Critique BD "Les oubliés de l'Empire 1"

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Critique BD "Les oubliés de l'Empire 1"

Messagepar FONTANEL Patrick sur 26 Sep 2008, 17:48

Je vous propose une présentation et une critique (bien modeste mais acerbe) de la BD « les oubliés de l’Empire 1 » de Eudeline et Dimitri, aux éditions Horizon.
Je précise que je n’ai pas l’habitude de ce genre d’exercice et qu’il faut donc voir ici seulement l’expression d’un amateur, dans tous les sens du terme.


1) Aspect général
Format classique, 48 pages en couleurs.
Bonne présentation graphique même si le graphisme des dessins reste à l’appréciation de chacun.


2) Le scénario
Le choix du scénario consiste à faire participer Üdo, le personnage central, à toutes les campagnes de l’Empire de 1805 à 1814. Ce choix me paraît discutable pour un seul tome car il ne permet que d’aborder très succinctement lesdites campagnes en enchaînant simplement des aperçus qui non seulement ne permettent pas vraiment de saisir leur déroulement mais en plus empêche de développer une histoire du personnage dans l’Histoire de l’Empire.
Il y a quelques bonnes idées ou du moins des tentatives intéressantes, parfois gâchées par la naïveté de leur traitement, comme celle des amours (au masculin dans le texte) autrichiennes de Üdo.


3) Réalisme de l’ouvrage
Des batailles et autres scènes de la vie (extra)ordinaire du soldat napoléonien :
Concernant la description du premier combat d’Üdo : l’intention est bonne et la sensation du combat au niveau de la compagnie –voire moins– est assez bien rendue, même si un arrière goût d’insatisfaction demeure après coup. Vu les bourdes diverses qui émaillent l’œuvre, les auteurs maîtrisent-ils vraiment leur sujet ?
Cependant, les blessures, les impacts des balles et boulets, la fumée et la confusion du combat sont bien représentés, en tout cas par rapport au style de la BD.

Les uniformes sont convaincants. Sans rentrer dans tous les détails, les visions d’ensemble sont très satisfaisantes.
Mais sur la première case d’une page précédant la capitulation d’Ulm, on trouve un shako d’infanterie (de voltigeur ?) avec un pompon central alors qu’à l’époque d’Austerlitz l’infanterie de ligne n’en disposait pas et que l’infanterie légère avait le plumet sur le côté.

Des imprécisions et des non-dits
Le réalisme militaire laisse parfois à désirer : Au début de la campagne de 1805, il est cité la « Cavalerie du 4ème corps sous les ordres de Murat ( ?) et Soult ».
Mention aussi de« Clairon » au lieu de cornet d’infanterie (de voltigeurs sans doute),…
Dommage qu’il n’y ait jamais mention du régiment dans lequel Üdo s’enrôle. Je ne parle pas du bataillon, de la compagnie, ni de la brigade, division ou corps auquel il appartient, et encore moins de leurs généraux respectifs. Quand Üdo devient sergent, il n’est pas fait mention de son grade, seulement du fait qu’il a pris du galon, dommage…
Alors que le texte laisse penser clairement que Ügo est bavarois, il faut lire la 4ème de couverture pour apprendre qu’il est en fait « wurtembergeois » ! Ce manque de précision ou d’explication est représentatif du malaise que l’on ressent quand on parcourt « Les oubliés de l’Empire 1 ».

Les opérations militaires, les campagnes, les batailles
La campagne de 1805 est la plus développée, ou plutôt devrais-je dire la plus évoquée. Car la manœuvre d’Ulm ou les épisodes de la campagne en général ne sont pas expliqués, seules quelques mentions éparses viennent étoffer des actions apparemment décousues. Ce qui laisse le lecteur amateur sur sa faim… Idem pour Austerlitz malgré les 7 à 8 pages qui lui sont consacrées.
On passe de fin 1807 à début 1812 en une page, sans aucune mention de dates ni de pays ni de campagnes. C’est un sérieux manque pour un ouvrage qui devrait vulgariser l’Histoire du 1er Empire.
La campagne de 1812 est assez bien décrite et résumée, comparativement aux autres et surtout à 1813. Je ne parle pas de celle de 1814 qui n’est que citée, sans doute parce que Üdo ne peut y participer, fait prisonnier par ses compatriotes bavarois et amputé d’un bras !


