Hussards hongrois

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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Hussards hongrois

Messagepar MANÉ Diégo sur 13 Déc 2009, 22:30

Suite à "Essling 2009 à Lyon", j'ai promis à certains participants, "choqués" par les caractéristiques que j'ai données aux hussards hongrois, de m'en expliquer à postériori, et d'ouvrir la discussion relative, afin d'en tenir compte pour le remake à venir de Wagram.

Nous discuterons des choix de modélisation dans la rubrique "Les Trois Couleurs", mais j'ai pensé que les éléments historiques avaient pleinement leur place dans la rubrique "Histoire Militaire", ainsi que tous les éléments factuels "à charge" ou "à décharge", ou qui seraient issus de rapports, mémoires, etc..., et peuvent donc intéresser notre lectorat.

Je vous donne ici un extrait de mon "Notes de lecture 11" (inédit) consacré à Désiré Chlapowski. Qu'il vous suffise de savoir que le bonhomme est parfaitement crédible, non suspect de complaisance, et en outre tout-à-fait compétent en la matière, ayant été instructeur de cavalerie dans l'armée prussienne puis polonaise, avant d'avoir "fait polytechnique" dans la française.

Il est officier d'ordonnance impérial lors de la campagne de 1809 et se trouve avec la division Lasalle lors du combat du 20 Mai donné ci-après. Il sera postérieurement Chef d'Escadrons des Chevau-Légers Lanciers Polonais de la Garde et donnera une relation saisissante et circonstanciée du combat de Reichenbach au lendemain de Bautzen (article relatif inédit en réserve, et c'est du lourd !).

EXTRAITS :

P. 135. Considérations sur la cavalerie. Au combat d’Amstetten :
“un régiment de cuirassiers... eut une mêlée avec les hussards hongrois. Je remarquai après la retraite de ces derniers combien le nombre de leurs morts était plus élevé que celui des nôtres.
Cela tient à ce que les Hongrois sabrent tandis que les Français frappent en pointant. Je ne vis pas un seul cuirassier blessé mortellement par le sabre : plus d’une douzaine furent tués par des boulets de canon. On fit environ 100 prisonniers hongrois.”

P. 144. Considérations intéressantes sur un combat de cavalerie soutenu par la division Lasalle au soir du 20 Mai, veille du premier jour de la bataille d’Essling.

Ce combat opposa la brigade Piré (1.388 h des 8e Hussards et 16e Chasseurs), soutenue par la brigade Bruyères (1.053 h des 13e et 24e Chasseurs), aux Hussards “Stipsics” (861 h) et aux Uhlans “Schwarzenberg” (917 h).

Piré s’opposa aux hussards et Bruyères aux Uhlans. Chlapowski nous relate plus particulièrement l’engagement de Piré contre les Hussards “Stipsics”.

“Pour un combat aussi vif il n’y avait pas beaucoup de morts; cependant il y en avait beaucoup plus du côté des Autrichiens que du nôtre; je puis dire positivement qu’il y en avait deux fois plus quoique je ne les aie pas comptés.

Cette disproportion tenait bien à ce que les Hongrois gesticulent trop en sabrant, tandis que les Français pointent, et pourtant les Hongrois ont des chevaux plus légers, plus maniables que les chevaux français. Les Français, sur des chevaux plus lourds et moins agiles, qu’ils ne peuvent diriger à volonté, sont plus attentifs, regardent bien de quel côté leur adversaire les attaque, ont le temps de parer son coup, et enfin d’un coup de pointe bien dirigé traversent la poitrine de leur ennemi.

Les Hongrois ne sabrent pas du plat de la lame, comme les Anglais, mais du tranchant, mais ils sont au grand galop et tournent leur cheval de côté, ils sabrent comme s’ils avaient perdu la raison, et leurs coups tombent au hasard.

Dans cette rencontre, ils nous attaquèrent à plusieurs reprises; les uns se mêlèrent à nous, d’autres retraversèrent notre ligne en revenant vers les leurs après la charge, mais toujours à la débandade. Les Français au contraire, quoiqu’ils perdissent leurs rangs en chargeant, cherchaient toujours à se retrouver ensemble, et à tout instant on remarquait leur attention visible à reprendre leur ligne. Il faut dire à la vérité qu’à la supériorité dans le maniement de leurs armes ils joignaient l’expérience qui manquait aux Autrichiens, expérience qu’ils avaient acquise dans tant de batailles et sous d’excellents officiers.

