Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Mai 2020, 09:41

Sur les traces du Chef d’Escadron Savarin, artillerie de la Garde 1801-1815

Je suis pressenti par le descendant d’un officier de l’artillerie de la Garde.

Voici sa requête :

    «Bonjour Diégo,

Merci pour votre partage sur Planète Napoléon.

Pourriez-vous m’éclairer sur le parcours dans l’artillerie à cheval de mon ancêtre « Joseph » Marie SAVARIN ?

Notamment avec des recommandations en termes de sites internet (notamment sur le votre), livres, films… 

     Merci d’avance pour votre aide»

-------------------

D’après son dossier de Légion d'Honneur
 
http://www2.culture.gouv.fr/LH/LH260/PG ... 05V001.htm
 
et son mariage. 

Né le 18 février 1777 - Paroisse St-Benoît, Paris, Ile-de-France, France

Mentionné dans l'Escadron de hussards, gardes du général en chef de l'armée d'Italie, An VII-an XII [1799-1804] 
 
1792 le 18 mars (à 15 ans !) – 18ème Régiment d'infanterie de Ligne – Armée du Nord
1796 le 22 septembre – 7ème Régiment d'Artillerie à cheval – Armée du Nord
1797 à 1801 – Armée du Rhin
1801 le 6 juin– admis à la Garde – Armée du Rhin

Pas de campagne entre 1802 et 1804 ?

? - Fourrier – ?

1803 le 21 mai – promu Maréchal des Logis
1805 le 18 septembre – 2ème Lieutenant - Grande Armée Allemagne
1806 – Prusse
1807 – Pologne
1808 le 27 août –1er Lieutenant - Espagne
1809 – Grande Armée Allemagne
1810 le 12 juillet – Capitaine  - Grande Armée Allemagne
1811 – Espagne
1812 le 20 février – mariage - Capitaine en second de la première compagnie de l'artillerie à pied de la garde impériale en garnison à la Fère
1812 – Russie
1813 le 19 mars – Chef d'Escadron, Capitaine commandant la 3ème Compagnie de l’artillerie à cheval de la Garde Impériale – Allemagne
1814 le 12 mai - Nord
Passé (= retraité ?)

Décédé le 7 mars 1831 - La Fère, 02304, Aisne, Picardie, France, à l'âge de 54 ans
MANÉ Diégo
 
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Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Mai 2020, 09:49

Bonjour,

Vous avez un ancêtre bien intéressant, et si je peux vous éclairer sur son parcours ce sera avec plaisir !

Déjà je vous donne les liens pour les articles présents sur Planète Napoléon et ayant un rapport avec votre quête :

http://www.planete-napoleon.com/docs/NDL2.Boulart.pdf

http://www.planete-napoleon.com/docs/BOSC.Lettres.pdf

http://www.planete-napoleon.com/docs/Ar ... _Garde.pdf

Pour les trois "?" que vous posez dans ses états de services voici ce que je peux dire :

1. Fourrier ?
A supposer "caporal-fourrier" puisque sa promotion suivante le nomme "Maréchal-des-Logis", soit Sergent, et que "sergent-fourrier" est encore plus "haut" dans la hiérarchie.

Le caporal-fourrier est le premier caporal (ayant rang sur les autres). Il est attaché à une section pour laquelle il est chargé de toutes les distributions sous l'autorité d'un lieutenant ou sous-lieutenant de sa compagnie.

2. Pas de campagnes entre 1802 et 1804 ?
Non, en effet, c'était alors "la paix" qui sépara les" guerres de la Révolution" des "guerres de l'Empire".

3. "Passé..." ?
Non, ce ne fut pas encore la retraite car le libellé complet, qui s'étale sur deux colonnes, dit en entier "Passé le 12 mai 1814 au 2e régiment d'artillerie à cheval", où il devait encore servir le 7 août 1816, date du document, qui sans cela l'aurait alors mentionné.

Ledit document n'indique aucune campagne pour 1815, ce qui permet de supposer que comme beaucoup d'autres notre officier ne la fit pas.

Cordialement,

Diégo Mané
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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Mai 2020, 10:31

Je viens d'en découvrir une de pas ordinaire et ne résiste pas à vous en entretenir séance tenante car elle prouve, une fois de plus, que les pièces les plus historiques sont toujours à considérer du point de vue de leur époque et non de la nôtre.

Soit donc le document communiqué par mon correspondant, le descendant du CdE Savarin, et sur lequel je me basais pour dire dans le message précédent :

"Il ne mentionne aucune campagne pour 1815, ce qui permet de supposer que comme beaucoup d'autres notre officier ne la fit pas."

Or, ayant jeté un coup d'oeil rapide sur le Martinien, à la recherche de la mention d'une éventuelle blessure de notre homme, je ne l'y trouvais pas entre 1805 et 1814... Mais, vous me connaissez, je me suis laissé entraîner à lire dans la foulée les noms des braves atteints en 1815, et là, surprise, alors que je ne le cherchais plus, je l'y trouve indiqué, en bonne compagnie, à Waterloo le 18 juin :

DUBUARD-MARIN, col., B.
SAVARIN, capit. B.
MANCEL, capit. B.

Ne pas s'étonner du grade indiqué.
Savarin était bien Chef d'Escadron, mais tenait dans la Garde le rang d'un capitaine.

Maintenant, pourquoi la campagne de 1815 n'est pas indiquée dans le document du "Corps Royal de l'Artillerie" en 1816 ? Eh bien je ne vois qu'une hypothèse binaire.

1. Nous sommes alors en pleine "terreur blanche", et les autorités en place ont eu la volonté farouche d'effacer toute trace des Cent jours, qui n'ont donc pas existé et ne comptent pas, tout simplement.

2. Moins probable mais possible, notre officier, ayant pris le sens du vent, a sagement omis de préciser sa participation auxdits Cent jours, et chaos administratif aidant, elle passa inaperçue.

Mais bon, ce ne sont là que des hypothèses, et si quelqu'un en a de plus solides je suis preneur.

Quoi qu'il en soit je puis désormais avouer que j'ai toujours une sorte de déception rentrée, de sentiment d'inachevé, quand je constate qu'un officier d'Empire s'est "abstenu" de participer en 1815, surtout s'agissant d'un officier de la Garde, et qui plus est de l'artillerie (mon arme).

Je suis donc content que notre rôle-titre ait tenu le sien à Waterloo, ce qui permettra à mon correspondant d'apprécier en rapport étroit un article relatif à l'artillerie à cette bataille dont je vous gratifierai bientôt. L'artillerie de la Garde y tint son rang prestigieux, et ce sont des pièces de son artillerie à cheval qui tirèrent les derniers boulets, peut-être même, qui sait, la batterie de Savarin ?

Diégo Mané
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Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 24 Mai 2020, 09:20

Sur les traces du CdE SAVARIN, Artillerie à Cheval de la Garde

Je commence un suivi des affectations de Savarin en les reliant aux OBs et renseignements disponibles.

-------------

1805/09/18 : 2d Lieutenant, fait les campagnes de 1805, 1806 et 1807.

Peu de pertes d’officiers dans le Martinien ; le CdE Greiner ß le 02/12/1805 à Austerlitz,
le lieutenant Rieussec † et le Capitaine Dubuard-Marin ß à Eylau le 08/02/1807, enfin le Lieutenant Allavène (qui en manqua !) le 10/07/1807 à Heilsberg.