4) Des erreurs et des incohérences dans le texte.
Le vocabulaire est parfois décalé : « Conjuration » au lieu de « coalition », « compagnies lourdes » pour « infanterie( ?) », « Sir » au lieu de « Sire » (là ça frise la correctionnelle !). L’emploi d’un mot pour un autre finit par concentrer l’attention du lecteur sur la recherche de la prochaine bourde au détriment des autres aspects, positifs eux, de l’ouvrage.

Des phrases mal dites ou truffées d’erreurs (fautes de français, d’orthographe…) laissent à penser qu’il n’y a pas eu de relecture par un « pro » du français. Ce malaise dure tout au long de l’ouvrage, et témoigne peut-être d’un manque de respect pour les lecteurs. A vous de juger à l’aune de votre attente dans ce domaine.

D’autre part, la bataille d’Austerlitz commence plusieurs fois à 2 pages d’intervalle. D’après ce qui est décrit, il faut en déduire que Ügo appartient au corps de Soult.

Enfin, les dialogues sont plutôt maladroits. Ceux entre Napoléon et ses subordonnés comme avec ses ennemis (Mack…) sont, au mieux, insipides, au pire, naïfs, ridicules ou impossibles. Heureuse exception : une citation de Napoléon sur le général De Wrède au temps de Hanau en 1813. Mais quand Napoléon dit « Ferai beau voir » (sic) pour couronner sa victoire lors de la campagne d’Autriche en 1809 (là c’est moi qui le précise, seul le nom de Wagram apparaît dans la case), cela confirme mon impression que l’auteur confond son langage avec celui de l’Empereur… A la rigueur, je pourrais accepter ce choix de mettre un langage particulier dans la bouche de Napoléon (voir « La bataille », le prix Goncourt de Patrice Rambaud, où l’Empereur utilise un langage mâtiné d’italien et fleurant bon l’accent de la Corse) mais dans ce cas, que ce choix demeure cohérent tout au long de la BD, ce qui n’est évidemment pas le cas. On dirait que c’est un adolescent qui a écrit les dialogues…


5) Conclusion.
Je suis fort déçu par cette BD dont j’espérais beaucoup plus. Même en laissant de côté les choix artistiques de mise en scène et du scénario, l’ouvrage souffre d’amateurisme tant au niveau militaire qu’au simple niveau du langage.
Dommage ! Espérons que le tome 2 fasse mieux (ce qui ne devrait pas être trop difficile…)
Il n’en demeure pas moins que « Les oubliés de l’Empire 1 » a le mérite d’exister et de mettre en lumière l’époque napoléonienne, essentiellement par ses aspects militaires. Nul doute que les égarements du tome 1 seront corrigés dans les tomes suivants qui devraient trouver leur voie afin d’intéresser et les amateurs que nous sommes et ceux qui, ne connaissant pas ou peu les campagnes du 1er Empire, pourraient être alléchés par les charmes des uniformes, le panache des héros militaires et de l’Histoire de cette époque en général.


NB : Je serai enchanté d’avoir l’avis de ceux qui, comme moi, ont lu cette BD, afin de le comparer au mien qui, comme vous le constatez, est plutôt négatif !

Patrick
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Re: Critique BD "Les oubliés de l'Empire 1"

Messagepar BOUVARD Cyril sur 01 Fév 2015, 12:36

Bonjour à tous.

Suite à une "grande braderie" de mon vendeur de BD, j'ai mis la main sur les volume 2 et 3 de cette série (le vol. 1 étant manquant). J'en ai commencé la lecture. Je me propose d'en faire un compte rendu si cela intéressait les membres.

Salutations
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Re: Critique BD "Les oubliés de l'Empire 1"

Messagepar BEYER Olivier sur 01 Fév 2015, 22:47

Oui, merci !
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Re: Critique BD "Les oubliés de l'Empire 1"

Messagepar FONTANEL Patrick sur 02 Fév 2015, 21:30

Effectivement, après ma présentation plutôt négative du tome 1, je serai curieux de connaître ton appréciation des tomes 2 & 3 que je ne connais pas.
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