- L'Erreur cruciale de Marmont
L'attaque du centre se précise alors, avec Maucune se rapprochant de Los Arapiles, défendu à ce moment par les compagnies légères de la 4th et des Guards de la 1st . Toutefois, hors les voltigeurs de Maucune, aucune unité française ne rentre dans le village, et ni Bonnet ni Thomières ne bougent de leur positions. Les premières maisons changent deux fois de mains sans attirer de soutien extérieurs.
Thomières commence même à abandonner la gauche de Maucune et à se déplacer sur sa gauche, un trou se formant entre les deux divisions.
En effet, pendant que les Français au centre font ainsi une démonstration bruyante contre l'aile droite anglaise, et sous les yeux de Marmont qui prend un déjeuner tardif au sommet du grand Arapile, commence le mouvement fautif qui va décider du sort de la bataille; Thomières, puis Clausel sortent de la réserve et, défilant derrière Maucune, suivent le sommet du plateau français.
Clausel s'arrête peu avant d'avoir dépassé la position de Maucune, mais Thomières, lui, continue toujours plus loin. Il est clair que si ce mouvement n'avait pas été voulu et surveillé par Marmont (comme il le prétend dans son compte-rendu), il aurait suffi de peu de temps pour contre-marcher vers la vraie position assignée.
A ce moment, Wellington, en train de grignoter un peu de bœuf froid d'après certaines relations, est accosté par un aide de camp qui qui signale que l'ennemi continue à étendre sa gauche. Un bref coup d'œil à la longue-vue lui confirmant cette information cruciale, il saute alors en selle puis, suivi de loin par son état-major (Copenhague !) se dirige vers la 5th Division, qui est le point potentiellement menacé par ce mouvement. Lorsqu'il arrive près de son commandant, il y trouve la division parfaitement calme et couchée derrière la crête, l'attaque du village se poursuit mais semble manquer de profondeur; les bataillons de Maucune restent derrière, soutenus par plusieurs batteries mais par aucune infanterie, la plus proche est celle de Bonnet à pratiquement un kilomètre en arrière, Thomières continue son mouvement sur la gauche et se sépare visiblement du centre adverse, Clausel s'est arrêté en soutien arrière-droit de Maucune mais est loin, et Foy et Ferrey ne bougent pas à 3 kilomètres à droite de Bonnet.
Donc, avec Sarrut qu'on peut distinguer se rapprochant du parc d'artillerie français loin derrière, et Brennier qui est à moitié visible derrière le grand Arapile, l'armée française est déjà coupée en cinq, dont seules les trois parties centrales sont capables de se rassembler rapidement. Wellington sait donc où se trouvent au moins 6 des 8 divisions de l'armée du Portugal, avec des vides immenses entre ses différentes composantes.
La décision annulée vers midi d'attaquer une armée en position, se transforme vers 15 h en une bien meilleure d'attaquer une armée dispersée et incapable de se soutenir.