1807, Bergfried et Zechem

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1807, Bergfried et Zechem

Messagepar MANÉ Diégo sur 20 Fév 2023, 08:24

Nouvelle question de Nicolas OLLIVIER

Disposeriez vous d'informations sur les batailles (ou rencontres) de Bergfried (3 février 1807) et de Zechem (4 mars 1807) s'il vous plaît ?

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1ère réponse DM, sur le combat de Bergfried

Pour Bergfried j’en ait fait une simple mention dans mon L3C 10, 3e paragraphe ci-après :

De Mohrungen à Hoff, 25 janvier-6 février 1807
Ayant donc réussi à réunir une partie de son corps, Bernadotte s'oppose avec succès aux forces de Markov à Mohrungen le 25 janvier. Le Maréchal y perd tout de même tous ses bagages, ce qui prouve que l'affaire a été chaude. La preuve dans l'autre camp c'est que la résistance inopinée du Gascon a rendu Bennigsen circonspect... alors que Napoléon souhaitait tout le contraire. Décidément, même quand il fait son devoir, Bernadotte trouve encore le moyen de nuire à son impérial beau frère... Il y a des gens comme çà qui ne vous réussissent pas et, comme chacun sait, cela ne faisait que commencer !

De fait Napoléon aurait mieux fait de ne pas prévenir Bernadotte de ses intentions, non suivies bien que reçues la fois précédente, puisque ses messagers, deux "Messieurs de l'Ecole Militaire", tombèrent aux mains des Cosaques informant ainsi Bennigsen de la catastrophe imminente qui le menaçait. D'après les documents saisis, le général russe apprend que tandis qu'il suivra le Ier Corps, chargé de l'attirer sur Thorn, et que le Ve Corps couvrira Varsovie, l'Empereur marchera sur son flanc gauche, en direction de Königsberg, mais avec pour objectif la destruction de l'armée du Tsar bien plus que la prise de la ville.

Le point de rupture est même désigné : Jonkendorf (ou Jonkowo). Immanquablement coupé en deux, Bennigsen verra alors ses deux ailes enveloppées puis détruites l'une après l'autre. Une bataille a bien lieu le 3 février à Jonkendorf. Mais pas celle que souhaitait l'Empereur. Prévenu, le Hanovrien a concentré ce qu'il a pu de ses forces et présente une résistance assez opiniâtre, notamment à Bergfried contre le IVe CA, pour retarder d'un jour la concentration des Français... ce qui lui permet de décamper. Au matin du 4 Napoléon avance, sûr de la victoire, pour constater que l'ennemi ne l'a pas attendu.

Il entame aussitôt la poursuite. Mais il ne poursuit pas une armée vaincue et désorientée mais un adversaire intact et parfaitement informé de ses intentions... et pas menacé le moins du monde par Bernadotte qui, bien que non suivi, a continué son mouvement rétrograde sur Thorn. Partant la tache est plus ardue et chaque coup d'arrêt des Russes oblige à des efforts démesurés. Le 6 à Hoff l'action se caractérise la journée durant par une succession de charges de cavalerie "à la Murat", c'est-à-dire sans soutien et donc sans espoir s'appliquant à des troupes solides comme le sont les Russes, surtout soutenus.

La confrontation se termine cependant en triomphe français lorsqu'arrivent les fantassins de Legrand et que chargent, irrésistibles, les cuirassiers de la 2e Division de Grosse Cavalerie. Deux carrés du régiment Kostroma qui combattaient depuis des heures volent en éclats, perdent leurs drapeaux et leur artillerie, tandis que le 1er Jägers est "dispersé et perd son colonel prisonnier. 2500 Russes sont tombés pour 2075 Français. Félicité par l'Empereur en personne, le général d'Hautpoul, le héros du jour, aura ces paroles prémonitoires : "Il ne me reste plus qu'à me faire tuer pour Votre Majesté
».

De fait, le général d'Hautpoul trouvera la mort à Eylau deux jours plus tard.

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Plus précisément du point de vue des troupes engagées, d’après Digby Smith (donc particulièrement SGDM, sauf pour l’informations des officiers †ués ou ßlessés que j’ai tirée du Martinien) :

Division Leval du IVe Corps de Soult, 8000 h des 24e Légère (9 officiers †ués (dont 1 CdB) ou ßlessés), 4e (5 of. ß dont le Colonel et 1 CdB), 28e, 46e et 57e de Ligne, 16e (7 of. ß) et 22e (3 of. ß dont 2 à mort) Dragons, 12 pièces à Pied, qui auraient subi 306 pertes dont 26 officiers…

De la 14e DI Kamenski II, 6000 h sous le GM Gersdorff, dont IR Musk (Minsk ? Qui n’est pas là !) et Ouglitch, 6 pièces d’ARP prussiennes du Major Huguenin. Les Russes disent n’avoir engagé qu’un seul bataillon d’environ 600 h*. Les Français revendiquent 1100 pertes ennemies.

