132ème de ligne, division Durutte

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MARTY Dominique sur 23 Jan 2016, 09:51

Bonjour, :grin:
Je suis nouveau sur ce forum. Jeune (c’est moi qui le prétend) retraité, je suis passionné de généalogie mais encore plus d’Histoire, alors pensez ! J’ai découvert que j’avais un aïeul qui fut soldat de l’Empereur !
Je sais que je ne suis pas le seul dans ce cas, loin de là, mais je souhaite reconstituer son parcours militaire. Réfractaire incorporé au Régiment Pénal de l’Isle de Rhé, il a servi dans le 132ème Régiment d’Infanterie de Ligne (5ème puis 1er bataillon), depuis sa création en 1812 jusqu’à sa dissolution en 1814. Ce régiment a fait partie de la division Durutte (XIe corps puis VIIe corps Reynier) pendant la Campagne d’Allemagne, puis de la division Lagrange (VIe corps Marmont) pendant la Campagne de France. Il semble que mon aïeul n’ait pas participé aux combats avant le début de la campagne d’Allemagne en 1813, mais il a combattu jusqu’au 30 mars 1814 à Paris.

-Sur un document que je possède, il déclare avoir participé (je suppose entre autres évènements) aux batailles de Lützen, Leipzig, Vitry-le-François (?), Butte Montmartre(?).
1/ Je n’ai pas trouvé d’informations concernant une bataille, un fait-d’arme ou une affaire, à V-le-F où aurait participé le 132ème, sa division, son corps d’armée…
Se peut-il que nous connaissions aujourd’hui ces faits d’armes sous un autre nom, ou que mon aïeul (viticulteur libournais rentré chez lui depuis Fontainebleau sitôt l’abdication) ait plutôt mémorisé le nom d’une ville de bonne importance plus que celui d’un petit village proche ?
2/Je n’ai pas trouvé non plus de trace de participation du 132ème à la défense de la Butte Montmartre (je crois savoir que c’était le secteur de Moncey et pas celui de Marmont), bien que je pense qu’il ait participé à la bataille de Paris. Alors mon aïeul se serait-il trompé, a t’il confondu la colline de Belleville avec la Butte Montmartre, ou est-il possible qu’il ait pu participer aux ultimes combats ?

-Un autre document indique « à l’hôpital du 10 février (1814) », cette formule que je crois courante à l’époque, désigne-t-elle une maladie, une blessure ou indistinctement les deux ?
3/ J’ai besoin d’avis sur cette hypothèse : je penche pour ma part pour la blessure car la date est celle de la bataille de Champaubert (à laquelle participa son régiment). Je ne pense pas non plus qu’il y eut beaucoup de malades dans les hôpitaux de campagnes à cette période critique de la campagne de France, d’autant plus qu’il fut nommé caporal le 24 février, sans doute remis de blessure…

4/ Puisqu’il fut nommé caporal, est-il possible de trouver des traces écrites de cette nomination ?

Voici donc les quatre points que je souhaite éclaircir en premier lieu.

5/ Pour finir, je recherche tout document ou apparait le 1er bataillon du 132ème de ligne pendant les campagnes d’Allemagne et de France ; j’ai déjà certains OB de Diégo, leurs détails sont pour moi riches d’enseignements et je compte bien m’en procurer d’autres mais s’il y avait d’autres sources…
Merci à tous, :)

Cordialement
Dominique MARTY
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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar LEGRAND Thierry sur 23 Jan 2016, 16:03

Bonjour.
J'ai trouvé quelques informations sur le 132e de ligne concernant la 1ère question. En particulier, sa participation glorieuse au combat de Rosnay l'Hopital près de Vitry-le-François le 2 février 1814. Sur une stèle sur place, on peut lire: "le 132e régiment d'infanterie de ligne a résisté puis bousculé les régiments coalisés pourtant huit fois supérieurs en nombre. Suite à ce fait d'armes héroïque, Napoléon décida de faire inscrire sur le drapeau du régiment la devise 1 contre 8".
Voila 2 références internet expliquant ce fait d'armes et d'autres évènements relatifs à ce régiments :
http://napoleon-monuments.eu/Napoleon1e ... aylHopital
http://www.meyfloers.de/132_infanterie. ... E%20PARTIE
Pour la 4e question, il existe toujours les registres des matricules des régiments d'infanterie de ligne consultables sur le site "mémoire des hommes" rubrique "parcours individuels" mais il faut connaître le numéro de matricule ou au moins la date exacte d'incorporation du militaire.
Bien à vous
Thierry
LEGRAND Thierry
 
