Valeur combattive des Grenzers

Éléments justifiant mon jugement sur la valeur combattive des Grenzers
(compilation par Diégo Mané, le 02/05/2022)
Textes originaux suivis de ma (tentative de) traduction.
Pour la période révolutionnaire
Rothenberg, Gunther E., Napoleon’s Great Adversary, Stroud, 1988, page 33.
“In the Austrian army, light infantry missions, scouting and skirmishing, commonly were entrusted to the Grenzer, though there were complaints that training them as line infantry had spoiled their natural aptitude for these duties. As Fieldmarshal Lacy put it in a memorandum dated December 1782, “it must be decided once and for all whether the Grenzer are to be considered regular troops or a mere militia. If they are considered regulars they must be properly exercised and trained and this will give them very little time to devote to agriculture. Lacy, of course, conceived military efficiency not in terms of light infantry, but in the framework of linear tactics. Nonetheless, training and organization of the Grenzer continued to conform with that of the line and their combat performance declined. After the first campaign against the French Revolution even General Klein, a strong advocate of the Military Border institution, wondered why as late as the Seven Years’ War the semi-irregulars of the Border had provided “a much better light infantry than the present regulated and drilled Grenzer”…
Dans l’armée autrichienne, les missions de l’infanterie légère, telles que patrouilles et combats de tirailleurs, étaient communément dévolues aux Grenzers, toutefois se faisaient jour des plaintes comme quoi le fait de les entraîner comme infanterie de ligne amoindrissait leurs aptitudes à combattre comme infanterie légère. Dans un mémorandum datant de décembre 1782 le FM Lacy disait « il doit être décidé une fois pour toutes si les Grenzers sont à considérer comme des troupes régulières ou bien une simple milice. Si on les considère comme des troupes régulières ils doivent suivre les exercices et l’entraînement appropriés, ce qui leur laissera vraiment très peu de temps à consacrer à l’agriculture ». Lacy, bien sûr, plaçait sa conception de l’efficacité militaire non pas dans le cadre de l’infanterie légère mais dans celui des tactiques linéaires de l’ordre serré. Par conséquent, l’entraînement et l’organisation des Grenzers continuèrent à se conformer à ceux des troupes de la ligne, et leurs compétences (en tant qu’infanterie légère) déclinèrent. Après la première campagne contre la Révolution Française, même le général Klein, grand partisan de l’institution des troupes de frontière, soulignait que jusqu’à la guerre de Sept ans les semi-irréguliers de la Frontière avaient fourni une bien meilleure infanterie légère que les actuels Grenzers (devenus) réguliers et entraînés.
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Pour 1800-1805
Bowden, Scott, Napoleon and Austerlitz, Chicago, 1997, pages 125-126.
“In June 1800, several Grenzer units had mutinied, which spawned a Austrian reaction of looking upon the Grenzer as “shiftless, false and totally undisciplined”… the 1805 Grenzer battalions lacked training, clothing and equipment. … in Mack’s Swabian Army, the Grenzer were second-class troops. … Every report complained about their unreliability and lack of courage in battle… it is clear that the Grenzer battalions had no special training and were used as just another form of line infantry.”
« En juin 1800, plusieurs unités de Grenzers se sont mutinées, ce qui conduisit en réaction les Autrichiens à les considérer sans shift, fausses et totalement indisciplinées » … Les bataillons de Grenzers de 1805 manquaient d’entraînement, d’habillement et d’équipement. … Dans l’Armée de Souabe de Mack, les Grenzers étaient des troupes de second-rang. Chaque rapport se plaignait du manque de confiance qu’elles inspiraient et de leur manque de courage au combat… Il est clair que les bataillons de Grenzers n’avaient pas d’entraînement spécial (i.e. pour le combat d’infanterie légère) et étaient juste utilisées comme une autre catégorie d’infanterie de ligne. »
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Pour 1809
Bowden, Scott, Armies on the Danube 1809, Chicago, 1989, page 13.
