1806. Golymin, les pertes françaises.

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:02

Voici une série de messages échangés entre Eric Dauriac, initiateur de la question, et moi-même :

Le 29 mai 10 à 17:26, Eric Dauriac a écrit :

Bonjour,

Encore une question : sur Golymin

Dans ton livret campagne de Pologne 1806 tu indiques que les français ont subit 1223 pertes. Je ne retrouve pas l'origine de ce chiffre.

Peux-tu m'en dire plus ?

Eric Dauriac
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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:04

Diégo MANÉ a écrit :

Bonsoir,

Tu peux trouver ces 1.223 pertes mentionnées dans le Foucart T1 de la campagne de Pologne.

Page 478 pour la division Morand et page 489 (en bas) pour les divisions Desjardin et Heudelet.

Ce chiffre ne prend toutefois pas en compte les pertes de la cavalerie qui ne sont mentionnées nulle part...

Or page 475, dans son rapport à Berthier, Davout écrit : "La cavalerie légère du 3e corps qui était avec la cavalerie de la réserve, a beaucoup souffert."

Ladite cavalerie de la réserve a donc dû aussi souffrir un tant soit peu. La brigade Rapp, par contre, n'a eu qu'un seul blessé, le général lui-même !

J'avais beaucoup travaillé avec "La manoeuvre de Pultusk" de Lechartier que je n'ai pas sous la main. Le cas échéant je le re-consulterai pour toi.

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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:05

Le 30 mai 10 à 09:27, Eric Dauriac a écrit :

De deux choses l'une soit les deux exemplaires de Foucart (ed 2006 et numérique 1882) dont je dispose comportent une coquille, soit je ne sais plus compter: j'arrive à 644!

Eric Dauriac
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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:07

Diégo MANÉ a écrit :

Waaaaahhhh, la honte (pour moi) ! L'avocat qui corrige le calcul du comptable !!

Plus sérieusement, en effet, le total des éléments chiffrés du Foucart donne 644 fantassins tués ou blessés à Golymin côté français.

Or si j'ai donné 1.232, chiffre qui ne s'invente pas, c'est que je l'ai trouvé ailleurs. Comme j'ai aussi 9 prisonniers, dont Foucart ne semble pas parler non plus, cela montait à 653 fantassins. Il faudrait donc conclure à 575 cavaliers puisque j'ai aussi mentionné 4 généraux (Rapp, Fénerolz, Lefranc, Boussart).

Vérification faite j'ai été "enduit avec de l'erreur" par Martinien, qui donne Boussard (sic) blessé à Golymin, alors qu'il le fût à Pultusk. Il y aurait donc potentiellement une perte de moins à prendre en compte sur les 1.232 (1/1.232e d'erreur, cela reste convenable !). Pointilleux ne sommes-nous pas ?

Ces éléments doivent/peuvent provenir de deux sources que j'ai aussi utilisées, mais que je n'ai plus sous la main, à savoir :

1. "Mémoires du général Bennigsen", Lavauzelle, Paris, 1911, qui jouit de très nombreuses notes de Cazalas.

2. "La manoeuvre de Pultusk", Lechartier, Paris, 1911.

Je tâcherai de te confirmer cela dès que possible?

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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:08

Le 30 mai 10 à 20:55, Eric Dauriac a écrit :

Pour les pertes j'aimerais bien avoir le fin mot de l'histoire. J'ai remarqué que Natalia Griffon donne aussi ce chiffre sans citer sa source. Cela nous pourrait-il pas venir de ce que ce chiffre totalise le total des pertes du 3ème corps y compris la division envoyée avec Lannes?

Erci Dauriac
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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:10

Réponse DM le 5 Juin 2010

J’ai replongé dans les sources m’ayant servi pour mon livret n° 8 “Campagne de Décembre 1806 en Pologne” et retrouvé l’origine du chiffre de 1.232 pertes que j’y ai indiquées.