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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MARTY Dominique sur 25 Jan 2016, 11:50

Merci Thierry pour ces renseignements.
En ce qui concerne Rosnay-l’hôpital, je connaissais l’évènement mais pas l’existence de stèle, merci donc.
En ce qui concerne Kalisch, j’ai trouvé un OB de Diégo Mané ou il est noté que deux bataillons du 132ème y ont participé, je cherche à savoir lesquels car je suis dans la plus grande incertitude quant à la participation de mon aïeul. Vu l’importance du combat (porté sur le drapeau) je pense qu’il aurait pu en faire part sur le document que je possède (bien qu’il ne cite que quatre évènements sur l’ensemble des campagnes d’Allemagne et de France).
Ce document est en quelque sorte le « recensement et justificatif» fait par le maire de sa commune en 1857 pour l’attribution de la médaille de Sainte Hélène ; ce qui y est porté n’est très certainement qu’un très cours résumé non exhaustif des évènements auxquels il a participé. S’il est certain qu’il a participé aux combats à partir de Lützen, ce qui précède est beaucoup moins évident…
Pour la 4e question et le site "mémoire des hommes" : je l’ai déjà consulté et c’est de là que je tire une partie des maigres infos que je possède, ce que j’y ai trouvé est cité dans mon précèdent message, je ne l’avais pas précisé. J’ai également fait une demande de renseignements auprès du SHD de Vincennes : rien sur mon aïeul et pas d’historique du régiment.
J’ai déjà de la chance que mon aïeul ai fait partie l'infanterie de ligne...
Cordialement
Dominique Marty
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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MANÉ Diégo sur 26 Jan 2016, 21:18

Dominique,

J'essaie de répondre avec les moyens du bord (je ne suis pas chez moi) à vos premières questions.

MARTY Dominique

-Sur un document que je possède, il déclare avoir participé (je suppose entre autres évènements) aux batailles de Lützen, Leipzig, Vitry-le-François (?), Butte Montmartre(?).

1/ Je n’ai pas trouvé d’informations concernant une bataille, un fait-d’arme ou une affaire, à V-le-F où aurait participé le 132ème, sa division, son corps d’armée…


Il s'agit du combat de Rosnay, le 2 février 1814, comme le confirment les documents communiqués par Thierry Legrand.

2/Je n’ai pas trouvé non plus de trace de participation du 132ème à la défense de la Butte Montmartre (je crois savoir que c’était le secteur de Moncey et pas celui de Marmont), bien que je pense qu’il ait participé à la bataille de Paris. Alors mon aïeul se serait-il trompé, a t’il confondu la colline de Belleville avec la Butte Montmartre, ou est-il possible qu’il ait pu participer aux ultimes combats ?


Je ne suis pas assez "ferré" en géographie parisienne. Ce qui est sûr c'est qu'il est improbable que le 132e ait combattu sous Moncey qui ne commanda que des Gardes Nationales et dont le "combat" se réduisit à quelques échanges de feu à distance, ses adversaires ayant l'ordre du Tsar de ne pas franchir les barrières de Paris... Mais sans doute le maréchal, dont la bravoure n'est pas en cause, l'ignorait-il, ce qui en revanche est certain pour le peintre qui immortalisa ce grand moment.

-Un autre document indique « à l’hôpital du 10 février (1814) », cette formule que je crois courante à l’époque, désigne-t-elle une maladie, une blessure ou indistinctement les deux ?


Les deux, mon général. Si l'on suppose votre aïeul guéri deux semaines plus tard, cela signifierait une blessure ou maladie suffisamment grave pour mériter l'hospitalisation, mais pas assez pour qu'elle dure.

3/ J’ai besoin d’avis sur cette hypothèse : je penche pour ma part pour la blessure car la date est celle de la bataille de Champaubert (à laquelle participa son régiment).