Je trouve effectivement dans mes OBs les éléments suivants :

Au 23 septembre 1805 au passage du Rhin

Artillerie de la Garde Impériale, 494 h, 24 pièces
Artilleurs, 286 h
1e Cie ARC Garde, 8 pièces
2e Cie ARC de la Garde, 8 pièces
Cie ARC Garde Italienne, 8 pièces
Train d'Artillerie, 181 h
Ambulance volante (de Larrey), 27 h
Matériel d'Artillerie : chacune des trois compagnies ci-dessus sert 4 x 8£ + 2 x 4£ + 2 Obusiers.

------------------------

Au 2 décembre 1805 à Austerlitz

Artillerie attachée à la Garde : GB Couin, 677 h, 24 Pièces
ARC Garde (6 x 8£ + 4 x 4 £+2 0b.) 12 pièces (Cel Doguereau)
ARC Garde Italie (3x8£+2x4+1 0b.), 6 pièces
ARC de Ligne (4 x 4 £ + 2 0b.), 6 pièces
ARP de Ligne (6 x 12 £)*, 6 pièces
Train d'Artillerie, 379 h
Marins de la Garde, 1 Cie, 120 h
Seraient sur le Santon sous Sénarmont... Où bien en arrière avec le Grand Parc d'Artillerie.

------------------------

Au 1er octobre 1806 avant la campagne de Prusse

Artillerie attachée à la Garde : GB Couin, 712 h, 36 pièces
Artillerie et Train de la Garde, 24 pièces *, 625 h
Dét. 1er RAC (45 h), Dét. 6e RAC (42 h), 12 pièces *, 87 h
(composition au 01/11 : 20 x 8 £ + 14 x 4 £ + 8 0busiers de 6)

L’artillerie de ligne ci-dessus sera engagée à Iéna le 14 octobre, mais pas celle de la Garde.

-------------------------

Au 11 novembre 1806 en Pologne

Artillerie attachée à la Garde, GB Couin, 36 pièces, 630 h
4 Cies d'ARC de la Garde (12 can. de 8, 8 de 4, 4 ob. de 6)
2 Cies d'ARC de la Ligne (6 can. de 8, 4 de 4, 2 ob. de 6)
Marins de la Garde, 1 compagnie, 103 h

--------------------------

Le 8 février 1807 à Eylau

Artillerie attachée à la Garde, GB Couin, 36 pièces, 500 h
4 Cies d'ARC de la Garde (12 can. de 8, 8 de 4, 4 ob. de 6)
2 Cies d'ARC de la Ligne (6 can. de 8, 4 de 4, 2 ob. de 6)

--------------------------

Au 1er avril 1807

Artillerie et Génie attachés à la Garde, GB Couin, 842 h, 36 pièces*
6 canons de 12, 12 canons de 8, 10 canons de 4 et 8 Obusiers de 6.

--------------------------

Au 1er juin 1807

Artillerie et Génie attachés à la Garde, GB Couin, 1.090 h, 36 pièces*
4 Cies d'ARC de la Garde, 2 Cies d'ARC de la Ligne
6 canons de 12, 12 canons de 8, 10 canons de 4 et 8 Obusiers de 6.

-------------------------

Le 10 juin 1807 à Heilsberg, accompagnant le détachement du GB Roussel †

Artillerie de la Garde, Chef d'Escadron Greiner (évaluation), 400 h
2 Compagnies d'Artillerie à Cheval, 12 pièces de 8

-------------------------

À suivre...

Diégo Mané
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Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 28 Mai 2020, 20:14

Un membre de notre lectorat attentif nous apporte ses lumières sur notre rôle titre.

L'éclairage est puissant, vous le constaterez à la lecture. Malgré tout des zones d'ombre persistent et, comme d'habitude, certaines réponses entraînent d'autres questions, que j'ai bien sûr posées à notre érudit. Je vous ferai profiter de cet intéressant échange qui s'avère déjà très enrichissant, au-delà de la personnalité de Savarin, pour la perception de bien des détails qui me permettent dores et déjà d'améliorer mes articles en cours sur l'artillerie française à Waterloo et mes OBs du même métal.

------------------

‌Bonjour Monsieur Mané,

Je viens de voir sur votre site qu'un des descendants du capitaine en second (grade de la Garde Impériale en 1815) Savarin recherchait des renseignements sur son ancêtre. En voici donc avec mes sources :

Capitaine en second
Joseph Marie SAVARIN
Né le 18/02/1777 à Paris (Seine), fils de Pierre Philippe et de Marie Cécile Lambert
Mort le 07/03/1831 à La-Fère (Aisne)

Il entre au service comme soldat au 1er bataillon du 18ème d'Infanterie ci-devant Royal-Auvergne Infanterie le 15/03/1792 et fait les campagnes de 1792 à l'an IV à l'armée du Nord. Son bataillon est incorporé dans la 35ème demi-brigade de Bataille le 30 thermidor an II (17/08/1794) à Bruxelles, elle même intégrée dans la 106ème demi-brigade de Ligne le 23 pluviôse an IV (12/02/1796) à Deux-Ponts. Admis au 7ème d'Artillerie à cheval le 1er vendémiaire an V (22/09/1796), il participe aux campagnes de l'an V à l'an IX à l'armée du Rhin. Incorporé comme second canonnier dans la 1ère Cie d'Artillerie à cheval de la Garde des Consuls le 17 prairial an IX (06/06/1801), il devient brigadier-fourrier le 28 floréal an X (18/05/1802) et maréchal-des-logis le 1er prairial an XI (21/05/1803).

Promu lieutenant en second le 4ème jour complémentaire an XIII (21/09/1805) après avoir reçu la croix de Membre de la Légion d'honneur le 13 thermidor précédent (01/08), il sert à la Grande Armée pour la campagne d'Autriche de l'an XIV et fait celles de Prusse de fin 1806 et de Pologne l'année suivante, étant lieutenant en second sous-adjudant-major s'occupant des fourrages le 28/03/1807.

Promu lieutenant en premier le 27/08/1808 à la 3ème Cie d'Artillerie à pied de la Garde, il fait partie du détachement de la Maison Impériale qui part pour l'Espagne et revient en Allemagne en 1809 pour la guerre contre l'Autriche. Resté en Allemagne en 1810, il est nommé capitaine en second dans la Ligne le 12/07 et passe capitaine en second dans l'Artillerie à cheval de la Garde le 06/05/1811, rejoignant l'armée d'Espagne cette dernière année.

Rappelé à la Grande Armée pour la campagne de Russie de 1812, il revient de la terrible retraite de Moscou et passe chef d'escadron dans la Ligne, capitaine commandant la 3ème Cie d'Artillerie à cheval le 19/03/1813 à l'âge de 36 ans et après 21 ans de services. Il obtient la croix d'Officier de la Légion d'honneur le 16/05 suivant et sert en Saxe puis à l'Armée du Nord du Comte Maison qui couvre la Belgique en 1814. A la première Restauration, il est incorporé comme chef d'escadron au 2ème d'Artillerie à cheval le 12/05/1814.

Aux Cent-Jours, il est rappelé comme capitaine en second à la 1ère Cie d'Artillerie à cheval de la Garde probablement pour remplacer le capitaine Deniset envoyé à l'état-major général et il fera la campagne de Belgique de juin 1815, étant blessé par un coup de boulet au genou gauche le 18/06 à la bataille de Mont-Saint-Jean. A la seconde Restauration, il sera licencié et placé en non-activité puis retraité le 25/12/1815.

(d'après La base Léonore du Ministère de la Culture,
Périodique ABN N°82 et N°110,
Bulletin des Lois du Royaume de France-IXe série-IIe Partie-IIe section-Tome IV-1834-page 130,
N° matricule 204 du GR 20 YC 183-page 211,
cité dans le Registre XAB74-Artillerie de la Garde,
Tableau par Corps et par batailles des officiers tués...-Martinien-page 107, https://gw.geneanet.org/gautlang?n=sava ... seph+marie)



En plus des registres des officiers des différents Corps, une source qui s'avère intéressante est celle des archives administratives (côte XAB au SHD de Vincennes) qui comprend la comptabilité des soldats présents et ceux restants après la campagne de Belgique.

