La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

Modérateurs: MASSON Bruno, FONTANEL Patrick, MANÉ John-Alexandre

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 19 Fév 2015, 13:23

    Analyse succincte du combat

    La conclusion de cette journée d'escarmouches est une perte équivalente de part et d'autre (230 au total pour les Anglais contre 35 officiers français hors de combat, le total dans la brigade Faverot étant de 7 tués et 18 officiers et 116 hommes de troupe blessés), alors que les Français sont au départ à 5 contre 1, puis à 3 contre 1.
    La faute en revient incontestablement au commandement français, ramassis d'incompétents notoires (à l'exception de la brigade de cavalerie de l'Armée du Nord, qui a le seul engagement décisif de la journée). Tant au niveau des commandants en chef (Souham, Cafarelli) que des commandants de divisions (Boyer, Curto), on semble incapable de décision ou de réflexion. Napoléon lui-même les qualifie de "mauvais ou médiocres" ce qui résume bien l'affaire.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 19 Fév 2015, 13:26

    Repositionnement sur le Carrion

    Le 24, pas de poursuite, et c'est heureux pour l'armée britannique, car pour se dédommager de la marche forcée du 22, les soldats ont passé la journée du 23 dans les caves où on vient de rentrer le vin nouveau, et bien des unités auront du mal à démarrer le matin du 24, avec de nombreux traînards ramassés par la cavalerie.
    Napier, qui n'est pas là, exagère comme souvent en parlant de douze mille soldats en état de stupeur éthylique, mais les intoxiqués sont très nombreux.

    La marche de l'armée la porte de Torquemada à l'arrière du Carrion, passant par les ponts de Palencia, Villamuriel de Cerrato et Dueñas. La position de la Pisuerga est abandonnée à cause de la proximité dudit Carrion et de ses ponts, créant des dangers d'embouteillage en cas de retraite; ce qui n'existe pas derrière le Carrion, d'où la route vers Valladolid est dégagée.

    La position anglaise s'étend donc depuis Palencia sur le Carrion jusqu'à Dueñas sur la Pisuerga, en dessous de la jonction avec le premier cours d'eau. Wellington veut que tous les ponts soient détruits ou prêts à l'être, c'est-à-dire ceux de Palencia, Villamuriel de Cerrato et San Isidoro de Dueñas sur le Carrion et ceux de Dueñas et Tariego de Cerrato sur la Pisuerga.

    La division de Galiciens de Cabrera est postée dans et au sud de Palencia, soutenue par le 3/1st provenant de la 5th, puis la division espagnole de Losada continue la ligne en direction de Villamuriel, suivie de la 5th Division sous Oswald qui vient de rejoindre. Viennent ensuite le long de la Pisuerga les 1st, 6th et 7th Divisions.

    Derrière la ligne des cours d'eau se trouve un autre obstacle, à savoir le vieux canal de Castille, qui bien que hors service et sans eau constitue une large tranchée courant dans la plaine le long des deux rivières. Malheureusement pour Wellington, Palencia se trouve à l'Est du Carrion, sur sa rive gauche, et donc doit être soit abandonnée soit tenue comme une tête de pont.
    Le général espagnol en charge du point décide alors de tenir la ville (bien qu'elle n'ait qu'un rempart médiéval en ruine) et fait tout préparer pour que le pont soit détruit une fois que son arrière-garde aura été repoussée.

MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 04 Mar 2015, 06:23

    Wellington perd la ligne du Carrion

    Souham, dont le QG a été porté à Magaz de Pisuerga le soir du 24, décide de tenter de forcer la ligne des rivières. Foy avec sa division et l'ancienne de Thomière (sous Bonté) et les cavaliers de Laferrière est dirigé vers Palencia dont il doit capturer le pont; Maucune, avec l'avant-garde, sa division, Curto et la division de Gauthier (ex-Bonnet, Chauvel ayant été blessé par inadvertance à Venta del Pozo), doit tenter quelque chose contre Villamuriel ou San Isidoro. Le gros de l'armée reste vers Margaz pour supporter l'une ou l'autre des tentatives si elles venaient à réussir.

    Tout commence à Palencia, avec un désastre pour la défense du général anglais; Foy, marchant rapidement vers la ville, repousse le cordon de cavalerie galicienne, détruit une poterne à coups de canon et fait attaquer la ville par la brigade Chemineau. Les Galiciens, battus dans un rapide combat de rue, sont repoussés vers le pont, dont le fourneau de mine ne détonne pas à cause d'une mèche défectueuse; et le piquet du 3/1st (27 hommes) qui sert d'ouvriers aux Engineers est capturé par les Français. Le colonel Campbell du 3/1st, se trouvant trop faible pour résister aux Français, se replie alors vers Villamuriel, obligeant Ponsonby à s'engager pour bloquer la cavalerie française qui s'empare néanmoins de plusieurs chariots de bagages anglais et espagnols. Toujours est-il que la ligne de défense anglaise est franchie.