En admettant, il est alors évident que le fait aurait été mentionné car bien plus connu et glorieux que Rosnay. De même qu'une blessure figure toujours dans le dossier militaire et n'aurait pas été oubliée par l'intéressé.

Je ne pense pas non plus qu’il y eut beaucoup de malades dans les hôpitaux de campagnes à cette période critique de la campagne de France...


Je n'ai pas ma doc sous la main mais crois pouvoir vous dire que vous vous trompez, au moins dans le principe. Il faisait alors vraiment, mais vraiment, mauvais, et les conscrits tombaient comme des mouches.

4/ Puisqu’il fut nommé caporal, est-il possible de trouver des traces écrites de cette nomination ?


Cela figure forcément dans son dossier militaire.

5/ Pour finir, je recherche tout document ou apparait le 1er bataillon du 132ème de ligne pendant les campagnes d’Allemagne et de France...


Je l'ai trouvé à la division spéciale C du général Margaron, qui formait garnison de Leipzig et défendit les ponts de Lindenau au cours de la bataille. Je vous en dirai plus là-dessus depuis Lyon.

Le 2e document communiqué par Thierry Legrand le situe à La Rochelle le 1er janvier 1814... Mais je vais commenter ce document dans mon prochain message.

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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MANÉ Diégo sur 28 Jan 2016, 10:36

Ayant pu faire un saut à Lyon, je vous mel un petit topo sur la division Durutte en 1812.

C'est ici :

http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... urutte.pdf

On peut y constater que ce sont les IIe, IIIe et IVe bataillons du 132e qui sont concernés.

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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MARTY Dominique sur 28 Jan 2016, 12:50

Merci Diégo,
Je n'ai pas encore eu le temps d'éplucher toutes vos infos, mais tout d’abord, il faut que je m’excuse pour le lapsus lamentable dans la « question » 2: j’ai cité Moncey pour le secteur de Montmartre en lieu et place de Mortier, mea culpa. A ce propos, je pense de plus en plus à une erreur de mon aïeul quant à la Butte Montmartre, car j’ai avancé un peu et je crois savoir que le 30 mars 1814 le 132ème (entre autres restes d’unité) a assuré la défense de Belleville et de ses hauteurs, dont font partie les Buttes Chaumont, appelées à l’époque « Butte Chaumont » au singulier donc, le lapsus est tout à fait possible. Et je connais assez bien la région...
Merci pour les autres infos, le puzzle continue à se mettre en place. Le pdf du dernier message confirme ce que je pensais déjà : le 1er bataillon n’a pris part aux combats qu’après la campagne de Russie ; quant au 5ème (bataillon de dépôt) il a sans doute été fondu dans les autres quand le besoin de combattants était crucial ?
Vous parlez de dossier militaire ? J’ignorais qu’il put en exister pour les hommes du rang, ou alors j’ai mal compris. S’il s’agit des annotations portées sur le registre matricule, elles ne comportent que la date de nomination.
Cordialement,
Dominique
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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MANÉ Diégo sur 28 Jan 2016, 17:29

Un petit entrefilet en passant, trouvé dans "Au drapeau" de Maurice Loir, Paris, 1896.

p 274. "Le 132e régiment d'infanterie se distingua pendant la campagne de 1813. Il fit de même pendant la campagne de 1814 et a mérité d'y inscrire à côté du nom du combat de Rosnay la mention "1 contre 8", unique parmi celles qui figurent sur les drapeaux de l'infanterie française. Dans ce mémorable combat, un bataillon du 132e tint tête en effet à huit bataillons des armées alliées."

"Les drapeaux de la Révolution et de l'Empire", de Ludovic Letrin, Paris, 2009, montre un drapeau sans aucune inscription, ce qui est normal, je vous dirai pourquoi ce soir, là je dois repartir.

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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MANÉ Diégo sur 28 Jan 2016, 20:25

Sur le document tiré du site napoleon-monuments.eu

Les éléments de cette provenance valent surtout pour l'indication des lieux de mémoire. Ils machent le travail de recherche que l'on devrait faire pour les retrouver. Rien que pour cela ils sont précieux.