Je pense, intuitivement, que cette comptabilité est au plus près de la "réalité"des contrôles de troupes car il s'agit ici de "gros sous" (qui l'on doit payer et combien) et qu'on ne badine pas avec l'argent quand on en a peu...

Une autre remarque : pour avoir défriché pas mal de dossiers individuels d'officiers, sous-officiers et soldats dans la période des Cent-Jours, plus on monte en grade et en qualification et moins les officiers déclarent la campagne de 1815 comme faite. Ainsi, très peu de commissaires des guerres et d'inspecteurs aux revues, peu d'officiers du Génie et de l'Artillerie ont mentionné "1815" dans leurs états de service "publics".
Plusieurs possibilités à cela : terreur blanche, se faire oublier du pouvoir royal, ça ne set à rien de mentionner la campagne puisqu'elle ne rapporte rien (jusqu'en 1830^^)...

Cordialement
JM Boisnard
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Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 01 Juin 2020, 12:41

Le message de Jean-Marc Boisnard donné ci-dessus a débuté d'intéressants échanges entre nous, que je vous communique avec son accord.

----------------
DM=>JMB

Bonsoir Jean-Marc,

Déjà je vous remercie pour les renseignements communiqués. Ils apportent en effet une plus-value par rapport à ce que connaît "l'inventeur" (celui qui a motivé ce post).

... / ...

Quoi qu'il en soit je suis heureux d'échanger avec vous et pointe quelques détails dissonants entre nos divers éléments, des fois que vous puissiez donner le la.

... / ...

Cordialement,

Diégo Mané

-----------------

Extraits pertinents (ceux tirés du message précédent et ayant amené un commentaire de ma part).

‌JMB :
Je viens de voir sur votre site qu'un des descendants du capitaine en second (grade de la Garde Impériale)

DM : Savarin semble avoir été Chef d'Escadron, faisant fonction de Capitaine dans la Garde (ce qui "colle bien" avec le décret impérial de 1813).

J'ai vu différencier de manière très récurrente dans l'Artillerie à pied de la Garde le "Capitaine en second" du "Capitaine commandant".

A supposer qu'il existait la même chose dans l'Artillerie à cheval, et pourtant je trouve bien dans mes OBs pour 1813 et 1814 (messages encore à venir) Savarin mentionné comme capitaine (au commandement donc) de la 3e cie d'ARC de la Garde. N'est-ce pas cela un "capitaine commandant" ?

---------------

JMB .../... il sert à la Grande Armée pour la campagne d'Autriche de l'an XIV et fait celles de Prusse de fin 1806 et de Pologne l'année suivante, étant lieutenant en second sous-adjudant-major s'occupant des fourrages le 28/03/1807.

DM : Il n'a donc pas "commandé" de pièces au feu durant cette période.

---------------

JMB : Promu lieutenant en premier le 27/08/1808 à la 3ème Cie d'Artillerie à pied de la Garde,

DM : Il y a là novation par rapport a ce que nous avions, le rôle-titre étant selon ce que dessus passé dans l'ARP, ce qui change ce que j'allais mel au titre de l'ARC !

--------------

JMB : .../... il fait partie du détachement de la Maison Impériale qui part pour l'Espagne et revient en Allemagne en 1809 pour la guerre contre l'Autriche.

DM : "Maison Impériale" sonne comme une étiquette de "cour"... Là non plus pas de rôle "tactique" sur le terrain ?

--------------

JMB : Resté en Allemagne en 1810, il est nommé capitaine en second dans la Ligne le 12/07 et passe capitaine en second dans l'Artillerie à cheval de la Garde le 06/05/1811, rejoignant l'armée d'Espagne cette dernière année.

DM : Retour dans l'ARC, mais quand précisément en Espagne ? Ce qui conditionne son éventuelle participation aux événements.

--------------

JMB : Rappelé à la Grande Armée pour la campagne de Russie de 1812,

DM : Comme toute l'artillerie de la Garde, certes... Mais je ne le trouve mentionné nulle part dans l'ARP où je l'ai cherché car il était donné à la 1° Cie de l'ARP Garde.

Alors s'il relève de l'ARC cela change aussi ce que j'allais mel au titre de l'ARP, ce qui est dommage car j'ai de la matière, bien plus que pour l'ARC, mais bon !

--------------

JMB : il revient de la terrible retraite de Moscou et passe chef d'escadron dans la Ligne, capitaine commandant la 3ème Cie d'Artillerie à cheval le 19/03/1813 à l'âge de 36 ans et après 21 ans de services.

DM : Là vous le donnez bien comme "capitaine commandant" (ce qui colle avec ce que j'ai dans mes OBs) et non "capitaine en second" comme dans votre intro. Quid ?

--------------

JMB : Aux Cent-Jours, il est rappelé comme capitaine en second...

DM : Il ne serait donc plus "capitaine commandant" ?


JMB : ... à la 1ère Cie d'Artillerie à cheval de la Garde

DM : Là c'est intéressant car, ayant été blessé comme Marin et Mancel, je l'avais supposé avec eux aux 3e et 4e Cies (il est vrai ayant supposé auparavant que Duchand avait emmené les 1° et 2° (la 1ère Division ?) renforcer/remplacer (en partie) la Grande batterie (alors dispersée par la cavalerie anglaise). Si vous en savez plus sur ces "affectations internes" cela serait à propos (je suspend en rapport la publication d'un article relatif sur l'artillerie française à Waterloo).

-------------

DM : La blessure de Marin d'un coup de sabre le situe atteint en fin de bataille. Mancel est "mis en scène" (par Marcel Dupont d'après de Pontécoulant) dans la seconde division engagée, celle commandée par Marin.

En revanche si Savarin fut blessé par un boulet, il peut, effectivement, l'avoir été à tout moment. Il redevient intéressant de savoir la composition des deux divisions de deux Cies engagées sous Duchand puis Marin. J'avais considéré 1° et 2° Cies sous Duchand, puis 3° et 4° sous Marin, mais quid ?

-------------

JMB : A la seconde Restauration, il sera licencié et placé en non-activité puis retraité le 25/12/1815

DM : OK. Il n'était donc plus en activité en 1816 bien que le document relatif ne le dise pas.

-------------

A suivre...

les réponses à mes questions DM par JMB... mes nouvelles questions, ses nouvelles réponses..., etc..., le tout faisant bien avancer non seulement l'appréciation du parcours de Savarin, mais aussi celle des événements auxquels il a participé, et surtout leur dramatique conclusion.

J'ai toujours aimé "trouver à qui parler", là je suis servi et vous en fais profiter.

A très bientôt !

Diégo Mané
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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 08 Juin 2020, 17:31

Suivi des promotions et postes de Savarin sous l’Empire

Les éléments en «maigre» sont tirés de la contribution de JMBoisnard.
Les éléments en «gras» sont ceux de «l’inventeur» lorsqu’ils diffèrent.

-------------

Est ARC
(depuis 1796, et «de la Garde» depuis 1801)

21/09/1805 : Promu lieutenant en second, fait les campagnes de 1805 à 1807 étant lieutenant en second sous-adjudant-major s'occupant des fourrages le 28/03/1807.

------------

Passe ARP

27/08/1808 : Promu lieutenant en premier à la 3ème Cie d'Artillerie à pied de la Garde,
il fait partie du détachement de la Garde qui part pour l'Espagne.