    Maucune de son côté doit tester les ponts de Villamuriel et San Isidoro; il se dirige donc avec sa propre division contre Villamuriel, et envoie Gauthier contre San Isidoro. La 5th a laissé un écran de troupes légères de l'autre côté de la rivière, qui recule devant les Français et passe les ponts, qui sont détruits par les mines, et un feu de mousqueterie et d'artillerie est maintenu par-dessus pour empêcher toute reconstruction. La division Gauthier se dirige alors vers l'Est, et suit le cours de la Pisuerga, jusqu'à arriver au pont de Tariego. Il est prêt pour la destruction, mais la mine ne détruit que les parapets et une partie du tablier. Les Français chargent alors sur la partie intacte, et capturent la quarantaine de soldats tirés des 4th, 30th et 44th qui formaient le détachement de démolition. Ils s'établissent de l'autre côté de la rivière, mais n'avancent pas plus loin, car les Anglais tiennent le cours supérieur de la Pisuerga, et les Français n'ont pas de soutien proche. les travaux de consolidation du pont commencent alors.

    Maucune, de son côté, détache un rideau de voltigeurs le long du cours d'eau et positionne son artillerie pour répondre à l'anglaise; en même temps, il recherche des gués, et en trouve plusieurs, mais tous glissants et profonds.

    Vers trois heures, un escadron de cavalerie en passe un apparemment sans être découvert, se reforme de l'autre côté, charge et capture une compagnie du 1/9th disposée en tirailleurs face aux voltigeurs français, faisant prisonniers 1 officier et 33 hommes de troupe. Ce passage en force est suivi par 8 compagnies de voltigeurs qui s'établissent le long de la berge, les Anglais n'ayant abandonné que quelques dizaines de mètres.

    Maucune décide alors de forcer le passage , et envoie la brigade Arnauld par ce premier gué, et celle de Montfort par un autre juste au dessus du pont. Les deux brigades passent et capturent le village de Villamuriel, mais ne dépassent pas le canal de Castille. Après une heure environ, Wellington, qui attendait que Maucune s'avance dans le lit à sec pour contre-charger avec l'intégralité de la 5th, décide de prendre l'initiative pour ne pas permettre à Foy et Maucune de faire leur jonction de ce côté du Carrion. La brigade espagnole de Losada est envoyée contre le flanc droit des Français pendant que les Anglais de Pringle attaquent de front. Les Espagnols étant repoussés avec pertes, Wellington les remplace par la brigade Barnes soutenue par les Portugais de Spry. Après un combat acharné, Spry enfonce la ligne française et commence à remonter la position. Les Français perdent un certain nombre de prisonniers enfermés dans Villamuriel, et repassent les gués, se reformant derrière les réserves françaises qui arrivent sur place.

    Les pertes autour de Villamuriel sont équilibrées, aux alentours de 500 hommes hors de combat, mais Foy lui ayant fait une centaine de prisonniers et une soixantaine de tués/blessés au prix d'une vingtaine des siens, la balance penche nécessairement du côté français; de plus, la ligne du Carrion est définitivement perdue du fait de l'action de Foy, et il faut changer de position.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 10 Mar 2015, 10:24

    Repositionnement derrière les Pisuerga et Duero

    La réponse de Wellington est rapide et déterminée; puisque le Carrion est perdu, il se replie en direction de Valladolid, en mettant la Pisuerga entre lui et ses ennemis.

    Pour ce faire, il déploie tout d'abord la 5th division en potence face à Foy et son flanc droit aux alentours de Villamuriel pour garder la ligne de la rivière, puis commence à retirer le reste de l'armée sous couvert de cette arrière-garde. Le 26 au lever du jour l'armée quitte Dueñas et descend le long de la rivière jusqu'au pont de Cabezon de Pisuerga où elle passe sur la rive gauche. La 5th quitte sa position de couverture en début de matinée sans interférence ennemie et à la nuit l'intégralité des Anglo-Alliés est en position entre Valladolid et un point légèrement au nord de Cabezon.

    Oman fait ici une de ses rares erreurs géographiques, car il parle de la rivière Cubillas, qui n'existe pas dans cette partie de l'Espagne (la plus proche est près de Grenade…). Par contre, on trouve une localité nommée Cubillas de Santa Marta à une dizaine de kilomètres au Nord de Cabezon, mais sur la mauvaise rive de la Pisuerga. En face de cette localité, on trouve plusieurs ruisseaux entourant Valoria la Buena et surtout plusieurs ressauts montagneux formant une vraie position défensive "à la Wellington", où je pense que l'aile droite de l'armée devait se trouver.

    A la gauche, la 7th garde Valladolid, dont les ponts sont minés. Le mouvement peut paraitre étonnant si on ne regarde pas la géographie de cette partie de l'Espagne; en effet, le côté le plus praticable de la vallée de la Pisuerga, qui jusqu'à Valladolid est la rive droite, passe après cette ville à la rive gauche.