En revanche il ne faut pas toujours prendre pour argent comptant les textes d'accompagnement, de valeur inégale selon leur provenance, et donnant pour certains une vision partiale des événements.

Sur la belle devise "1 contre 8", elle figurera effectivement sur le drapeau du 132e, mais bien plus tard. En effet, aucune devise ni nom de bataille fut octroyé par Napoléon en 1814. Ce genre d'honneurs était décerné par l'Empereur après une campagne et là, vous le savez, Il n'était plus là.

Par ailleurs et de toutes façons, les noms figurant sur les drapeaux de l'Empire sont ceux de batailles où l'Empereur était présent. Ce n'est que postérieurement que l'on y portera le nom d'autres victoires que les siennes propres, et provenant aussi d'autres époques.

Celle ou l'on a choisi ces noms compte aussi. Ce fut celle de la période revancharde post 1870 ou il convenait d'exalter le citoyen soldat. "1 contre 8" va dans le bon sens, même s'il en manque un peu.

Certes 8 bataillons alliés ne purent forcer la position d'un bataillon du 132e, mais qui tenait le débouché d'un pont ! Que dire alors de Bayard au pont du Garigliano ? 1 contre 500 !!
Ou des Spartiates de Leonidas aux Thermopyles ? 1 contre 1000 !!!

Ceci dit, l'emphase de la devise n'ôte rien au courage des défenseurs qui l'ont méritée post-mortem, mais de vieillesse. On ne trouve en effet pas de trace de pertes d'officiers du 132e à ce combat présenté comme désespéré, alors qu'il y en a eu 5 à la défaite de La Rothiere la veille, et qu'il y en aura 1 à Champaubert huit jours plus tard, ce dernier combat, victorieux, ayant été assez "facile".

-------------------

Le deuxième document est une sorte d'historique du 132e.

Ce genre d'écrit est toujours de valeur inégale, directement induite par la compétence relative de celui qui l'a rédigé, qui se trouve souvent être un militaire, mais rarement être un historien.

En l'occurrence je relève tant d'erreurs ou d'inexactitudes que je renonce à les corriger.
Une pour la route : la biographie de Marmont en fait le roi du Portugal qu'il ne fut pas.

Seul élément intéressant (mais tout de même suspect vu le reste*) :

Au 1er janvier 1814 le 132e se répartit comme suit :

1° bataillon, Rubat, à La Rochelle.

2° bataillon, Denis, en Italie.

3° bataillon, Ranchon, au IVe corps puis au VIe.

4° bataillon, Payermeville, au IVe corps puis au VIe.

5° bataillon, Chariglione, à La Rochelle.

6° bataillon, Busque, à l'Isle de Rhé.

7° bataillon, Barthélémy, à La Rochelle (créé le 25/01/1814).

* J'ai en effet trouvé d'autres réponses, en partie différentes de celles ci-dessus.

... à suivre...

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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MARTY Dominique sur 29 Jan 2016, 07:39

Merci à nouveau, Diégo !
Je vais étudier et comparer cette "avalanche d'infos" avec ce que j'ai pu recueillir çà-et-là jusqu'à présent...
Cordialement
Dominique
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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MANÉ Diégo sur 29 Jan 2016, 22:46

Appelez les chiens (d'avalanche) car je vous en prépare une autre bien cossue...

En attendant je me suis avisé qu'un post concernant la division Durutte existait déjà et donc je le mets en lien ici :

viewtopic.php?f=1&t=1443

Cela concerne la période de sa constitution et plus largement celles des divisions du corps de réserve d'Augereau en 1812.

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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MARTY Dominique sur 30 Jan 2016, 10:40

Bonjour Diégo,
Tout l’historique du 132ème (sous le 1er Empire) m’intéresse et également celui du Régiment Pénal de l’Ile de Ré. L’autre post que vous m’avez indiqué me concerne donc au plus haut point, justement j’explore depuis ces deux derniers jours deux sites où l’on peut retrouver ces informations (il s’agit de la correspondance militaire de Napoléon). Ces deux sites sont me semble-t-il très complets ce qui fait que leur étude minutieuse est plutôt longue…
Je ne doute pas que vous les connaissiez déjà : institut-strategie.fr et histoire-empire.org.
J’ai aussi trouvé beaucoup d’infos très intéressantes sur le site nafziger, qui donne la constitution des forces à certaines dates, très complet aussi mais je n’ai pas encore fini de le « dépouiller ».
En attendant, je recharge ma balise ARVA…
Cordialement
Dominique Marty
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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MANÉ Diégo sur 31 Jan 2016, 21:25

Le 132e de ligne en 1812

Eléments tirés des OBs ou Livrets de la collection "Les Trois Couleurs" ou de documents du SHAT.