* Il paraît douteux qu’un unique bataillon soit parvenu à « tomber » tous les officiers mentionnés †ués ou ßlessés d’au moins deux régiments d'infanterie et deux régiments de cavalerie français !

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Je ne connais pas le combat de Zechem, et la date du 3 mars correspond à une accalmie des opérations. Pouvez-vous m’en dire davantage ?

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Re: 1807, Bergfried et Zechem

Messagepar MANÉ Diégo sur 20 Fév 2023, 08:48

Nicolas OLLIVIER => Diégo MANÉ

Merci beaucoup pour vos réponses si précises et précieuses.

Le combat- ou rencontre fortuite ?- de Zechem apparaît dans la collecte d'information réalisée par M. MARTINIEN qui use de ce terme.

En effet, selon lui, le 50e RI y aurait combattu et perdu 2 officiers ; 6 autres étant blessés.

Je n'ai pas encore commencé mes recherches sur ce régiment. Je suppose que plusieurs soldats y furent également touchés.
A priori aucune autre troupe- là aussi sous réserve- n'y serait impliquée.

Voilà les maigres informations que je peux vous livrer sur cet évènement surprenant.

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Diégo MANÉ => Nicolas OLLIVIER

2e réponse DM, sur le combat de Zechem

Vos infos permettent de pousser le bouchon un peu plus loin.

Le 50e de Ligne faisait partie du VIe corps de Ney.
Du coup j’ai regardé dans le bouquin de Hourtoulle sur le Maréchal et trouvé p 52 :

« … il (Napoléon) a lancé le 3 mars une offensive. Ney doit reprendre Guttstadt et il le fait brillamment appuyé par Lasalle et Grouchy. Son aide de camp Talbot est tué… Le 27e s’est couvert de gloire au milieu des cosaques et son colonel Bardet est nommé général, mais conserve pour le moment le régiment…
Le 4 mars les combats continuent avec succès et Ney cite le général Labassée, Maucune et l’artilleur Comin, mais par contre il demande que soit relevé le général Gardanne, courageux mais incapable. Encore un ami de fait.
»

Passant en revue le corps de Ney en contrôlant ses pertes éventuelles du jour dans le Martinien je trouve :

Division Marchand
Brigade Liger-Belair
6e légère : pas de mention d’officiers †ß
39e de ligne : pas de mention d’officiers †ß, mais le maréchal Ney cite son colonel, Maucune.
Brigade Marcognet
69e de ligne : rien.
76e de ligne : rien.

Division Gardanne, dont le général est cité négativement par le maréchal Ney et est donné par Six comme remplacé par Bisson le 1er février.
Brigade Roguet
25e légère : 3 et 4 mars 1807, combats près de Guttstadt, 4 + 1 (sur liste supplémentaire) officiers blessés, 3 le 3 et 2 le 4
27e de ligne (dont le colonel Bardet est cité par le maréchal Ney) : 5 mars 1807, combat de Guttstadt, 5 + 1 (sur LS) officiers †ß.
Brigade Delabassée, dont le général « Labassée » (sic) est cité par le maréchal Ney.
50e de ligne : 4 mars 1807, combat de Zechem, 8 officiers †ß.
59e de ligne : rien.

Brigade de cavalerie Colbert : rien.

Division de cavalerie légère Lasalle
5e de hussards : 5 mars 1807, combat de Guttstadt, 1 officier ß, mort le 24 mai.

Division de dragons Grouchy : rien.

Bref, on peut supposer l’engagement du 3 au 5 mars dans les combats de Guttstadt d’au moins les 25e légère, 27e, et 50e de ligne…
Et au moins la « participation » du 39e de ligne et du 5e de hussards.

Les pertes subies par le IVe corps à Bergfried un mois plus tôt, soit 26 officiers pour 280 soldats dans un combat similaire, permettent d’évaluer celles des combats de Guttstadt en comptant 10 à 11 soldats pour 1 officier, et donnant donc environ 237 hommes dont 20 officiers.

25e légère, 59 hommes dont 5 officiers.
27e de ligne, 71 hommes dont 6 officiers.
50e de ligne, 94 hommes dont 8 officiers.
5e de hussards, 13 homme dont 1 officier.
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