    De plus, le général anglais, dans cette position, ne sacrifie ni ses communications vers le Portugal ni celles vers Madrid, car il possède sur son arrière deux bons ponts, le premier à Puente Duero-Esparragal et le second à Tudela de Duero, avec les grandes routes sud et sud-ouest vers Olmedo/Medina del Campo et Arevalo, alors que du côté français les ponts de Simancas, Tordesillas et Toro sont déjà minés et près à sauter. De plus, le Duero est à ce moment en pleine crue, bien plus difficile à passer que la Pisuerga.

    Si les Français décident de tenter de passer la Pisuerga à Tariego et de descendre la rive gauche, ils se trouveront face à une position très forte sur l'aile droite de l'armée anglo-alliée, tout en ayant à traverser une zone très accidentée, sans ressources et par de mauvaises routes. Souham choisit donc de rester sur la rive droite en passant par Palencia, et le 27 il reconnait la position de Cabezon, qu'il estime imprenable et décide de ne pas attaquer.

    Il place l'Armée du Nord en face, et descend avec le reste de ses forces vers Valladolid. Le 28, il essaie de forcer le passage sur ce point, mais après avoir repoussé un bataillon de Caçadores sur l'autre rive et avoir canonné le 51st par-dessus la rivière, abandonne devant la difficulté et pousse vers Simancas, où Halkett, qui garde ce point avec sa brigade, fait sauter le pont. Ce dernier envoie alors le bataillon des Brünswick-Oels à Tordesillas pour empêcher la reconstruction du pont détruit. Foy, qui fait alors l'avant-garde de l'Armée du Portugal, se trouve en face avec sa division. Wellington semble avoir bloqué les deux armées ennemies sur la ligne Pisuerga-Duero malgré son infériorité numérique, et a pu donner deux jours de repos à son armée.


MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 23 Mar 2015, 14:26

    La traversée du capitaine Guindret

    Malheureusement, Foy, avec son audace habituelle, va tenter un coup de main pour traverser le Duero. Le pont n'a eu que son arche centrale de détruite, et il semble possible de rétablir un pont temporaire en peu de temps si on est maître des deux côtés. Il fait appel à des volontaires et sélectionne 11 officiers et 44 hommes, commandés par le capitaine Guindret du 6e légère, et le 29 commence par faire déployer sa batterie à côté du pont.

    La cible est une tour médiévale située de l'autre côté du fleuve, qui sert de poste à la section des Brünswick-Oels de piquet, le reste du bataillon étant cantonné dans un bois à quelques centaines de mètres en arrière. Pendant ce temps, les hommes de Guindret fabriquent un radeau de fortune a base de planches clouées ensemble pour y poser leurs mousquets et leur poudre, se déshabillent et entreprennent de traverser le Duero à la nage.

    Le point de départ des nageurs ayant été bien choisi, la traversée est rapide et non détectée par la section allemande. Les Français récupèrent leurs armes, non sans que la plupart mouillent leur poudre, et chargent le poste ennemi. Le lieutenant de Brünswick, sans doute affecté par le bombardement préalable, perd alors la tête, et au lieu de garder son poste, s'enfuit avec sa section après quelques tirs sporadiques et file vers son unité mère, abandonnant 11 prisonniers aux Français.

    Le major commandant le bataillon ne se comporte pas mieux que son lieutenant, et au lieu de revenir en force et de renvoyer les petits baigneurs à leurs études de brasse coulée, met son unité sous les armes à la lisière de son bois et demande des instructions à son supérieur le colonel Halkett. (Qui est, je vous le rappelle, à Simancas, à 15 km à vol d'oiseau).

    Le temps que ce dernier arrive avec des renforts, les 50 nageurs grelottants dans le vent d'octobre ont eu le temps de rétablir la liaison avec les sapeurs de Foy par-dessus l'arche détruite, et la division française est en pleine traversée. Le colonel anglais ne peut que faire garder les deux routes en débouchant par ses troupes, et rendre compte à Wellington.

MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 02 Avr 2015, 12:23

    Blocage sur le Duero

    Le général anglais voit une fois de plus ses plans de défense contrecarrés par la faute d'un des ses subordonnés, et se trouve même dans une position plutôt précaire, puisque le passage forcé se trouve à son extrême gauche, au plus près de la frontière portugaise. Le mouvement initial de Foy l'a déjà vu déplacer le centre de son armée plus près de Valladolid, et le 29 au matin l'abandon de cette même ville a été résolu, pour une position le long du Duero.

    Peu après l'aube le pont de Cabezon est détruit, et l'aile droite (5th et les Galiciens) de l'armée marche vers le sud, contournant Valladolid tenue par deux brigades de la 7th, suivis du centre (1st, 6th et Pack) puis le reste de la 7th décroche après avoir détruit les ponts de la ville.
    Le tout passe par le pont de Puente Duero et se repositionne au sud du Duero à la nuit du 29.
    le 30, avant que le pont de Tordesillas soit complètement réparé, Wellington a sur les hauteurs dominant le pont la majorité de son armée, sur une ligne de bataille renforcée d'une chaine de redoutes. La première brigade française à s'éloigner du pont se retrouvera au milieu d'un dièdre de feu mortel, et il n'y a pas de place pour en déployer beaucoup plus.