1809 : revient en Allemagne pour la guerre contre l'Autriche.

12/07/1810 : Promu capitaine en 2d dans la ligne. Resté en Allemagne en 1810.

---------------

Repasse ARC

06/05/1811 : Nommé capitaine en 2d dans l’artillerie à cheval de la Garde,
rejoignant l'Armée d'Espagne cette dernière année.

---------------

Repasse ARP

20/02/1812 : Mariage. Nommé capitaine en 2d de la 1ère Cie d’ARPG à La Fère,
il aurait fait la campagne de Russie
*

* Ajout DM : Mais sûrement pas dans ce poste-là car j'ai le détail de toutes les nominations relatives au fil de la campagne et Savarin n'y figure pas. Soit, selon moi, il sera resté "garder la boutique" de La Fère (il en fallait bien) en considération de son récent mariage, soit selon JMB, il a pu faire la campagne dans un autre poste (et il y en avait) qu'affecté à une batterie de tir.

-------------

Repasse définitivement ARC

19/03/1813 : Promu chef d’escadron, nommé capitaine commandant la 3e Cie d’ARCG.

1814 : Armée du Nord avec sa Cie.

12/05/1814 : Chef d’escadron au 2e d’Artillerie à cheval de la ligne.

1815 : «rétrogradé» Capitaine en 2d de la 1ère Cie d’ARCG, campagne de Belgique.

La "rétrogradation" ci-dessus n'est pas une "punition". Simplement la place aura été "soufflée" par plus rapide que lui à se rallier, même moins ancien en grade. Je donnerai un exemple plus que révélateur plus loin.
Il se trouve tout-de-même, étant à la 1ère Cie, être le premier des faisant fonction de capitaines en 2e, et donc le prochain à "monter" en fonction sinon en grade... En cas de victoire !

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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 10 Juin 2020, 12:48

Voici, communiqué par Jean-Marc Boisnard, un état donnant, entre autres, les officiers de l'artillerie à cheval de la Garde début avril 1815.

Image

Savarin n'y figure pas encore, preuve qu'il n'a pas encore "rallié" le régiment, raison pour laquelle un autre moins ancien que lui aura la place qui lui revenait.

C'est parfaitement illustré en tête de liste de l'artillerie à cheval, entre deux arrivés placés, mais dans le désordre par rapport à leur ancienneté.

Le Major Duchand, pas encore nommé colonel, est titularisé Major du régiment (soit son chef sur le terrain), et le colonel (et Major du régiment depuis 1809) Dubuard-Marin, qui escomptait le poste mais est arrivé plus tard malgré lui*, se trouve "rétrogradé" à la fonction de Chef d'Escadron...

* La chance pour Duchand voulut qu'il soit en poste à Valence lors du retour de l'Empereur, et soit à même de le rejoindre à Grenoble, devançant son ex-supérieur et futur subordonné Dubuard-Marin, alors dans ses foyers où les Bourbons l'avaient mis à la retraite "surveillée".

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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 22 Juin 2020, 18:03

Je reprends le fil des affectations de Savarin.

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1808/08/27 : Savarin est nommé 1er Lieutenant à la 3e Cie d’ARP de la Garde.

Cette artillerie, nouvellement formée par décret du 12 avril 1808, le fut en partie par la dissolution des deux compagnies de vélites de l’ARC de la Garde et par des prélèvements dans la ligne. Elle fut rapidement concernée par les événements d’Espagne où l’Empereur l’envoya en entier.

Les 3e et 4e Cies ne partirent de La Fère que le 28 octobre 1808, servant 12 pièces de 6, et ne rejoignirent l’Empereur qu’après la prise de Madrid où elles se réunirent aux deux autres Cies.

Au 1er Janvier 1809 la 3e Cie d’ARP de la Garde est ainsi commandée :
Capitaine commandant Lallemand, Capitaine en 2d Framery, Lt en 1er Savarin, Lt en 2d Dumont.

Litre* donne un «Portrait de l’artilleur à pied de la Garde» que je trouve intéressant, d’autant qu’il y ajoute celui de l’artilleur à cheval, et comme Savarin a été les deux je trouve à propos de le donner.

* LITRE E., Les régiments d'artillerie à pied de la Garde, Paris, 1895.

«L’artilleur à pied était grand et sec, il avait le dos légèrement voûté, comme tous les hommes qui se livrent à des manoeuvres de force. Sa figure était aussi sévère que son uniforme. Il parlait peu, et son air méditatif, bien qu’il ne fut que simple soldat, faisait deviner qu’il appartenait à une arme savante, à un corps spécial, que Napoléon, dans ses préférences plus ou moins motivées, plaçait au-dessus de tous les autres, sans en excepter même celui du génie. En voyant l’artilleur de la Vieille-Garde, on eut dit que ses cheveux et son visage avaient été noircis par la fumée du canon. Sa démarche était un peu pesante et de ce côté il était loin de ressembler à son frère d’armes, l’artilleur à cheval.

Celui-ci, sous plus d’un rapport, réunissait le type du chasseur à cheval dont il portait l’uniforme, moins la couleur. Il était alerte dans ses mouvements et semblait ne pouvoir tenir en place. Hors du service, ce n’était plus le même homme ; dès qu’il ne voyait plus ses pièces, il semblait triste ; il ne savait pas jouir des plaisirs de la garnison ; il lui fallait les fatigues et le bruit de la vie des camps. Il avait cela de commun avec l’artilleur à pied.»

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A suivre ... / ...
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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Juil 2020, 15:10

1809 : Le 15 février 1809 ordre est donné de Paris de rapatrier toute la Garde.
La 2e Division d’ARP de la Garde (3e et 4e Cies) suit à quinze jours de distance la 1ère Division, partie de Valladolid le 6 mars, arrivée à Bayonne le 20 mars, et à Paris le 20 avril.

Elle manquera bien évidemment la première partie de la campagne d'Allemagne et l’échec impérial d’Essling.
Mais elle sera présente pour la conclusion de Wagram les 5 et 6 juillet 1809 où la 3e Cie devait être commandée par : Cne cdt Pion*, Cne en 2d Perret, Lt en 1er Savarin, Lt en 2d Dumont.

Voir les souvenirs de Pion qui disent qu’il ne fit pas la campagne, étant affecté à La Fère.
Pion des Loches, Colonel d’artillerie, «Mes campagnes (1792-1815)», Paris, 1889.
C’est donc probablement le Capitaine en 2d Perret qui commandera la 3e Cie à Wagram.

Les 3e et 4e Cie étaient dotées chacune de 6 canons de 12 et formaient la «réserve», menée par le Colonel Major Drouot en personne. Elle subira moins de pertes que les autres car, hardiment avancée à demi portée par le Cdt Marin dont c’était l’habitude, les boulets ennemis lui passaient par-dessus. Elle ne perdra que 6 tués... (j’ai les noms !) sur les plus de 38.000 victimes du jour !

Elle participa à la fameuse «batterie de cent canons» qui joua un grand rôle en appuyant l’attaque de la non moins fameuse «colonne Macdonald» à qui beaucoup attribuent à tort la victoire. Cette dernière revient d’abord à Napoléon, ensuite à Davout, enfin à Masséna... et bien sûr à l’artillerie !

voir mes articles sur Boulart et sur la colonne Macdonald

http://www.planete-napoleon.com/docs/NDL2.Boulart.pdf

http://www.planete-napoleon.com/docs/La ... donald.pdf

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Extraits pertinents du Litre :

pp 64 et 65.
«Les batteries de 12 du commandant Marin se dirigent sur Aderklaa ; elles déploient la colonne serrée dès qu’elles ont dépassé notre ligne, puis, s’avançant au grand trot jusqu’à la moitié de la distance qui la sépare de la ligne ennemie*, elles s’arrêtent en batterie et commencent à tirer avec la plus grande énergie. L’ennemi, dont les pièces présentent un front double du nôtre, riposte vivement, mais ses premiers coups ne nous font aucun mal.

