par MANÉ Diégo sur 10 Juin 2010, 22:03
J'hésitais un peu à balancer du personnel dans un débat d'histoire, mais çà détend un peu, et puisque tu insistes, j'en rajoute avec plaisir. Je déplacerai ce texte ultérieurement.
Pour nos pièces d'artillerie "modernes", enfin par rapport à celles de l'Empire, oui, elles ont été récupérées. Comme il s'agissait d'un contrôle opérationnel de niveau au moins divisionnaire nous avions la chance d'avoir avec nous un régiment du Génie à qui la batterie engloutie a fourni un cas concret imprévu. Les chars ont été "renfloués" grâce aux moyens de levage conséquents de nos sapeurs, ceux du régiment qui avaient tenté de la jouer solo pour éviter d'ébruiter la chose ayant dû déclarer forfait. Nonobstant je me suis toujours demandé comment les gars du Génie avaient "accroché" les blindés sous la boue. Des hommes-grenouilles ?
En effet, je n'ai pas assisté à l'opération, qui a tout de même demandé deux ou trois jours (et je ne vous parle pas du "nettoyage" auquel mon brave "723" a échappé), car ma pièce a été envoyée à une autre batterie où j'ai remplacé au pied-levé une pièce gravement dé-chenillée qui tournait en rond comme une mouche gazée sans parvenir a se re-cheniller. Elle a dû se faire transporter à "l'hôpital des blindés" du camp... elle aussi par le Génie !
Alors mon Lieutenant ? Eh bien il a continué à me pourrir l'existence un an de plus (il faisait cela systématiquement au dernier arrivé et c'était moi)... et puis arriva le contrôle opérationnel suivant qui redora son blason aux yeux de sa hiérarchie.
Figurez-vous que de trois régiments d'artillerie présents, alignant neuf batteries, une seule fut capable de tirer à l'heure dite, la sienne. Et pourquoi ? Parce-qu'un seul des neuf convois de munitions partis du dépôt de la VIe RM rejoignit sa batterie sur le terrain de manoeuvre en ayant déjoué les embuscades de "l'ennemi", ses patrouilles d'auto-mitrailleuses, ses hélicoptères en maraude, et même ses chasseurs à réaction...
Ce convoi c'était le mien. C'était aussi le seul qui évita les routes, se défila aux vues, observa les patrouilles ennemies, saisit les moments favorables, bref, fit son boulot*, mais peut-être aussi étais-je le seul à savoir lire une carte, comme je l'ai souvent constaté ? En effet, des huit autres convois cinq furent "pris" sur les routes et trois s'égarèrent... Et donc lorsque l'ordre de tir "massue" arriva seul mon lieutenant fut à même de l'exécuter. De ce jour il me flanqua une paix royale, mais peu après il quitta notre batterie et quelques mois plus tard quand je l'ai croisé par hasard, j'ai salué un capitaine ! Doit-être général à la retraite aujourd'hui !
Pas mal, non ? On dirait du Marbot (pas le style, les péripéties, toutes proportions gardées) !
* Et même plus. Dans la même manoeuvre j'ai "abattu" moi-même un hélicoptère "Alouette" de l'ennemi qui faisait un point fixe à quinze mètres de mes camions qu'il n'avait pas vus, bien camouflés sous les arbres qu'ils étaient. J'ai presque épuisé la bande de cinquante cartouches (à blanc bien sûr) de ma mitrailleuse AA 52 avant que le pilote ne réalise (la fumée ?) et dégage brutalement. "Deux généraux au tapis" à dit la rumeur ! Quoiqu'il en soit, se considérant sans doute "mort" en l'occurrence, l'observateur ennemi, beau joueur, ne signala pas mes camions qui passèrent.
Encore mieux, là, n'est-ce-pas ? On dirait du Séruzier-Battler Britton !
Mais c'est bien connu, parfois la réalité "égale" la fiction (oui, "dépasse" aurait été exagéré, non ?).
Diégo Mané
Le but c'est le chemin... de la gloire (Marbot et Séruzier-Battler Britton).