    Souham, après avoir occupé Valladolid le 30, va rester sans bouger pendant six jours; la cause principale étant que Caffarelli, l'ayant aidé à renvoyer les Anglais au-delà du Duero, estime son devoir rempli et repart en vitesse au nord, où les nouvelles ne sont pas bonnes du tout, passant Burgos le 6. Souham perd ainsi plus de 20 000 hommes dont une grosse brigade de cavalerie, et n'est plus en mesure de forcer une position aussi forte que celle qu'il a en face de lui sans risquer un affrontement majeur que les ordres du Roi lui ont formellement interdit d'engager.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 07 Avr 2015, 13:13

    h) Hill abandonne Madrid

    Abandon de la ligne du Tajo

    Revenons à la portion de l'armée anglo-alliée sous les ordres de Hill.

    Le 28 octobre, alors que Soult se prépare à attaquer Aranjuez, Hill, lui, se prépare à abandonner la ligne du Tajo. Les raisons de cette décision sont muiltiples.

    Premièrement, les pluies d'automne ont été presque nulles dans la région, et donc le fleuve n'a pas vraiment dépassé son niveau estival, et même en rompant les ponts d'Aranjuez et de Fuente Dueñas, il reste possible de passer à gué un peu partout.

    Deuxièmement, en cas de traversée française réussie, les troupes postées le long de la berge auront une retraire périlleuse de par la présence de la Tajuña et du Jarama sur l'arrière de la position, avec des points de passage facile en nombre restreint. Il est donc à craindre que des troupes en retraite se trouvent coupées et acculées à la rivière sur des portions impassables.

    En troisième lieu, comme l'avait prévu Soult, la colonne du Roi, arrivée à Cuenca, fait peser une menace sur le flanc anglais, contrecarrée pour le moment par deux brigades de la 2nd Division positionnées à Fuente Dueñas. Mais le Roi a toujours la possibilité de remonter le cours du Tajo et de le traverser plus haut, dans une portion qui n'est observée que par l'Armée de Murcie de Elio, parfaitement incapable de s'opposer à ce mouvement.

    Le général anglais décide alors de ne pas défendre le Tajo, mais la ligne Jarama-Henares, depuis Guadalajara jusqu'au confluent du Jarama et du Tajo près de Puente Larga. Cette nouvelle position couvre toujours Madrid et garde l'accès aux passes en sortant si jamais les choses tournaient mal.

    Les troupes sont disposées comme suit :
    -Toledo est laissée à la partida de El Medico, car aucune reconnaissance des Français n'y a été vue, et que ces derniers n'ont visiblement rien de prévu sur ce point.
    -L'extrême droite de la ligne est constituée de la 4th division, sous Cole juste sorti de l'hôpital après sa blessure de Salamanca, depuis Añover de Tajo, au-delà du confluent Jarama-Tajo, avec son flanc couvert par le Rio Guàten et des dragons détachés de Long.
    -Plus au Nord, à Puente Larga, gardant le meilleur passage du Jarama, la brigade Skerrett, à 2 Miles de Aranjuez.
    -Ensuite se trouvent la 3rd division et les Portugais de Hamilton près de Valdemoro et San Martin de la Vega,
    -puis la light Division avec les espagnols de d'España et Morillo à Alcala de Henares, et les Murciens de Elio sur Guadalajara.

    La cavalerie est en écran le long du Tajo, avec ordre de poster un cordon de vedettes le long du fleuve jusqu'à en être chassée, puis de faire la même chose le long de la Tajuña en en rompant les ponts et ensuite de rejoindre la vraie position de défense sur le Jarama. Rien ne doit cependant être risqué, et le gros de chaque brigade se positionner devant un point de passage praticable, par lequel il doit retraiter dès que l'ennemi s'est montré en force.

    Sur la droite se trouvent Slade, Long et les Portugais de Campbell, de Villamarique à Aranjuez; d'Urban, Victor Alten et Penne Villemur tiennent la gauche, depuis Villamarique en remontant la rivière.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 16 Avr 2015, 10:00

    Avortement de la bataille du Jarrama

    Le 28 Octobre, donc, la cavalerie française passe en force le Tajo à Aranjuez et Fuente Dueñas et la cavalerie coalisée se replie derrière la Tajuña en détruisant les ponts. Soult ne va pas plus loin, fait traverser une division d'infanterie le 29 pour occuper Aranjuez et commence à réparer son pont, décidé à ne rien tenter tant que le Roi ne l'a pas rejoint.

    Le Roi, lui, traverse le 28 sans opposition à Fuente Dueñas, mais perd beaucoup de temps à réparer le pont et la première division de d'Erlon n'est de l'autre côté que le lendemain. Le Roi et Soult se rencontrent à Ocaña pour se concerter et décident d'un mouvement commun le 30. Ce jour ou le lendemain auraient du voir une confrontation générale sur ce front si Hill en avait eu l'autorisation.

