Le 20e de ligne en Espagne, 1811-1813

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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Le 20e de ligne en Espagne, 1811-1813

Messagepar MANÉ Diégo sur 07 Mai 2019, 12:27

Un correspondant me questionne :

"Je fais des recherches sur le 20ème de ligne, particulièrement en Espagne en 1811/1813.

Existe-t-il un ODB de l'armée de Catalogne ou un autre doc permettant de le suivre ?"


Après une recherche sommaire je peux dores et déjà livrer ce qui suit :

Le 20e de ligne en Espagne, 1811-1813

Officiers du 20e de ligne tués et blessés en Espagne (1811-1814)
(d’après A. Martinien, «Officiers tués et blessés...», Paris, 1900 et 1909)

06/10/1811 : Sous-Lieutenant Desplanques, blessé, affaire contre les insurgés en Navarre.

27/12/1811 : Sous-Lieutenant Cremmer, blessé, affaire de Castellon-de-la-Plana.

06/09/1813 : Lieutenant Bensac, blessé, défense de Tortosa.

15/02/1812 : Capitaine Joubert, blessé, combat près de Valencia.

15/02/1812 : Sous-Lieutenant Larmonier, blessé, combat près de Valencia.

22/04/1812 : Lieutenant Costafava, tué, dans une reconnaissance en Catalogne.

19/05/1812 : Sous-Lieutenant Delanque, tué, combat de Teruel.

02/05/1813 : Lieutenant Ceppi, blessé, affaire de Las Cabrillas (près de Valencia).

16/06/1813 : Lieutenant Olivier, blessé, défense de Tarragona.

19/08/1813 : Chef de Bataillon Ricoeur, blessé, défense de Tortosa.

02/01/1814 : Chef de Bataillon Ricoeur, blessé, défense de Tortosa.

02/01/1814 : Capitaine Seguy, blessé, défense de Tortosa.

12/02/1814 : Lieutenant Didion, blessé, défense de Tortosa.

29/04/1814 : Sous-Lieutenant Pister, blessé, défense de Tortosa.

D’autres officiers du régiment sont tués ou blessés sur d’autres théâtres d’opération, en Italie et en Allemagne, preuve que différents bataillons du régiment y furent engagés.
Un officier, le Lieutenant Caroz, est même blessé le 28/07/1813 lors de «la retraite de Pampelune», opération relevant de l’armée de Soult, qui aura probablement conservé par devers lui un détachement destiné à Suchet.

Ce dernier enverra deux divisions de ses troupes dans le Lyonnais début 1814, et parmi elles le 20e de ligne, dont manifestement une fraction sera restée bloquée à Tortosa.

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Extrait de l’OB de l’armée française devant Valencia le 31/12/1811

de la Division du GD Comte REILLE (7.338 h)
Brigade GB Bourke (3.961 h)
I à IV/20e de Ligne, Colonel Esnard, 4 bataillons (1.926 h)
I à III/60e de Ligne, Major Paolini, 3 bataillons (2.035 h)

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Extrait de l’OB de l’Armée (française) de Catalogne du GD Decaen le 16/06/1813

Garnison de Tarragona : GB Bertoletti
20e de ligne (1), 7e de ligne italien (dét), ensemble 1.516 h

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Extrait de l’OB de l’Armée (française) d’Aragon et de Catalogne au 1er février 1814

de la Division (sans titulaire)
Brigade GB Ordonneau (QG de San Celoni)(2.203 h)
20e de Ligne 2 bataillons 1.074 h, * 1.146 (+72 h)
79e de Ligne 2 bataillons 1.129 h, ** 1.800 (+671 h)

= force 1re colonne, partie pour Lyon en février. ** = 2e colonne, partie pour Lyon en mars.

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Si parmi notre lectorat attentif quelqu'un en sait davantage qu'il n'hésite pas à se manifester ici ou sur ma boîte perso.

A suivre le cas échéant...

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Re: Le 20e de ligne en Espagne, 1811-1813

Messagepar MANÉ Diégo sur 12 Aoû 2019, 10:32

J'ai reçu de notre chercheur la réponse suivante à mon message ci-dessus :

"Merci pour tous ces renseignements.

