Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Déc 2008, 23:40

Les bataillons de grenadiers français (Denis Bouttet)

Suite au débat dans une autre catégorie, serait-il possible de faire un topo sur les bataillons de grenadiers réunis ? Pour quels motifs et par qui étaient-ils constitués (formation de circonstance ou non) ? Etait-il fréquent d'en voir sur le champ de bataille ? Qui en était l'officier supérieur ? quelles étaient les formations adoptées ? Est-ce que ce dispositif a perduré tout le long de l'Empire (il me semble rare de trouver de tels bataillons dans des OdB postérieurs à 1809) ? Bref, je veux tout savoir sur ce sujet.
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Re: Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Déc 2008, 23:41

Les grenadiers réunis (Frédéric Fédor)
Grenadiers réunis. Sous l’Empire, les grenadiers réunis ou de réserve ou grenadiers d’Oudinot existent. Effectivement, leur existence s’échelonne entre l’an XII (novembre 1803 exactement) et 1809. Ce corps est initialement prévu pour le débarquement en Angleterre ! 12 bataillons forment six régiments en 1804. En 1805, l’effectif est réduit à 5 régiments commandés par Oudinot. Ils sont intégrés au 5ème corps de la Grande Armée.

Le 21 octobre 1806, après Iéna, les grenadiers sont reformés en 7 régiments (17 bataillons). Ils s’illustrent par exemple à la bataille de Friedland et tiennent à un contre trois durant la première phase de la bataille face aux russes. C’est après Wagram, que ce corps est réduit d’abord, pour disparaître ensuite. Si tu veux d’autres renseignements, il y a le journal de marche du grenadier Pils (1804-1814), Paris, Ollendorff, 1895, il y a sans doute des éditions plus récentes de cet ouvrage. De nombreux livres en citent des extraits.

Si tu es féru d’uniformes, il y a les planches de Rigo sur les grenadiers d’Oudinot série Uniformes n°61 et planches n°97 et 166. Si tu veux une « Bible » sur tout ce qui concerne l’Empire, des boutons jusqu’aux maréchaux, des formations tactiques jusqu’aux batailles, je te conseille le dictionnaire de la Grande Armée d’Alain Pigeard, à la Bibliothèque Napoléonienne chez Tallandier, Edition 2002. Un passionné de la Révolution et de l'Empire
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Re: Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Déc 2008, 23:42

Grenadiers réunis, la suite (Denis Bouttet)
Merci Frédéric pour cette information si rapide ; je connaissais l'existence de ce corps de grenadiers réunis mais pas tous ces détails. En revanche, j'aurais dû préciser grenadiers et voltigeurs réunis. Ce dispositif a existé puisque de tels bataillons ont été formés à partir des compagnies du même nom de bataillons d'infanterie et ce sont retrouvés sur le champ de bataille. J'aimerai en connaître d'avantage sur la manière dont cette possibilité a été utilisée. Par exemple : la formation de telles unités se décrétait-elle la veille de la bataille ou plutôt au début de la campagne à partir de bataillons en garnison ou de dépôt. Cette question n'est pas innocente car la réponse a forcément un impact sur le jeu. Par avance, à tous les sachants, merci.
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Re: Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Déc 2008, 23:43

Les bataillons de grenadiers et voltigeurs réunis (Frédéric Fédor)
Pour ce qui est des voltigeurs et grenadiers réunis, il n’y a pas de textes officiels à ma connaissanc là-dessus, cependant dans de nombreux récits, sur de nombreux tableaux, on voit les compagnies d’élite (grenadiers et voltigeurs réunis) ensemble pour un assaut de fortification, par exemple. Cette formation de circonstance n’est pas ludiquement abusive, tant que le budget est respecté. D’autres ont peut-être des informations supplémentaires concernant ce sujet.
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Re: Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Déc 2008, 23:44

Les bataillons de grenadiers et voltigeurs réunis (Diégo Mané)

La réponse est plurielle. Pour résumer je dirai que l'on trouvera surtout des Grenadiers Réunis sous la Révolution et au début de l'Empire, et plutôt des Voltigeurs Réunis à la fin. Mais développons le sujet. L'appellation de "Grenadiers Réunis" fait immanquablement penser aux "Grenadiers d'Oudinot". En effet, en 1805, 1807 et 1809, ce général fut amené à commander, par ordre impérial, une division de "Grenadiers Réunis", dont la composition fut à chaque fois différente.