    Mais le 29 au matin arrive dans le camp anglais une missive de Wellington datée du 27, où il exprime ses doutes quand à sa capacité à garder la ligne du Duero, ce qui va rendre la position devant Madrid intenable et même dangereuse. N'ayant pas prévu le départ de Caffarelli pour le nord, il lui donne comme position probable de son QG le 29 sur le Duero, où il pense arrêter les Français jusqu'au 1er novembre, puis Arevalo le 3. La route et les haltes assignées à Hill dans sa retraite sont (en tablant sur une arrivée de la lettre le 29), l'Escorial le 31, Villacastin le 2 et Arevalo le 4, lui signifiant que sa route sera sûre jusqu'à Villacastin. Au-delà il devra vérifier de lui-même, et peut-être se rabattre vers le pont volant d'Almaraz, qu'il ne doit donc pas faire enlever avant d'être sûr de ne pas l'utiliser.

    La lettre termine en lui disant de laisser Freire, Elio et Bassecourt rejoindre Ballesteros par la route de Toledo, et que l'Empecinado doit retourner dans sa zone montagneuse au delà de Guadalajara, les autres forces espagnoles restant avec les Anglais.

    Pour le général anglais, ces nouvelles tombent à un bien mauvais moment. Il est en position avec toute son armée rassemblée, avec un ennemi prêt à l'attaquer, Or on lui ordonne de décrocher immédiatement, avec sa retraite peut-être mal assurée et une possible obligation de retourner en Andalousie à travers le Tajo après une marche de flanc, ce qui fin octobre-début novembre n'est pas aisé, surtout avec des Français très forts en cavalerie sur les arrières.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 20 Avr 2015, 11:42

    Abandon de Madrid

    Mais tel n'est pas l'ordre reçu le 29, Hill se met donc en mesure de décrocher; son aile gauche ne risque rien car les Français à Fuente Dueñas ont encore à passer la Tajuña et la Jarama, dont les ponts sont détruits ou en passe de l'être, avant d'être en contact.
    Par contre son aile droite n'est séparée des Français que par la Jarama, avec les avant-gardes en contact direct. De plus, la 4th et sa cavalerie détachée à Añover doivent défiler en arrière de Puente Larga avant que la force défendant ce point puisse décrocher en direction de Madrid, au risque sinon d'être envoyée sur la route excentrique de Toledo et Talavera.

    Le 30 au matin donc, alors que tout le reste de l'armée décroche en direction de El Escorial, Skerrett a l'ordre de rester en défense à Puente Larga quoiqu'il en coûte, jusqu'à ce que les troupes de sa droite soient sauves, puis de les suivre.

    Les troupes de Cole, ayant la plus longue route à faire, partent pendant la nuit du 26 et se retrouvent autour de Valdemoro au lever du jour, très fatiguées. Elles trouvent là trop de vin pour leur sauvegarde propre, sans aucune garde car la population a fui dans les montagnes. Nombreux sont donc les imbibés qui ont du mal à repartir à midi, certains enfermés dans les celliers en état de coma éthylique. Le colonel du 82nd sera mis aux arrêts par Wellington car 80 de ses soldats se feront capturer par les Français sans s'être réveillés.

    Le reste des troupes rejoint le gros au soir à Aravaca. Cole est resté avec la brigade Skerrett qui a été rattachée à son commandement. A la nuit du 30, l'armée (moins la brigade d'arrière garde) est sortie de Madrid sans voir un ennemi.

    Dans Madrid consternée, les destructions de matériels militaires se déroulent avec plus ou moins de réussite; l'ordre d'incendie des provisions impossibles à transporter mène à une émeute de la part de la partie la plus pauvre de la population madrilène, qui est au seuil de la famine, et qui submerge les employés du commissariat en charge de cet ordre pour s'approprier la farine et la viande salée entreposée.

    L'explosion nécessaire de l'arsenal entraîne la destruction des bâtiments de La China, trop proches des retranchements, tue deux commissaires et manque de tuer le capitaine Cleeves de la KGL, en charge de la destruction, qui s'en sort avec de très graves brûlures.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 26 Avr 2015, 04:45

    La défense de Puente Larga

    Le pont de Puente Larga est très long, avec seize arches, car la Jarama est très large en hiver. Sa berge nord est commandée par sa berge sud, et se trouve en terrain très plat, la route montant lentement vers le plateau de Valdemoro dominant le terrain avoisinant.

    Deux mines successives ont été placées et détonnées sans détruire complètement l'arche, il reste un parapet et une large partie du tablier; l'officier d'engineers en charge décide qu'il serait trop dangereux d'en installer une troisième en présence de l'ennemi, fait construire un épaulement en terre à la sortie du pont, protégé par des abattis, à un endroit où il existe une sorte de terrasse avec des sièges en pierre surplombant le pont.