«Jamais, dit le commandant Marin, je ne me mis en batterie aussi près de l’ennemi, et je n’ai jamais perdu moins de monde qu’à Wagram. Tous les boulets nous passaient par-dessus la tête*».

Pas tous car il y eut tout-de-même 6 tués ou blessés morts de leurs blessures à la 3e Cie et 10 tués ou blessés morts de leurs blessures à la 4e Cie, plus un onzième, amputé et mis à la retraite.

* C’était la tactique familière du commandant Marin, celle qui lui avait si bien réussi à Aboukir, à Montebello, et qui avait fait sa fortune (mais qui ne marchera pas à Waterloo à cause des Rifles).

Les autres batteries auront beaucoup moins de chance, puisque au total l’artillerie de la Garde a perdu à Wagram 277 h (127 aux 6 Cies d’ARP pour 150 aux 4 Cies d’ARC qui ont le plus souffert).

Voir à ce propos mes commentaires à la fin de l’article ci-dessous

http://www.planete-napoleon.com/docs/BOSC.Lettres.pdf

«Bientôt, la supériorité du calibres de nos pièces, la justesse de leur tir, l’activité et le dévouement de nos servants nous donnent l’avantage ; le moral de nos canonniers s’exalte à la vue de l’affaiblissement graduel des feux des batteries autrichiennes d’Aderklaa, qui finissent par être abandonnées.»

Plus tard la réserve de 12 soutient par son feu la progression de la colonne Macdonald, et en fin de bataille elle reporte son tir sur les hauteurs de Wagram, favorisant leur prise par le corps d’Oudinot.

Au 16 juillet 1809, la 3e Cie passe sous le commandement du Cne Framery. Elle compte 3 officiers et 64 h, 7 chevaux d’officiers. Elle forme toujours division (CdB Cottin) avec la 4e Cie (Cne Herlet).

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Girbal a magistralement illustré un épisode célèbre de la bataille, celui où Napoléon envoya des volontaires de l’infanterie de la Vieille Garde remplacer les canonniers perdus par l’artillerie.

Image

Hourtoulle nous le commente dans son "Soldats et uniformes du Premier Empire", Paris, 2004 : «Nous avons représenté... cet épisode. Le chasseur à pied qui joue le rôle de canonnier de droite a existé et a été cité. Il s’appelait Depoid et il servait la 6e pièce de 12. Sa citation figure à la Légion d’Honneur... L’officier à cheval... peut figurer Drouot.»

Ajoutons que cette magnifique illustration constitue une sacrée chance pour notre «inventeur» que de voir ainsi mise en scène une des six pièces de la compagnie où officiait précisément son ancêtre.

À suivre...

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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 10 Aoû 2020, 14:40

Je poursuis le cursus de Savarin après Wagram 1809, où nous l'avions laissé Lieutenant en 1er à la 3e Cie d'artillerie à pied de la Garde.
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1810 : l’Empereur ayant le projet de retourner personnellement en Espagne fait revenir d’Autriche l’artillerie de la Garde. Le régiment à pied se rend d’abord à Vincennes, puis Orléans et cantonne dans les environs... Mais bientôt, le mariage de l’Empereur étant prévu avec l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, la Garde est ramenée à Paris pour paraître «dans le plus brillant équipage». C’est à cette occasion que le régiment est doté du bonnet d’oursin en remplacement des shakos portés jusque-là.

1810/07/12 : 2d Capitaine dans la ligne (en pratique reste 1er Lt dans la Garde).

1811/05/06 : 2d Capitaine dans l’ARC Garde, serait alors retourné en Espagne.

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Au 15/09/1811, à l’Armée du Nord (Espagne)
Artillerie à Cheval : Colonel Marin, 334 h
2 Cies d'Artillerie à Cheval de la Garde, 12 pièces, 154 h
Train d'Artillerie (évalué), 2 compagnies, 180 h

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1811 : Vers la fin d'octobre 1811, l'Artillerie à Cheval reçut l'ordre de rentrer en France dès qu'elle aura été remplacée à Valladolid par des formations de la Ligne.

1812 : Le 1er janvier 1812, les compagnies d'Artillerie à Cheval avaient été rapatriées d’Espagne.
On n'en trouve en effet plus mention dans l'OB au 15/01/1812.

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1812/02/20 : Mariage - 2d Capitaine à la 1ère Cie d’artillerie à pied de la Garde à La Fère.

En principe le passage de l’artillerie à cheval dans l’artillerie à pied était un «sacrifice» consenti à un avancement plus rapide (voir ce qu’en dit Bosc).

http://www.planete-napoleon.com/docs/BOSC.Lettres.pdf

Campagne de Russie, qui aurait donc été faite dans la 1ère Cie d’artillerie à pied de la Garde, dont l'historique* nous permet un suivi rigoureux de chaque compagnie.

* Litre, Chef d’Escadron E., Les régiments d’artillerie à pied de la garde, Paris, 1895.

A tel point même que s’y trouvent mentionnés tous les officiers... Or notre 2d Capitaine ne s’y trouve pas cité ! Serait-il, au bénéfice de son récent mariage, resté en poste à La Fère ? Je le crois volontiers car il fallait bien des officiers pour s'occuper du dépôt (voir la "mésaventure" de Pion en 1809).

Quoi qu’il en soit je développe quand même, comme d’intérêt général, le relatif à sa compagnie.

Je vous renvoie pour les généralités à mon article sur les régiments d’artillerie de la Garde.

http://www.planete-napoleon.com/docs/Ar ... _Garde.pdf

Pour les OBs voyons ce que j’ai glané de relatif. La 1° Cie d’ARP VG est affectée à la 3e Division d’infanterie de la Garde, qui comprend l’infanterie de la Vieille Garde que je vous liste en entier.

3° Division d'Inf. (20/6) : GD CURIAL, 6.415 h, 24 pièces
Brigade GB Boyer, 2.772 h
1° Régiment de Chasseurs à Pied, GB Gros, 2 bataillons, 1.486 h
2° Régt de Chasseurs à Pied, Major Rosey, 2 bataillons, 1.286 h
Brigade GB Michel, 3.643 h
1° Régt de Grenadiers à Pied, Major Lorede, 2 bataillons, 1.325 h
2° Régt de Grenadiers à Pied, Major Harlet, 2 bataillons, 1.112 h
3° Régt de Grenadiers à Pied, Colonel Tindal, 2 bataillons, 1.206 h
Artillerie Divisionnaire, Major Boulart, 577 h
1° et 2° Cies d'ARP VG, Bonaffos et Couin, 12 c. de 6, 4 ob., 190 h
1° Cie du 1° Bataillon du Train Garde (affectée aux Grenadiers), 127 h
Ouvriers d'Artillerie, 70 h
3° Cie d'ARP Jeune Garde, Cne Mabru, 8 canons de 4, 81 h
3° Cie du 2e Bataillon du Train Garde (affectée aux Chasseurs), 109 h

La 1° Cie d’ARP VG, brigadée avec la 2°, relève donc du Major Boulart qui, chance, a laissé des mémoires.

http://www.planete-napoleon.com/docs/NDL2.Boulart.pdf

Voici plus précis pour cette «division» (de deux compagnies) au 1er avril 1812.

