132ème de ligne, division Durutte

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MANÉ Diégo sur 14 Fév 2016, 21:29

J'ai ajouté plus haut à l'endroit relatif l'information suivante :

Les 21-22-23 mai 1813 le 132e de ligne perdit 7 soldats tués, 1 officier et 14 hommes blessés.
Total 22 hommes en trois jours qui, comparés aux quelques 22000 perdus par l'armée française ces mêmes trois jours, confirment un engagement relativement limité du VIIe corps d'armée.

Diégo Mané
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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MARTY Dominique sur 21 Fév 2016, 17:57

Bonsoir,

Les informations que je vais indiquer ci-dessous proviennent du SHT de Vincennes, carton GR Xb 556, que j’ai consulté le 17/02/2016. Ce carton ne contient que des notes administratives sur l’état des différents bataillons, les besoins du régiment en officiers et sous-officiers, les demandes de nominations, les nominations et situations des officiers et sous-officiers, quelques propositions de décoration ; il n’existe pas d’historique du 132ème de ligne au SHT de Vincennes (en existe- t-il ailleurs, d’ailleurs ?). Je ne sais si ce que je vais exposer ici apportera beaucoup de nouveauté, mais comme l’a écrit si justement Diégo Mané, on trouve parfois sur internet des informations contradictoires, des approximations, voire des erreurs flagrantes ; j’espère donc que ce message parviendra à lever des doutes ou rétablir des vérités. En tout cas, la véracité des documents ne souffre aucune contestation. J’ai photographié TOUS les documents contenus dans ce carton, et je peux les fournir pour preuve. Ne pouvant tous les retranscrire ci-dessous, je me contenterai d’extraire ce que je crois important et peut-être nouveau ou peu connu (si tant est qu’il y ait encore du nouveau à trouver !).

-01/06/1812 : Etat nominatif de tous les officiers des 1er, 5ème et 6ème bataillons (signé par le chef de bataillon RUBAT commandant du dépôt).

-21/11/1812 et 01/12/1812: Lettres demandant des officiers pour le dépôt de La Rochelle qui doit recevoir 1000 conscrits. Le 1er bataillon qui est à l’île d’Aix n’a qu’un officier par compagnie. Les 2ème, 3ème et 4ème bataillons sont à la Grande Armée, 11ème corps.

-décembre 1812 : Etat nominatif (avec grade mais pas affectation) de tous les officiers du régiment signé par le colonel Tridoulat le 12/03/1813 à DRESDE.

-10/03/1813 : Procès-verbal de l’organisation du 6ème bataillon, composé de six compagnies identiques à celle des autres bataillons. Le chef de bataillon Rubat y est cité comme commandant du dépôt.

-20/03/1813 : Procès-verbal de la création d’une compagnie de voltigeurs et d’une compagnie de grenadiers au 1er bataillon, stationné à l’île d’Aix, conformément à l’ordre du Ministre de la Guerre du 27/02/1813.
Etat intégral de la compagnie de voltigeurs du 1er bataillon, 140 noms.
Etat intégral de la compagnie de grenadiers du 1er bataillon, environ 100 noms (quarante hommes pris dans deux compagnies de l’île d’Yeu complèteront l’effectif).

22/03/1813 : Lettre de confirmation au Ministre de la Guerre de la création des compagnies de voltigeurs et de grenadiers (quarante hommes sont en marche). Tous les anciens réfractaires ont été versés dans le 1er bataillon, « …ce qui le porte à près de 900 hommes, il est beau et bien instruit… ».

-01/04/1813 : Etat nominatif des officiers de l’état-major du dépôt et des officiers des 1er, 5ème et 6ème bataillons (pour rappel : les 2ème, 3ème et 4ème bataillons sont à la Grande Armée).

-05/04/1813 : Rapport au Ministre de la Guerre. Ce rapport est une demande de nominations aux 1eret 5ème bataillons suite à l’organisation du 6ème bataillon qui a entraîné un « glissement » de cadres. L’en- tête du rapport précise : le 1er bataillon à la Grande Armée (?), le 5ème à La Rochelle, le 6ème à l’Ile de Ré.
* Le 1er bataillon est encore stationné à l’île d’Aix.

-01/05/1813 : Etat nominatif des officiers de l’état-major du dépôt et des officiers des 1er, 5ème et 6ème bataillons.

-03/06/1813 : Lettre du commandant de la 12ème division militaire au Ministre de la Guerre, demandant des officiers car le 6ème bataillon qui a été formé à l’île de Ré avec 1500 conscrits réfractaires a vu les siens tirés du 1er et du 5ème bataillons : « … Il reste très peu d’officiers et de sous-officiers au 1er bataillon qui est à l’île d’Aix et très peu au 5ème bataillon qui est en grande partie à l’Ile d’Yeu, il n’en reste pas du tout au dépôt de La Rochelle… ».

