Re: [Espagne 1813] Murray à Tarragona - un échec exemplaire
Publié: 25 Nov 2020, 10:43
- 19) Nouvelle crise de panique de Murray, agressivité stratégique de Maurice Matthieu.
Mackenzie rend compte à son chef le 15 au matin et reste aux alentours de Bandellos, ayant pris contact avec les troupes du maréchal français, sans se rendre compte que Musnier n’est plus derrière. Murray se trouve alors embarrassé de son mouvement, et propose au soir du 15 à l’amiral Halliwell de rembarquer 5000 hommes et de les débarquer à côté de Tarragona pour une tentative d’escalade, sous le prétexte que la garnison, qui n’a pas été relevée, ne s’y attend pas.
Halliwell lui fait remarquer, non sans mépris, que, si le général ne s’est pas senti le courage de prendre la forteresse avec 15000 hommes et des pièces de siège en position le 11, il est peu probable qu’il le trouve avec 5000 le 16... l'option est abandonnée.
Mais en fin de journée du 15, un message de Copons lui apprend que la colonne de Barcelona a dépassé Ordal en direction de Villafranca, et que les avant-postes espagnols se replient vers Valls et la montagne. La peur d’une attaque dans le dos (par des troupes qui sont encore à trois jours de marche) reparaît, et le général anglais envoie une demande à son homologue espagnol pour qu’il arrête la colonne de Catalogne avec ses troupes, « car il se prépare à être attaqué par les 24000 hommes de Suchet, et l’arrivée de ces 8000 hommes dans son dos serait désastreuse. »
Maurice Mathieu a en effet appris par un espion l’embarquement de l’armée « anglaise » dès son retour à Barcelona le 13, et a décidé de repartir ravitailler la forteresse dès le lendemain, avec les mêmes troupes, même si une missive de son supérieur, le général Decaen, lui a annoncé que lui-même ne pourrait partir de Gerona avant le 17.
Il arrive donc le 15 à la nuit à Villafranca, et le 16, après une marche forcée de presque 40 km, atteint Tarragona sans encombres, où il aurait pu prendre les 5000 hommes de Murray en flagrant délit si l’amiral n’avait pas fait abandonner l’opération la veille !
Copons, en effet, impressionné par les chiffres fantaisistes de Murray, n’a pas trouvé bon de se faire tuer pour l’allié qui l’a abandonné le 12 (et qui va recommencer le lendemain), et s’est retiré sur Reus et La Selva, pour garder le contact avec l’armée « anglaise ».
A Tarragona, Maurice Mathieu apprend que les « Anglais » ne se sont par retirés complètement de Catalogne, mais se sont regroupés près de la passe de Balaguer. Il décide le 17 de prendre le risque énorme de se rapprocher d’eux jusqu’à Cambrills, pour prendre contact avec leurs avants-postes, et aussi de rentrer en contact avec Suchet, qu'il espère en contact proche, de l'autre côté de la passe de Balaguer.
Il marche ainsi sans le savoir dans un piège mortel, avec une armée de 15000 hommes en face de lui, alors que Suchet prépare son repli vers Valencia, et 6000 Espagnols dans son dos, en pleine communication avec les "Anglais", qui n’attendent qu’un léger revers pour lui interdire sa retraite.
Arrivé le 17 à Cambrils, n’ayant aucune pression sur son front, et pas plus de nouvelles de Suchet, le gouverneur de Barcelona décide d’en profiter pour rappeler le 1ro Ejército à la réalité, en essayant de les attraper dans la position avancée de Reus.
Il manque d’y arriver après une marche de nuit entre le 17 et le 18, mais Copons, informé au dernier moment par des paysans, réussi à s’échapper dans la montagne, et le général français, n’insistant pas, revient à Tarragona qu’il atteint le 18.
Copons proteste immédiatement auprès du commandant anglais de n'avoir pas été mis au courant que les Français marchaient contre lui, mais cette fois, je pense qu'il s'égare, je ne vois pas comment Murray aurait pu en avoir vent. Tout au plus aurait-il pu le prévenir qu'il s'éclipsait.
A Reus, Maurice Matthieu a reçu par un espion la première nouvelle de Suchet depuis une semaine, datée du 15 à Perello, indiquant que la perte du Fort de Balaguer l’empêchant de progresser pour la sauvegarde de Tarragona, et que ses troupes de Valencia étant attaquées, il recule vers ladite province. Cette missive est transmise à Decaen à Gerona, et Maurice Mathieu passe la journée du 19 à proximité de Tarragona.