Effectif : 7 officiers, 206 hommes et 17 chevaux d’officiers.
Matériel : 12 canons de 6 et 4 obusiers de 5 pouces 6 lignes, 24 caissons de 6, 8 d’obusiers, 1 affût de 6, 1 d’obusier, 5 chariots, 2 forges, 1 fourgon à vivres et 6 d’ambulance.
Partie de Metz le 16 mars pour Mayence.

Au 12 mai la division Boulart compte 8 officiers, 201 hommes et 13 chevaux.

Répartition à Vilna fin Juin 1812 : suite à l'importante mortalité des chevaux on est obligé de laisser de nombreuses pièces à Vilna. La 1° Cie d’ARP VG reste seule affectée à la 3e Division.
La 2°, réduite à 6 pièces passe à la Réserve.

Répartition à Vitebsk fin Juillet 1812 : suite à l'arrivée de renforts les 2° à 6° à Pied de VG repassent à 8 pièces chacune...

3ème Division ; Major Boulart, 1° à Pied de VG affectée aux Chasseurs (4 officiers, 103 hommes et 12 chevaux) et la 2° à Pied VG (4 officiers, 100 hommes et 13 chevaux) aux Grenadiers.

Répartition à Smolensk le 23 Août 1812 : ... deux nouvelles batteries sont affectées à la 3° Division. La 1° de JG avec la 2° de VG aux Grenadiers sous le Major Boulart. La 2° de JG avec la 1° de VG aux Chasseurs sous le CdB Cottin. Total 32 pièces !

La Vieille Garde, non plus que son artillerie n’ont pas été engagées à La Moskowa le 7 septembre, sauf la Réserve de Drouot qui eut 2 officiers tués et 8 blessés.

Répartition à Moscou en Septembre et Octobre 1812 : le Capitaine Lavilette (venant des pontonniers) remplace Bonnafos à la 1° Cie d’ARP VG, et le CdB Pion (qui lui aussi à laissé des mémoires ! **) remplace le CdB Cottin au commandement de l’artillerie de la 3e division.

** Pion des Loches, Colonel Antoine-Augustin-Flavien, Mes campagnes (1792-1815), Paris 1889.
Le CdB Pion, qui mentionne tout ce qui touche à son commandement, et notamment ce qu’il advient de ses officiers, ne pipe mot de Savarin, ce qui renforce l’idée que ce dernier ne fit pas cette campagne, où à tout le moins pas dans la 1ère Cie de l’ARP de la Garde.

Etat du matériel de la 1° Cie d’ARP VG le 22 septembre : 6 canons de 6, 2 obusiers de 5 pouces 6 lignes, 1 affût de canon, 9 caissons de canons, 4 caissons d’obusiers, 5 caissons d’infanterie, 1 chariot, 1 forge, 1 fourgon à vivres, soit 30 voitures, 1.458 coups, 112.675 cartouches.
Effectifs le 15 octobre peu avant la retraite : 5 officiers, 112 hommes et 14 chevaux d’officiers.

La Garde parvient à regagner Smolensk le 14 novembre avec toutes ses pièces et environ la moitié de ses caissons.

Le 17 novembre au 2d Krasnoïé elle présente encore 54 pièces en première ligne, y perdant la majorité de leurs personnels et attelages. 3 officiers sont tués et 1 blessé.
Les 24 pièces restant aux quatre batteries de Boulart et Pion, chargées de garder la ville s’en tirent bien et peuvent suivre la retraite avec la Garde. Le 19 à Orcha, la division Pion est dissoute et les 4 pièces qui lui restent vont grossir la réserve.

La suite est une autre histoire dont Drouot écrira la dernière page par un froid de moins 28 degrés. Les cinq dernières pièces de la Garde, après avoir tiré jusqu'à leur dernier boulet, seront abandonnées à une lieue de Vilna le 11 Décembre 1812, au pied de la côte verglassée du mont Ponary qu'elles ne pouvaient gravir. 8 autres officiers seront tués ou blessés dans le processus.

À suivre... 1813 !

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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 25 Aoû 2020, 17:02

Suite du parcours du CdE Savarin...

9 mars 1813 : Chef d’Escadron, Capitaine commandant la 3° Cie d’artillerie à cheval de la Garde.

Savoir que les 1° et 2° sont seules mentionnées lors de la campagne de mai 1813, les autres quatre (3° à 6°) étant probablement encore en reconstitution. On les trouve en effet toutes en ligne au 15 août 1813 à la reprise des hostilités, et jusqu’à leur conclusion fin octobre à Hanau.

Au 15 août 1813

Artillerie à Cheval de la Garde, 1.062 h, 42 pièces
1e Cie d'ARC VG (4 x 6 £ + 2 Obusiers), 6 pièces, 91 h
2e Cie d'ARC VG (4 x 6 £ + 2 Obusiers), 6 pièces, 87 h
3e Cie d'ARC VG (4 x 6 £ + 2 0busiers), 6 pièces, 85 h
4e Cie d'ARC VG (4 x 6 £ + 2 Obusiers), 6 pièces, 89 h
5e Cie d'ARC VG (4 x 6 £ + 2 Obusiers), 6 pièces, 88 h
6e Cie d'ARC VG (4 x 6 £ + 2 Obusiers), 6 pièces, 87 h
ARC de Berg att. (4 x 6 £ + 2 0busiers), 6 pièces, 92 h
1e Cie/1er Régiment du Train d'Artillerie, 1 Cie, 145 h
4e Cie/1er Régiment du Train d'Artillerie, 1 dét., 14 h
12e Cie/2e Régiment du Train d'Artillerie, 1 Cie, 134 h
10e Cie/3e Régiment du Train d'Artillerie, 1 Cie, 70 h
11e Cie/3e Régiment du Train d'Artillerie, 1 Cie, 72 h

Cette artillerie sera bien sûr présente à la bataille de Dresde les 26-27 août 1813.
Elle y perdit deux officiers.
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A Wachau le 16 octobre 1813, et à Leipzig le 18 octobre 1813 (2 officiers blessés).

Réserve d’Artillerie du GD Drouot, 499 h, 18 pièces
1ère Cie d'ARC VG, Lasnon, 6 pièces, 85 h
2e Cie d'ARC VG, Cercelet, 6 pièces, 84 h
2 Cies du Train d’Art. Garde (évaluation), 170 h
Artillerie à Cheval de Berg, CdE Kerckoff, 6 pièces, 75 h
Train d'Artillerie de Berg, 1 cie, 85 h

Artillerie Divisionnaire de la 1° DCG du GD d’Ornano, 150 h
6e Cie d'ARC de la Garde, Mancel, 6 pièces, 77 h
11e Cie du 1er Bon Train Garde, Rousselet, 73 h

Artillerie Divisionnaire de la 2° DCG du GD Lefebvre-Desnoëttes, 162 h
5e Cie d'ARC de la Garde, Laporte 6 pièces, 82 h
10e Cie du 1er Bon Train Garde, Bresnières, 80 h

Artillerie Divisionnaire de la 3° DCG du GD Walther, 303 h
3e Cie d'ARC de la Garde, Savarin, 6 pièces, 82 h
4e Cie d'ARC de la Garde, Durbach , 6 pièces, 76 h
12e Cie du 1er Bon Train Garde, Lt Arnoux, 145 h
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À Hanau, le 30 octobre 1813 (1 officier blessé).

C’est l’artillerie de Drouot, donc de la Réserve, qui ouvre «le bal»... et la route de la France.
D’Ornano l’avait soutenu, et Nansouty effectué la percée avec la Division Walther. Il n’est donc pas certain que son artillerie divisionnaire ait pu s’exprimer, mais elle était bien présente, contrairement à celle de Lefebvre-Desnoëttes qui était détaché en flanc-garde contre les Cosaques de Kaisarov.
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1814 : Il est stipulé «Nord», donc à supposer Armée du Nord (Ier CA) sous Maison.