    Skerrett dispose à couvert de cet épaulement et sur la terrasse deux compagnies du 95th et une wing du 2/47th, avec en soutien au-delà de la terrasse l'autre wing du 2/47th et le 2/87th en colonne, presque totalement protégés du feu ennemi par la route en montée. Trois pièces de la batterie portugaise de Braun sont placées sur la partie droite de la terrace, derrière l'épaulement, enfin à 400 m en arrière sont positionnées les réserves, à savoir le 3/1st foot guard, le 20e portugais et les trois autres pièces de Braun. Le tout fait environ 4000 hommes.

    Soult au matin n'est pas sûr que Hill ait prévu de défendre le passage du Jarama, et la brume matinale est très forte jusqu'à 9 h, où la pluie se met à tomber jusqu'au soir. Ainsi, il est impossible de savoir du côté français ce qu'il se passe sur la rive opposée, ni quelle est l'opposition. Les patrouilles de cavalerie lancées des deux côtés sur la rive reviennent sans avoir trouvé de gué, ni même avoir pu discerner si l'autre rive est gardée.

    Après quelques heures, ayant été informé que les mines n'ont pas réussi à détruire le pont, le maréchal envoie la Division Reymond forcer le passage, couverte par une batterie qui bombarde l'épaulement et les pièces portugaises, et par les voltigeurs du 12e léger placés en tirailleurs le long de la rivière qui engagent une fusillade nourrie avec les troupes de Skerrett par-dessus l'eau.

    Le feu dure plusieurs heures jusqu'à ce que les pièces de Braun soient retirées car à court de munitions. Pensant à un début de repli, Soult envoie alors une partie du 12e léger charger sur le pont; cette unité est arrêtée au feu avant même d'avoir atteint la partie endommagée du tablier, et se replie en désordre. Un autre essai, par une unité inconnue, peut-être la même, n'aura pas plus de résultat quelques minutes après.

    Voyant ça, Soult arrête son attaque "pour ne plus gaspiller de munitions sans raison" comme il l'écrira dans son rapport. Les voltigeurs et les canons sont rappelés et le combat cesse. Un peu plus tard, un officier français avec un drapeau blanc obtient l'autorisation de venir emporter les blessés restés sur le pont.

    A la nuit, Skerrett se replie discrètement, en laissant derrière lui des pantins faits de manteaux fourrés de paille dressés sur des poteaux. Ce stratagème n'est découvert qu'au matin, lui assurant une marche de nuit sans obstruction, et sa brigade arrive au matin près du Prado, où elle se repose quelques heures. Le combat lui a coûté 60 hommes, dont 40 dans le 2/47th et 11 chez les rifles; les français ont 5 officiers et 100 hommes hors de combat.

    On peut faire un parallèle entre cet affrontement et celui de la Coa en 1810, avec un résultat qui aurait sans doute été identique si Craufurd n'avait pas été Craufurd, et qu'il avait défendu du bon côté de la rivière…
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 04 Mai 2015, 12:56

    Perte de contact entre les armées

    La forte résistance autour du pont convainc Soult que Hill a prévu de se battre sur la Jarama, il fait donc approcher son artillerie de réserve pendant la nuit et préparer des ponts à jeter sur la rivière, pour découvrir au matin que son ennemi a filé.

    La cavalerie de Pierre Soult est aussitôt envoyée en découverte sur l'autre rive, mais ne peut faire mieux que de capturer les 300 soulards laissés à Valdemoro, car la journée est baignée dans un brouillard dense, et les arrière-gardes anglaises ne sont pas trouvées. Par contre, on lui rapporte une rumeur disant que Wellington est attendu à Madrid au soir avec deux divisions de plus et qu'il a prévu de se battre pour Madrid.

    En conséquence Soult s'arrête et regroupe son armée sur la Jarama en appelant le Roi à l'aide, lui disant de cesser le mouvement tournant qui doit traverser deux rivières dont les ponts sont coupés, et de retourner à Aranjurez pour passer par Puente Larga. Jourdan apporte son soutien à ce plan, qui permettra de gagner plusieurs jours autrement nécessaires à construire des ponts.

    C'est un cadeau du ciel pour Hill, qui est laissé libre le 31. L'arrière-garde anglaise quitte Madrid à midi, alors que les premières vedettes de cavalerie française entrent par la porte opposée, et que la tête de la colonne coalisée est déjà au niveau de El Escorial.

    Le 1er novembre voit Hill passer la sierra de Guadarrama alors que l'infanterie française atteint seulement Madrid le même jour. Le 3, les derniers pelotons de cavalerie anglaise ont franchi la montagne sans entendre parler des Français, dont les premiers pelotons atteignent à peine Galapagar le 2 au soir.

    Il pleut à torrents, et les traînards commencent à se multiplier, certains si loin qu'ils se font capturer par les Français malgré la distance séparant les armées.

    Hill est de plus en plus rassuré car la distance avec son chef se réduit rapidement sans qu'arrive la lettre tant redoutée lui annonçant que sa ligne de marche est compromise.

