Le 122e de ligne en Espagne

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Le 122e de ligne en Espagne

Messagepar MANÉ Diégo sur 30 Avr 2016, 20:55

Philippe Deladerrière me questionne sur deux de ses ancêtres.

L'un d'eux fut soldat au 122e de ligne et voici la teneur du document reçu en communication.

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ETATS DES SERVICES
de Joseph Hyacinthe DELADERRIERE (1788-18 ?)

Fils de Philippe Joseph LADERIER (!), mulquinier (fabricant de toile fine), et de Elizabeth Josephe (dite Isabelle) CLAIS (ou CLAISSE), mariés le 16 novembre 1784 à Valenciennes, paroisse St-Nicolas ;
né sous le nom DELADERRIERE le 10 janvier 1788 à Valenciennes, paroisse St-Nicolas (Nord).

Entré au service dans la 3e légion de réserve le 12 juillet 1807,

caporal le 16 septembre 1807,

cette légion est devenue le 122e régiment de ligne le 1er janvier 1809 (à partir des 3e et 4e bataillons de la 3e légion de réserve , et des 4e bataillons de la 4e et 5e légions),

sergent le 12 juillet 1811 (à la 4° compagnie du 3° bataillon à la date du présent certificat).
[Le 122° était dirigé par le général Etienne GAUTHIER (1761-1826) et faisait partie de la 8° division du général N. BONET (2e corps).]

A fait les campagnes de 1808, 1809, 1810, 1811 et 1812 en Espagne et Portugal.

Blessé à la région lombaire le 22 juillet 1812 à Salamanque (bataille des Arapiles) (d'un coup de feu).

Total des campagnes du 12/07/1807 au 26 décembre 1812 : -10 ans 5 mois et 14 jours.

Je soussigné, chirurgien aide-major au 122° rég. certifie que le nommé DELADERRIERE Joseph Hyacinthe est atteint d'un coup de feu à la région lombaire du côté gauche, qui a traversé les parois de l'abdomen, déterminé des adhérences de ces parois avec les intestins, et laissé des douleurs continuelles qui gènent considérablement les mouvements de l'extrémité inférieure de ce côté, et qu'étant hors d'état de continuer le service militaire, il est dans le cas d'obtenir une retraite.

​A Vendôme, le 26 décembre 1812, signé Riban.

Les membres du Conseil d'Administration certifient véritables les services, campagnes, blessures ci-dessus détaillées, ils attestent en outre que cette dernière provient des événements de la guerre et que le susdit désire jouir de la solde de retraite à Valenciennes (nord).

​A Vendôme, le 27/12/1812

​signé : BOURGEOIS ; DONARDET (Major) ;

Approuvé par le général divisionnaire, inspecteur et commandant la 22° Divison Militaire,

signé BONNARD.

D'après le dossier au Service Historique des Armées à Vincennes et les registres d'état-civil de Valenciennes.​

Ph. Deladerrière, mars 2016

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Je vais compléter ces éléments concernant Hyacinthe Deladerrière par quelques autres relatifs au 122e régiment d'infanterie de ligne.

À suivre donc...

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Re: Le 122e de ligne en Espagne

Messagepar MANÉ Diégo sur 04 Mai 2016, 12:36

Exploitation du Martinien (0fficiers tués ou blessés...) où l'on constate que le 122e régiment d'infanterie de ligne n'a pas eu de chance.

En effet, formé en 1809 et aussitôt expédié en Espagne, il n'y connaîtra que des déboires. Son premier officier blessé l'est le 18 janvier 1809 au blocus du Ferrol. Il comptera parmi les 38 officiers du régiment à tomber jusqu'au 18 juin 1812, la plupart d'entre eux lors d'accrochages mineurs dans les Asturies, sans la moindre bataille rangée.

Et la première du genre, celle des Arapiles ou de Salamanca, le 22 juillet 1812, sera la retentissante défaite que l'on sait, infligée par Wellington au présomptueux maréchal Marmont, commandant de l'Armée du Portugal la mal nommée (puisqu'elle n'y mettra plus les pieds). C'est aussi la fin de la carrière militaire de Hyacinthe Deladerrière qui y sera assez vilainement blessé pour être retiré du service.

Sur les Arapiles vous pouvez trouver la relation complète de la bataille dans le post de Bruno Masson intitulé "La campagne anglaise de 1812", le 122e, qui y perdit 14 officiers, y étant cité plusieurs fois (1ère occurrence post du 29/09/2012 fin du paragraphe 3). C'est ici :

viewtopic.php?f=1&t=794&start=0

Pour être complet sur le 122e en Espagne, sa malchance continuera. Il perdra encore 25 officiers dans divers engagements (secteur de Bilbao, défaite de Vitoria, retraite de Pampelune, défaite sur la Bidassoa, défense de Bayonne) avant d'être appelé par l'Empereur en Champagne.

Il sera en mars 1814 des batailles de Craonne, Laon et Arcis-sur-Aube, partageant ces très sanglants lauriers avec les débris d'autres bataillons du régiment revenus d'Allemagne après la défaite de Leipzig (17 officiers tués ou blessés) en octobre 1813.

À tout prendre Hyacinthe avait eu de la chance de se tirer vivant d'Espagne malgré une blessure grave subie lors d'une défaite écrasante. Il dut cette chance toute relative au général en chef ennemi qui laissa les Français s'en aller sans la poursuite sérieuse qui aurait totalement détruit le reste de leur armée.