-01/01/1814 : Etat et situation des officiers du 132ème, 4ème corps, 32ème division, fait à MAYENCE .
Colonel et officier payeur : CAILHASSOU Louis.
1er Bat : EBRARD Jean-Joseph (et non RUBAT, celui-ci étant commandant du dépôt de La Rochelle).
3ème Bat : RANCHON (Etienne) Ambroise.
4ème Bat : PAYENNEVILLE Pierre-Louis (et non PAYERMEVILLE).
Ce document très complet comporte également TOUTE la composition et TOUS les officiers de ces trois bataillons.
Ne figure pas le 2ème bataillon (en Italie) et les autres bataillons (qui sont au dépôt).

-1814 : Le contenu du carton concernant l’année 1814 ne comporte que des états de situation des 5ème, 6ème et 7ème bataillons, qui n’ont pas bougés du dépôt ou des îles avoisinantes.

-06/02/1816 : Titre du document : « …Etat général des officiers de ce Régiment tués ou portés disparus depuis le 25 mars 1812 époque de l’entrée en campagne des Bataillons de Guerre jusqu’au 21 août 1814 jour de son incorporation en 26ème… ».
Observations en fin de document : «… Le registre d’état-civil des 2ème, 3ème et 4ème bataillons a été perdu à l’affaire de Jutterbock le 6 septembre 1813,rétabli autant que possible et perdu derechef avec celui du 1er bataillon à l’affaire de Brienne-le-Château le 1février 1814.Le 2ème bataillon qui est passé le11 mai 1813 de la grande armée à celle d’Italie, n’en a pas tenu depuis son départ de la portion principale… ».

-04/09/1821 : Rapport comptable au Ministre de la Guerre.
Ce rapport établi sous la seconde restauration est me semble-t-il plutôt revanchard et « demande des comptes » aux anciens gestionnaires… il comporte toutefois des renseignements très intéressants, connus ou pas :
*Le 132ème est dissous le 21/08/1814, 6 bataillons sont incorporé le même jour dans le 26ème de ligne, le 2ème bataillon est quant à lui incorporé dans le 56ème de ligne.
*Les bataillons de guerre ont été établis à MAYENCE en juin 1812.
*Extrait : « …Il est de fait constant que ce régiment a éprouvé des mouvements considérables et multipliés dans son effectif, par l’incorporation des conscrits réfractaires de l’île de Ré, la formation des détachements qu’il a fourni à plusieurs corps, enfin, par la rentrée de plusieurs de ces détachements occasionnée par la crainte de désertion.
Ce régiment a reçu près de vingt mille hommes et a fourni sept bataillons qui, du moment de leur formation ont été disséminés dans les différentes îles de la division… ».

*Bataillons de guerre :
A BERLIN en août 1812, une revue des 2ème, 3ème et 4ème bataillons révèle plus de 1000 galeux qui par la suite reçurent un traitement.
Au camp de SHONNBRUNN en juin 1813, 610 galeux furent traités.
*Dépôt :
En 1812 et 1813, le dépôt reçut plus de 6000 recrues dont beaucoup de réfractaires infectés de la gale qui furent traités deux fois.

Voilà donc ce que propose comme résumé. Je me tiens à disposition pour toute demande.

Cordialement,

Dominique Marty
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Re: 132ème de ligne, division Durutte

Messagepar MARTY Dominique sur 18 Mar 2016, 20:24

Anecdote (qui ne concerne pas l ’Empire, mais la 1ère guerre mondiale) :
C’est un soldat du 132ème RI (héritier du 132ème Régiment d’Infanterie de Ligne du 1er Empire), Auguste Thin, qui choisit en 1920 le cercueil du soldat inconnu qui repose depuis sous l’Arc de Triomphe.
Alors qu'il faisait partie de la garde d'honneur qui veillait les corps dans une galerie transformée en chapelle ardente dans la citadelle de Verdun, André Maginot, alors ministre des Pensions et blessé de guerre, lui tendit un bouquet d'œillets pour qu'il le pose sur le cercueil qu'il aurait choisi. Le soldat fit un premier tour rapide des huit cercueils disposés sur deux colonnes de quatre puis s'arrêtera dans un second tour, devant le 6ème.
Auguste Thin témoignera plus tard de son choix : « Il me vint une pensée simple. J'appartiens au 6ème corps. En additionnant les chiffres de mon régiment, le 132, c'est également le chiffre 6 que je retiens. Ma décision est prise : ce sera le 6e cercueil que je rencontrerai. »
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