“Prior to the mid-18th century, these troops had been utilized almost exclusively as light infantry. However, during the last part of the 1700’s, the military authorities completely retained the Grenzers into field battalions whose functions were identical to those of the regular line infantry. So indoctrinated, the Grenzers were, by 1805, rarely deployed in skirmish order, preferring instead to meet the enemy in column formation. Realizing the importance of adequate light infantry cover, Archduke Charles endeavored to utilize the Grenzers in open order tactics and, by 1809, these regiments were once again deployed and used as light infantry as well as being able to form-up to act as liner infantry."
« Jusqu’à la moitié du XVIIIe siècle, ces troupes ont été utilisées presque exclusivement comme infanterie légère. Toutefois, durant la deuxième partie des années 1700, les autorités militaires cantonnèrent les Grenzers dans des bataillons de combat dont les fonctions étaient identiques à celles de l’infanterie de ligne régulière. Endoctrinés de la sorte, les Grenzers furent en 1805 rarement déployés en tirailleurs, préférant à la place rencontrer l’ennemi formés en colonnes. Réalisant l’importance de la couverture adéquate procurée par l’infanterie légère, l’Archiduc Charles désirait utiliser les Grenzers en ordre lâche et, à partir de 1809, ces régiments furent à nouveau déployés et utilisés comme infanterie légère tout en étant capables de se former en ordre serré pour agir comme de l’infanterie de ligne. »
Commentaire sur dito.
Comme il y a loin de la coupe aux lèvres, et plus encore en matière de formation des troupes entre le souhait des « autorités » et sa mise en pratique sur le terrain, surtout en bataille, il semble bien que les Grenzers de 1809 n’ont pu re-acquérir leurs anciennes vertus guerrières à temps pour les combats… Et que s’ils furent malgré tout « utilisés comme infanterie légère », ils n’en avaient pas encore les compétences. J’ajoute que les vues « modernistes » de l’Archiduc Charles rencontraient de vives résistances dans une part importante du corps des officiers « traditionnels », ce qui rendit ses préceptes bien souvent lettre morte partout où il ne se trouvait pas présent pour en imposer l’exécution.
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Pour 1812-1815
Nous pouvons considérer les Grenzers comme ayant peu ou prou "récupéré" leurs compétences de troupes légères, tout en conservant celles de l'infanterie de ligne.
Diégo Mané
(compilation par Diégo Mané, le 02/05/2022)
Textes originaux suivis de ma (tentative de) traduction.
Pour la période révolutionnaire
Rothenberg, Gunther E., Napoleon’s Great Adversary, Stroud, 1988, page 33.
“In the Austrian army, light infantry missions, scouting and skirmishing, commonly were entrusted to the Grenzer, though there were complaints that training them as line infantry had spoiled their natural aptitude for these duties. As Fieldmarshal Lacy put it in a memorandum dated December 1782, “it must be decided once and for all whether the Grenzer are to be considered regular troops or a mere militia. If they are considered regulars they must be properly exercised and trained and this will give them very little time to devote to agriculture. Lacy, of course, conceived military efficiency not in terms of light infantry, but in the framework of linear tactics. Nonetheless, training and organization of the Grenzer continued to conform with that of the line and their combat performance declined. After the first campaign against the French Revolution even General Klein, a strong advocate of the Military Border institution, wondered why as late as the Seven Years’ War the semi-irregulars of the Border had provided “a much better light infantry than the present regulated and drilled Grenzer”…
Dans l’armée autrichienne, les missions de l’infanterie légère, telles que patrouilles et combats de tirailleurs, étaient communément dévolues aux Grenzers, toutefois se faisaient jour des plaintes comme quoi le fait de les entraîner comme infanterie de ligne amoindrissait leurs aptitudes à combattre comme infanterie légère. Dans un mémorandum datant de décembre 1782 le FM Lacy disait « il doit être décidé une fois pour toutes si les Grenzers sont à considérer comme des troupes régulières ou bien une simple milice. Si on les considère comme des troupes régulières ils doivent suivre les exercices et l’entraînement appropriés, ce qui leur laissera vraiment très peu de temps à consacrer à l’agriculture ». Lacy, bien sûr, plaçait sa conception de l’efficacité militaire non pas dans le cadre de l’infanterie légère mais dans celui des tactiques linéaires de l’ordre serré. Par conséquent, l’entraînement et l’organisation des Grenzers continuèrent à se conformer à ceux des troupes de la ligne, et leurs compétences (en tant qu’infanterie légère) déclinèrent. Après la première campagne contre la Révolution Française, même le général Klein, grand partisan de l’institution des troupes de frontière, soulignait que jusqu’à la guerre de Sept ans les semi-irréguliers de la Frontière avaient fourni une bien meilleure infanterie légère que les actuels Grenzers (devenus) réguliers et entraînés.