Le point commun, toutefois, fut que les compagnies formant les bataillons desdits "Grenadiers Réunis" furent composées de Grenadiers ou Carabiniers, certes, mais aussi de Fusiliers ou de Chasseurs, ce qui est moins connu. Cette mise au point faite, qui justifiera peut-être un autre article, nous pouvons aborder la généralité. Le plus souvent, les Grenadiers Réunis étaient des unités de circonstance, créées ponctuellement par l'officier commandant l'unité dont ils étaient tirés, régiment, division, corps ou armée.

Mais parfois on les trouvera constitués de manière plus "permanente", toujours à l'initiative du chef "local". Le commandement des bataillons est assuré par des officiers supérieurs issus des régiments d'origine des soldats. Au-dessus, et notamment pour les constitutions "ponctuelles", cela se trouve entre les mains d'officiers de l'état-major ou d'aides de camp des généraux commandants que ces derniers auront voulu "faire mousser".

Plus haut encore, il s'agira bien évidemment d'officiers généraux à la suite de l'armée. On trouve l'existence de telles unités tout au long de la période qui nous intéresse. Davantage sous la Révolution et au début de l'Empire, où la taille des bataillons, constitués à 8 ou 9 compagnies, supportait mieux une telle "ponction". Moins ensuite, avec les bataillons à 6 compagnies, mais surtout à la Grande Armée, ou la présence de la Garde Impériale palliait au besoin de constituer une réserve d'Elite en la tirant de la Ligne.

Au reste on verra plus souvent réunir, après 1808, des Voltigeurs que des Grenadiers, pour remplir les tâches jusque là dévolues à l'infanterie Légère dont la spécificité disparaitra peu à peu au fur et à mesure que disparaitront les vétérans qui la composaient et en avaient fait le service.

Les formations adoptées étaient celles en vigueur dans les règlements, fonction du nombre de compagnies des bataillons... et aussi des circonstances particulières, comme il sied à des troupes françaises en général (système "D"), et à celles d'élite en particulier (voir les Historiques). Quelques exemples non exhaustifs :

1800, Hohenlinden : sur les six divisions d'infanterie présentes, seules deux ont des Grenadiers Réunis : celles de Richepance et Ney, apparemment à l'initiative de ces généraux, Moreau ne s'occupant pas de tels "détails".

1805, Caldiéro : des cinq divisions d'infanterie de l'armée de Masséna, une seule, celle de Verdier, possède des Grenadiers Réunis. Mais il existe une sixième division, dite de réserve, regroupant sous Partouneaux 44 compagnies de "Grenadiers Réunis" en 8 bataillons à 4 ou 6 compagnies.

1806, Saalfeld : la division Suchet compte un "bataillon d'élite" de 645 hommes en 8 compagnies, issues des compagnies d'élite des 3e bataillons des régiments de la division (les 3e bataillons n'ont que ces deux compagnies de présentes à l'armée). Le Général de Division Victor, Chef d'Etat-Major du Ve Corps, sinécure ou Lannes avait trouvé moyen de caser son ami qui, s'y ennuyant sans doute, commanda en personne ledit bataillon d'élite durant toute la bataille (ça c'est de l'encadrement !).

1807, Abrantès : Junot gagnera son futur titre ducal en entrant à Lisbonne, à l'issue d'une terrible marche forcée, avec les 1.500 Grenadiers Réunis tirés de son armée dont le reste se trainait péniblement à deux jours de marche au moins.

1808, Vimeiro : Junot toujours, alignera une Réserve de Grenadiers Réunis confiée à Kellermann, et forte de 17 compagnies en 4 bataillons pour 1.636 hommes. En outre 400 "Voltigeurs Réunis", tirés de la garnison de Lisbonne, rejoindront à la fin du combat.