Il est avéré que le 132e de ligne de la Division Durutte entra en Russie en 1812 aves trois de ses bataillons, les II/III/IV.

http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... urutte.pdf

Ils combattirent à WOLKOWISK le 15 novembre 1812, c'est sûr, à la
Brigade Jarry, II/III/IV/132e, forts de 1800 h. 1 officier blessé.


Le 132e de ligne en 1813

Victime de la duplicité de nos "alliés" autrichiens qui de fait le livrèrent aux Russes, le VIIe corps de Reynier se fit écharper à KALISCH le 13 février 1813.

Lien avec l'article de Diégo Mané sur Kalisch.

http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... alisch.pdf

Le 132e y est porté pour deux bataillons, mais probablement sous l'influence du faible effectif restant, 713 hommes (3 officiers tués et 7 blessés), car il semble bien que la composition antérieure perdurait*, et dura encore un peu, au moins jusqu'à l'arrivée des débris du VIIe corps à Varsovie. Ce n'est que là, en effet, qu'il put souffler et tenter de se refaire à partir des 1800 hommes qui lui restaient en tout...

* Elément pour : le CdB Denis, chef du II/132e est porté blessé à Kalisch. A noter que le même CdB Denis sera également blessé à Paris le 30 mars 1814 alors que le II/132e était en Italie.

-------------

OB de l'armée française au 25/04/1813

IV/132e : 11 officiers et 84 hommes présents à la Division Durutte VIIe corps, Armée de l'Elbe du Prince Eugène. C'est tout !

Les cadres des deux autres bataillons, laissant leurs rares soldats, sont donc partis en chercher de nouveaux pour se reconstituer.

Effectivement le II/132e est entrain de se réorganiser à Augsbourg.

En revanche le III/132e revient, fort de 17 officiers et 647 hommes à la suite de la Division Bonet du VIe corps de Marmont, Armée du Mein sous l'Empereur, au sein d'une brigade de 5 bataillons (3646 h) destinés à la Division Durutte qu'ils rejoindront le 1er mai, à la veille de la bataille de Lützen.

Mes OBs relatifs ne mentionnent pas la présence de la division Durutte à LÜTZEN, qui n'y a pas combattu, ou du moins n'est pas citée... Cependant le colonel du 132e, Tridoulat, est donné blessé à la bataille par Martinien. Peut-être faisait-il du "tourisme militaire" ou devança-t-il sa troupe pour "voir" de près... voire de trop près.

Ce qui interpelle de même c'est que "l'aïeul", au fait comment s'appelait-il (j'aime bien personnaliser recherches et réponses), à cité Lützen parmi ses quatre combats, alors qu'en outre il est supposé relever du I/132e qu'on ne trouve pas même cité avant l'OB du 15/08/1813. Peut-être faut-il comprendre "la campagne de Lützen" en tant que période ?

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A BAUTZEN, le 22 mai 1813, est engagé tardivement le IV/132e, 673 hommes (Tridoulat, Charmallou). 2 officiers blessés.

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A REICHENBACH, le 23 mai 1813, le IV/132e est donné pour 854 hommes sous les mêmes chefs (rejoint par le détachement en arrière ?).

Lien avec l'article de Diégo Mané sur Reichenbach.

http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... enbach.pdf

Les 21-22-23 mai 1813 le 132e de ligne perdit 7 soldats tués, 1 officier et 14 hommes blessés.
Total 22 hommes en trois jours qui, à comparer aux quelques 22000 perdus par l'armée française ces mêmes trois jours, confirme un engagement relativement limité du VIIe corps d'armée.

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OB de l'armée française au 15/08/1813

Nous trouvons à la division Durutte du VIIe corps de Reynier, future Armée de Berlin sous Oudinot,

I/132e : 17 officiers et 797 hommes*.