    Le 4 toute l'armée de Madrid est concentrée à Villacastin, si proche qu'un courrier entre les deux généraux met moins de 12 heures à arriver; la cavalerie d'extrême arrière-garde, le 2nd hussard KGL, a quitté El Escorial le 3 après avoir vaguement aperçu quelques vedettes françaises, qui ne rétablissent le contact que tard le 4 novembre en très petit nombre. Hill donne alors à son armée douze heures de repos bienvenues autour de la ville.

MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 13 Mai 2015, 05:24

    Dispersion des armées françaises de Madrid

    Le 4 au soir arrive enfin la nouvelle que Wellington s'est décidé à abandonner le Duero pour une position devant Salamanca, près du champ de bataille du printemps. Il est donc inutile pour Hill de faire le crochet vers Arevalo, mais il lui faut plutôt prendre la route de Belayos, Villanueva de Gomes et Peñaranda, avec pour but Alba de Torme où l'armée sera enfin réunie. C'est un risque car il défile devant la ligne d'avance des Français de Soult, et si ce dernier avait été un peu plus pressant, ce risque aurait pu être important.

    Le 4 est aussi le premier jour où les cavaliers français tâtent vaguement les arrière-gardes du 2nd Hussard KGL aux alentours de Villacastin. Les prisonniers capturés par les Hanovriens ne donnent aucune information sur la route choisie par les Français, ni même si les armées ont prévu de prendre la route dans cette direction.
    Soult de son côté ne prend cette décision que le 3, et n'envoie au départ que la cavalerie légère de son frère. Les 4, 5 et 6 novembre voient les divisions de l'Armée du Sud s'étager sur la route menant à Arevalo, se rassemblant dans cette ville le dernier jour. Seule la cavalerie légère suit le mouvement de Hill sur la route de Peñaranda, car la priorité du maréchal est d'abord de rentrer en contact avec l'Armée du Portugal, qu'il suppose vaguement dans la direction de Tordesillas.

    La deuxième raison est qu'en poussant derrière les troupes de Madrid, il risque de tomber sur les plus de 60 000 hommes des deux armées coalisées unies alors qu'il n'en aligne pas 40 000, et ne peut compter sur aucun soutien sûr, l'Armée du Centre n'ayant commencé à quitter Madrid que le 8.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 13 Mai 2015, 05:26

    Décision difficile pour le Roi et Jourdan

    La raison de ce retard est le dilemme dans lequel se trouvent le Roi et Jourdan. Elio, Freire et El Empecinado ont évité la ligne de marche de l'Armée du Centre et se sont rassemblés à environ 8 ou 9 000 à Sacedon (N320, sur le Tajo) à juste un peu plus d'une centaine de km de Madrid.

    Pour assurer la possession de Madrid, il faudra non seulement laisser une garnison, mais aussi lancer une forte colonne volante dans leur direction pour les repousser. Il est donc évident que dans ces conditions, il ne restera plus grand chose pour rejoindre Soult, qui risque alors de se trouver en grave danger si l'Armée du Portugal n'est pas à même de le soutenir.

    D'un autre côté, si la capitale est abandonnée pour soutenir l'Armée du Sud, il est évident que Elio va réoccuper Madrid, et l'effet politique de cette deuxième libération ne peut qu'être désastreux, le Roi démontrant son incapacité à garder ce qu'il a conquis.

    Après quelques hésitations, il est décidé que les considérations militaires sont les plus fortes, et les 20 000 hommes de la colonne de Cuenca quittent Madrid à marches forcées entre le 8 et le 10 novembre, emportant avec eux leurs blessés et même les courtisans de Joseph, qu'il est prévu de déposer temporairement à Valladolid.

    Il est donc clair que le 8, quand Hill déclenche sa marche de flanc vers Fontiveros et Peñaranda, il n'a rien à craindre de l'écran de cavalerie de Soult dont l'infanterie est encore étirée sur la route, ni de l'Armée du Centre qui est encore dans Madrid.

    Quelques jours après la sortie des Français de la capitale, les partisans de El Empecinado rentrent dans la ville désertée, Elio se postant dans la Mancha, en contact avec l'Armée d'Andalousia et son nouveau général en chef, conformément aux ordres initiaux de Wellington, et Bassecourt réoccupe Cuenca.
    Il n'y a plus un soldat français en Nouvelle Castille et la communication avec Suchet à Valencia est perdue.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 22 Sep 2015, 14:23

    i) Mouvements autour de Salamanca

    Rassemblement des deux armées

    Nous avons laissé l'armée de Wellington le 30 octobre autour de Valladolid et au sud du Duero, les Français ayant une tête de pont de l'autre côté de la rivière mais incapables d'en sortir sans de lourdes pertes. Pendant la semaine qui suit, des rumeurs persistantes indiquent que Caffarelli serait parti avec la majorité de ses troupes; mais il reste impossible de vérifier ces rumeurs, et donc le général anglais préfère compter encore que l'ennemi a plus de 50 000 hommes face à lui.