1809, La Piave : l'Avant-Garde de Dessaix est constituée de 4.300 Voltigeurs-Réunis en 6 bataillons.

1811, Chiclana : la division Leval compte deux bataillons de Grenadiers Réunis sous le GB Chaudron-Rousseau, dont un "hors-ligne" à 439 hommes, c'est-à-dire composé de compagnies d'élite de régiments absents (garnisons), et un autre tiré des compagnies des régiments présents.

1811, l'Albuéra : le maréchal Soult comptait à sa réserve 11 compagnies de Grenadiers Réunis, tirées de régiments non présents à l'expédition (45e, 63e et 95e de Ligne du Ier CA, et 4e Polonais du IVe CA) car restés en Andalousie.

1812, La Moskowa : la division Compans avait formé deux bataillons de Voltigeurs Réunis (à 6 et 4 cies) pour tenir la tête des deux brigades menant l'attaque.

1813, Castalla : l'avant-garde de Suchet compte un bataillon de Voltigeurs Réunis de 600 hommes en 6 compagnies des 1er Légere, 114e et 121e de Ligne, sous le colonel Arbod qui sera tué.

1813, Leipzig : le capitaine Lalo, du 14e Léger, commande cinq compagnies de Voltigeurs Réunis de sa brigade (14e et 22e Légers) avec lesquelles il s'empare avec brio de la Redoute Suédoise et gagne sa croix de Chevalier.

1815, L'Hôpital : le colonel Bugeaud confie la défense du bourg de L'Hôpital aux 3 compagnies de Grenadiers et 3 de Voltigeurs des 3 bataillons des 14e et 20e de Ligne dont il dispose, luttant offensivement et défensivement hors du bourg avec les compagnies de Fusiliers desdits régiments (voir à ce propos l'article "Les mystères de L'Hôpital" que je viens de mettre en ligne).

Bref, tout est possible. Ludiquement, rien ne s'oppose à ce qu'un joueur "français" organise son commandement comme il l'entend, du moment qu'il "part" de l'organisation et des usages de l'époque rejouée. En 1805 par exemple (bicentenaire oblige), on ne peut aligner que des Grenadiers (et Carabiniers) Réunis car les Voltigeurs ne sont pas encore généralisés et, de toutes façons, le service qu'il rendront plus tard est alors assuré par les régiments d'infanterie Légère.

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Re: Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Déc 2008, 23:46

Les compagnies d'élite chez les alliés des Français. (Denis Bouttet ?).

Il faut savoir aussi que chez les Polonais, lors d'assauts par exemple, en Espagne en particulier, à la prise de Smolensk en 1812, les compagnies d'élite ont été réunies sporadiquement pour enlever les ouvrages d'art, soit en plaçant les compagnies d'élite en tête de bataillon, ce qui était fréquent, pour donner une plus grande force d'impact. Mais il semble bien qu'en Espagne on ait réuni des grenadiers et voltigeurs polonais dans le cadre de la légion de la Vistule par exemple, en micro-unité de circonstance, y-a-t-il eu des cas similaires chez les Bavarois ou autres troupes organisées à la française ?
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Re: Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar MANÉ Diégo sur 10 Déc 2008, 23:13

Grenadiers réunis (par Diégo Mané)

Travaillant ces temps-ci sur le combat de Dürrenstein, livré le 11 novembre 1805 par la division Gazan sous le maréchal Mortier aux Russes de Kutusov, j'ai trouvé des éléments relatifs aux "Grenadiers Réunis", en l'occurrence une formation tout-à-fait de circonstance.

S'apprêtant à donner un "coup de collier", les Français avaient formé un bataillon de "Grenadiers Réunis" fort des neuf compagnies de Carabiniers ou Grenadiers issues des trois bataillons de chacun des trois régiments composant la division Gazan (4e Légère, 100e et 103e de Ligne). Le commandement en fut confié au Chef de Bataillon Tripoul de l'Etat-Major de la division Gazan.

