Considérations sur "La formation et l'attaque du 1er corps d'Erlon à Waterloo". C'est ici :
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Ce post n'est pas concurrent, mais parallèle, et développe d'autres thématiques que celles traitées ici.
Je m'en explique d'ailleurs en préambule, et cela ne m'empêche donc pas d'essayer de répondre à deux ou trois questions induites du message précédent d'Éric. Dont'acte !
la formation serrée en masse est plutôt destinée à agir par le choc, pas par le feu de mousqueterie.
Admettons. Mais alors pourquoi la colonne Marcognet s'arrêta-t-elle pour tenter de se déployer, répétant les erreurs commises de tous temps contre les Anglais, et que l'on voulait justement éviter ?
un assaut d'infanterie en "ligne" associé a la "masse" des 24 ou 27 rangs.
Juste ici pour insister sur le fait qu'il est désormais inutile de rajouter "ou 9" avant "bataillons" et "ou 27" avant "rangs", puisque la Division Donzelot n'avait "que" huit bataillons disponibles, comme les autres, car l'un des trois bataillons du 13e Léger était détaché de flanc-garde sous le Colonel Marbot.
les tentatives de "déploiement" ont lieu quand l'assaut est un échec ou est stoppé par le «late fire» des Anglais.
Admettons encore, mais accessoirement (quoique), ajoutons que, "coup de pied de l'âne", le "late fire" qui arrêta la division Marcognet de "son" côté de la haie fut délivré, certes "à l'anglaise", mais par le 7e Belge... Que certes encore ni Britanniques ni Français n'ont mis "en avant" dans leurs relations. Je développerai cette action dans le "post parallèle" annoncé plus haut.
il y a aussi la manoeuvre de trois rangs sur deux. Si on veut combattre par le feu on se met en bataille à 150-200 mètres de la ligne ennemie.
Admettons toujours. De toutes façons, même parfaitement planifiée et exécutée, au lieu du plus absolu de tous les contraires, attaquer des Anglais formés de face sur une bonne position n'a JAMAIS réussi. Je ne conçois pas qu'on ait cru pouvoir y parvenir par un assemblage boiteux de mauvaises demi-mesures... Qui en outre ne prirent même pas en compte l'intervention possible -pour ne pas dire probable- de la cavalerie britannique.
Sans même cette dernière, qui certes porta les estocades, les "taureaux" français étaient déjà sur les genoux du fait des pertes épouvantables subies au cours de la progression dans la boue qui avait prélevé des milliers de chaussures, sous les boulets puis la mitraille qui avaient couché des centaines de victimes, et enfin sous la mousqueterie de troupes fraîches et presque intactes qui les attendaient bien à l'abri, avant de délivrer un tir meurtrier à bout portant puis de charger les survivants hébétés et sans chef pour les guider.
Aucune unité, même d'élite, n'a JAMAIS sublimé un tel traitement, et l'échec de la (Moyenne) Garde elle-même le vérifiera lors de l'attaque finale des Français. Le seul avantage de l'énorme inconvénient constitué par les formations massives de ces colonnes résidait, pensa-t-on, du moins je le suppose, dans le nombre des soldats les composant. C'était singulièrement négliger le fait que si les unités de tête sont repoussées sur les suivantes, déjà et inutilement bien abîmées aussi, elles ne serviront à rien d'autre qu'à augmenter le désordre de l'ensemble et le mettre à merci, comme cela fut déjà parfaitement illustré à l'Albuera, où du moins il n'y avait pas de "trous" entre les colonnes.
A Waterloo, calculs en géométrie plane dûment effectués, on constate que si les Français ont envoyé 2000 voltigeurs précédant 10000 hommes en ordre serré contre le chemin creux, l'ensemble n'a pu in fine amener à portée d'attaquer ou de tirer dessus qu'environ 800 à 1000 fusils "fatigués".
En revanche, les Anglo-Alliés, 4400 hommes, dont au moins 3000 "actifs", ont pu faire tirer... plus de 3000 fusils "frais", en outre efficacement soutenus par 10 pièces, alors que les 60 françaises tirant sur la zone étaient inefficaces.
ce qui reste troublant pour moi est qu'il y a toujours noté "colonne par bataillon" dans l' ordre (vs colonne serrée).
Ce n'est ni l'un ni l'autre qui s’est fait, mais "les deux, mon général !", colonne serrée par bataillon.
Si on recherche une "faute contre la tactique", je vois plus un problème avec les tirailleurs. la "préparation" contre la ligne ennemie aurait pu être plus en force et longue, permettant aussi une reconnaissance de "l'autre coté" et de remettre les formations en bon ordre avant de lancer l'assaut proprement dit.
Le problème, ce ne sont ni les tirailleurs français ni leur emploi, ce sont les tirailleurs anglais.
Dans aucune bataille d'Espagne, et il y en eut des tas, les tirailleurs français n'ont pu prendre le dessus sur les tirailleurs anglais. Si bien, ou plutôt si mal, qu'il n'a jamais été possible d'aller "voir de l'autre côté" d'une crête autrement qu'en ordre serré avec des bataillons "aveugles", fatigués et bien plus que décimés, avec le résultat habituel, la déroute.
Si là encore on a pensé au nombre, qui ne change rien de rien au front attaqué, que l’on soit en tirailleurs ou en ordre serré, on s'est encore trompé... Et si l'on visait "l'usure" il fallait se mettre en situation de "durer", ce qui ne fut pas le cas... En se souvenant que ceux qui sont rangés sur 24 rangs de profondeur à découvert devant des canons vont «s’user» bien plus vite que ceux qui ne présentent que deux rangs, abrités de surcroît.
Mais surtout il ne faudrait pas alors oublier qu'il y avait en outre urgence, et donc «pas de temps à perdre» en «préparatifs» (artillerie ou tirailleurs) car les Prussiens arrivaient...
Et Napoléon le savait !
Diégo Mané