Il est tiré de “La manoeuvre de Pultusk”, Lechartier, Paris, 1911. La partie pertinente de cet ouvrage se trouve aussi reproduite dans la “Revue d’Histoire” n° 122, que l’on peut consulter sur Gallica, pages 253 et 254, ici :

Il est indiqué 222 pertes à la division Morand (il manque les 9 prisonniers donnés par Foucart), et 1.001 pertes pour le VIIe corps (4 officiers tués et 54 blessés, 97 soldats tués et 846 blessés), soit 579 de plus que les 422 donnés par Foucart.

Si l’on cherche à recouper ce chiffre avec celui des officiers tués ou blessés donné par Martinien cela ne “colle” pas.

J’en ai relevé 8 chez Morand (OK), 2 chez Milhaud, 1 chez Klein, 11 chez Lasalle, 24 chez Desjardin et 8 chez Heudelet, soit 32 pour le seul VIIe corps... au lieu de 58.

Et si l’on prend cela au pied de la lettre, ces 1.223 pertes concernent la seule infanterie.
Quid de la cavalerie qui a “beaucoup souffert” ? ... et notamment la brigade Lasalle ?

C’est là que se situe la fameuse “panique de Golymin” qui vit la brigade Lasalle fuir en désordre sans raison. Son général la ramena devant les canons russes et Curély, témoin occulaire, dit dans son “Itinéraire d’un cavalier léger de la Grande Armée” p. 203 :

“Pour donner une idée de la perte que fit cette brigade par le feu du canon en punition de son mouvement rétrograde, il me suffira de dire que le général, qui se tenait en tête, eut deux chevaux tués sous lui. Des hommes et des chevaux tombaient à tout moment, personne ne bougea, et l’on n’entendit pas même un murmure.”

La contradiction entre les versions chiffrées de Foucart et Lechartier est sans doute ce qui m’a conduit à l’époque à la formultation donnée dans mon livret, qui laisse la place à une interprétation logique : si Foucart a bien donné les pertes de l’infanterie, et Lechartier les pertes totales, la différence des deux chiffres donnerait les pertes de la cavalerie.

Comme tu le vois, cette réponse soulève d’autres questions, qu’il sera cette fois encore plus difficile à résoudre. J’ai bien une piste ou deux mais là je dois filer au boulot.

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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:13

Le 5 juin 10 à 11:40, Eric Dauriac a écrit :

J'ai effectivement pu récupérer Lechartier par la revue d'histoire (j'ai l'intégrale sur mon disque!). En j'ai fait le même constat que toi avec le Martinien (statistiquement, je chiffre dans l'infanterie hors Etats-major auquels Martinien rattache les généraux, à environ 1 officier pour 19 soldats les pertes subies et 1 tué pour 8 blessés, ces stats sont à prendre avec prudence car l'écart type est large, il faudrait que j'étudie d'autres périodes pour le réduire...). Mais je ne pense pas que Lechartier ait voulu chiffrer la totalité des pertes avec la cavalerie. Mon sentiment est que les pertes de celle-ci ne sont pas très lourdes sauf chez Lasalle dont la connerie apparait grandiose (martinien : 3ème division de dragons : 0 pertes (sauf Rapp qui le confirme dans son rapport); Brigade Milhaud : 2 pertes, Brigade Marulhaz : 0 pertes, Brigade Lasalle : 11 pertes ; 1ere division de dragons : 3 pertes, soit en tout 16 pertes dans les régiments de cavalerie, donc certainement pas plus de 300 pertes pour le tout). En outre le corps d'Augereau était sans cavalerie. Par contre je crois comprendre qu'il tient ces chiffres d'un rapport d'augereau que je ne connais pas.

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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:14

Diégo MANÉ a écrit :

J'ai fait le petit travail suivant : (suivait un tableau que je n'ai pu reproduire ici).

Il présente un certain nombre d'enseignements, mais ce qui saute aux yeux, effectivement, ce sont les chiffres pour la brigade Lasalle *. On y constate au passage que tous les officiers blessés le 26 décembre sont rétablis le 17 janvier, ce qui n'est pas le cas de tous les soldats, loin s'en faut !

