Bonjour François,
Je me permets de répondre avant Diégo qui me corrigera si nécessaire.
FRANÇOIS T. a écrit:… pour éviter à ceux-ci la pénétration des boulets tout en leur permettant de venir soutenir efficacement la première ligne ?
La pénétration des boulets ne peut pas être évitée ! En effet, suivant le calibre un boulet peut parcourir 200 à 400 mètres à l'horizontal et ensuite ricocher sur 600 à 1000 mètres
avec efficacité, voire beaucoup plus si les conditions s'y prêtent ! Le seul moyen d'échapper — relativement — aux boulets consiste à se coucher et/ou se positionner derrière une crête.
Pour mémoire : un boulet peut traverser 10 à 24 corps humains, voire beaucoup plus.
FRANÇOIS T. a écrit:Du coup, une question, sait-on quel est l'intervalle préconisé entre bataillons de première ligne et de deuxième ligne…
L'intervalle
réglementaire entre deux bataillons (escadrons) en ligne côte à côte est de huit toises (de mémoire).
L'intervalle réglementaire entre deux bataillons (escadrons) en ligne l'un derrière l'autre est égal à la largeur du front du premier bataillon (escadron) plus huit toises.
En fait, chaque bataillon doit évoluer dans un carré dont le côté est égal à son front plus huit toises, ceci afin que les bataillons puissent changer de formation (de ligne à colonne et vice-versa) sans se gêner mutuellement.
Pour mémoire : à l'époque on nommait « carré » n'importe quelle forme rectangulaire et on nommait « carré parfait » ce que nous appelons tout simplement carré ! Il est important de le savoir pour mieux comprendre les textes de l'époque.
Une toise égale trois pas de 0,65 mètre soit 1,95 mètre.
FRANÇOIS T. a écrit:… tout en leur permettant de venir soutenir efficacement la première ligne ?
Pour soutenir une unité il suffit d'être placé derrière elle pour dissuader un ennemi de l'attaquer par l'arrière ! L'unité en première ligne est ainsi (r)assurée sur ses arrières !
FRANÇOIS T. a écrit:Et qu'en est-il du déploiement réel de ceux-ci sur le terrain ?
Le déploiement est à la discrétion du général de brigade ou de division ou du corps d'armée ou de Napoléon !
FRANÇOIS T. a écrit:L'excellent pdf (de 2014) Diégo consacré à l'organisation divisionnaire donne des exemples, mais on a peu de chiffres sur les distances par exemple pour la division Boudet à Iéna ou pour un ordre mixte ?
A priori, quand on regarde les plans (Colin, Saski et autres) les unités sont à distance réglementaire.
C'est pour ça que la formation adoptée sur ordre de Napoléon est absolument aberrante et incompréhensible !
FRANÇOIS T. a écrit:Ce qui m'amène à une autre question, où se placent dans ces cas-là, l'état-major divisionnaire et les généraux de brigade pour garder un command and control efficace ?
J'ignore ce que signifie « command and control » ?
Les généraux se déplaçaient en fonction des circonstances, dans la plupart des cas ils étaient derrière et/ou au milieu de leur brigade, division, corps d'armée, armée. Un général ne cherche pas à arrêter une balle perdue ou à perdre un membre ou la vie sauf nécessité absolue.
Une fois les ordres donnés aux colonels les généraux ne peuvent suivre l'évolution des combats que grâce aux fumées des tirs et essayer de distinguer les détails à la longue-vue. Un « chef » n'a aucun contrôle sur des unités engagées au combat et son rôle n'est pas de les mener à l'attaque (
Joubert y a perdu la vie) !
Un bon général (officier) gardait toujours des troupes en réserve proportionnellement aux troupes engagées : un colonel garde un bataillon, un général de brigade garde un régiment, un général de division garde une brigade, etc. (sans parler des commandants de bataillon, des capitaines de compagnie, etc.)
Quand un officier supérieur vient voir Napoléon pour avoir des renforts ça signifie qu'il n'a plus de réserve, le rôle de Napoléon ou d'un bon général étant d'utiliser sa réserve pour exploiter une faute ennemie, une percée, donner le coup de grâce ou, malheureusement, tenter de couvrir la retraite !
Bonne journée à tous !