“Le Génie comprend des officiers et des sapeurs instruits et bien entraînés.
Les généraux français sont les seuls à vouloir et à pouvoir les utiliser.”
Cette tirade du Commandant Lachouque décrit le génie de l’Armée (française) du Nord en 1815, et vaut donc pour toute la période. Autant dire que pour les autres nations le niveau d’utilisation du génie confinait à zéro. Les éléments donnés par Bruno pour les Britanniques sont parlants à ce sujet.
Ce point réglé revenons sur la préoccupation première de Jean-Pierre, les sapeurs des compagnies d’infanterie ou de cavalerie.
Eh bien sachez que la présence de sapeurs dans lesdites compagnies remonte à avant la Révolution, époque où on les appelait “soldats-charpentiers”, et qu’aucun texte officiel ne viendra en parler avant 1805 pour la Garde et 1808 pour la ligne, et partiellement !
Donc pour la Garde, en 1805, Napoléon décrète que chacune des huit compagnies de chaque bataillon des Grenadiers à Pied et des Chasseurs à Pied, aura deux sapeurs, ce qui en fait 32 par régiment, soit une figurine au 1/33e par régiment ! (il n’y en a pas d’indiqués pour les Vélites).
La représenter dans une unité relève donc plus du choix esthétique que du respect des proportions. Vous me direz, et vous aurez raison, que l’on met aussi un drapeau, donc au 1/1, et j’en connais même qui en mettent 2/2 (si, dans leurs bataillons britanniques !).
Pour l’infanterie de la Ligne un décret de 1808 en stipule 4 compris dans chaque compagnie de grenadiers ou carabiniers. Il n’y en a donc pas de prévus officiellement dans les fusiliers et chasseurs.
Pour la cavalerie, la seule mention officielle que j’ai trouvée, datant aussi de 1808, concerne les Dragons de la Ligne. On en trouve 8 par régiment, commandés par un brigadier-sapeur (dans la pratique souvent un maréchal-des-logis) et comptant à la compagnie d’élite.
J’ajoute connaître de multiples représentations de sapeurs de Hussards et Chasseurs, et crois me souvenir en avoir vu de Cuirassiers. Bref, pour le peintre, le mieux est de trouver une illustration cautionnant la démarche, laquelle n’en sera ainsi que plus licite.
J’ai par exemple trouvé un magnifique sapeur du 13e Dragons équipé d’une lance * !
Ce qui explique peut-être les lances figurant au deuxième plan du tableau de Lalauze intitulé “Le retour des Dragons d’Espagne” dont je vous ai donné un détail dans mon article “Souvenirs d’un dragon de l’Empire” que vous pouvez consulter ici :
http://www.planete-napoleon.com/docs/NDL15.Sallmard.pdf* J’avais pensé à des Lanciers-Gendarmes à cause des shakos, mais maintenant le doute est permis. Par contre les trois sapeurs à longue barbe qui veillent sur leur colonel prouvent à l’évidence qu’ils portaient encore en 1814 leur fameux bonnet d’oursin.
Diégo Mané