Déserteurs ou prisonniers incorporés

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Déserteurs ou prisonniers incorporés

Messagepar MANÉ Diégo sur 17 Fév 2023, 08:42

Question de Nicolas OLLIVIER, que je relaie avant d'y répondre.

"Il y a peu, en recherchant des informations sur les conscrits napoléoniens, je suis tombé sur la fiche matricule de ce soldat qui m'a intrigué.

Son unité étant la 33e demi brigade (1er volume donc sur Mémoiredeshommes).

M. HERSIGNE Jean Baptiste obtint comme matricule le numéro 318 (page 56). Il naquit à Reims en 1777.

Mon interpellation provient de l'énoncé de son parcours militaire en 1809 ainsi noté : "prisonnier à Neumark en 1809, entré par force, d'après sa déclaration, au service d'Autriche, arrivé le 17 septembre 1813 avec une colonne de prisonniers ; rentré au régiment le 18 septembre 1813 par ordre du maréchal duc de Valmy".

S'il est probable qu'il enjoliva fortement son histoire de changement d'uniforme, l'Etat ne semble pas lui en tenu grande rigueur. Son grade de sergent devant jouer en sa faveur.

Je me demandais, Diégo, si en dehors de l'Espagne, où les désertions à l'ennemi existent, vous connaissiez d'autres cas de combattants français ayant de force (ou de gré ?) rejoint les rangs de la coalition après reddition ?

Nicolas OLLIVIER.
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Déserteurs ou prisonniers incorporés

Messagepar MANÉ Diégo sur 17 Fév 2023, 09:16

Les désertions à l’ennemi ont existé de tous temps et dans tous les camps, et donc aussi dans notre période de prédilection.

Aux cas de soldats enrôlés dans les rangs ennemis et re-changeant de camp après capture par leur camp initial, les exemples abondent.
J’en ai deux en mémoire que voici :

1795 QUIBERON (voir sur Planète Napoléon) mes trois articles relatifs à la bataille.

Des marins français prisonniers des Britanniques, et n'ayant pas trouvé d'autre moyen de retourner en France, s’enrôlent dans des régiments d’émigrés royalistes à la solde d’Albion qui les débarque à Quiberon. Ils sont alors renforcés par les prisonniers de la garnison du Fort Penthièvre qui, à court de munitions, s’est rendue et a été incorporée au régiment Royal Louis du Comte d’Hervilly… Qui ne doutait vraiment de rien !

Des déserteurs du régiment préviendront les Républicains de l’attaque des Émigrés qui seront défaits. D’autres volontaires du même tonneau, restés dans la garnison du Fort Penthièvre tueront leurs officiers royalistes et livreront le fort qu’attaquaient les Républicains de Hoche. Ces (pas nobles, c’est le cas de le dire) héros furent bien entendu réintégrés dans des unités républicaines.

Mais là, s'il y a changement de camp, la lutte reste "nationale", puisque ces déserteurs français désertent d'une unité "française" pour en rejoindre une autre, également française !

Cela me rappelle, dans le cadre de mes travaux sur le Régiment d'Artillerie à Cheval de la Garde en 1815, un militaire ayant déserté d'une unité de la ligne afin de s'engager dans une unité de la Garde !

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1813 après DRESDE
Des prisonniers et/ou déserteurs autrichiens d’origine polonaise (de Galicie) sont incorporés au VIIIe CA de Poniatowski… Et, pour ceux qui seront repris à Leipzig, retourneront dans leurs unités autrichiennes d’appartenance « initiale », si l’on peut dire !

Ce dernier cas (Dresde) illustre fort bien la problématique de la question de Nicolas, puisque nous y trouvons :

1. Des prisonniers Polonais d'Autriche (Galiciens), incorporés au VIIIe CA de Poniatowski.

2. Des prisonniers Allemands d'Autriche, incorporés de même au VIIIe CA de Poniatowski, malgré les consignes contraires de Napoléon*, et qui déserteront à la première occasion pour retourner dans leur camp (l'autrichien).

3. Et donc même au moins un Français engagé, de force dit-il, dans les rangs autrichiens après sa capture en 1809, fait prisonnier par les Français à Dresde en 1813, et reversé dans une unité française.

De fait, de la "chair à canon internationale", contrairement à l'exemple précédent.

* L'Empereur à Clarke, Dresde le 29 septembre (1813)
J'approuve qu'on mette de côté pour le corps du prince Poniatowski les Polonais qui seraient parmi les prisonniers de guerre; mais je n'approuve pas qu'on prenne des Autrichiens. Malgré les ordres que j'avais donnés, le 7e lanciers a pris des Autrichiens qui ont tous déserté. Il faut user en cela d'une grande rigueur, car les officiers polonais prennent des Allemands, afin d'augmenter le nombre de leurs hommes.

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