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Re: Le 122e de ligne en Espagne

Messagepar MANÉ Diégo sur 10 Mai 2016, 15:02

Je relaie le message d'un correspondant, François T., auquel je répondrai ici ultérieurement.

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Bonjour Diégo,

Parcourant votre forum, je suis tombé sur votre post sur le 122e RI en Espagne.

.../...

Il se trouve que j'ai la garnison actuelle du 122e à 20 km de chez moi et que nous avons travaillé ensemble à un projet sur la Première Guerre mondiale. Ce qui m'a permis de récupérer l'historique du régiment, d'où quelques informations.

Vous dites que le régiment ne connaitra que des déboires, et que les Arapiles furent sa première bataille rangée... cela doit être nuancé.

En effet, le régiment participa à la bataille de la Corogne, mais aussi son drapeau porte la mention de la bataille d'Oporto 1809, qui est toujours commémorée comme date de la fête du régiment.

Il fait certes partie de l'armée battue aux Arapiles mais y gagne le droit d'apposer cette mention sur son drapeau. De même qu'à la bataille de Lutzen en 1813 où l'on trouve un de ses bataillons dans la division Compans (Lutzen est aussi sur le drapeau du 122:-))))

Cordialement,

François
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Re: Le 122e de ligne en Espagne

Messagepar MANÉ Diégo sur 11 Mai 2016, 14:50

Je réponds à François T. dont la remarque est justifiée.

Me basant sur le Martinien, seul document à portée lors de mon message, je n'y ai pas vu d'officier tué ou blessé en bataille avant celle des Arapiles, d'où mon commentaire, certes donc à nuancer.
Il s'avère en effet qu'en 1809 le 122e fut présent à La Coruna le 18 janvier et à 0porto en mai.

Je relève dans mon OB de la bataille de La Coruna ce qui suit :

IIe corps de l'Armée d'Espagne, maréchal Soult
2e division, GD Mermet
2e brigade, GB Jardon
I à IV/47e de ligne, colonel Donnadieu, 1290 h, 12 officiers atteints
(La Corogne figure au drapeau).
I à IV/122e de ligne, colonel Gruardet, 772 h, zéro officier atteint
(avancé sur le tard en soutien du 47e).

J'ai trouvé un élément relatif dans "Au drapeau" de Maurice Loir (Paris, fin XIXe), que je cite.

"Le 122e régiment d'infanterie (division Mermet), culbuta l'armée anglaise du général Moore ; puis devant Oporto il enleva le centre des lignes portugaises, grand succès qui fit tomber ces lignes avec plus de 100 bouches à feu, en notre pouvoir. Pendant toute cette campagne, le 122e fut constamment au premier rang."

On peut franchement rire de la première assertion. Quant à la deuxième il convient de rappeler que l'armée portugaise était à 80 % composée de mauvaises milices et de civils commandés par un évêque, ce qui relativise en rapport le succès remporté par Soult, sans nullement le contester pour autant.

C'est l'occasion pour moi de souligner qu'il ne faut pas prendre pour argent comptant tout ce qui fut écrit, surtout lors de la période revancharde, et même sur les drapeaux. La présence de beaucoup des noms qui y sont portés est au moins surprenante, car apparaissent alors ceux de défaites, que le bon peuple finira par considérer à tort comme des victoires.

Sous la Troisième République, on porta aussi les noms de batailles livrées sous les républiques précédentes, et pourquoi pas. Mais si les régiments honorés n'y avaient rien fait ou pas grand chose cela relève de choix politiques que l'on peut comprendre, mais certainement pas de preuve historique comme quoi l'unité citée y aurait fait quoi que ce soit qui mérite un éloge.

C'est bien illustré par le III/122e à Lutzen où, comme toute la division Compans, il ne fit rien car il ne pouvait rien faire... Sauf prendre quelques boulets comme tous les autres, d'où les quelques pertes.

A noter que les quatre régiments de la division Bonet aux Arapiles (118e, 119e, 120e et 122e) portent la mention de cette défaite sur leurs drapeaux, et qu'ils sont même les seuls à partager cet "honneur" sur les 162 régiments de l'armée listés dans le document.

Je reviendrai ultérieurement sur la division Bonet en 1811, alors dite "Division des Asturies", et sur la prestation du 122e aux Arapiles, somme toute honorable, compte tenu de la manière désastreuse dont le maréchal Marmont avait engagé les affaires.

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Re: Le 122e de ligne en Espagne

Messagepar MANÉ Diégo sur 09 Juin 2016, 22:12

Une biographie succincte du général Bonet qui commanda la "Division des Asturies" est visible ici :

viewtopic.php?f=1&t=1569

L'ordre de bataille de cette division en juin 1811 sera bientôt mis en ligne.

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Re: Le 122e de ligne en Espagne

Messagepar MANÉ Diégo sur 25 Juin 2016, 22:14

L'ordre de bataille détaillé de la division Bonet ou "Division des Asturies" en juin 1811 figure ici :

http://www.planete-napoleon.com/docs/Di ... turies.pdf

D'autres éléments concernant spécifiquement le 122e de ligne en 1811 et 1812 figurent aussi.

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Re: Le 122e de ligne en Espagne

Messagepar MANÉ Diégo sur 16 Sep 2016, 20:33

Je viens d'ouvrir un post dédié à la bataille des Arapiles...

Et d'y déposer le lien avec l'article promis sur la division Bonet à cette bataille.

viewtopic.php?f=1&t=1603&p=10912#p10912

Vous y retrouverez, bien sûr, le 122e de ligne en situation, et c'est bien normal puisque c'est lui qui a motivé toutes ces recherches.

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