Je suis sur les traces d’une trentaine de soldats de Dordogne engagés dans les guerres de la Révolution puis de l’Empire. 18 d’entre eux ont rejoint le bataillon des volontaires de Haute Saône en 1794. Ils sont passés en 1796 dans la 20e demi brigade. Ils ont été engagés dans les guerres de Vendée et il est aisé de les suivre grâce à l’ouvrage de Philippe Charton « Les volontaires de la Haute Saône ».

Ils sont rejoints dans cette unité par une dizaine d’autres périgourdins. On les trouve entre 1799 et 1801 dans les armées du Rhin et en Batavie. Je n’ai pratiquement aucun document pour les suivre.

En 1803, leur demi brigade devient 20e régiment de ligne. On les trouve en 1805 à l’armée d’Italie et en 1806 à l’armée de Naples. Leurs destins divergent alors et je me suis intéressé plus particulièrement à six de ces hommes qui partent en 1811 rejoindre l’armée d’Espagne.

J’ai beaucoup de mal à retrouver leur itinéraire mais cette recherche est passionnante.

C’est la raison pour laquelle j’ai fait appel à vous et à votre site.

Je vous joins un tableau repérant, d’après Martinien et mes dépouillements, les emplacements d’hommes du régiment. J’ai aussi trouvé 210 prisonniers, mais le lieu de leur capture n’est pas indiqué."


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Edit DM : Malgré mes efforts les tabulations dudit tableau ont sauté, mais cela se lit quand même.
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"20° de ligne
tir. Boquet 2° bat 4° cie 1812 08 19 Barcelone hôp. mili. des Alarazanas mort fièvre
tir. Perrier 2° bat 1° cie 1812 06 18 Barcelone hôp. mili. des Alarazanas mort fièvre
tir. Gosselin 2° bat 2° cie 1812 06 30 Barcelone hôp. mili. des Alarazanas mort fièvre
Slt Cremmer 1811 12 27 Castellon de la Plana Combat blessé
Ltn Costafava 1812 04 22 Catalogne Reconnaissance tué
tir. Desgros 3° bat 2° cie 1813 08 31 Irun ? blessé coup de feu
Ltn Ceppi 1813 05 02 Las Cabrillas (Valencia) Combat blessé
Slt Desplanque 1811 10 06 Navarre Insurgés blessé
Ltn Olivier 1813 06 16 Tarragona Défense de la ville blessé
gr. Verklet 2° bat gr 1812 04 23 Tarragonne hôp. coup de feu
tir. Bonnet 3° bat 2° cie 1814 04 16 Tarragonne hôp. mort fièvre
Slt Delanque 1812 05 19 Teruel Combat tué
tir. Goyard 1° bat 4° cie 1813 01 03 Torrente (Valence ?) ambul. mili. 1ère div. mort fièvre
tir. Nonn 3° bat 2° cie 1813 04 22 Tortosa hôp. ?
Ltn Bensac 1813 09 06 Tortosa Défense de la ville blessé
Cba Ricoeur 1813 08 19 Tortosa Défense de la ville blessé
Cne Séguy 1814 01 02 Tortosa Défense de la ville blessé
Ltn Didion 1814 02 12 Tortosa Défense de la ville blessé
Slt Pister 1814 04 29 Tortosa Défense de la ville blessé
tir. Delobel 2° bat 2° cie 1812 02 19 Valence hôp. mort fièvre
tir. Blond 2° bat 1° cie 1812 01 02 Valence siège tué
Cne Joubert 1812 02 15 Valencia Combat blessé
Slt Larmonier 1812 02 15 Valencia Combat blessé"

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Edit DM : la valeur ajoutée par rapport à mes propres informations est que celles-ci ne concernent pas que les seuls officiers. Je suppose que "tir." signifie "tirailleur", bien qu'il s'agisse de "fusiliers", non ?
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Re: Le 20e de ligne en Espagne, 1811-1813

Messagepar MANÉ Diégo sur 15 Aoû 2019, 13:34

La «bouteille à la mer» que j’ai lancée sur Planète Napoléon a trouvé un internaute à même d’y répondre de manière documentée, et voici la quintessence de ce que j’ai reçu.

https://www.imageshotel.org/images.php# ... em_1199360

Documents d’archives du SHAT (C8-468 au 1er janvier 1813) reçus le 12 juillet 2019.