Je l’y cherche donc... et le trouve !

À Anvers le 5 janvier 1814

2e Division de Cavalerie de la Garde : GD CASTEX, 1.379 h, 6 pièces
(ou Division de Cavalerie de Réserve de la Garde) QG à Anvers (au 05/01)
Brigade GB Meuziau, 1.379 h
Chasseurs à Cheval de la Garde (JG), 4 escadrons
2e Chevau-Légers Lanciers (rouges)(JG), 5 escadrons
Détachement du 1er Gardes d'Honneur, 1 escadron
Artillerie attachée, Capitaine Savarin, 113 h
3e batterie d'Artillerie à Cheval de la Garde, 6 pièces, 56 h
Train d'Artillerie de la Garde, 57 h
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Et à la bataille de Courtrai le 20 mars 1814

Cavalerie de la Garde : GD CASTEX (au 20/03), 1.236 h, 5 pièces
Gendarmerie à Cheval, GB Saunier, 25 h
Brigade GB Meuziau, 563 h
Chasseurs à Cheval de la Garde, JG, 4 escadrons, 563 h
Brigade GB d'Audenarde, 648 h
2e Chevau-Légers Lanciers (rouges), JG (év.), 4 escadrons, 500 h
Détachements des 1er et 3e Gardes d'Honneur, 1 escadron, 148 h
Artillerie attachée, Capitaine Savarin, 161 h
3e batterie d'Artillerie à Cheval de la Garde, 5 pièces, 66 h
Train d'Artillerie de la Garde, 95 h
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1814/05/12 : Passé au 2e d’ARC après la dissolution de l’artillerie de la Garde par les Bourbons.

1815/01/01 : Armée Royale
2e d'ARC (329 chevaux), Metz, 33 officiers, 470 sous-officiers et hommes du rang, 503 hommes.

Triste fin d’un si beau parcours ? Mais non, ce n’était qu’un au revoir !
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Et donc nous retrouverons le CdE Savarin pour sa dernière bataille, LA bataille, Waterloo !
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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 31 Aoû 2020, 17:54

1815/06/18 : Savarin est donné blessé à Waterloo par Martinien, en compagnie de son collègue le CdE Mancel, et du Colonel Marin-Dubuard qui commandait la 1ère «division» de 12 pièces d’ARCG.

Du coup voici les éléments relatifs de mes OBs 1815 (au 15 juin, trois jours avant Waterloo) :

Artillerie à Cheval de la Garde : Colonel Duchand, 712 h, 24 pièces
1ère Cie d'ARC VG, Huet, 4 can. de 6, 2 ob., 104 h
7e Cie du Train d'Art. Garde, 81 h
2e Cie d'ARC VG, Cercelet, 4 can. de 6, 2 ob., 101 h
8e Cie du Train d'Art. Garde, 76 h
3e Cie d'ARC VG, Chenin, 4 can. de 6, 2 ob., 99 h
9e Cie du Train d'Art. Garde, 79 h
4e Cie d'ARC VG, Mancel, 4 can. de 6, 2 ob., 95 h
10e Cie du Train d'Art. Garde, 77 h

Le Colonel Duchand mena personnellement en début d’après-midi la 1ère «division» de 12 pièces, celle de Marin, renforcer, ou plutôt participer à remplacer en partie, la «Grande batterie de 80 bouches à feu» qui avait été sabrée et dispersée par la cavalerie britannique. C’est dans cette division que se trouvait la 1ère Cie dans laquelle le CdE Savarin était Capitaine en 2d.

Le Major Lasnon commandait la 2e «division» de 12 pièces, probablement composée des 3° et 4° Cies. Ce furent ces pièces qui , après la prise de Haie-Sainte vers la fin d’après-midi, s’engagèrent à son niveau, faisant grand mal aux Anglo-Alliés en attendant l’engagement prévu de la Garde à pied.

Qui tarda tant qu’elles étaient abîmées et presque à court de munitions lorsqu’il se produisit.
Trop peu trop tard donc, avec l’insuccès que l’on sait. Insuccès qui, se produisant en même temps que l’irruption des Prussiens de Ziethen contre le faible rideau de Durutte, privé par Ney de la moitié de son peu de monde, provoqua la rupture de la droite française et la déroute générale.

Les batteries de Marin avaient probablement déjà dû se retirer de la droite par manque de munitions. Une des deux fut submergée par la cavalerie prussienne, après avoir fait mine de recharger ses tubes vides pour faire croire qu’elle pouvait encore tirer. Elles gagna ainsi un quart d’heure pour les fantassins en fuite, mais le paya ensuite cher de la part des cavaliers ennemis «énervés» d’avoir été ainsi dupés. Marin fut blessé d’un coup de sabre à cette occasion. Je reparlerai de cet épisode.

Je suppose donc que cette «division» a subi le plus gros des pertes de l’Artillerie à Cheval de la Garde à Waterloo, que l’on peut établir par différence avec ci-dessous à 322 hommes, soit 45 % des effectifs présents, ce qui donne une idée de l’acharnement et du coût humain de ces combats.

Et donc assez logiquement considère que la campagne se termina pour eux à Waterloo. Je donne cependant les quelques éléments suivants, qui précédèrent le licenciement définitif de l’armée.

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Le 23 juin 1815 à Laon

Artillerie à Cheval de la Garde, Colonel Duchand, 390 h
4 Cies, 10 pièces, 240 h, (dont 6 pièces tirées de La Fère)
Train d'Artillerie de la Garde dito (4 Cies), estimation 150 h.
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Le 1er juillet 1815 sous Paris

L’artillerie à cheval est reconstituée à deux compagnies affectées à la cavalerie

Cavalerie : GD LEFEBVRE-DESNOËTTES, 3.392 h
Régiment des Chasseurs à Cheval, 1.127 h
Régiment des Lanciers "rouges", 972 h
Régiment des Grenadiers à Cheval, 699 h
Régiment des Dragons de l'Impératrice, 594 h
Artillerie Divisionnaire : Colonel Duchand, 424 h
Artillerie à Cheval VG (2 Cies), 12 pièces, 251 h
Train de la Garde dito (estimation), 2 Cies, 173 h
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À suivre... des "tranches de vie" (et de mort) concernant l'artillerie à cheval de la Garde à Waterloo, dont le "climax" rend parfaitement ce qu'a dû vivre Savarin au cours de sa dernière bataille. Il y fut blessé, comme vu plus haut. Beaucoup d'autres n'ont pas eu sa chance, mais tous, morts comme vivants, se sont couverts d'une gloire immortelle*.

* L'immortalité réside en une existence ayant marqué les mémoires !

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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 10 Sep 2020, 13:17

"Tranches de vie" ... et de mort, concernant l'artillerie à cheval de la Garde à Waterloo

Les récits sur Waterloo sont légions (le pluriel est voulu), et ceux particuliers à l’engagement des batteries à cheval de la Garde nombreux. J’en détache un, d’abord parce-que je l’ai sous la main, ensuite parce-qu’il cite nommément le CdE Mancel, camarade de notre rôle-titre Savarin, et dont l’action à Waterloo peut-être considérée comme assez similaire pour que l’on puisse inverser leurs noms sans trahir ce qui est décrit. C’est en l’occurrence tiré de l’ouvrage de Marcel Dupont, «La Garde meurt... 1815» (Paris, 1931). Attention, le style est «lyrique», et la mise en scène des personnages dont, excusez du peu, l’Empereur en personne, peut-être hypothétique*, mais le «climax» est bien rendu. J’ai aimé, alors je partage. Dont’acte.

