DM=>JMB le 19/06/2020
Poursuivant mes investigations sur le 4e Grenadiers, je cherche à recouper les éléments disponibles.
Pierre Juhel* le donne parti de Paris le 6 juin 1815 pour l'armée, arrivé à Soissons le 8, prévu d'y séjourner le 9 et d'en repartir le 10.
Il était lors du départ de Paris fort de 29 officiers et 511 sous-officiers et soldats, soit 540 hommes.
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De l'île d'Elbe à Waterloo La Garde impériale pendant les Cent-Jours (1815),
Annecy-le-Vieux, 2009.
Le Rapport du 10 juin dit 27 officiers et 493 sous-officiers et soldats, soit 520 hommes.
La situation au 16 juin donne exactement les mêmes chiffres (alors que ce n'est pas le cas des autres régiments où cela change !).
Le travail de Jean-Marc Boisnard cite nommément 644 hommes ayant fait la campagne de Belgique* ! A donc supposer que 130 auront rejoint le régiment entre le 10 juin et le 18 juin. C'est en partie confirmé par le fait que ce ne sont pas 27 officiers qui sont nommés mais bien 35, au lieu encore des 36 calculés**. En manquerait au moins 1 (peut-être l'officier payeur dont le poste est bien stipulé ?).
* 1er Bataillon 310 h + 2e Bataillon 303 h + État-major 37 h, dont 6 officiers déjà compris dans les deux bataillons.
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** Officiers du 4e Grenadiers ayant fait la campagne de Belgique (ceux pour lesquels il n'est pas précisé ßlessé ou †ué sont rentrés indemnes).
Major-Colonel : le MdC Baron HARLET (ß mitraille)
AdC du général : les Lts Béraud et Lagarde
Chirurgiens : Taillefer ß, Ganot, Fondou ß
Lieutenant payeur : non nommé.
1er Bataillon : CdB Hurault ß (coup de feu = cdf), Cne AM Chicot ß (mitraille), Lt AM ...
2e Bataillon : CdB Lafargue †ué, Cne AM Paris, Lt AM Lafosse ß (cdf)
Chaque bataillon a quatre compagnies et chaque compagnie a 1 Capitaine, 1 Lieutenant et 1 Sous-Lieutenant, soit 24 officiers de plus.
Jean-Marc Boisnard les a trouvés presque tous, mais sans pouvoir les affecter précisément, sauf deux. Manquent donc 22 à "placer", or il n'a trouvé que 21 noms (chapeau quand-même !).
Il en manque donc 1, sans compter le Lieutenant en 1er officier payeur ai-je hasardé plus haut ?
Parmi ces 21 officiers nommés, il y a 8 Capitaines et 8 Lieutenants (comme le nombre de compagnies souligné-je) et 5 Sous-Lieutenants (il en manque 6 aux 8 compagnies).
Leur sort se partage comme suit : 1 †ué, 13 ßlessés (5 cdf, 1 sabré, 1 mitraille, + 6 causes non spécifiées), 6 des 8 capitaines seront atteints. En cumulant avec les officiers d'état-major et du service de santé donnés plus haut nous obtenons 24 officiers atteints (3 †ués, 8 ß cdf, 3 ß mitraille, 1 ß par sabre, 9 ß cause non spécifiée) pour 11 rentrés indemnes.
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Si donc, ce que je crois puisque nous avons les noms, le 4e Grenadiers est entré en campagne avec 644 hommes, y compris 36 officiers dont 24 seront atteints, il devient intéressant de recouper la chose par les éléments que j'ai pu glaner en amont comme en aval.
Du 23 au 26 juin Soult rallie les forces ayant lutté à Waterloo et le 4e Grenadiers aligne alors 19 officiers et 81 soldats, total 100 h. Le 3e Grenadiers y aligne 19 officiers et 182 soldats, total 201 hommes, et donc les deux régiments réunis 38 officiers et 263 soldats, total 301 h. Ils avaient ensemble "officiellement" le 16 juin 61 officiers et 1.623 hommes, mais si l'on souscrit au travail de Jean-Marc Boisnard le 4e Grenadiers alignait 9 officiers et 114 hommes de plus, total final 70 officiers et 1.737 hommes.
Pourquoi ai-je réuni ces deux régiments dans cette approche ? Parce-que la réorganisation qui prendra place à Paris début juillet va dissoudre le 4e Grenadiers et le verser dans le 3e Grenadiers.
Partant je ne peux (tenter de) déterminer leurs pertes que regroupées (au demeurant ils furent "voisins de malheur" sur le champ de bataille). Si donc maintenant nous considérons la situation du 3e Grenadiers au 2 juillet 1815, nous trouvons 32 officiers et 598 soldats, total 630 h, déterminant un "manque" de 38 officiers et 1.107 soldats, total 1.145 hommes qui donnent une idée de la terrible "punition" endurée à Waterloo par ces régiments...
Qui fut sans doute pire encore car il ne faut pas oublier que les chiffres du 2 juillet tiennent forcément compte des troupes ayant pu renforcer les régiments dans l'intervalle, et notamment leurs compagnies de dépôt qui étaient restées à Paris. Je précise aussi que les phénomènes de désertion n'ont pris un caractère de "masse" qu'après "la non-bataille de Paris"* le 3 juillet 1815, une fois les soldats assurés qu'il n'auraient plus l'occasion de se battre.
* Celle que les Français auraient gagnée, raison pour laquelle Fouché fit en sorte de ne pas laisser Davout la livrer, ce qui aurait assurément constitué une plus digne conclusion à l'épopée impériale que Rocquencourt qui en serait devenu le bon augure.
Ceux qui seraient intéressés par l'"État d'esprits des soldats français après la non-bataille de Paris" du 3 juillet 1815 pourront trouver des éléments dans mes commentaires relatifs donnés dans le cadre de "Paris 2015 à Lyon", notre remake du cru. Voir le message du 19/11/2015, ici :
viewtopic.php?f=12&t=1461&p=10033#p10033Vous y verrez sa conclusion avec le départ de l'armée de Paris pour le sud de la Loire, les 5 et 6 juillet 1815, soit précisément la date de désertions "massives".
Diégo Mané