1805. Hypothèse d'intervention prussienne.

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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1805. Hypothèse d'intervention prussienne.

Messagepar MANÉ Diégo sur 16 Mai 2010, 23:34

J'ouvre ce post suite à la question suivante de Philippe Aubé, qui se trouvera mieux à sa place ici :

"Écartons-nous de l'histoire un moment... Imaginons une Prusse prête à la révolte, roi en tête... Quels effectifs les Prussiens auraient-ils pu mettre en campagne ?

Les anglais auraient-ils pu les équiper pour compléter les faibles troupes régulières ? Quel aurait été, dans ce cas, le port le plus évident comme objectif ?"

Alors à la première question, supposons que le roi, de pusillanime soit devenu résolu, ce qui paraît improbable, où qu'il ait cédé au parti de la guerre, ce qui est davantage possible puisqu'il finira par lui céder... un an plus tard, un an trop tard !

En effet, il se présenta à la Prusse en 1805, la plus belle occasion d'intervention militaire que l'Histoire lui ait offerte depuis 1740. Le roi, qui ne voulait surtout pas s'engager sans y avoir été contraint, pouvait légitimement le faire après la violation délibérée par la Grande Armée du territoire prussien d'Anspach, jugée nécessaire au succès de la manoeuvre d'Ulm par Napoléon.

L'armée prussienne avait été mobilisée en deux temps en Septembre 1805. D'abord pour garantir sa neutralité, ensuite pour réagir aux prétentions russes de traverser ses territoires polonais pour joindre les Autrichiens. Donc, lorsque début Octobre les Français traversent Anspach, l'armée est prête à intervenir... y compris contre les Russes le cas échéant !

Le fait de passer du côté de la Coalition aurait libéré les forces opposées à Bennigsen sur la frontière Est, et ce dernier se serait alors joint à elles. Historiquement il n'en fut rien et le reste de l'armée se dirigea vers le Hanovre, la Thuringe et la Franconie, pendant que Napoléon mettait Mack hors de cause à Ulm, prenait Vienne et s'engageait en Moravie.

Le moment idéal et "légitime" était alors passé, mais celui d'intervenir pas encore. La Prusse aurait pu le faire avec 150.000 hommes, changeant très probablement la face des choses. La victoire certes n'était pas assurée pour autant, mais qui peut douter que la défaite éventuelle n'aurait certainement pas pris le tour désastreux qu'elle montra un an plus tard ?

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Re: 1805. Hypothèse d'intervention prussienne.

Messagepar MANÉ Diégo sur 17 Mai 2010, 00:00

Et maintenant, à la deuxième question de Philippe Aubé :

a. Les anglais auraient-ils pu les équiper pour compléter les faibles troupes régulières ?

b. Quel aurait été, dans ce cas, le port le plus évident comme objectif ?"

Concernant la thématique portuaire je pense que "politiquement", et pour les deux nations, le territoire prussien me paraît exclus, mais Bruno répondra sans doute mieux que moi sur le sujet.

Quant ' au petit "a", il ne serait alors venu l'idée à personne que la Prusse ait besoin de l'aide de quiconque pour équiper son armée, et qualifier ce qui était considéré, à tort ou à raison, comme la meilleure armée du monde, de "faibles troupes régulières", n'est pas justifié.

Cette situation s'est en effet produite, mais en 1813, où l'armée prussienne est passée des 40.000 hommes autorisés par Napoléon à 240.000 en quelques mois, et là, fusils, canons, munitions et équipements de tous types, que la Prusse affaiblie ne pouvait improviser, ont afflué d'Albion.

En 1805 la situation est tout autre, et l'armée, tout entière "régulière", n'est ni faible ni sous-équipée. Tout au plus mal commandée et inexpérimentée, du moins comparée aux Français qui, pour une fois, n'avaient pas une guerre de retard mais bien une guerre d'avance, qu'ils ont gagnée.

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Re: 1805. Hypothèse d'intervention prussienne.

Messagepar MANÉ Diégo sur 17 Mai 2010, 19:36

Bon, il semblerait que je n'aie pas compris la question posée par Philippe, lequel faisait référence à 1809 et non à 1805. Je crée donc en rapport un post dédié à l'hypothèse 1809, mais conserve celui-ci.

En effet, les éléments ci-dessus ne sont pas perdus pour autant et ne demandent qu'à être développés tant l'intervention de la Prusse en 1805 aurait parfaitement pu prendre place, et même une place prépondérante dans les événements.

Je possède le jeu SPI "La Grande Armée", un must des années 70. Vous connaissez le sérieux des concepteurs américains. Dans le scénario pour 1805 l'intervention de la Prusse est programmée dès lors que les Français n'atteignent pas un certain nombre de points à un moment donné.

Ladite intervention s'est trouvée activée lors de ma première partie 1805 où je jouais les Français car il me manquait les points d'une forteresse assiégée. Mais comme il ne restait plus une seule unité austro-russe sur le terrain on peut douter de l'à-propos de l'intervention prussienne dès lors suicidaire. Dans ce cas de figure l'écrasement façon Iéna était certain, Napoléon s'épargnait les campagne de 1806 et 1807, l'Espagne ne bougeait pas et l'Angleterre en était pour ses frais... J'adore les "Et si..." ("What if" mais en Français !), surtout s'ils demeurent réalistes. Là je pense qu'il y avait un bug. Historiquement prête à intervenir avant Austerlitz la Prusse s'en garda bien après.

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Re: 1805. Hypothèse d'intervention prussienne.

Messagepar MANÉ Diégo sur 20 Mai 2010, 21:53

Çà y est, j'ai craqué. J'ai réalisé l'OB de l'armée prussienne mobilisée en septembre 1805.

J'ai calculé les effectifs en fonction des valeurs théoriques retenues dans le post "1806. Les effectifs prussiens."

Eh bien vous savez quoi ? Cela colle parfaitement avec les effectifs globaux donnés de-ci de-là, ce qui tend à prouver que ces effectifs sont bien ceux qui ont servi à tous les calculs en 1805. Je ne vois donc pas pourquoi on ne les utiliserait pas de même en 1806.

J'obtiens en forces mobilisées 178.599 h pour les 180.000 annoncés dans l'ultimatum prussien de 1805.

Si ensuite on défalque les troupes restant en Prusse je trouve 157.907 h pour les 160.000 hommes que l'on considère généralement comme à même de prendre l'offensive.

Mais si l'on abonde dans mon raisonnement disant que la Prusse ne dégarnirait sans doute pas ni la Silésie ni la Westphalie, il ne resterait que 127.000 hommes... sous cinq chefs !

Et si encore Hohenlohe restait en Franconie-Thuringe avec ses 33.000 hommes, il resterait in fine, de complètement disponibles car non affectés géographiquement, l'armée et les trois corps dits "de reserve", soit environ 94.000 hommes, capables "d'ennuyer" Napoléon, mais sans doute pas de le vaincre.

Nonobstant la prospective relative est intéressante, n'est-il pas ?

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