... Je relate seulement l’état des choses existant à cette époque et ses résultats. Je tiens à montrer que les Hongrois, acharnés dans leurs attaques, avaient bien du mal à se réunir quand ils étaient dispersés et à reformer leurs lignes, tandis que les Français, sachant que leurs chevaux n’avaient pas la même rapidité, n’attaquaient que de près; aussi réussissaient-ils à garder leurs rangs jusqu’à la fin, et après la charge, se réunissaient très vite sur la ligne désignée.
Les Hongrois sabrant au grand galop, ou s’attaquant à des cavaliers isolés, ne sabrent bien souvent que le vent; dans les cas les plus heureux ils ne font que des blessures plus ou moins graves.
Les Français, sobres de gestes, parent les coups et en même temps d’un coup de pointe percent leurs adversaires et les tuent. Moi aussi, j’ai reçu d’un hussard hongrois un coup de sabre au-dessus du genou; son sabre tourna et la blessure ne fut pas profonde, mais le coup était violent et je m’en ressentis pendant plusieurs années.”

En clair, quand ils touchent, les hussards hongrois infligent le plus souvent une blessure peu profonde et/ou un ématôme plus ou moins conséquent, qui ne mettent pas l’adversaire hors de combat...

... Et lorsque ce dernier est un vétéran français sa riposte s’avère souvent fatale.

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Re: Hussards hongrois

Messagepar MANÉ Diégo sur 15 Déc 2009, 18:06

Re: Hussards hongrois
par BEYER Olivier sur 14 Déc 2009 11:31 am

Bouuuuuh !!!
c'est de la propagande impérialiste anti hussard hongrois de la mort qui tue

Amitiés

Ps : comme ça on en aura plus , le résultat sera donc le même pour les français : branloute !
BEYER Olivier

J'ai déplacé ce message du forum "Histoire Militaire", où je souhaite des discussions sérieuses, à celui-ci où, même "pas sérieux", un commentaire de joueur a davantage sa place.

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Re: Hussards hongrois

Messagepar HYVRON Jean-Pierre sur 23 Déc 2009, 10:06

Je viens de lire le livre de De brack, et plus particulièrement le chapitre sur les armes:
Il conseille de pointer : "pointez, pointez le plus possible", et il parle de l'effet moral des coups de pointes, qui renversent l'adversaire ou le poussent à se rendre. Il cite l'effet moral qu'ont les dragons français sur la cavalerie anglaise et espagnole aux débuts de la guerre d'Espagne. De plus, il permet d'être à la parade.
Un passage intéressant sur la qualité des armes, il dit que les armes à feu de la cavalerie française sont les meilleures d' Europe, mais " que le sabre français porte un biseau sur son tranchant, faute que ne commet pour le sien aucun peuple d'Europe dont la cavalerie sait sabrer " :!:
C'est donc bien une meilleure escrime au sabre qui fait la supériorité du cavalier français, la qualité du sabre français ne semblant pas supérieure aux autres nations, mais reflète plutôt leur mode d'escrime: les français ayant une meilleure pointe et les autres un meilleur tranchant.
HYVRON Jean-Pierre
 

Re: Hussards hongrois

Messagepar MANÉ Diégo sur 23 Déc 2009, 21:40

je viens de relire à mon tour les passages pertinents du De Brack. C'est toujours aussi bon !

Lorsqu'il dit, page 71 (édition de 1881) : "Les coups qui tuent sont les coups de pointe ; les autres ne font que blesser", il abonde totalement dans le même sens que Chlapowski.

L'effet moral sur l'adversaire est évidemment terrible. Ce dernier qui sait ne pouvoir, le plus souvent, que blesser, doit se sentir en infériorité face à des adversaires dont les coups sont, eux, mortels.

Voir dans un registre connexe les guerriers "normaux" opposés à ceux de Shaka Zoulou. Les premiers ne tuaient personne et les seconds tuaient tout le monde, provoquant terreur et panique devant eux.

Pour revenir aux sabres. Malgré le défaut mentionné, handicapant pour les coups de taille où les autres sabres étaient également mauvais (les Anglais carrément inopérants), les sabres français étaient réputés mais, surtout, les seuls ou presque utilisables pour les coups de pointe. Avantage certain.

Un autre avantage, ce que tu appelles une meilleure escrime, relève de l'arme utilisée, donc, mais aussi de l'EXPERIENCE des chefs, des hommes... et de leurs chevaux. Si l'on compare les "CV" respectifs des unités engagées en 1809 on s'aperçoit que ce paramètre penche TOUJOURS en faveur des Français, et cela durera jusqu'en 1812 inclus. Après c'est une autre histoire, vous le savez.

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