* Qui montre un différentiel d'effectifs de -104 h au 5e Hussards et -224 h au 7e Hussards.

Par ailleurs je pense avoir compris la raison de la divergence des chiffres de Lechartier et Foucart. Foucart nous donne les pertes du 26 décembre, alors que Lechartier nous donne celles "des 24 et 26 décembre" qui comprennent donc, outre les pertes de Golymin le 26, celles de Sochoczyn et Kolozomb le 24.

Foucart nous donne aussi page 433 ces pertes du 24, soit 33 tués et 223 blessés (dont 13 officiers dit le Martinien) à la division Desjardin et 33 tués 229 blessés (dont 6 officiers dixit le Martinien). Cela fait respectivement 256 et 262, total 518, et il reste donc encore 61 h à justifier en tout, dont 6 officiers.

Ces derniers doivent provenir d'autres corps que les unités d'infanterie. Nous trouvons déjà, page 432, la mention de trois officiers, issus respectivement de l'état-major, du génie et de l'artillerie qui sont tués tous trois, le colonel Savary du 14e étant donc le 4e officier tué. En grattant on devrait trouver les trois autres parmi les aides de camp ou autres...

Et donc, par voie de conséquence, le chiffre de 1.223 pertes à Golymin est faux. Nous avons bien les pertes de l'infanterie qui sont fiables (644 h), mais il nous manque celles de la cavalerie, que Murat s'est bien gardé de décliner *, et que l'on ne peut donc que tenter d'évaluer au mieux.

* Il dit que Lasalle et Marulaz sont "culbutés", que Milhaud les dégage, et que la tête de la division Klein (sans doute sa seule première brigade) a chargé...

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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:15

Eric Dauriac a écrit :

Je pense que tu prends le chiffre de 1223 pertes comme étant le total du 7e corps alors qu'il s'agit des pertes du 7e et du 3e. Le 7e ne perd que 1001 hommes à Golymin selon Lechartier. si on ajoute les pertes du même 7e du 24 décembre on obtient 1158 (selon Foucart 664+262+252=1158).

Eric Dauriac
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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:16

Bonsoir,

Non, il ne peut s'agir des pertes du 7e et du 3e à Golymin puisque celles-ci sont très clairement chiffrées par Foucart à 644 hommes, et nous en avons débattu à l'origine de nos échanges relatifs.

Résolument ces 1.223 hommes relèvent de l'addition, fautive selon moi, des 1.001 hommes donnés au 7e corps par Lechartier, mais pour les journées des 24 et 26 décembre - comme le donne d'ailleurs à penser la note de bas de page 250 de la RH ("Relevé des pertes des journées des 24 et 26 décembre") - et des 222 hommes relevant de la division Morand du 3e corps.

Alors comme nous avons 422 pertes le 26 (Foucart page 489) et 518 le 24 (Foucart page 433), total 940 et que Lechartier donne 1.001 pertes*, il nous reste 61 hommes à expliquer, dont certains peuvent aussi relever de l'artillerie et du génie (voir officiers tués plus bas).

* 4 officiers tués et 54 blessés, 97 soldats tués et 846 blessés, total 1.001 hommes.

Les 940 plus haut comprennent 52 officiers (19 atteints le 24 et 33 le 26) relevant des unités citées dans l'OB.

Mais il y en a d'autres, qui permettent d'atteindre les 58 donnés par Lechartier (dont on se demande bien où les trouver si l'on prétendait le faire sur les seules pertes du 26 !). En effet, le 24, toujours, sur le pont de Sochoczyn, tombent le capitaine du Génie Laforcade et le lieutenant Amondru du 6e d'ARC qui, ajoutés aux 6 autres officiers tués dans l'infanterie (dont 1 seul le 26) amènent au total de 8 tués.

Ensuite, pour trouver les quatre manquants, j'ai "gratté" dans les état-majors et l'on trouve :

Le 24, 1 Adjoint d'Etat-Major blessé "près de Golymin" (Cne Rapin).

