions de Hill sur le Tage
    Hill sait donc le 15 que Soult arrive et le 19 qu'une autre colonne se dirige vers Cuenca. Il demande alors de nouveaux ordres, et essaie de se conformer à ceux qu'il a reçus auparavant; malheureusement, ceux-ci présupposent deux conditions qui ne se sont pas manifestées, à savoir que le Tage soit infranchissable et que Ballesteros ait traversé la Sierra Morena pour se placer sur le flanc de Soult vers Alcaraz.

    Néanmoins l'idée directrice est toujours valable, défendre le Tage sauf si les Français sont en grand surnombre, sinon évacuer Madrid par le Guadarrama en direction de la Vieille Castille, et faire sa jonction avec son chef au sud de Valladolid.

    Dans le même temps, Wellington confirme à son subordonné par une missive du 12 octobre qu'il prévoit de redescendre "très prochainement" sur Madrid avec trois divisions, que le siège de Burgos soit fini ou pas. Il convient donc de ne pas donner Madrid si 15 000 hommes sont en marche pour la capitale, et donc il faut s'assurer de la force des troupes ennemies.

    Le 25, l'armée anglo-alliée de Madrid est donc située dans ce que Hill pense être sa première position de défense; à l'extrême-droite la brigade de Skerrett en provenance de Cadiz, tout juste arrivée autour de Toledo et Añover, puis les quatre brigades de la 2nd division, deux à Aranjuez , tenant la ville comme une tête de pont, et les deux autres à Colmenar de Orija.

    Ensuite viennent les cavaliers de Penne Villemur et l'infanterie de Morillo (à peine 3500 hommes à eux deux) autour de Belmonte de Tajo et des gués de Villamanrique, puis Elio et Freire qui ont repassé le fleuve par le pont de Fuentedueñas après être sortis de Tarancon et qui tiennent la position jusqu'à Sacedon.

    Derrière cette première ligne se trouvent les réserves; les 3rd et 4th divisions autour de Valdemoro et Cienpozuelos derrière Aranjuez, la light division à Arganda, Carlos de España à Camporeal et les Portugais de Hamilton à Chichon.

    La cavalerie est divisée entre Long et les Portugais de Campbell à Aranjuez, d'Urban à Arganda, Slade à Mrata et Victor Alten à Getafé.

    Toute l'armée, à l'exception de Skerrett et Elio, peut être rassemblée en une marche pour défendre les passages probables de Aranjuez ou Fuentedueñas. Cela représente 28000 Anglo-Portugais et 8000 Espagnols.

MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 11 Juil 2014, 05:01

    g)Wellington entre Burgos et Tordesillas

    Pause au sud et retour à Burgos


    Soult arrive devant la position le 26 au soir, mais rien ne se passe, en effet, sa cavalerie est en place mais pas son infanterie, surtout Conroux qui a perdu du temps à cause des mesures de quarantaine. La journée du 27 et le début du 28 sont calmes, et nous allons donc retourner au nord, où nous avons laissé Wellington à la sortie de Burgos le 21 octobre.

    Donc le 21 au soir, Wellington a réussi à sortir de Burgos et à retraverser son pont, qui aurait pu se révéler gênant en cas de poursuite. De son côté, Souham, obligé à la circonspection par le Roi, n'a rien détecté du mouvement adverse et ne l'apprend que le lendemain. Au matin, l'infanterie anglo-alliée est concentrée entre Tardajos et Villa de Buniel, du bon côté de l'Arlanzon, et comme aucune poursuite n'est visible, les troupes sont laissées au repos quelques heures.

    La retraite est commencée alors que les troupes françaises ne sont toujours pas en vue, Ponsonby et la 5th division en tête, la 7th faisant l'arrière-garde de l'infanterie, suivie de von Bock, Anson et Julian Sanchez. A la nuit la colonne s'étage sur la route entre Celada, Hornillos et Villapequeña. La cavalerie légère reste très en arrière pour garder le contact avec les Français qui commencent à sortir de Burgos, en retrait des passages de l'Arlanzon à Buniel et de l'Urbel à Tardajos.

    La poursuite française est en effet très mesurée, le départ de l'ennemi n'étant appris au matin que par l'extinction des feux de bivouacs; l'armée n'avance que très modestement, et ne pénètre dans Burgos désertée que vers 10 h 00, la cavalerie légère poussant plus au sud et à l'ouest, trouvant les 18 livres abandonnés par les Anglais sur la rive droite de l'Arlanzon, puis reprenant le contact avec les vedettes de Anson au soir.

MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 15 Sep 2014, 08:58

    "Combats" en avant de Villodrigo

    Le 23, la colonne principale anglaise marche plus de quarante kilomètres entre Celada del Camino et Torquemada, peut-être la plus longue étape journalière réalisée par cette armée durant toute la guerre dans la Péninsule, alors que la cavalerie d'arrière-garde combat à un contre trois.

    Les deux armées françaises ont en effet concentré leur cavalerie devant Burgos à la nuit du 22, et le 23 au matin, la division Curto, soutenue par la division Maucune et suivie par les dragons de Boyer, la brigade de Merlin (ex-Chauvel) et celle de Laferrière de l'armée du Nord, s'avancent depuis Buniel.

    Ils chassent les avant-postes de Anson et les repoussent jusqu'à un premier franchissement, celui du rio Hormanzuelo, très encaissé, quelques kilomètres en avant de Celada. Anson est disposé en deçà du ruisseau avec sa brigade de cavalerie, un bataillon de légers KGL en tirailleurs dans les broussailles surplombant l'eau, son flanc droit assuré par l'Arlanzon qui n'est pas guéable à cet endroit, puis par Julian Sanchez de l'autre côté; son flanc droit est confié à la la Partida de feu le guérillero Marquinez. La coordination et le terrain aidant, la progression française est arrêtée durant trois heures d'après les dispatches de Wellington, qui distingue les charges et les bonnes dispositions prises par Cotton, juste de retour de blessures.

    Les Français réussissent malgré tout à passer du fait de leur supériorité numérique, et dans les quinze kilomètres suivants, profitent de l'élargissement de la vallée pour repousser Anson puis par un mouvement tournant lancent Merlin sur Marquinez et le rejettent sur l'escadron de gauche du 16th Light Dragoon qui est mis en désordre, perd son commandant le colonel Pelly capturé, 30 blessés et 7 prisonniers.

    La brigade, menacée de front par Curto, est en grand danger, mais arrive près du pont de Venta del Pozo où se trouvent positionnés von Bock et la batterie Bull; les deux bataillons léger KGL de Halkett qui faisaient partie du détachement d'arrière–garde de Anson sont a présent repositionnés en arrière des dragons lourds, près de Villodrigo. A la vue de ce dispositif défensif, la poursuite française s'arrête et Anson peut franchir le pont sans danger.

MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 11 Jan 2015, 10:04

    Commentaire sur la "poursuite" française

    Je m'arrête ici un peu pour reprendre les incohérences des relations et essayer de faire ressortir le "non-dit" de ce qui est présenté.

    Tout d'abord Maucune, qui est sensé faire partie de l'avant-garde, s'arrête à Villa Buñiel et laisse partir la cavalerie seule, alors que rien ne l'y oblige (à part peut-être des ordres verbaux directs de son chef Souham ?) Ensuite Curto, présent semble-t-il avec une seule de ses deux brigades de cavalerie légère, pourquoi ? Il manque aussi une brigade de dragons à Boyé d'ailleurs…

    Ensuite la "poursuite", pendant 15 kilomètres de terrain à cavalerie, et le seul avantage temporaire gagné vient d'une prise de flanc d'une brigade complète sur un escadron, soit plus de 1000 cavaliers sur un groupe de 120, qui perdent 25% de leur effectif, et ensuite… rien! Les troupes qui sont sensées pousser de front n'en profitent pas, je veux bien que ce soit Curto qui les commande (ou pas), mais c'est aberrant!

    Enfin l'arrêt des mouvements à la vue du dispositif KGL à Venta del Pozo. " Pour se reformer", c'est idiot, ils sont du mauvais côté du ruisseau, c'est l'idéal, on tue ceux qui sont là et ensuite on néantisera ceux qui sont de l'autre côté, mais non, ce n'est pas sportif sans doute…

    Pour résumer cette "poursuite" de 15 kilomètres, on peut dire que l'on a deux divisions de cavalerie (qui devraient être trois d'ailleurs, 4 000 cavaliers au lieu de 6 000) qui refusent catégoriquement d'engager plus d'une brigade contre celle qui leur fait front, puisque Curto semble s'arrêter lors de l'engagement de Merlin…

    On notera aussi que les légers de Halkett, qui font le coup de feu le long de l'Hormanzuelo, se sont retirés à un moment non spécifié, mais suffisant pour leur permettre de couvrir les 15 km les séparant du pont et de le passer sans gêne pour eux ou pour les cavaliers les suivant, preuve que la poursuite n'a pas été vraiment forcée
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 11 Jan 2015, 10:08

    Le matériel de siège se promène dans les montagnes du Leon...