* Je l'avais d'abord cru, mais non, elle s'est bien produite, et à peu près telle que décrite !
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p 197. Juste après la prise de la Haie-Sainte le maréchal Ney va chercher de l’artillerie de la Garde...

«... Derrière lui les canonniers, fouaillant leurs attelages, mettent un point d’honneur à lui servir d’escorte. Les douze pièces et leurs coffrets sautent sur la chaussée défoncée dans un tonnerre de ferraille. A hauteur du verger, arrêt brusque. Ney indique au chef d’escadron un monticule à gauche de la haie où il devra aller se placer en batterie. Il sera là à trois cents mètres à peine de la ligne anglaise.

«Et défoncez-moi ça à coups de canon !»

... Ney... voit à gauche l’effet produit par le tonnerre des douze pièces de la Garde. Dirigées par l’élite des officiers d’artillerie, servies par des durs à cuire, véritables artistes dans leur genre, aussi indifférents sous les projectiles anglais que sur le polygone de Vincennes, leur tir est d’une précision singulière et d’une rapidité foudroyante.


Image
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p 222. Après un nouvel échec de l’infanterie de ligne française les Anglais réagissent contre les pièces de la Garde restées seules.

«Les canonniers (anglais) ont repris possession des canons abandonnés et concentrent leur feu sur les deux batteries à cheval de la Garde près de la Haie-Sainte. Ils vont leur faire payer les formidables ravages qu’elles ont causés dans les rangs alliés. En peu d’instants la plupart des officiers et des servants sont tués ou blessés, la moitié des pièces démontées, le tir réduit presque à néant
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p 223. Nous sommes alors juste avant l’attaque de la Moyenne Garde au soir de la bataille.

«Pendant que Ney, avec une nouvelle ardeur, forme ses colonnes d’attaque à l’ouest de la Haie-Sainte... l’Empereur emmène lui-même le dernier bataillon, le 2e du 3e grenadiers, pour le placer en réserve de la ligne d’attaque... Puis, malgré les boulets qui tombent autour de lui, il se porte au galop derrière ce qui reste des deux batteries de la Garde.

«Qui commande ici ?

Moi, Sire, commandant Mancel, des batteries à cheval de votre Vieille Garde.»

Un spectre s’est dressé entre deux chevaux éventrés. Un commandant de la Garde, cela ?...
Sans colback, sans dolman, sans cravate, la chemise baillant sur la poitrine, manches troussées, les mains rouges, l’homme tient un écouvillon poissé de sang. On ne reconnaît son grade qu’à sa culotte bleu foncée aux triples ganses d’or descendant en V sur les cuisses, à ses bottes molles à glands d’or.

«Commandant Mancel, forcez le tir de vos batteries, ouvrez le passage aux colonnes d’assaut du maréchal.

Bien, Sire !»

Pas un mot de protestation ou de découragement. Le commandant s’est approché d’une pièce que pointe le dernier officier vivant, le lieutenant Pontécoulant ; deux ou trois canonniers passent les projectiles et les gargousses que refoule le commandant lui-même. Un maréchal des logis, calme comme à la manoeuvre, abaisse le boutefeu, la pièce bondit en hurlant, recule, est aussitôt ramenée à bras, chargée et pointée à nouveau. Ce canon, ces deux officiers, ces quelques hommes, c’est tout ce qui reste des deux batteries. Tout autour, un charnier. Hommes et chevaux ne forment plus qu’un amas de chairs saignantes sur lesquelles se dressent ici ou là, comme des stèles, un affût dressé, un canon démonté, une roue brisée.

L’Empereur est devenu livide. Il regarde sans les voir ces ombres s’agiter, donner toutes leurs forces pour essayer de faire encore du mal à l’ennemi.
»
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Lyrique, n'est-ce pas ? Je vous l'avais bien dit ! Mais quelle intensité dans le récit, on s'y croirait.

Et tout n'est pas faux ! Il y a même beaucoup de "vrai", je vous en parlerai la prochaine fois...

... À suivre, précisément sur l'action ci-dessus, les "Souvenirs militaires..." de Pontécoulant !

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Re: Sur les traces du CdE Savarin, artillerie de la Garde 1815

Messagepar MANÉ Diégo sur 24 Sep 2020, 17:23

Bon, si noire qu' ait été la situation de l'artillerie à cheval de la Garde au soir de Waterloo, et je vous donnerai d'autres occurrences, moins "lyriques" mais tout aussi héroïques, elle ne fut pas réduite à une pièce sur douze, et tous les officiers de ce 2e escadron (celui du Major Lasnon) ne sont pas morts à Waterloo.

Qu'il finisse en revanche par ne rester qu'une seule pièce active, plusieurs autres s'étant désengagées par manque de munitions, est bien possible.

J'ai cependant voulu en savoir plus et, comme j'avais déjà vu citer le nom de Pontécoulant, qui ne s'oublie pas, j'ai cherché, et trouvé que cet officier a produit des mémoires que je me suis procurés.

Attention, titre à rallonge : "Souvenirs militaires. Napoléon à Waterloo, ou précis rectifié de la Campagne de 1815; avec des documents nouveaux et des pièces inédites. Par un ancien officier de la Garde Impériale qui est resté près de Napoléon pendant toute la campagne." Par donc Louis Gustave Le Doulcet de Pontécoulant, Paris, 1866.

Il n'était donc que lieutenant à Waterloo, faisant fonction de 2d lieutenant de la 3e batterie à cheval de la Garde. Il répète sur les «grands» événements de la bataille bien des idées (fausses) reçues de son époque, tirées des écrits postérieurs de l'Empereur ou de ses affidés, et il faut faire le tri dans ses souvenirs. En revanche, lorsqu'il redescend au niveau de sa batterie de 1815, pas de raison de douter de ce qu'il dit, et qui recoupe le raconté par Marcel Dupont, qui l'aura trouvé là. Jugez-en :

Pages 324-325
"Napoléon... s'était porté jusqu'au fond du ravin, en avant de la Haie-Sainte, auprès des deux batteries d'artillerie légère de la garde, qui, placées sur les pentes du plateau, n'avaient point cessé leur feu, et qui couvraient encore de boulets les carrés anglais (1)..."

1) Ce fut là que je vis pour la dernière fois Napoléon. Il était venu se placer quelques pas en arrière des deux batteries d'artillerie de la garde, dont je faisais partie, et où la mitraille ennemie décimait nos canonniers. Ce fut lui qui m'ordonna de faire feu sur les carrés anglais que nous voyions distinctement à quelques centaines de mètres ; je pointais moi-même les pièces, le capitaine (Mancel) tenait l'écouvillon*, tous les premiers servants ayant été tués par les balles ennemies. Si ce ne fut pas le dernier, ce fut du moins l'un des derniers coups de canon tirés dans cette funeste journée. La figure de Napoléon était sombre et d'une pâleur livide ; un faible crépuscule répandait une teinte grise sur tous les objets ; les salves d'artillerie se succédaient lentement, comme dans une pompe funèbre, les bataillons de la vieille garde escaladaient silencieusement les rampes du plateau : tout semblait à l'unisson dans ce lugubre tableau, digne d'exercer le pinceau d'un grand maître."

Le nom de ce brave officier mérite d'être conservé : c'était le commandant Mancel. Il servait depuis longtemps dans la garde impériale, où il s'était fait une grande réputation par sa valeur. Il avait eu deux chevaux tués sous lui à Waterloo, et blessé lui-même, n'avait point voulu quitter le combat. Il est mort colonel d'artillerie retraité en 1847, dans la ville de Caen, sa patrie, où il s'était retiré."

À suivre...
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