Re: [Espagne 1813] Murray à Tarragona - un échec exemplaire
Publié: 25 Jan 2021, 17:22
- 5) Suchet récupère la garnison de Tarragona, sortie de Tortosa et combat d'Amposta
Heureusement, car le 14 août, Decaen étant revenu, Suchet lance une attaque concentrique sur l’armée d’Alicante. Lui-même conduit la division Habert et la division Sévérolli par la route de la côte, les divisions Harispe et Musnier prennent la route principale par Vendrils et Villafranca, et Decaen attaque avec ses deux divisions catalanes le col de Liebra pour tenter d’arriver dans le dos des Anglo-Italiens en passant par Reus.
Whittingham détecte assez vite la colonne française sur la route principale et la colonne côtière, et informe immédiatement Bentinck qu’il lui est impossible de résister avec ses 4000 Espagnols à deux colonnes qu’il estime à 15000 hommes, et le général anglais décide immédiatement de retraiter. Cette ordre rapide lui permet d’esquiver le piège tendu par son adversaire, car même s’il avait réussi à bloquer l’avance de Suchet, ce qui est peu probable au vu de la différence de qualité, il se serait trouvé coupé par Decaen et forcé à un rembarquement précipité à l’embouchure du Francolli.
Suchet arrive le 17 à Tarragona, puis suit Bentinck avec tout son monde (Decaen étant placé entre Reus et Valls pour garder le flanc) jusqu’à Hospitalet, à l’entrée de la passe menant à Balaguer. Là, il trouve le général anglais placé sur une position défensive très forte, pouvant seulement être attaqué en passant par la plage, avec la Royal Navy prête à couvrir de boulets toute troupe tentant de partir à l’assaut. Il est très tenté d’attaquer, car la concentration de troupes qu’il a alors sous la main ne se refera pas de si tôt, mais finalement renonce très sagement, et retourne à Tarragona.
Devant choisir entre garder la forteresse et assurer la possession de Barcelona, il décide d’utiliser le stock de poudre pour détruire tous les bastions faciles à attaquer, soit ceux qui surplombent la ville basse, et recule en emportant l’ancienne garnison. Arrivé dans la grande ville, il renvoie les troupes de Decaen à leurs garnisons habituelles, ce qui encore une fois attise les rumeurs d’évacuation de la province.
De leur côté, les troupes coalisées, si elles sont inexpugnables dans leur position d’Hospitalet, sont incapables de s’y maintenir car la flotte ne peut fournir assez de nourriture pour Del Parque+Bentinck+ Whittingham, et la zone entre cette position et les bouches de l’Ebro est une des plus aride au mois d’août. Villacampa, Whittingham et la totalité du 2do Ejército sont donc priés de repasser le fleuve à Amposta pour atteindre un district moins dévasté.
Le pont temporaire établi s’étant effondré entre l’aller et le retour des troupes espagnoles, la traversée est une fois de plus longue et difficile. Robert, commandant la garnison de Tortosa, en profite pour rappeler qu’il est toujours là, et sort le 19 avec 5 bataillons appartenant aux 3e léger, 11e et 114e de ligne, avec 100 dragons, pour tomber sur la dernière division (Berenguer) de Del Parque avant qu’elle ait traversé.
Le commandant de cette division est, d’après Whittingham, ce jour-là complètement saoul, et la sortie française est repoussée par le feu de la batterie à cheval de la division Mallorquine. Les Espagnols perdent environ 400 hommes, et les Français ont 9 officiers tués ou blessés dans le Martinien, ce qui doit vouloir dire entre 150 et 180 hommes de troupe, sommes toutes une sortie très bien menée.