1. «Division de Basse Catalogne commandée par le Général Comte Maurice Mathieu, Quartier Général de Barcelonne, Garnison de Barcelonne (sic)... Le GD Garnier commandant d’armes... Parmi plusieurs détachements il s’en trouve un de 2 officiers et 40 hommes du 20e de Ligne.

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2. Toujours relevant de la «Division de Basse Catalogne», mais faisant cette fois partie de la «Garnison de Tarragonne (re-sic)» sous le GB Bertoletti, on trouve :

1er bataillon du 20e de Ligne, Cne Dessery, 14 officiers et 473 soldats présents, plus 12 absents à l’hôpital, effectif total de 499 hommes.

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3. Encore relevant de la «Division de Basse Catalogne», à la «Garnison de Lérida», sous le GB Henrion, on trouve la curiosité* suivante :

20e de Ligne, Artillerie Régimentaire : 1 officier et 45 hommes.

* Curiosité parce-que l’institution de l’artillerie régimentaire (par napoléon entre Essling et Wagram 1809) ne survécut pas dans les faits à la campagne de Russie (1812) où elle fut entièrement perdue, et à la campagne de Saxe (1813) pour les régiments n’ayant pas fait la Russie. N’ayant toutefois pas été «abrogée» officiellement il est possible que certains colonels s’en soient autorisés pour se constituer une artillerie «personnelle» à l’aide de pièces de capture. Dans le cas de celle du 20e en Espagne, le fait que des chevaux où animaux de trait ne soient pas mentionnés sur l’état, et surtout le fait que l’on trouve cette compagnie séparée de son régiment semble indiquer que la «compétence» particulière de son personnel ait pragmatiquement conduit à l’utiliser au service de l’artillerie de la place de Lérida, histoire de garder en rapport de «vrais» artilleurs pour le service en campagne. Les 46 hommes ci-dessus devaient, dans le principe, servir 2 pièces, probablement de 4 £.

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4. La confirmation vient de l’ «Emplacement des troupes de l’empire Français - Avril 1813»

20e de Ligne, Colonel Esnard, Major Turin
1er bataillon, CdB Mineaux, à Tarragone, Armée de Catalogne
2e bataillon, CdB Ricoeur, à Tarragone, Armée d’Aragon
3e bataillon, CdB Prigy, à Tarragone, Armée d’Aragon
c. d’artill., à Lérida, Armée de Catalogne
4e bataillon, CdB Mandrillon, 29e 1/2 brig. provisoire, Corps d’Obs. Adige, 48e DI Gde Ar.
6e bataillon, CdB Chevilly, 14e 1/2 brig. provisoire, 36e DI, 11e corps, Grande Armée.
5e bataillon, Quartier-Maître Gandilhon, 4 comp. et dép. à Verceil, 27e div. mil.
Conscrits de la Haute-Saône et du Léman.

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6. troupes détachées momentanément de l’Armée de Catalogne dans le pays de Valence.
QG à Castellon de la Plana. Commandant, le GB baron Lamarque.

Trois régiments (3e Léger, 11e de Ligne et 20e de Ligne) et un esc. 1er RCC, pour en tout 130 officiers et 3.719 hommes présents avec 152 chevaux (des 12 off. et 124 Chasseurs).
417 hommes de ces unités sont en outre détachés (voir ci-dessous), et 940 aux hôpitaux.

Le 20e de Ligne, Colonel Esnard, à ses trois bataillons (2e Ricoeur, 3e Mineaux, 4e sans titulaire) à Requeña pour 40 officiers et 920 hommes, et à Teruel pour 380 hommes. Avec 147 hommes aux hôpitaux son effectif culmine à 1.487 hommes.

L’escadron du 1er Chasseurs est à Requeña avec le 20e de Ligne, mais a en outre détaché 37 cavaliers à Valence, Almuzalen (?) et Catarroja.