Les Russes ayant attaqué les premiers, le bataillon d'élite est utilisé à la défense d'un point hativement fortifié dans le village d'Unter Loiben que les Russes doivent traverser pour assaillir la position principale de Mortier. La tactique s'avère payante, désorganisant les vagues d'assaut russes qui se font dès lors repousser par le gros des Français... sur leurs "Grenadiers Réunis" barricadés qui les abîment derechef. Et la chose se reproduira trois fois de suite avec succès !

Les Russes ayant apparemment renoncé, Mortier donne l'ordre de bivouaquer et les Grenadiers rejoignent leurs unités d'origine... avec lesquelles ils livreront un nouveau combat lors de l'intervention de nouvelles colonnes russes, parvenues dans leur dos par la montagne.

Deux utilisations différentes le même jour donc !
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Re: Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar MANÉ Diégo sur 10 Déc 2008, 23:24

Ce message est tout neuf d'aujourd'hui et pas du "réchauffé" comme les précédents.

il est cependant inspiré par celui parlant des Polonais puisqu'il m'a rappelé que, postérieurement à ces échanges, datant de 2005 ou 2006, j'ai travaillé sur le combat d'Utitza en 1812 (secteur extrême droit de la bataille de La Moskowa).

La totalité des Voltigeurs polonais comme la totalité des Jägers russes étaient réunis et opposés dans les bois à la gauche de l'axe suivi par Poniatowski, ce qui eut pour corollaire intéressant la rencontre des deux "gros" d'infanterie sans écrans !

Diégo Mané

Parfois le Graal est sur le chemin.
MANÉ Diégo
 
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Re: Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar MASSON Bruno sur 11 Déc 2008, 06:58

Pour rebondir sur les Bavarois, armée qui m'intéresse depuis peu, on peut dire oui et non.

Oui ça s'est certainement fait de façon ponctuelle, mais non reportée car les officiers ont moins eu le besoin d'écrire leur mémoires pour exister après la période puisqu'ils étaient victorieux. De même, l'autorisation de publication d'éléments rappelant le combat aux côtés des Français étaient peut-être politiquement indésirable... L'inertie et la frilosité intrinsèques à la mentalité Bavaroise (comment dites-vous, préjugés sans fondement ? :wink: ) peuvent aussi avoir freiné ces modifications organisationnelles temporaires.

Mais finalement, je renvoie à la création du régiment de Grenadiers-Garde en 1814... à partir des compagnies de grenadiers de la ligne ! C'est donc un régiment de Grenadiers réunis de facto s'il en est, même si l'uniforme et l'organisation ont changé.
MASSON Bruno
 

Re: Grenadiers et Voltigeurs Réunis

Messagepar BERAT Christophe sur 12 Déc 2008, 18:42

Relisant actuellement l’ouvrage de FABRY sur l’armée d’Italie en 1796-97, j’y ai trouvé plusieurs mentions d’utilisation de grenadiers et de « chasseurs », ce qui prouve que cette pratique est antérieure à l’empire dans l’armée Française, et utilisée tant en campagne qu’en bataille.

Pour exemple : Lettre de Masséna à Dupuis 4 frimaire (25 novembre) AM :
« … Dans la journée le général Bizanet allait cantonner à Feligno avec les 2ème, 3ème et 13ème bataillons de grenadiers. »
L’origine de ces grenadiers et chasseurs semble indiquée plus loin dans un courrier de Schérer à Masséna du 9 frimaire (30 novembre) AM :
« … Vous aurez attention que les grenadiers et les chasseurs vont rentrer dans leurs corps respectifs ; ainsi vous ferez le travail par demi-brigade … Pour disloquer les grenadiers et les chasseurs il serait nécessaire qu’on connût de quelle demi-brigade sont chaque compagnie de grenadiers et de chasseurs qui ne sont pas d’infanterie légère. »

Ces morceaux semblent indiquer que les demi-brigades de bataille (de ligne) disposaient déjà à cette époque de compagnies de chasseurs (voltigeurs) ; et qu’ils pouvaient ainsi que les grenadiers être détachés loin de leurs bataillons d’origine pour une durée indéterminée.
BERAT Christophe
 


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