Détachement du II/132e : 2 officiers et 91 hommes (probablement la compagnie de voltigeurs).

III/132e : 21 officiers et 727 hommes.

IV/132e : 22 officiers et 643 hommes.

Détachement encore en route : 80 hommes.

* Ce bataillon ne semble pas avoir rejoint son régiment avant le retour en France (OB au 1er décembre 1813). Nonobstant il était bien en Allemagne, mais suivit à l'évidence un parcours différent comme on le verra à plusieurs reprises plus loin.


Et à l'Armée d'Italie sous le Prince Eugène,

3e Division Gratien, Brigade de Conchy, comprenant le
II/132e, fort de 13 officiers et 473 hommes.

Je dois avoir d'autres chiffres à Lyon dans mon L3C 4.

Ce bataillon restera en Italie jusqu'à la fin de la guerre.
Curieusement, comme dit plus haut, son CdB Denis sera blessé à Paris le 30 mars 1814. A supposer qu'il aura été remplacé en Italie.

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OB de l'Armée de Berlin du Maréchal Oudinot le 23 août 1813
à GROSS-BEEREN (L3C 14).
VIIe corps de Reynier, 32e Division Durutte, Brigade Devaux, comprenant les III/IV/132e, Colonel Tridoulat, pour 1126 h (7 officiers blessés dont le colonel.

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OB de l'Armée de Berlin du Maréchal Ney le 6 septembre 1813
à DENNEWITZ (L3C 14).
VIIe corps de Reynier, 32e Division Durutte, Brigade Devaux, comprenant les III/IV/132e, Colonel Tridoulat, pour 850 h (1 officier tué et 2 blessés dont le Major Cailhasson).

Lien avec l'article Thierry Louchet sur Dennewitz (1) voir la page 49

http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... _Part1.pdf


Lien avec l'article Thierry Louchet sur Dennewitz (2) voir la page 57

http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... Part2.pdf6

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OB des armées à LEIPZIG, 14-19 octobre 1813 (L3C 12).

Division Spéciale "C" Margaron (garnison de Leipzig). Lors de la bataille, le I/132e aligne 730 h au sein de la Brigade A.-J. Bertrand qui participe à la défense de Lindenau, porte de sortie pour le Rhin.

Il faut peut-être ajouter ici 3 officiers et 150 hommes du 132e arrivés à Leipzig le 14 octobre avec la division Lefol au sein du 3e régiment de marche du colonel Chabert, comprenant lui-même le "Bataillons de Marche de (la garnison de) Leipzig et du 12ème corps" (qui n'existait plus).
Le General Lefol s'est plaint que la plupart des unités de sa division de marche ont rejoint leurs régiments sans autorisation. C'est probablement ce qu'a fait le détachement du 132e qui a forcément croisé son Ier bataillon en arrivant à Lindenau.
Si j'ai dit "peut-être" en tête de paragraphe c'est parce-qu'il est possible que ce détachement soit déjà compris dans l'effectif de 730 hommes indiqué pour le Ier bataillon. Cet effectif, élevé en la circonstance, plaide en faveur de cette hypothèse.

Division Durutte au VIIe corps de Reynier (arrivé à l'autre "bout" du champ de bataille le 17), comprenant les III/IV/132e pour 854 hommes.

5 officiers sont blessés, dont le Major Blum, sans qu'il soit possible d'en distinguer la répartition entre les deux entités. Notez la différence entre cette information tirée du Martinien et ce qui suit.

Dans le Tradition HS n° 18 sur Hanau, Pierre Juhel indique pour les trois bataillons du 132e, 409 pertes à Leipzig, mais en donne aussi le détail pour 421 (2 officiers et 154 hommes tués, 3 officiers et 153 hommes blessés, plus 109 hommes laissés à l'hôpital de Leipzig).

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OB de KOSEN, 21 octobre 1813 (L3C 11).
Division Margaron* (attachée au IVe corps), Brigade Morio de l'Isle,
comprenant le I/132e pour 700 h.
*Vite tombé malade, Margaron est remplacé par Morio, et sa "division" (2000 h en 4 bataillons) rattachée à la Division Guilleminot.