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Reçu le 22 juillet un imposant état de toute l’officialité du 20e de Ligne au 24 septembre 1813, 124 noms, certains barrés pour diverses raisons, comme par exemple, pour ceux cités plus haut : Turin, Major, tué*. Mineaux, CdB, nommé Major en 2e et muté. Prigy, nommé Major à la suite. Mandrillon, CdB, tué**.

Blessé à Caldiéro (Italie) le 15 novembre 1813 (commandait la 31e demi-brigade provisoire), mort le 30.

** A San Michele (Italie) le 19 novembre 1813.

Image

C’est l’occasion de constater l’importance du travail «administratif» réalisé dans chaque régiment, et d’une calligraphie impeccable à l’encre et à la plume s’il-vous-plaît !

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Re: Le 20e de ligne en Espagne, 1811-1813

Messagepar MANÉ Diégo sur 15 Aoû 2019, 14:20

Réponse reçue hier de "l'inventeur" du sujet :

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Je viens de reprendre toutes les infos rassemblées par le site depuis notre dernier contact.

Tout d’abord compliment pour ce joli bouton du 20ème.

Le zoom se resserre sur les positions des différentes compagnies de ce régiment stationné en Espagne en 1812.

J’ai mis ces infos en perspective avec un travail de dépouillement que je viens de terminer, et l’on peut dire que, en gros, ça colle.

J’ai suivi 105 morituri du régiment dans divers hôpitaux du nord-ouest de l’Espagne, qui appartiennent à 27 compagnies différentes des 1er, 2ème, 3ème, 4ème et 5ème bataillons.

(tableau Excel à votre disposition mais je sais que vous n’aimez pas mes tableaux !)

Je suis bien sûr, preneur pour les vôtres.

En revanche, je n’arrive toujours pas à découvrir à quelle occasion le sergent que je suis à la trace

a été fait prisonnier le 25 juillet 1812.

Alain Pigeard a relevé à cette date le combat d’Osuna, mais nous sommes hors zone, près de Séville !
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Re: Le 20e de ligne en Espagne, 1811-1813

Messagepar MANÉ Diégo sur 15 Aoû 2019, 14:26

Le bouton est une trouvaille du correspondant ayant répondu à ma "bouteille à la mer".

Ce n'est pas moi qui n'aime pas les tableaux Excel, mais mon ordi !

Je vous fais suivre par mel perso tous les tableaux reçus de mon correspondant.

J'ai gratté un peu dans mes bouquins mais rien trouvé en termes de combats ayant eu lieu le 25 juillet 1812 dans les secteurs où évoluaient des éléments du 20e de Ligne.

Maintenant, s'il n'y a pas eu d'officier concerné, le Martinien n'est d'aucun secours. Il n'est d'ailleurs nullement nécessaire qu'il y ait eu un engagement formel pour générer des prisonniers. Une simple "surprise" dans une ferme peut le faire. On peut toutefois supposer que votre sergent est tombé entre les mains de réguliers car des guérillas lui auraient fait la peau sans plus de procès.

Si outre la date (25 juillet 1812 donc) vous pouviez préciser de quelle fraction/bataillon relèvent ces prisonniers, cela pourrait guider d'autres recherches, sachant que la Catalogne n'a jamais été aussi "pacifiée" qu'ont pu l'être d'autres provinces espagnoles... Comme l'Andalousie, où Soult eut cependant aussi bien des problèmes, mais auxquels il est hautement improbable de trouver mêlé le 20e de Ligne qui dépendait de Suchet.

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En cherchant sans trouver dans le Arteche j'ai découvert une circonstance inattendue sous la forme d'une "invasion de la France" par des Espagnols en 1812, dont on n'a pas fait grand bruit de ce côté des Pyrénées, et je ne résiste pas à vous en toucher quelques lignes !

Il ne s'agit bien sûr que d'une incursion limitée, du 14 au 19 février 1812, au cours de laquelle, à la tête d'une petite division, le général espagnol Sarsfield, parti de Puigcerda, a rançonné en numéraire, armes et munitions, plusieurs villages français dont Ax, Tarascon et Foix, enlevant en outre 2000 têtes de bétail, avant de rentrer, tranquillement et auréolé de gloire en Espagne.

Dure, dure, la guerre en Espagne... Et en Catalogne aussi donc !

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