1815. Siège et capitulation d'Auxonne

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1815. Siège et capitulation d'Auxonne

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Juil 2020, 13:42

J'échange actuellement avec Jean-Marc Boisnard sur le 7e RAP, qui fournit en 1815 les huit compagnies d'artillerie à pied dites "auxiliaires" rattachées à la Garde, et me suis donc intéressé à leur dépôt, situé à Auxonne, car je me souvenais que la ville avait été bloquée par les Autrichiens.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... texteImage

J'ai donc eu confirmation du fait, lequel explique le "flou" des documents établis par le Major Fantin, qui ne nous y avait pas habitués par la précision de ses correspondances antérieures avec Davout.

Déclarée en état de siège par décret impérial du 11 juin 1815, la ville fut effectivement cernée par les Autrichiens dès le 19 juin. Les événements de Belgique et la seconde abdication de Napoléon rendirent le trône de France à Louis XVIII, qui ordonna aux troupes françaises de cesser toute hostilité envers les armées alliées qui l'avaient "ramené dans leurs fourgons".

Le drapeau blanc, non de reddition mais royal des Bourbons, flotte donc sur Auxonne encore inviolée quand les Autrichiens prétendent l'occuper sous un faux prétexte... Ce qu'à bon droit les défenseurs refusent.

Le gigantesque "corps des sièges" de l'Archiduc Ferdinand, n'ayant alors que Huningue comme autre exutoire, se prépare à assiéger aussi Auxonne, bonne ville de son auguste "allié" le roi Louis XVIII, avec lequel l'Autriche n'est pas en guerre, puisque le seul ennemi officiel, Napoléon, n'est plus une menace.

En 1814 la ville avait résisté avec succès à l'envahisseur. En 1815 elle n'en a pas le droit, et donc laisse l'allié de son roi établir ses batteries au plus près des remparts sans s'y opposer.

Des messagers ont bien été dépêchés au Roi... qui ne les recevra pas. Le Ministre de la Guerre ne répondra pas non plus à cette simple question : la place doit-elle se défendre ou doit-elle se rendre ?
Le général Vignole, commandant militaire royal à Dijon reste aussi évasif... Laissant les défenseurs perplexes sur la conduite à tenir.

Les Autrichiens, toujours aussi lents, sont enfin prêts, et la nuit du 28 août quatre batteries de siège (canons tirés de Lyon et de Besançon !) ouvrent le feu, tandis qu'une colonne d'assaut tente une attaque surprise côté opposé.

Peut-être pas habitués à ce matériel "étranger" meilleur que l'autrichien, où maladroits, ou "les deux mon général", où encore situé trop près de la cible, toujours est-il que des boulets incendiaires passent par-dessus la ville et vont bouter le feu à une grange de l'autre côté...

Celui de l'attaque "surprise" qui, éclairée à giorno, n'en est plus une et tourne dès lors au fiasco sanglant, accablée sous la mitraille et la mousqueterie de remparts intacts. Six-cents Autrichiens seraient tombés (ce qui paraît beaucoup, mais ne gâchons pas notre plaisir).

Trois victimes côté Auxonne, un jeune homme sorti voir le feu d'artifice, une vieille dame réveillée par le bombardement, et tout-de-même un militaire qui s'était penché au rempart et fut tué par le vent d'un boulet de passage (peut-être un de ceux qui mirent le feu à la grange).

Les dégâts matériels occasionnés par les obus sont en revanche (façon de parler) considérables, et la menace de voir incendier la ville bien réelle. Le conseil de défense se réunit donc et, en l'absence de toute conduite à tenir, décide de capituler pour au moins préserver la ville et le matériel militaire considérable qu'elle contient et que la capitulation conserve au Roi, puisque les Autrichiens ne demandent que le "droit de passage".

Dont'acte. La garnison sort avec les honneurs de la guerre, armée et emmenant six pièces de campagne pour rejoindre l'Armée de la Loire. Les Autrichiens occupent la ville, et pilleront consciencieusement tout le matériel militaire considérable qu'elle contenait. C'était leur but véritable, comme le montre aussi après coup le fait que leur bombardement ne cibla aucune des infrastructures militaires, mais exclusivement la partie civile de la place.

Et après, coup de pied de l'âne, le pouvoir royal fit, en vertu des décrets impériaux relatifs, un procès aux trois membres du conseil de défense, dont le Major Fantin, pour n'avoir pas résisté autant qu'il était possible avant de capituler... Mais comme la responsabilité réelle de cette capitulation résidait dans l'absence totale de consignes, pourtant demandées en temps utile aux autorités supérieures et jusqu'au ministère même, on étouffa l'affaire et l'acquittement fut prononcé.

Ajoutons en conclusion que la capitulation, celle-là absolument fautive et inexcusable, de Soissons en 1814, non seulement ne motiva pas de procès, mais vit son coupable et responsable, le général Moreau, au lieu d'être fusillé, fait Chevalier de Saint-Louis par les Bourbons, qui savaient récompenser les services rendus à la cause royale.

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