    Il recherche donc un autre point de repli pour quand la rivière sera passée, tout en retardant ce moment le plus possible pour assurer la jonction avec les troupes de Madrid; et donc rien ne se passe de part et d'autre du fleuve jusqu'au 5 novembre.

    Le 4 donc, Hill est à Villacastin, et signale que rien n'a été vu de l'ennemi à part quatre régiments de cavalerie et deux bataillons d'infanterie. Wellington a une position excellente, car si l'ennemi lui est supérieur d'environ 25 000 hommes sur le papier, il a la position centrale et pourrait en réunissant tout son monde attaquer et battre les deux fractions séparément en deux batailles décisives sans que l'adversaire puisse réellement se soutenir mutuellement.

    Souham, de l'autre côté du Duero ne peut pas raisonnablement être attaqué de prime abord, la cible intéressante est donc Soult, qui est dispersé sur près de 80 km de route, avec le défilé de la Guadarrama sur son arrière, et l'Armée du Centre pas encore sortie de Madrid. Le problème de cette stratégie est de laisser ses arrières vulnérables, et que faire si Soult reflue vers Madrid et que Souham prend l'offensive depuis Tordesillas ?

    Un général français aurait sans aucun doute tenté et sans doute vaincu (façon Bonypart en 1815); pour Wellington, un tel gambit est hors de question, car il ne peut se permettre de perdre 5 ou 6 000 hommes dans une marche forcée, et le fait que le début novembre soit extrêmement clément jusque là n'assure pas que les pluies d'automne ne vont pas commencer dès son départ. Ses malades sont déjà estimés à 17 000 et beaucoup de bataillons sont réduits à 250 ou 300 hommes, particulièrement parmi les bataillons étant montés sur Burgos.

    Voilà pourquoi il décide de retraiter jusqu'aux terrains défensifs autour de Salamanque par des marches courtes, en laissant ses ennemis s'unir et prendre l'offensive. Ses lettres du 8 novembre parlent même déjà de retourner sur l'Agueda si l'ennemi le force à abandonner le Tormes. Même s'il pense que Caffarelli est toujours sur le Duero, il ne pense pas que le Roi abandonne Madrid, et l'un compensant l'autre, il estime avec raison son adversaire autour de 90 000 hommes, alors qu'il aligne plus ou moins que 70 000 des siens.

    Il reste trois possibilités à Wellington une fois qu'il a décidé de se retirer sans combattre.
    -Les Français peuvent se satisfaire de l'avoir repoussé jusqu'à Salamanca, et ne pas aller plus loin, surtout si le Roi a mis une garnison dans Madrid et Caffarelli est bien reparti au Nord.

    -Si Caffarelli est parti et que Madrid est conservé, les Français vont se présenter devant lui avec un effectif comparable au sien. Dans ce cas il est résolu à accepter le combat, et pense pouvoir les battre sans trop de difficultés.

    -Enfin, ils peuvent décider de se présenter devant lui avec toutes les troupes disponibles. Si le surnombre est trop important, il n'aura pas d'autre solution que de se replier vers l'Agueda et la sécurité de Ciudad Rodrigo, mais il n'a pas l'intention de se laisser évincer d'un si bon terrain défensif si facilement. La force de la position du Tormes forcera les Français à se montrer dans tous les cas, tout en lui laissant la possibilité de se replier sans problèmes s'il le faut.
MASSON Bruno
 

Re: La campagne anglaise de 1812 et ses suites

Messagepar MASSON Bruno sur 19 Déc 2015, 08:03

    Position des Anglo-Alliés :

    Hill, avec ses troupes de l’Armée du Sud (environ 20 000 hommes constitués de la 2nd Division, Portugais d’Hamilton, cavalerie anglaise de Long et Slade plus la brigade portugaise de Campbell et l’espagnole de Penne Villemur) couvre le passage du Tormes à Alba, avec la brigade de Howard (2nd Div) plus les Portugais d’Hamilton dans la ville et dans les bois derrière le Tormes, couverts par les cavaliers de Slade en écran.
    La ville est entourée d'un vieux mur mauresque, écroulé à plusieurs endroits et dont certaines entrées n'ont plus de portes ; le château, lui, est plus formidable, armé d'artillerie et dominant la ville et le pont.

    Les 3rd, 4th et Light divisions, les Espagnols de d’España et les cavaliers de Victor Alten et d’Urban se positionnent dans le coude du Tormes, occupant les villages de Calvarassa de Abajo, Machacon et autres, en regard de Huerta, (sur l'aéroport de Salamanque, quoi ^^) d’où ils peuvent rejoindre la position de San Cristobal par Aldea Lengua et Santa Marta si nécessaire.

    Le corps venant de Burgos s’installe lui sur San Cristobal, et les un peu moins de 70 000 hommes de l’armée anglo-alliée sont rassemblés le 8 novembre sur une position facile à défendre et difficile à contourner, attendant leurs adversaires.
MASSON Bruno
 

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