    Pendant ce temps, la colonne d'artilleurs et de matériel du siège anglais fait route péniblement depuis Burgos vers la frontière portugaise en passant par Sahagun et Leon, sans escorte et sous le commandement d'un sergent d'artillerie, David McLeran. On peut remarquer que l'offensive française met la peur dans le cœur des alcades de toute la région, sans raison fondée, mais la peur est contagieuse.

    Route donnée dans les carnets du major Dickson (avec les noms donnés tels que dans la lettre du sergent, puis le nom réel probable) :

    le 21 départ de Burgus (Burgos) en direction de Valladolid, mais prend une route trop à droite en suivant les bagages de l'armée.

    le 22 arrivée à Oremellas Comos (Hornillos del Camino, 09230 près du BU406), il reçoit l'ordre du général de la 5th de se diriger vers Belevester (Benavente) pour ne pas encombrer la route de l'armée.

    le 23 l'ennemi étant proche, l'arrière-garde du 3rd dragoons lui dit de passer par la montagne sur la droite tant qu'il n'aurait pas atteint Valledolid (Valladolid), et donc en suivant les directions des officiers tant espagnols qu'anglais qu'il a rencontrés, il prend la route de Sagun (Sahagun). Il arrive au soir à Santa Maria Delmarra Dano (inconnu, probablement transcription phonétique approximative du nom d'un tout petit village espagnol, voire d'un ermitage perdu dans la montagne).

    le 24 Santoyo (34490 sur la P431),
    le 25 Amayes de Arieben (sans doute Amayuelas de Arriba, 34429, sur la PP9831),
    le 26 Carrion (sans doute Carrion de los Condes 34120 à côté de la N120),
    le 27 Le Dioyes (sans doute Ledigos, 34347, sur la N120)
    et le 28 Sagun (Sahagun, 24320, à côté de la N120)

    A Sahagun, les alcades le redirigent vers Resack (Medina de Rioseco 47800 sur la N601) comme point de regroupement des traînards anglais et espagnols; comme c'est la direction de Valladolid et le rapproche de l'armée anglaise, il accepte.

    le 29 il est à Soreata (? peut-être Zorita de la Loma, 47609, au croisement de la VP4011 et de la VA931),

    le 30 à Billy Lone (Villalon de Campos...47600 sur la N610) décrit comme à 3 lieues de Resack, où il apprend que les Français seront à Medina au soir (c'est faux) et qu'il faut partir tout de suite. Il est alors redirigé sur Leon comme seule route de repli possible. Il part accompagné d'un grand nombre de voitures et des égarés de l'armée.

    le 31 il arrive à Mandistortes (? peut-être Mayorga, 47680, sur la N601),
    le 1er novembre Santer Martes (sans doute Santas Martas 24330 sur la N601),
    le 2 Le Mansilla (Mansilla de las Mulas, 24210 sur la N601)
    et le 3 Leon. Le 4 il attend un passeport et une nouvelle route, qui au soir le dirige vers Puble de Senabria (Puebla de Sanabria, près de la frontière du Portugal et Bragança), toujours avec les bagages et le égarés.

    le 5 il arrive à Birgan de Camina (La Virgen del Camino à la sortie de Leon sur la N120),
    le 6 à La Baneza (sur la A6),
    le 7 Pimela (Pinilla de la Valderia, 24734 au bord du rio Eria?)
    le 8 Cubo (Cubo de Benavente, 49327, sur la ZA111),
    le 9 Bumbo (Mombuey, 49310 sur la N525),
    le 10 Asterianos (Asturianos, 49325 sur la N525),
    le 11 Puble de Senabrica (Puebla de Sanabria, sur l'autre rive du rio Tera, à 25km à vol d'oiseau de la frontière Portugaise),
    le 12 Peteralva (Pedralba de la Praderia, 49392, sur la N925),
    le 13 Bassall (Baçal, 5300, Portugal, sur la M501-1),
    le 14 Bragança, où il rend compte au major (Bvt Lt col) Meade commandant le 91st en provenance de La Coruña, qui va le retenir jusqu'à avoir rejoint l'armée, ce dont il s'excuse au commandant de l'artillerie.

    Revenons à la narration, les Français ayant semble-t-il épuisé leur stock d'incompétence, ce sont les Anglais qui vont avoir l'occasion de montrer qu'ils connaissent aussi cet art majeur....
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 13 Fév 2015, 15:26

    Fin des combats du 23 Octobre

    Revenons au face-à-face franco-anglais de part et d'autre du pont de Venta del Pozo. Les Français, sous le commandement combiné de Souham et de Cafarelli, après avoir fait l'erreur de laisser s'échapper les cavaliers anglais, commettent la deuxième erreur de vouloir forcer le passage d'un cours d'eau face à un ennemi en place et disposant d'artillerie alors qu'eux n'en ont pas. ("pour que la poursuite ne se ralentisse pas un instant" d'après Oman, d'après ce qu'on a vu auparavant, ça fait peur, ils risquent de reculer?)