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OB de FREIBURG, 21 octobre 1813 (L3C 11).
Division Durutte (orpheline du VIIe corps et de Reynier).
III/IV/132e : 800 h (4 officiers seront blessés).

Dans ces deux combats livrés le même jour on peut constater que les deux entités du 132e perdurent séparées. En revanche, les états de pertes ne le sont pas. Les trois bataillons perdent dans ces deux combats 229 hommes selon Pierre Juhel (1 officier et 138 hommes tués ou blessés, plus 90 autres pris.)

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OB de HANAU, 31 octobre 1813 (L3C 11).
Division Durutte (35e léger, 131e et 132e de ligne,
36e léger et 133e de ligne), 1600 hommes.

Pierre Juhel indique 399 hommes.
II/132e : Détachement (voltigeurs), 1 officier et 46 hommes.
III/132e, Ranchon : 15 officiers et 118 hommes.
IV/132e, Ekart : 19 officiers et 201 hommes.

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OB de l'armée française au 5 novembre 1813 (L3C 11).
I/132e, Payenneville : 18 officiers et 315 hommes à la Division Margaron, rattachée au IVe corps d'armée du général Bertrand, puis Morand.

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OB du IVe corps au 1er décembre 1813, à la Division Durutte,
I/III/IV/132e, 2e Brigade Tromelin avec les I/IV/36e léger.
L'effectif divisionnaire pour 11 bataillons plafonne à 3030 h.

Doc SHAT.

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Au 15 décembre 1813, la Division Durutte est réorganisée

1ère Brigade Choisy (1352 h)
II/III/26e de ligne
II/III/66e de ligne
II/103e de ligne

2ème Brigade Tromelin (1538 h)
I/IV/36e léger
III/IV/131e de ligne
I/III/IV/132e de ligne

Cette 2ème brigade, qui comprend les troupes qui furent coupées de Mayence et du IVe corps au début de Janvier, et qui suivirent le VIe corps avec Durutte, comprenait encore au 1er décembre 1961 hommes, soit : 638 h du 36e léger, 520 h du 131e et 803 h du 132e.

Le général Tromelin, passé chef d'état-major du IVe corps à Mayence le 29 décembre 1813, ne la commandait plus.

Doc SHAT.

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Lien avec Napoleon Séries / Military / Organisation... / France / Infantry Regiments.../132e de ligne...

http://www.napoleon-series.org/

Qui donne des généralités, mais complètes sur toute la période.

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Edit le 3 février 2016 : ajouté plusieurs informations sur les effectifs et les pertes du 132e à Leipzig, Kosen, Freiburg et Hanau.

A suivre... 1814

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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MARTY Dominique sur 03 Fév 2016, 18:09

L’ «aïeul » se nommait Pierre TEYCHENEY, Mle 8602 (visible sur le site « mémoire des hommes »). Je pense qu’il est resté quelques temps (plus que la normale en tout cas) au 5ème bataillon avant d’intégrer le 1er. Mais ce n’est qu’une supposition.
Bravo Diégo et merci pour ces infos qui retracent de plus en plus nettement le parcours du 132ème.
Concernant le 1er bataillon, je n’ai rien trouvé non plus (pour l’instant je l’espère) avant septembre 1813. Je dois me rendre à Vincennes très prochainement, et j’espère là en apprendre plus.

L’ordre de Napoléon au général Clarke en date du 18 mai 1812 stipule que la 4ème division de réserve (Durutte) sera (entre autres) formée de trois bataillons de l’Ile de Ré : 2,3 et 4. Le 5ème n’y est pas (normal, car bataillon de dépôt) et le 1er non plus (là, je ne sais pas pourquoi).