Le 26, 1 Adjoint d'Etat-Major tué (donc pas du 7e corps qui a déjà son compte) et 3 autres blessés, qui permettraient d'atteindre les 58.

Il y a également le même jour 2 Aides de Camp blessés, mais l'un d'eux au moins relève de la cavalerie puisqu'il s'agit du Capitaine Marulaz, frère et Aide-de-Camp du général (il mourra plus tard de cette blessure). L'autre est un Lieutenant de Trobriand.

Les 6 officiers "trouvés" il ne nous resterait plus que 55 soldats à expliquer pour le 7e corps. Différence entre les rapports immédiats, et donc parfois erronés, et ceux postérieurs type "journal des opérations" et davantage "posés" ? J'ai déjà constaté ce genre d'écarts d'un jour sur l'autre, alors...

... Alors certes, tout ceci n'est pas (et ne peut pas être) parfait, les généraux de l'époque, en tête desquels il faut citer Murat, nous ayant laissé des renseignements incomplets (par exemple zéro information chiffrée sur les pertes "sérieuses" de la cavalerie).

Mais en tous les cas je vais m'arrêter là n'ayant pour l'instant rien qui puisse éclairer davantage le sujet.

Bonne nuit donc.

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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juin 2010, 22:17

Parlé trop vite, comme dirait Thierry Melchior, voici encore quelques éléments de plus.

Pour les officiers blessés je précise :

Le Capitaine Rapin, blessé le 24 Décembre “près de Golymin”, était Adjoint à l’Etat-Major de la division Heudelet du 7e corps. Il compte donc à coup sûr dans les 58.

Le Lieutenant de Trobriand, blessé à Golymin le 26 Décembre, était un Aide-de-Camp de Davout *, relevant donc du 3e corps. Il est donc à ajouter à ses pertes, comme le Capitaine Marulaz est à ajouter à celles de la brigade de son frère.

* C’est lui qui, le 14 Octobre, avait joint Bernadotte et s’était vu renvoyer à Davout avec ce message du Gascon : “dites à votre maréchal que je suis là et qu’il n’aie pas peur” !

Je n’ai pu “affecter” les quatre Adjoints à l’Etat-Major tués ou blessés à Golymin le 26, soit le CdE Martin (tué)*, le CdB Gaussard et les Cnes Maire et Marbot (blessés), qui relèvent cependant à coup sûr des unités présentes (3e ou 7e corps, Rés. de Cav.).


Par ailleurs j’ai eu l’idée d’aller jeter un oeil dans le Marbot. Notre homme était alors Lieutenant Aide-de-Camp d’Augereau et a assisté aux combats des 24 et 26 dont il nous parle pages 323-328 du Tome 1.

Il confirme et détaille certaines des pertes d’officiers évoquées dans nos échanges, donne d’intéressantes précisions sur les circonstances particulères du combat de Golymin, comme la nuit qui tombe à 14 h 30, des Russes qui cheminent dans le noir sans répondre aux tirs, et dont les blessés tombent sans crier car on le leur avait interdit !

Un passage plus relatif à notre recherche et que voici en substance : “... la lueur des incendies permettait aux canonniers ennemis de distinguer nos troupes, surtout les cuirassiers et dragons qui, portant des manteaux blancs, servaient de point de mire... Ces cavaliers éprouvèrent donc plus de pertes que les autres corps...”.

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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar DAURIAC Eric sur 08 Juin 2010, 20:13

Je me refuse à utiliser Marbot, qui a une tendance marquée à la gasconade (il était limousin mais dans le Sud...), comme témoin fiable. "Marbot nous donne bien un document, mais c'est un document sur la sottise humaine fascinée par la gloire militaire" écrit après un réquisitoire implacable Jean Norton Cru ( Témoins, p44-47, Presses universitaires de nancy, 2006). Témoins, un livre à lire absolument.

