par MANÉ Diégo sur 13 Juil 2023, 08:24
Le Caporal est-il un Sous-Officier ou un "Homme du Rang Gradé" ?
C’est la dernière définition qui avait cours lors de mon passage dans l’armée au siècle passé.
Mais il s’était déjà passé bien des siècles et, je l’avoue, je n’avais pas prêté attention au distinguo soulevé par Bernard. Dont’acte au vu des documents qu'il a communiqués, les caporaux étaient bien devenus des sous-officiers sous la Révolution et l’Empire… Puis ce ne fut à nouveau plus le cas…
Si donc la fin de la chose fut officialisée un jour, de quel jour s’agit-il et de quoi parle-t-on ?
« CAPORAL. Du latin caput, tête. Ce grade, créé par François 1er dans ses légions, en 1538, fut d’abord désigné sous le nom de cap d’escadre, puis de caporion, qui signifiait chef d’escouade, et la dénomination actuelle (en 1881) n’apparaît pour la première fois que dans les ordonnances de Henri II. Les chefs d’escouade des mousquetaires étaient appelés caporaux. Anciennement, on donnait aussi le titre de caporali, caporaux, aux chefs patriciens de l’île de Corse. Leurs attributions ont fréquemment varié et n’ont été définitivement réglées que par l’ordonnance du 9 novembre 1833.
Aujourd’hui (1881) le caporal d’escouade commande de 12 à 16 hommes, et ses fonctions, très multipliées, sont comme le pivot sur lequel se meut tout le mécanisme du service et de la discipline. Le caporal n’est plus simple soldat, et pourtant n’est pas encore sous-officier. »
CHESNEL, A. de, Dictionnaire encyclopédique des armées de terre et de mer, Paris, 1881.
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1er Empire
Jetant un œil sur le Réglement concernant l’exercice et les manoeuvres de l’infanterie du premier août 1791, Paris, 1814, j’y trouve un assez long paragraphe concernant l’instruction des sous-officiers, qui détaille le rôle de chaque grade, sans parler de celui des caporaux. Il les mentionne cependant une fois en toute fin : « À mesure qu’il arrivera des mutations dans la colonne des sous-officiers, les sergents-majors seront tenus d’instruire les nouveaux sergents et caporaux… ». Phrase donc ambigüe qui ne fait pas avancer le débat.
2e Restauration
L’ordonnance de cavalerie du 27 février 1825, sur un même tableau, mentionne :
1. Les officiers
2. Les Sous-officiers et brigadiers (caporaux)
3. Les cavaliers
Soit trois « catégories » d’hommes, avec Sous-officiers et brigadiers dans la même...
Monarchie de Juillet
La plupart des documents n’en mentionnent que deux : officiers et « hommes de troupe ».
Il s’en trouve aussi en mentionnant quatre : « officiers, sous-officiers, caporaux, soldats…
Bref, rien de bien net, malgré l’ordonnance du 9 novembre 1833 que je n’ai pas retrouvée.
Cependant, l’Ordonnance du roi sur l’exercice et les manoeuvres d’infanterie, Paris, 1831, donc avant la susdite ordonnance du 9 novembre 1833, distingue déjà, dans son titre II, l’instruction des sous-officiers de celle des caporaux, comme quoi ce n’était pas la même chose, recommandant « expressément d’exercer les caporaux aux fonctions de guide, afin qu’ils puissent remplacer les sergents dans les manœuvres. »
Re-Bref, caporal et sergent, ce ne fut jamais vraiment la même chose, mais la frontière fut toujours « confuse », raison pour laquelle il a fallu, semble-t-il une ordonnance royale pour trancher. Le caporal, alors manifestement « plus que simple soldat, et moins que sous-officier », devenant, c’est incontestable l’« homme du rang gradé » que nous connaissons.
Mais bon, je saurai désormais que les caporaux de mon armée française sont des sous-officiers !
Diégo Mané
"Veritas Vincit"