    Les brigades Curto et Merlin sont laissées se reformer (ou alors les généraux en chef ne sont pas contents de leur prestation et tentent quelque chose avec d'autres commandements) et on fait appel à la division Boyer (enfin à la brigade de dragons présente) et aux légers de Laferrière, sous le commandement du Colonel Faverot du 15e de Chasseurs, le brigadier s'étant blessé en tombant de cheval quelques jours avant.

    Le plan est "brillant", les cavaliers légers doivent passer le pont et attaquer de face, pendant que les dragons passent un gué potentiel un peu plus haut. En bref on envoie Faverot au suicide en espérant que Boyer pourra arriver à temps pour le sauver; une telle morgue aurait du être châtiée avec rigueur, mais on était arrivé dans la période de cadeaux anglais

    Les deux unités françaises doivent agir de concert, mais les dragons trouvant l'obstacle de plus en plus formidable à mesure qu'ils se déplacent, sont bientôt hors de vue de leurs commandants et de la grand-route; quand à Faverot, plutôt que d'attendre ses soutiens, il traverse tout de suite le pont en colonne et reforme ses escadrons depuis la droite de la route, d'abord les lanciers de Berg, puis le 15e de Chasseurs puis les Gendarmes.

    De leur côté, les Anglais sont positionnés comme suit: la RHA troop de Bull est sur la chaussée, légèrement en hauteur pour commander le passage du pont, et les 4 escadrons de von Bock sont sur sa droite.
    Dans le plan de Cotton qui gère l'arrière-garde, Anson doit se positionner à gauche de Bull, mais avant d'avoir reçu cet ordre, les dragons légers se sont déjà rangés derrière von Bock, donc à droite aussi, ce qui fait que Cotton leur demande de changer de position, et dans la manœuvre, le régiment de tête passe devant la batterie anglaise, qui ne peut alors pas tirer sur les Français qui passent le pont.
    Ces derniers, au lieu de se trouver chargés en infériorité numérique et alors qu'ils se reforment, ont le temps de faire passer 8 des 10 escadrons de la brigade et de les aligner.

    Dès que le champ de feu s'est libéré, les canons anglais tirent sur leur cible en contrebas, mais encore une fois, cadeau, alors qu'ils sont en place depuis plusieurs heures, la première salve rate sa cible, puis la deuxième aussi.

    La brigade française étant alors quasiment toute passée, Cotton lance sa cavalerie, les dragons lourds sur les gendarmes et une partie des chasseurs, et les dragons légers sur le reste des chasseurs et les lanciers.

    Le résultat est attendu, le 1er KGL renverse les chasseurs, le 2e fait match nul contre les gendarmes, et les cavaliers épuisés de Anson font jeu égal avec leurs opposants. Tout dégénère alors en une mêlée générale, durant laquelle von Bock est avec difficulté sauvé par ses hommes d'un groupe de six français, et le colonel de la gendarmerie Béteille reçoit douze blessures et est laissé pour mort.

    Le combat est décidé par l'arrivée des deux escadrons de gendarmes qui n'avaient pas eu le temps de passer le pont avant l'action, et qui s'engagent sur l'arrière du 2e KGL.

    Les deux brigades anglaises rompent et se replient d'un demi-kilomètre, apparemment non poursuivies, ou du moins pas vraiment puisqu'elles se reforment sans interférences au moment où Boyer arrive enfin après avoir passé le ruisseau bien plus haut que prévu.

    Son arrivée force la cavalerie anglaise à se replier derrière la brigade Halkett qui retraite prête à former le carré. Le premier régiment de Boyer tente alors l'aventure de charger le bataillon de queue, qui lui délivre un feu en carré qui stoppe l'attaque.

    Les deux bataillons continuent leur mouvement rétrograde en couvrant la cavalerie, passent Villodrigo puis subissent une nouvelle attaque de dragons qui est facilement repoussée par les carrés.
    Un peu plus tard, les Français semblent vouloir tenter une troisième charge, mais la cavalerie anglaise s'étant reformée, rien n'est fait si ce n'est suivre à bonne distance la marche des ennemis jusqu'à la nuit.

    La poursuite étant abandonnée, les Anglais font alors une halte de deux heure, puis vers 10 h 00 repartent, atteignant Quintana del Puente (A62, 34250) proche de Torquemada où se trouve le reste de l'armée, à 2 h 00 du matin.
MASSON Bruno
 

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