Pour ce qui concerne Golymin comment ne pas relever :

Pour exemple l'heure de la nuit à 14 h30. Cela ne tient pas debout. J'avais vérifié l'heure du couché de soleil en Pologne en décembre c'est vers 16h-17h, heure française donc je suppose celle de Marbot. De même pour les pertes de la cavalerie, nous avons vu qu'à part la Brigade Lasalle (des hussards) les pertes ont été légères, et puis quelle unité de cuirassiers était à Golymin? Et franchement vous y croyez : "Les rues de Golymin étaient remplies de blessés et de mourants, et l'on entendait pas un seul gémissement car ils étaient défendus"?
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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Juin 2010, 23:45

Certes, il faut se méfier de Marbot, comme de beaucoup d'autres (Séruzier me paraît le summum !), mais il faut aussi se garder de jeter le bébé avec l'eau du bain.

Partout où il n'y a pas de raison de mentir, pourquoi la lui supposer ?

Je n'entrerai pas en débat sur l'heure de la nuit en Pologne le 26 Décembre 1806 par temps de neige mêlée de pluie. Par contre je ne sais pas si l'heure française d'aujourd'hui est bien la même (heure d'hiver ou d'été décalées d'une ou deux heures sur le soleil, ce qui ne devait pas encore être le cas à l'époque, aucun technocrate ne s'étant encore penché sur les bienfaits supposés de la chose).

Pour les pertes de la cavalerie nous n'avons de chiffrées que celles des officiers, et d'appréciations des chefs que des termes vagues. 

Murat, après que Lasalle et Marulaz aient été "culbutés", et que Milhaud et Klein aient chargé, dit : "c'est alors que nous avons beaucoup souffert de l'artillerie de l'ennemi". Et c'est aussi un Gascon prêt à enjoliver les choses, je le vois donc mal les noircir, mais il s'est contenté de ne pas les chiffrer.

De son côté Davout, que l'on n'a jamais pu taxer d'exagération, dit : "la cavalerie légère du 3e corps qui était avec la cavalerie de la réserve, a beaucoup souffert". Alors la même expression "beaucoup souffert" dans la bouche de ces deux chefs doit tout de même signifier quelque chose.

Le "beaucoup souffert" de Murat concerne toute la cavalerie présente, celle de Rapp exceptée. Les unités présentant un différentiel négatif entre les OBs de décembre et de janvier (et donc sans compter celles présentant une augmentation, alors qu’elles ont fatalement eu des pertes aussi) donnerait déjà 539 pertes potentielles (Lasalle 328, Milhaud 90, Marulaz 87, Klein 34). De fait ce seraient les dragons qui auraient le moins souffert...

Malgré leurs manteaux blanc... et donc l’assertion de Marbot selon laquelle “ces cavaliers éprouvèrent donc plus de pertes que les autres corps” est sans doute fausse, à moins qu’il ne parle que de ce moment précis, en fin de bataille, ce qui est bien possible puisqu’il ne pipe mot de” l’exploit” de Lasalle qu’il ne vit donc pas *... ce qui en tous les cas ne change rien pour nous.

* Le Lieutenant de Marbot était parti reconnaître l’ennemi à la tête de 25 Chasseurs à Cheval de l’escorte du Maréchal Augereau et, poursuivi par un escadron russe, rentrait en ligne par le front de la division Heudelet alors qu’il en était sorti par celui de la division Desjardin. Pris sous le feu de ses compatriotes qui se pensaient attaqués par l'ennemi il aurait eu plusieurs de ses chasseurs blessés.

Quoiqu’il en soit je n’ai cité la chose que pour souligner l’anecdote des manteaux blancs qui devaient, c’est certain, attirer les boulets d’autant plus facilement qu’ils se trouvaient pile en face des canonniers (les couvre-shakos blancs d'un régiment de Nassau à Waterloo obtinrent le même résultat, la "sollicitude" des artilleurs français, et il ne faisait même pas nuit !).

