1809, Bavière. 10e Légère vs IR 44

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1809, Bavière. 10e Légère vs IR 44

Messagepar MANÉ Diégo sur 09 Jan 2010, 18:47

La frontière entre l'Histoire et le Jeu est, chez-nous, difficile à déterminer, et ce post répond à une interrogation ludique, mais motivée par une lecture historique, et comme j'y réponds dans ce dernier registre je dépose donc ici la question de Philippe Borreill, reçue par mail perso :

Juste un petit texte trouvé dans un OSPREY sur Eckmühl en 1809 ....
 
“The woods at Unterlaiching

During the fighting on 22 April the French 10ème Lègère captured Unterlaiching and continued their advance into the woods that clung to the hillside behind. The woods where resolutely defended by IR44 Bellegarde and it was only when infantry from the Bavarian 14. Linien-Infanterie-Regiment joined the attack that the Austrians were driven out.”
 
...qui me fait beaucoup réfléchir sur la reconstitution d'un tel épisode dans L3C ... t'en penses quoi ?”

Pour ceux qui ne lisent pas l’anglais le passage nous dépeint le 10e Légère en 1809, un des meilleurs régiments de l’armée française, tenu en échec par l’IR 44 “Bellegarde”, un bon régiment allemand de l’armée autrichienne, certes, mais qui ne fait pas le poids dans “Les Trois Couleurs” face aux “tueurs” du 10e Légère.

D’où le “questionnement” de Philippe comme quoi la règle ne pourrait donc restituer cet événement, ce qui serait un accroc à son cahier des charges.

Alors ce que j’en pense ? C’est qu’il faut “gratter” pour en apprendre plus sur l’événement et le re-situer dans son contexte, ce qui nous livrera peut-être la réponse.

Le 10e Légère étant mis en cause je me suis adressé à son “avocat”, j’ai nommé le colonel Berthezène, qui le commandait en 1809, et nous donne sa version des faits :

“... le 10e léger... attaque... Leuchling... et s’en empara, après y avoir fait 1.500 prisonniers, et sans autre perte que celle de 6 hommes blessés...

... Le bois fut attaqué immédiatement, mais son occupation nous coûta beaucoup plus cher. La montagne était escarpée et n’offrait qu’un étroit sentier conduisant aux abattis ; nous n’y parvînmes qu’après des efforts multipliés et des pertes considérables. L’ennemi les défendit quelque temps avec opiniâtreté ; enfin, ils furent enlevés et nous débouchâmes à travers la forêt jusque sur la grand’route.

Cependant, l’ennemi, qui sentait combien, dans la situation des choses, ce point était important, réunit un corps d’environ 8.000 hommes et le fit marcher contre le 10e. Ce régiment, qui avait perdu l’élite de ses soldats et tous ses officiers supérieurs (1), aurait été hors d’état de résister à cette attaque, si le général Compans, que l’on trouvait toujours aux moments décisifs, n’était venu à son secours avec deux régiments de troupes fraîches, et ne s’était porté sur le flanc de l’ennemi. Par cette manoeuvre hardie, non seulement il arrêta son mouvement offensif, mais il l’obligea à la retraite, après lui avoir fait éprouver de grandes pertes.”

(1) Le 10e perdit, à cette époque, 600 hommes et 28 officiers, tués ou blessés, au nombre desquels on comptait le colonel, 2 chefs de bataillon, les officiers d’état-major et presque tous ceux des compagnies d’élite.”

Le général de Lorencez, qui commandait la brigade dont faisait partie le 10e Légère, raconte dans ses propres souvenirs qu’il renforça le 10e avec le 105e de Ligne, mais aussi que “les Bavarois qui, d’abord, avaient marché parallèlement à nous, avaient fait une conversion à gauche et tourné le bois.” Ah ! les braves gens !

Bien, revenant à la question de Philippe, une fois ôtées les possibles exagérations des uns et des autres, il reste les faits : “Représentez-vous un monticule en pain de sucre, escarpé, couvert de sapins et défendu par deux régiments... forteresse naturelle”, de plus couverte d’abattis, soit une de ces positions qu’il vaut mieux tourner qu’attaquer de face, et elle tomba, en effet, parce-qu’elle fut tournée. Mais avant la “furia francese” causa ses dégâts habituels, et d’excellents soldats tombèrent pour rien devant d’autres qui ne les valaient pas mais avaient tout le loisir de les ajuster et de les tirer comme des lapins.

Il convient de préciser qu’ici comme ailleurs l’ordre d’attaquer le bois étant clair et précis, il n'appartenait pas au colonel d'en apprécier le bien fondé. Il n'avait plus qu'à l'exécuter au mieux.

Alors oui, je pense que, comme d’habitude, un tel épisode reconstitué avec “Les Trois Couleurs” se trouverait très certainement avoir des résultats similaires... pour peu qu’il se trouve un joueur pour attaquer une telle position de face, et un autre qui prenne l’initiative de la tourner pour aider son camarade. Oui, si c’est le même joueur qui commande les deux forces c’est à la fois plus simple de le faire... et impardonnable de ne pas le faire ! Mais aussi, dans ce cas, le commandant de la force faisant face à l'obstacle, sachant que l'unité voisine de son armée est entrain de tourner la position, ne l'attaquerait plus...

Donc, mais vous l’avez compris, quand la règle est bonne (c-à-d qu’elle est fiable du point de vue de la reconstitution) ce n’est plus elle le problème, mais les hommes, comme dans la réalité.

C.Q.F.Diégo
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Re: 1809, Bavière. 10e Légère vs IR 44

Messagepar BORREILL Philippe sur 11 Jan 2010, 11:45

3asvouïtyé Toavarichi !

Voilà une belle réponse qui apporte les éléments nécessaires au résultat ! Car de prime abord, une troupe FT2 tenue en échec par un FT 0 dans les bois ... je comprenais bernique devant accepter néanmoins le fait ...

@+ !
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Re: 1809, Bavière. 10e Légère vs IR 44

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 13 Jan 2010, 10:22

Un peu de souvenir

Dans une situation ludique que j'avais organisé il y a quelques années, en s'inspirant d'une situation de 1815, on s'est retrouvé dans une situation assez proche. Des Brunswickois, commandés par le regrétté Michel SEVAULT, furent aggréssés dans un bois par les Français commandés par Mickäel MANE.
Michel avait demandé l'autorisation de construire des abbatis. Ce fut un combat homérique et dont beaucoup se souviennent encore. :grin:

Je crois que si on devait refaire ce combat on trouverait le même résultat à condition que les ordres soient les mêmes.
REMY Nicolas-Denis
 


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