Une séquelle de Waterloo en 1939
Du rapport inversé septembre 1939 – novembre 1815
(par Diégo Mané, juillet 2023)
On apprend à tout âge, même au mien déjà avancé.
Feuilletant en diagonale une sorte d’encyclopédie de la 2e Guerre Mondiale* je suis tombé sur un entrefilet qui, loin du point Godwin qu’il avait pourtant dépassé de six ans, nous ramène à un sujet parfaitement dans l’objet de notre forum Planète Napoléon. Jugez-en !
* BAUER, Eddy, La dernière guerre, ou histoire controversée de la deuxième guerre mondiale, T II, pages 21-22, Paris, 1973.
Nous sommes en septembre 1939 et la 2e Guerre Mondiale vient de commencer avec l’invasion de la Pologne par la Wehrmacht le 1er du mois… Suivie le 3 de la déclaration de guerre de l’Angleterre puis de la France à l’Allemagne de Hitler.
Mais, contrairement à l’allemande, l’armée française n’est pas prête, et la britannique carrément absente. Beaucoup de controverses ont cependant été développées sur l’occasion manquée par la France d’attaquer l’Allemagne « dans le dos » pendant que le gros de ses forces accablait la Pologne.
Il y eut pourtant « L’offensive Prételat » du 7 au 13 septembre 1939… » ou « Opération Sarre », définie par une instruction du 24 juillet précédent, preuve malgré tout qu’on y avait pensé… Mais pas assez comme la suite le montra, et je ne rentre pas dans les détails sordides* qui conduisirent à l’échec final car entretemps la Pologne avait cessé d’exister.
*Allez, deux quand-même, car ils sont intemporels (point Godwin ou pas).
1. Le terrain était, bien sûr, abondamment truffé de mines…
« Or ces engins étaient pour ainsi dire inconnus des Français qui, bien entendu, ne possédaient aucun détecteur de mines ».
2. « L’artillerie française tirait vite et bien… Mais une forte proportion de ses projectiles n’explosait pas, provenant de stocks de l’autre guerre. » (général allemand Liss).
Je veux juste développer la cause principale de l’échec, car elle remonte à « notre période ».
L’ouvrage dit que l’offensive Prételat rencontra « plus de difficultés qu’on ne l’imagine… ».
« Parmi lesquelles nous retiendrons en premier lieu le tracé de la frontière entre le Rhin de Lauterbourg et la Moselle d’Apach qui délimitait le compartiment stratégique où allait se déchaîner l’offensive française. Issu du second Traité de Paris, du 20 novembre 1815, qui sanctionna le désastre de Waterloo, ce tracé, sur toute sa longueur, avait été déterminé par les vainqueurs de Napoléon de manière à défavoriser militairement « l’insolente nation » au cas où elle serait ressaisie de la frénésie de conquête qu’avait incarnée le grand Corse.
L’examen même superficiel de la carte Michelin n° 57 fait apparaître que les piquets plantés par la Commission de 1815 avaient placé en Allemagne tous les points dominants du terrain et repoussé la France dans les fonds que surveillent ces observatoires ; par ailleurs, des saillants s’enfoncent sur territoire français qu’il convient de réduire avant de s’en prendre au système fortifié du Westwall, implanté à une distance suffisante de la frontière pour que l’adversaire fut contraint de la faire passer à son artillerie pour se mettre à portée. »
Bref… L’échec de l’offensive Prételat de septembre 1939 est (encore) une séquelle de la défaite de Waterloo en 1815.
Mais si je comprends bien les raisons ayant motivé les choix de la Commission de 1815, je ne comprends pas que la France n’ait pas profité de sa victoire de 1918 pour ramener sa frontière à ce qu’elle était avant le Traité de Paris de 1815. Alors certes, comme on occupa militairement la Sarre, on put croire le problème résolu… jusqu’à son retour, exacerbé, en 1935… Qui renvoya derechef la France à ses limites de fin 1815… et re-rendit pertinents les choix des vainqueurs de Waterloo.
Waterloo, Waterloo, Waterloo, morne haine !
Diégo Mané (juillet 2023)
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