"J'ai ordonné au général Nansouty de charger la cavalerie ennemie..." dit Murat (Foucart page 481 en haut) dans son rapport, juste avant de mentionner les déboires des brigades légères dont la déroute empêcha l'engagement des cuirassiers. Pareillement, la division Klein n'engagera que sa première brigade, la seule où l'on puisse constater un différentiel négatif entre les OBs avant et après le 26.

Pour les Russes tombant sans pousser un cri pour ne pas trahir leur présence je dois dire que j'ai déjà lu la relation d'un fait similaire sous une autre plume que Marbot et dans une autre circonstance que Golymin... maintenant, y croire ou pas... L'atavisme slave se manifeste sous bien des formes dont la plupart sont difficiles à comprendre/admettre par les gens "normaux" que nous sommes, alors...

Mais nous nous égarons, en fait je nous égare, le sujet du post est "Golymin, les pertes françaises".

Il commence d'ailleurs à être bien cerné, tout ayant été dit ou presque, et sans éléments nouveaux nous devrons nous satisfaire de chiffres précis pour l'infanterie, ce qui est déjà bien, et d'estimations pour la cavalerie, à partir des pertes d'officiers et de l'expression répétée "beaucoup souffert".

"Peux-tu m'en dire plus" était la question initiale d'Eric. Ayant dit ce que je savais et plus (car j'en ai appris en cherchant les réponses), je relance : quelqu'un, parmi notre lectorat attentif, peut-il nous en dire plus ?

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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar DAURIAC Eric sur 09 Juin 2010, 06:58

Moi j'aimerais bien que l'on ai une information fiable sur l'heure. Cela à une importance pour estimer la réalité des combats. De nuit ce n'est pas la même chose que de jour. Quand je fixe le crépuscule entre 16 heures et 17 heures, je m'appuie sur mes connaissances de marin et sur l'ancienne heure légale française que seuls les vieux comme nous ont connu en supposant qu'il n'y a pas eu de changement entre disons 1962 (aussi loin que je puisse me souvenir) et 1806. Mais je n'en ai pas de certitude.

Pour Marbot, et comme tu le soulignes cela est vrai pour beaucoup d'autres, il a eu une fâcheuse tendance à enjoliver tout au long de ses mémoires. Une étude précise et circonstanciée de ceux-ci serait à faire...
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Re: 1806. Golymin, les pertes françaises.

Messagepar MELCHIOR Thierry sur 09 Juin 2010, 08:44

Bonjour,

Pour ce que j'en sais, depuis l'occupation allemande (1940) l'heure légale française est en avance d'une heure sur l'heure vraie (au soleil), donc de deux en été.

J'ai fouillé « Napoleon Series » : http://www.napoleon-series.org/
(page d'accueil, dans le menu déroulant « select », cliquez sur « Search the Napoleon Series »)

Il y a les états de situation tirés de Foucart que vous connaissez déjà, des récits et des cartes.
En ce qui concerne les horaires je n'ai trouvé que la page ci-dessous :
http://www.napoleon-series.org/military ... lau95.html


En ce qui concerne la « panique » de la brigade de Lasalle, j'ai lu quelques récits et, contrairement à ce que je croyais, la brigade a flanché devant une charge de la cavalerie russe et non en chargeant une batterie ! La cavalerie russe était quand même soutenue par 10 pièces d'artillerie !
« À 14 heures 30, les brigades des généraux Lasalle et Marulaz s'approchent du centre russe, soutenues par la seule pièce d'artillerie disponible de la division du général Klein (une pièce russe de prise TM). Le général russe Korff contre attaque avec les dragons de Moscou, soutenus par ceux de Pskov, ainsi qu'avec 2 escadrons de cuirassiers Ordenski. Les 2 brigades françaises sont renversées, seule la compagnie d'élite du 7e Hussards reste ferme face à l'ennemi… » Sur les pas de la Grande Armée » tome II.

Le Wikipedia anglais est intéressant :
http://en.wikipedia.org/w/index.php?tit ... &oldid=cur
« Ce ne sont pas les événements qui troublent le cœur des hommes, mais les jugements qu'ils portent sur les événements. »
Épictète (Stoïcien)
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