Un autre ordre de Napoléon au général Clarke en date du 23 janvier 1813, relatif à « la réorganisation des régiments d’infanterie de la Grande Armée » indique :
« Monsieur le Duc de Feltre, les régiments de la Grande. Armée
avaient cinq bataillons à l’armée ; mais ils ont considérablement souffert, et
il est convenable de donner les ordres suivants :Les cadres des cinq bataillons seront réduits à quatre.Le 1er bataillon restera à l’armée ; il recevra et comprendra dans son effectif tout ce qu’il y aura de disponible dans les cinq bataillons, tout ce qui sortirait des hôpitaux, ainsi que tous les hommes des 5es bataillons qui formaient les garnisons des vaisseaux et qui, dans quelque lieu qu’ils se trouvent, à Metz, Mayence on Berlin, »………
Le néophyte que je suis se pose cette question : est-ce donc à ce moment-là, lorsque Napoléon commença à « racler les fonds de tiroirs », que Pierre TEYCHENEY a pu intégrer le 1er bataillon ?
C’est une hypothèse qui semble assez cohérente avec la citation ci-dessus (n’oublions pas que les renseignements du registre matricule sur Pierre TEYCHENEY fait état de la campagne de 1813, rien auparavant bien qu’il fut incorporé au début avril 1812).

Au risque de plagier une célèbre série de films des années 70, je dirais : mais où est donc passé le 1er bataillon ?
"Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vraie gloire est de l'épargner." — Louis XV, roi de France à son fils, le dauphin.
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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MANÉ Diégo sur 13 Fév 2016, 21:43

Eléments concernant le II/132e en Italie (tiré du L3C 4)

15/07/1813
3e Division Gratien (à Taris
2e Brigade AC Montfalcon
42e de ligne, Major Merdier (2), 1670 h
31e Demi-Brigade Provisoire, Major Morvan (3), 1950 h
composée des II/III/131e de ligne et II/132e de ligne

06/11/1813
4e Division Marcognet
2e Brigade GB Deconchi
31e DBP (2), Major Morvan, 800 h
Participe à Caldiero le 15/11/1813

08/02/1814, à la bataille du Mincio
Colonne de droite LG GRENIER
4e Division Marcognet
2e Brigade Deconchi
I/II/106e (2), Poudet, 1583 h
31e DBP (3), Major Morvan, 2177 h
composée des II/36e léger, II/131e, II/132e
Le 132e perd un officier blessé.

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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MANÉ Diégo sur 13 Fév 2016, 21:50

Le 132e de ligne dans la campagne de France de 1814

La 2e brigade de la division Durutte, forte des mêmes 7 bataillons qu'en décembre, compte encore 1399 hommes le 1er janvier 1814. Coupée du IVe corps resté à Mayence, elle se trouve rejetée sur Metz qu'elle atteint le 12 janvier 1814.

Le général Durutte y reste comme Gouverneur tandis que le 132e de ligne est rattaché au VIe corps avec lequel il fera la campagne de France au sein de la Division Lagrange, Brigade Joubert. Il doit toutefois avoir laissé du monde à Metz puisque un officier du régiment y sera blessé le 18 mars.

Le 1er février 1814 à La Rothière le 132e perd 5 officiers blessés.

Le lendemain le 132e est à l'arrière-garde où il livre le combat retardateur de Rosnay.

Durant la campagne la Division Lagrange compte 24 à 27 bataillons selon les sources et les aléas (dont immuablement 3 du 132e de ligne) montant ensemble à

2889 h le 10/02 (26 Bons), 1 officier du 132e est donné blessé à Champaubert ce jour -là.
2400 h le 21/02 (26 Bons).
2501 h le 28/02 (24 Bons).
1695 h le 10/03 (24 Bons), le VIe corps vient de se faire rudement malmener à Athies.
1532 h le 12/03,(24 Bons).
2060 h le 17/03,(24 Bons).
2027 h le 20/03 (24 Bons), le 25 mars le VIe corps est étrillé à La Fere-Champenoise.
1395 h le 30/03 (24 Bons), à la bataille de Paris. Le VIe corps forme la droite de La défense.
1418 h le 02/04 (27 Bons), à Essone, le GB Joubert commande la division par intérim.

Lors de la bataille de Paris la Division Lagrange était déployée entre Bagnolet et le bois de Romainville.
Le 132e y perdit 3 officiers tués et 6 blessés dont le CdB Denis.

Dans la nuit du 4 au 5 avril 1814 le VIe corps, trompé par ses généraux, fait défection, entraînant l'abdication inconditionnelle de Napoléon et la chute de l'Empire.

Il restait 99 hommes présents sous les armes au 132e de ligne.

L'un d'entre-eux s'appelait Pierre Teycheney.

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