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Pour 1800-1805
Bowden, Scott, Napoleon and Austerlitz, Chicago, 1997, pages 125-126.
“In June 1800, several Grenzer units had mutinied, which spawned a Austrian reaction of looking upon the Grenzer as “shiftless, false and totally undisciplined”… the 1805 Grenzer battalions lacked training, clothing and equipment. … in Mack’s Swabian Army, the Grenzer were second-class troops. … Every report complained about their unreliability and lack of courage in battle… it is clear that the Grenzer battalions had no special training and were used as just another form of line infantry.”
« En juin 1800, plusieurs unités de Grenzers se sont mutinées, ce qui conduisit en réaction les Autrichiens à les considérer sans shift, fausses et totalement indisciplinées » … Les bataillons de Grenzers de 1805 manquaient d’entraînement, d’habillement et d’équipement. … Dans l’Armée de Souabe de Mack, les Grenzers étaient des troupes de second-rang. Chaque rapport se plaignait du manque de confiance qu’elles inspiraient et de leur manque de courage au combat… Il est clair que les bataillons de Grenzers n’avaient pas d’entraînement spécial (i.e. pour le combat d’infanterie légère) et étaient juste utilisées comme une autre catégorie d’infanterie de ligne. »
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Pour 1809
Bowden, Scott, Armies on the Danube 1809, Chicago, 1989, page 13.
“Prior to the mid-18th century, these troops had been utilized almost exclusively as light infantry. However, during the last part of the 1700’s, the military authorities completely retained the Grenzers into field battalions whose functions were identical to those of the regular line infantry. So indoctrinated, the Grenzers were, by 1805, rarely deployed in skirmish order, preferring instead to meet the enemy in column formation. Realizing the importance of adequate light infantry cover, Archduke Charles endeavored to utilize the Grenzers in open order tactics and, by 1809, these regiments were once again deployed and used as light infantry as well as being able to form-up to act as liner infantry."
« Jusqu’à la moitié du XVIIIe siècle, ces troupes ont été utilisées presque exclusivement comme infanterie légère. Toutefois, durant la deuxième partie des années 1700, les autorités militaires cantonnèrent les Grenzers dans des bataillons de combat dont les fonctions étaient identiques à celles de l’infanterie de ligne régulière. Endoctrinés de la sorte, les Grenzers furent en 1805 rarement déployés en tirailleurs, préférant à la place rencontrer l’ennemi formés en colonnes. Réalisant l’importance de la couverture adéquate procurée par l’infanterie légère, l’Archiduc Charles désirait utiliser les Grenzers en ordre lâche et, à partir de 1809, ces régiments furent à nouveau déployés et utilisés comme infanterie légère tout en étant capables de se former en ordre serré pour agir comme de l’infanterie de ligne. »
Commentaire sur dito.
Comme il y a loin de la coupe aux lèvres, et plus encore en matière de formation des troupes entre le souhait des « autorités » et sa mise en pratique sur le terrain, surtout en bataille, il semble bien que les Grenzers de 1809 n’ont pu re-acquérir leurs anciennes vertus guerrières à temps pour les combats… Et que s’ils furent malgré tout « utilisés comme infanterie légère », ils n’en avaient pas encore les compétences. J’ajoute que les vues « modernistes » de l’Archiduc Charles rencontraient de vives résistances dans une part importante du corps des officiers « traditionnels », ce qui rendit ses préceptes bien souvent lettre morte partout où il ne se trouvait pas présent pour en imposer l’exécution.
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Pour 1812-1815
Nous pouvons considérer les Grenzers comme ayant peu ou prou "récupéré" leurs compétences de troupes légères, tout en conservant celles de l'infanterie de ligne.
Diégo Mané